"Demons Within"
Note : 14/20
Evil Drive est prêt à prendre à nouveau part au combat. Créé en 2013 en Finlande, le
groupe enrichit sa discographie avec un troisième album. L’appel du champ de bataille a
sonné pour Viktoria Viren (chant), Ville Wiren (guitare, ex-Domination Black), J-P Pusa
(guitare), aujourd’hui accompagnés par Antti Tani (batterie, Demian, Iliac Thorns…) et
Matti Sorsa (basse, Sincreation), les deux nouvelles recrues.
C’est "Payback" qui ouvre l’album avec un death mélodique martial et intransigeant. Le titre
est court, mais il nous dévoile une rage guerrière et des riffs agressifs qui collent
parfaitement à la thématique du groupe. La douce "Breaking The Chains" prend la suite, et le
groupe mélange des leads aériens avec une base agressive et vive, qui prend toutefois le
temps de s’apaiser pour laisser aux mélodies une place de choix avant que la mélancolique
"Demons Within" ne frappe. Des tonalités sombres et entêtantes, mais toujours cette base
solide, qui pioche parfois dans un power metal brut.
On continue avec "Rising From The Revenge", un morceau à la fois groovy et assez
pessimiste. Le titre profite de la fureur des musiciens, mais elle est truffée de parties tristes,
à l’inverse de la puissante et galvanisante "We Are One", que l’on ne peut éviter de comparer
à une formation suédoise bien connue par plusieurs aspects, dont ces harmoniques
entêtantes.
Le groupe enchaîne avec "Too Wild To Live, Too Rare To Die", un morceau
surmonté de claviers majestueux qui emprunte à nouveau beaucoup au power metal au
niveau de la construction des leads. Le titre a de bonnes chances de conquérir une foule
motivée, alors que "Lord Of Chaos" nous propose une nouvelle dose d’harmoniques
pénétrantes, pendant que la section rythmique offre une base solide à cette créativité.
"Bringer Of Darkness" revient dans les tonalités violentes et rapides empruntées au death old
school et au thrash, puis avec la mélancolique et lancinante "In The End", un titre dont
l’introduction en surprendra plus d’un. La quiétude se mêle à la rage flamboyante, puis
"Ghost Dimension", la dernière composition, vient étaler ses riffs travaillés et efficaces pour
clore l’album.
Avec "Demon Within", Evil Drive nous offre dix compositions qui ont parfaitement leur place
en ouverture des pointures du genre. Le groupe a trouvé son rythme de croisière, et si
l’album semble plus poussé que les précédents, il leur permet de commencer à trouver leur
propre patte.
"Ragemaker"
Note : 16/20
Que ce soit The Agonist ou Arch Enemy, le thrash / death mélodique mettant de l’avant une chanteuse, qui, je me suis toujours posé la question, doit clairement est la patronne incontestée dans un couple, n’est pas nouveau du tout dans le merveilleux arbre généalogique du metal.
Fondé en 2013, voilà que nous arrive Evil Drive, tout nouveau tout beau, avec un deuxième album sous la ceinture en la personne de "Ragemaker". Entièrement produit par le groupe dans le propre studio, il n’y rien à critiquer à ce niveau, le son du groupe est excellent, parfait pour leur style.
Là où certains groupes ne tenteraient que de suivre la parade, Evil Drive n’a rien d’un char allégorique de second niveau. Viktoria Viren, en tête de proue, démontre une réelle et solide maîtrise du chant "growl". Elle n’est pas en reste avec ses comparses, tous tout aussi talentueux les uns que les autres. Evil Drive ne prend pas beaucoup de risques par contre, demeurant bien confortablement en selle dans un death metal melodique ultra rapide et agressif, laissant de côté la vitesse le temps de moments un peu plus progressifs comme dans l’excellente pièce "The System Is Dead" qui rappellera sans doute aux plus attentifs la bande à Alexi Laiho, de l’époque "Hatebreeder".
Est-ce qu’Evil Drive en fait assez pour sortir du lot par contre ? Rien n'est moins sûr, aux auditeurs d’en décider. L’offre étant intense, quand est-il de la demande ? Trop souvent, les gens ne s’en tiendront qu’à leurs groupes préférés, ne s’aventurant que rarement en terre inconnue. Et pourtant, l’on gagne à choisir la diversité, des formations comme Arch Enemy ne faisant que produire la même sauce, album après album.
Malheureusement, "Ragemaker" n’a rien de plus à offrir que les plus ordinaires albums du groupe à Amott. Ce n’est pas un mal en soi par contre. Le fond y est, le mélange voix agressives / claires ainsi que certains passages plus progressifs laissent entrevoir un avenir fort intéressant pour Evil Drive.
"The Land Of The Dead"
Note : 17/20
Toujours une bonne chose de lire la bio que le groupe nous transmet avec son album. En effet, l’on y retrouve souvent des informations pertinentes qui nous aideront dans la rédaction de notre chronique. Dans le cas de Evil Drive, ce qui m’a tout de suite accroché dans leur présentation, c’est la raison d’être du groupe, et je cite en traduction libre "Le groupe fut de prime abord formé pour dans le but de proposer quelque chose d’inédit". Qu'en est-il vraiment ?
Un groupe de death melodique, aux teintes de thrash 80’s qui met de l’avant une chanteuse qui "growle", est-ce vraiment hors-norme aujourd’hui en 2016 ? Bon, on notera au passage mon ironie mal déguisée. Bien entendu, je fais référence aux groupes phares du genre tels Arch Enemy et The Agonist, pour ne nommer que ceux-ci. Au-delà de cette boutade qui se voulait un tantinet humoristique, donnons-nous la peine de critiquer à sa juste valeur ce premier album du groupe.
Viktoria Viren s’en tire admirablement bien comme "front women". Son chant death est parfaitement contrôlé ; rien de négatif à ajouter. Et si l’on voulait distancier Evil Drive d’Arch Enemy, on pourrait également mentionner le talent de Viren dans des passages de chant clair ("No Way In The Lie", excellente power ballade, mixant chant clair et death). Le reste du groupe n’est pas en reste, étant également de haut calibre. La section rythmique est appuyée et le jeu de batterie, riche et diversifié. Malgré le côté thrash 80’s mentionné précédemment, la production est de son temps, moderne et claire. La tonalité des guitares est parfaite pour le style, bien définie et puissante à souhait.
Le groupe n’échappe toutefois pas aux comparaisons directes. À l’écoute de la pièce "Screaming Soul", les similitudes avec Arch Enemy vous subjugueront.
Le noble effort de vouloir faire différent est louable, malgré tout, Evil Drive devra puiser encore plus dans l’originalité s’il veut sortir du lot. Cependant, si pour vous, l’attente entre deux albums d’Arch Enemy vous est insupportable, courez vite vous procurer "The Land Of The Dead", vous ne serez pas déçus.