Avant même de démarrer, marquons un premier arrêt pour parler de cette pochette sobre et sombre. Une femme vêtue de noir se trouve seule au milieu de nulle part et semble possédée par son voile qui part en fumée, le tout sur un fond de ciel orageux. La pochette est belle, espérons que la musique le soit aussi.

L’album commence avec "All Against Me", un titre rock alternatif tout ce qu’il y a de plus simple, efficace, accrocheur et avec une production impeccable. Pourtant, c’est après un "It’s time for you to get what you deserve" au milieu du titre que l’inattendu arrive. Le son se fait plus lourd, la basse prend le dessus, le chant devient étouffé et mystérieux avant de partir dans un scream qui marque l’originalité du groupe. Ouf, cet album ne sera pas tout plat ! "Straitjacket" est encore meilleur dans le sens où ce morceau est simplement obligé de vous rester en tête même si aucun scream ne montre le bout de son nez cette fois. Il revient tout de même assez vite dans le morceau suivant, "Silene Capensis". À partir de là, il ne fait aucun doute qu'Evenline a trouvé sa voie avec ce rock énergique marchant sur les frontières du metal. Les bons titres s’enchaînent ainsi, passant du très énervé "Echoes Of Silence" au plus calme "Sometimes We Die". Le groupe se permet même une reprise de Jamiroquai avec "Deeper Underground" (que je connaissais malgré moi). Le morceau est très bien approprié par Evenline qui se contente d’y ajouter sa petite touche personnelle en le rendant plus rock mais sans avoir à modifier totalement la musique.

Généralement, les albums se terminent de manière peu intéressante en reprenant les codes généraux du groupe mais là, nous avons droit à un "Wasted Years" absolument génial avec son introduction à la basse et c’est même avec ce morceau final que j’en suis venu à me dire qu'Arnaud a quand même une voix hyper reconnaissable et que les musiciens l’accompagnent parfaitement. Que dire de plus si ce n’est qu'Evenline est un de ces groupes français qui maintiennent le rock / metal vivant sur notre territoire ? Je ne sais pas où le futur les conduira, mais ça peut être loin. L’avenir leur appartient, et l’avenir c’est maintenant.

De faux airs de Stone Sour dans les compositions et dans le son, une prod' bien foutue, il n'en fallait pas plus pour prêter une oreille attentive à ce "Dear Morpheus" de Evenline. Bien gaulé, cet album en ravira plus d'un avec ses lignes de voix plus que simples et efficaces, et ses riffs diablement efficaces eux aussi.

Après une introduction qui met directement dans l'ambiance, les Parisiens aux fortes influences "au-delà de l'océan", autrement dit les USA et leur scène fortement représentée dans le monde métallique, débarquent avec des titres qui sonnent quelquefois plus rock que metal en tant que tel, mais c'est avec un certain bonheur que l'on écoute ces morceaux fortement influencés, superbement produits, avec une voix sans fausse note, et avec des guitares et une section rythmique au poil. Le groupe enchaîne les compos, des tubes en puissance mais auxquels il manque encore le "petit quelque chose". Passé les premières écoutes, on se rend vite compte que c'est la voix qui porte le projet, malgré de très bons passages à la guitare, elle prend vraiment une place prédominante et envoie véritablement. Les arrangements sont présents sans être omniprésents, discrets et puissants à la fois, ils complètent parfaitement un tableau qui se veut puissant, accompagnant une voix hargneuse et mélodique selon les parties. Les compositions s'enchaînent, bien servies par la production impeccable et on ne peut que faire le rapprochement quasi permanent avec Stone Sour. Le groupe a certes cette capacité certaine à produire du gros titre, digne du tube où tout le monde se retrouve, mais fait une erreur de goût avec la profusion d'interludes en forme de ballades. Presque la moitié du CD gâche un peu notre plaisir alors que le groupe excelle dans ses morceaux plus punchy.

C'est la seule faute de goût présente et qui gâche donc la puissance de l'album qui s'avère de fort belle facture et qui, surtout, n'a rien à envier à un groupe ricain, autant au niveau de l'accent anglais que de la composition et de la production. Une oreille attentive est à poser sur ce CD qui peut être mis entre toutes les mains. L'avenir du groupe lui appartient.