L’Espagne n'est pas vraiment réputé pour ses groupes de metal et pourtant parfois nous avons de bonnes surprises ! C'est le cas avec Evadne, qui a conquis les amateurs de doom avec son second opus "The Shortest Way" en 2012. En effet, ce superbe album a démontré tout le talent des Espagnols avec une musique personnelle que l'on reconnaît facilement comme étant la leur. On était donc très impatient de découvrir ce que le groupe nous réserverait par la suite, et voilà que cinq années ont passé et qu'ils nous offrent "A Mother Named Death", sorti cet été 2017.

Avec huit morceaux d'une moyenne de... huit minutes, nous avons de quoi faire ! Cet opus ressemble à du Evadne mais on peut noter une certaine évolution dans leur musique. En effet, il s'agit toujours de doom mélodique mais il y a moins de place pour le death qui est moins mis en avant que dans le précédent opus, même s'il y en a par touches tout du long. On a donc un "Scars That Bleed Again" qui est bien dynamique et plus direct avec d'excellents riffs, simples, mais efficaces. Les autres morceaux sont plus doux avec plus de passages plus lents et d'ambiances frôlant le funeral doom, comme dans le splendide "The Mourn Of The Oceans" avec ses superbes et mélancoliques mélodies, ou encore dans l'intermède "88.6". D'autres morceaux sont plus atmosphériques et planants, tels que "Black Womb Of Light" et "Heirs Of Sorrow" qui se termine de façon plus violente.

L'émotion est à l'honneur dans cet opus, elle est présente dans chaque titre, qu'elle soit dans la force, la détresse, la nostalgie, la délicatesse ou bien la tristesse pure et dure. "Colossal" oscille ainsi entre ces différentes variations de désespoir, tout comme "Above Of Distress" où la mélancolie vient nous heurter en pleine face. L'atmosphère générale de cet opus est glaciale, avec un peu de place pour la lumière ("Heirs Of Sorrow"), surtout durant les passages de chant clair masculin. Ce chant et les passages plus instrumentaux et plus posés amènent cette légèreté et cette fraîcheur dont on a besoin pour souffler au milieu de tant de noirceur. Les growls mornes et graves permettent un échange tout à fait complémentaire. "Morningstar", qui est le coup de coeur de cet opus, est un parfait exemple de cette complémentarité. Il y a le côté planant et berçant d'un côté, et celui plus tortueux et sombre de l'autre. C'est un morceau très intense qui nous colle des frissons avec sa fin qui nous retourne, le chant angélique d'Ana Carolina (du groupe Mourning Sun) se chargeant en effet de le terminer en beauté.

Evadne n'en finit pas de nous ravir avec une musique qui nous marque, sans prétention et pleine d'émotion. Les morceaux sont variés, bien équilibrés, avec une bonne production. Tout cela, ajouté au talent et à l'art de créer, en fait un groupe à suivre à tout prix !