Le groupe
Biographie :

Tout commence en 1996 quand Staif et Greg font leur début dans la formation What's The Fuck?. L'année qui suit Candice intègre le groupe et se rebaptise Melting Point pour une aventure qui durera 2 ans. En 1999 Guillaume, le batteur de Shockwave, quitte son groupe. C'est sous l'impulsion du collectif Marseillais Coriace que le quintette actuel se rencontre : en effet, Guillaume rejoint Candice, Greg et Staif tandis que Roswell, alors bassiste chez X-Krutia, ne prendra part à l'aventure que 6 mois plus tard quand Sandro, le bassiste originel, décide de céder sa place. Le groupe se renomme Hets mais vu que cela signifie "hétéro" en Anglais, il décide de remodeler le nom en Eths. La même année, ils enregistrent une démo 2 titres. Suivent ensuite 7 nouveaux titres sous le nom d'"Autopsie". L'accueil qui est réservé est tout bonnement surprenant surtout que le CD n'avait été enregistré "que" pour démarcher les salles. Eths sort en Septembre 2002 un nouvel EP six titres, "Samantha", produit par Praxis et Coriace. Suite à de nombreuses dates et un "Samantha Tour" réussi, les Marseillais sortent leur premier album en Octobre 2004 sur Sriracha Records. Après plus de 25 000 albums vendus et prés de 16 mois sur les routes, le groupe met un terme à cette tournée marathon et rentre enfin dans une période de composition, ponctuée par des apparitions sur des scènes importantes (Printemps de Bourges) de façon à garder un certain contact avec un public toujours grandissant. Fort de ce beau parcours, Eths revient avec la sortie de leur nouvel et deuxième album "Tératologie" en 2007. Fin 2011 le groupe annonce le retour de Guillaume Dupré à la batterie et l'arrivée d'un nouveau bassiste. Le groupe sort son troisième album, intitulé "III", le 6 Avril 2012, chez Season Of Mist. Le 18 Septembre 2012, Candice Clot décide de se retirer du groupe. Elle annonce également la reprise de son flambeau par son amie Virginie Goncalves, chanteuse du groupe de metal symphonique français Kells, jusqu'à ce que la formation trouve une autre chanteuse. Le 3 Avril 2013, le groupe annonce l'arrivée de la nouvelle chanteuse, Rachel Aspe, qui succède à Candice Clot. L'album "Ankaa" sort le 22 Avril 2016 sur le label Season Of Mist. Le groupe annonce finalement sa séparation le 30 Novembre 2016. Rachel joue son dernier concert avec le groupe le 3 Décembre 2016 au Chabada d'Angers. Le groupe joue son dernier concert, intitulé "The Ultimate Show", en compagnie de Candice Clot, le 30 Avril 2017 au Trianon à Paris.

Discographie :

1999 : Démo 2 titres
2000 : "Autopsie" (EP)
2002 : "Samantha" (EP)
2004 : "Sôma"
2007 : "Tératologie"
2012 : "III"
2013 : "Autopsie & Samantha" (Réédition)
2014 : "Ex Umbra In Solem" (EP)
2016 : "Ankaa"
2019 : "The Ultimate Show" (Live)


Les chroniques


"The Ultimate Show"
Note : 18/20

Comme beaucoup, j'ai découvert Eths au lycée alors que "Tératologie" (2007) venait de sortir et que, toujours comme beaucoup, la découverte de l'enchaînement (dans l'ordre décroissant pour ma part) "Tératologie" - "Soma" (2004) fut une énorme claque. Il faut dire que non seulement la troupe était française, qu'elle donnait dans ce qui était qualifié (peut-être à tort d’ailleurs) de “néo” bien vénère et surtout que le coffre vocal de Candice était tout simplement hallucinant ! Presque dix ans après cette découverte, Eths tirait sa révérence lors de deux shows d'adieu (le premier à Marseille et le second à Paris). L'ironie du sort voudra que pour une raison totalement foireuse, je n'ai jamais pu me rendre au show parisien...

Gageons donc que ce coffret d'adieu, véritable cadeau pour les fans, puisse me refaire vivre un moment fort que je n'aurai donc jamais vécu (notons toutefois qu'il s'agit du show de Marseille qui fut immortalisé). Première remarque, la setlist est relativement équilibrée. La chose voguant entre les incontournables classiques ("Pourquoi", "A La Droite De Dieu", "Samantha") mais également les compositions plus récentes ("Adonaï", "Gravis Venter"). On notera d'ailleurs au passage l'apparition de "Sekhet Aaru" (sur "Ankaa" paru en 2016 avec Rachel Apse au chant). Niveau prestation, peu de fausses notes sont à dénoter. Au contraire, le son est fidèle à l'esprit que les compositions dégagent en studio. Evidemment, il est toujours surprenant de voir la maîtrise vocale imposée par Candice. Le reste des musiciens n'est pas non plus innocent dans la qualité de ce live. Tout comme le public, alpagué de nombreuses fois, qui répond bien plus que présent. Cerise sur le pogo, le show regorge de surprises (le riff du Panterien "Walk" par exemple). Du coup, oui, il devait faire pas mal chaud du côté du Moulin Phocéen en ce Samedi 8 Avril 2017.

En d'autres termes, "The Ultimate Show" est une belle offrande. De par la qualité de sa captation, la justesse de son exécution mais également le son. Ajoutons à cela les nombreux bonus figurant dans ce coffret, et le fan de metal trouvera largement son bonheur. Finissons d'ailleurs sur une note positive, si le chapitre Eths se ferme définitivement avec ce DVD, d'autres pages s'ouvrent pour certains membres. À l'image de Staif et de son projet 6S9 dont nous reparlerons certainement très vite !


Rm.RCZ
Août 2020




"Ankaa"
Note : 14/20

Depuis ses débuts en 1999, le groupe originaire de Marseille a bien évolué au niveau musical mais surtout au niveau de son line-up ! En effet, il y a eu pas mal de changements dans le groupe, surtout récemment, ce qui fait de Stéphane Bilh le seul survivant des membres fondateurs. On découvre ainsi "Ankaa", le premier album avec Rachel Aspe au chant qui succède donc à Candice.

Après un précédent album aux retours mitigés, surfant entre des titres très accrocheurs et d'autres beaucoup moins, on se demande bien ce qu'ils nous ont réservé ! Déja, le nombre de titres reste élevé, l'opus en compte 12. Et au niveau musical, pas de doute, ils misent sur le changement ! On découvre alors un Eths revigoré, plein d'entrain, d'inspiration, et de maturité. Oui, effectivement, c'est bien le mot maturité qui saute aux oreilles dès les premiers titres ! Les compositions semblent plus réfléchies, plus techniques également. Les Marseillais nous proposent aussi une bonne dose de modernité, notamment avec des samples très électroniques comme dans "HAR1" ou dans le mystérieux "Nihil Sine Causa". C'est également varié, surtout "Nixi Dii" qui est ultra entraînant avec ses bons riffs ! On retrouve cette énergie dans "Nefas" qui envoie bien la patate mais aussi, et ce n'est pas qu'un detail, dans les growls sauvages de Rachel que l'on se prend en pleine face !

Sinon, les ambiances créées dans cet album sont plutôt bien trouvées et subtiles, avec notamment la voix enchanteresse de Sarah Layssac (ex-Arkan) qui nous envoûte complètement. Par contre, et cela fait partie des points négatfs, ces ambiances ne sont bonnes que dans les titres dynamiques. Dès qu'il s'agit de titres plus lents, voire plus orientés sur l'émotion, tout s'écroule ! On s'en rend surtout compte avec "Seditio" qui se révèle être pas du tout accrocheur, ce titre semble faux, il est plutôt ennuyeux et il plombe tout l'album qui est pourtant agréable. Le groupe semble donc être moins doué pour faire des "ballades" ou titres plus orchestrés... L'autre point dérangeant dans cet opus, c'est le chant clair. Il n'est ni mauvais, ni énervant certes, mais il n'est pas bon pour autant, Il est inaudible, fluet, et sans aucun relief. En bref, il ne sert pas à grand-chose. On sait que la chanteuse excèle surtout dans le growl et que le chant clair n'est pas du tout son truc au départ, alors pourquoi en mettre autant si c'est pour avoir des lignes de chant si peu assumées, sans personnalité ? Cela peut paraître dur mais quand on a un bon album, chaque détail compte et ici c'est plus qu'un détail car on en trouve partout (pour ne citer que quelques titres : "Alnilam", "Kurami Handam", "Vae Victis", "Seditio"..). Les excellents growls ainsi que les vocaux orientaux de Sarah auraient suffi. Candice assurait les deux types de chant mais c'est parce qu'elle avait une voix claire pleine de personnalité, un jolie timbre, elle avait son truc à elle, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

Eths a évolué alors pourquoi ne pas le faire aussi à ce niveau en ne laissant que du chant guttural ? Le résultat est du coup assez mitigé pour "Ankaa". Il y a de très bons éléments qui montrent que le groupe est en plein renouveau, et d'autres qui déçoivent.


Nymphadora
Mai 2016




"Ex Umbra In Solem"
Note : 15,5/20

Eths, un groupe qui existe depuis plusieurs belles années maintenant, mais qui pourtant s'est vu perdre leur meneuse et chanteuse Candice, il y a tout juste un peu plus d'un an. Cette femme à la voix à la fois pure et puissante aux textes très propres et personnels, était un élément phare auprès du groupe, et personne n'a caché sa déception à l'annonce de son départ. Eths aurait pu s'arrêter-là, d'autant plus que le groupe s'est vu perdre un autre membre tout juste après (à savoir Greg, le second gratteux). Tout portait à croire que c'était la fin pour Eths. Jusqu'à l'arrivée d'une remplaçante : Rachel. Cette femme au charisme qui s'est faite découvrir peu avant dans l'émission française "La France a un incroyable talent", et qui a révélé à la France entière qu'une femme était capable de growler comme un homme, ce qui a surpris, choqué et fait beaucoup parler. Du coup bénéficiant de cette nouvelle notoriété, cela ne pouvait qu'être un avantage pour la nouvelle formation d'Eths, qui semble renaître. Et en ce début d'année 2014, le groupe a choisi non pas de sortir un nouvel album, composé exclusivement pour une seule guitare et adapté à la voix de Rachel, mais un EP reprenant les plus grands classiques de l'ancien Eths. Intitulé "Ex Umbra In Solem", voyons voir ce que cela donne.

Cet EP se compose de sept titres, et mélange titres studio et titres live. Le premier morceau éponyme est en version studio et le premier détail évident, est que durant l'intro, la voix claire de Rachel rappelle de près celle de Candice... Jusqu'à l'arrivée du premier growl qui marque une différence et démarque donc Rachel. En effet, ce nouveau growl est à la fois plus grave, plus puissant et plus massif. D'ailleurs, celui de Candice qui était plus aigu, paraissait donc plus féminin, tandis que celui de Rachel, est plus masculin. Ce contraste évident entre son growl grave et son chant clair aigu pourrait faire penser qu'il y a deux chanteurs (à savoir un homme pour le chant grave et elle pour le chant clair). "Samantha" est le premier morceau live figurant sur l'EP. Et là de façon évidente, on ne peut que constater l'absence de la deuxième guitare qui se fait plus que ressentir, au niveau de la densité du son. On se rend également compte que le chant est plus guttural en live. On s'aperçoit aussi que les morceaux live ont été bien remixés par derrière, de façon générale, à partir de la chanson "Bulimiarexia". De plus, on a cette fois l'impression qu'il y a tout de même la présence d'une seconde guitare (sur les appels de riffs et sur les effets gauche-droite), ce qui confirme fortement que cela a été remixé en studio.

Sur cet EP figurent également les titres "Crucifere" en version live et "Voragine", "Harmaguedon" et "Proserpina" en version CD. Pour résumer cet EP, on peut donc en dire que Rachel a su s'imposer, s'intégrer à l'ambiance du groupe et à s'approprier les textes de Candice, ce qui n'était pas gagné au départ, étant donné qu'il n'était pas facile de reprendre le flambeau de celle-ci. Alors même si Rachel n'a certes pas le même style ni charisme de la chanteuse initiale, elle a su parfaitement y trouver sa place, et son public. Alors non, Eths n'est pas mort et tel un phénix, Eths renaît de ses cendres.


Cassie
Mai 2014




"Autopsie & Samantha"
Note : 17/20

Faire une présentation de Eths est tout aussi inutile qu’insultant pour une formation qui a apporté tant de choses au PMF (Paysage Métallique Français) en quatorze années d’activité intense. C’est donc une réédition 2013 (après celle de 2004) des deux fleurons du combo marseillais, "Autopsie & Samantha", que nous propose Season Of Mist dans un écrin très classe, logo doré, contenant bonus et leur toute première démo exhumée pour l’occasion, permettant de redécouvrir une œuvre profonde et sans concession. Un revival nécessaire au moment où le groupe amorce un tournant important dans sa carrière ; le début d’une nouvelle ère.

Si un titre résume à lui seul le fond des textes de Eths, c’est bien "Pourquoi" ; condensé de haine recrachée, tel un règlement de compte sonore crédible et intemporel, plus que jamais d’actualité, résumant parfaitement LA force du groupe de créer une œuvre qui ne restera pas éphémère ; le poids des mots utilisés, issus d’intenses réflexions sur des sujets complexes car durs à traiter, sont tour à tour et judicieusement susurrés, hurlés, growlés par une Candice habitée, telle une complainte entrecoupée d’excès de rage. Eths n’est pas un simple groupe de metal, Eths vit ses compositions, intègre jusqu’au-boutisme, les conduisant à exécuter des lives parmi les meilleurs de la scène française. Sur scène, Candice module, souffre, jouit, éructe, fascine et force le respect. Parfaite antithèse de ces groupes à poupée, plus prompts à distiller un pop metal sirupeux, la demoiselle est la matérialisation de ses textes, l’incarnation de "Samantha" sur laquelle Staif et Grég sculptent leurs riffs, Roswell crée une lourdeur abyssale et Guillaume matraque tout en nuances atmosphériques. L’autre force du combo est d’avoir su faire évoluer sa musique, même s’ils réprouvent l’utilisation de toute étiquette ; cette réédition permettra de vous rappeler une époque où les albums étaient particulièrement bien produits, sans prog' ni autres effets inutiles, nous renvoyant à un son primaire, brut de décoffrage et finalement tellement plus authentique, flirtant tour à tour et selon le sujet, avec un core…ossif inhumain, un goth doomesque et nihiliste au possible, un thrash limite death, une touche de néo metal phrasé rappé. On ne cessera jamais de mettre en avant l’impressionnante palette musicale produite par Eths en une décennie et, quitte à se répéter, une œuvre vraiment complexe qui mérite plusieurs niveaux lectures pour ne souffrir d’aucune interprétation.

Vous aurez compris l’inutilité d’une chronique supplémentaire, un hommage appuyé incitant à redécouvrir ces deux bombes mythiques, deux EPs de six et sept titres (alors qu’en 2013 certains groupes hésitent à fournir deux ou trois titres par EP) réunis dans un seul et même album. Un must, assurément.


Braindead
Février 2013




"III"
Note : 17/20

Treize ans déjà, qu’Eths a vu le jour dans le sacro-saint berceau Marseillais, qui a enfanté des perles comme Dagoba, Tripod ou encore Babylon Pression. Le groupe s’est construit une identité sous l’égide de Staif et Grég, membres fondateurs, notamment grâce aux paroles initiées par Candice, petite fée brune des enfers, à la voix de Cerbère. La même année, le combo sort une démo éponyme très bien accueillie, prouvant que leur atypie vocale féminine dans le paysage du metal Français, n’est en rien dans la réussite d’un groupe à l’univers complexe, aux lyrics recherchées, tranchant nettement avec la redondance des productions de ce genre.

Eths a d’ailleurs attaché une importance capitale à ses visuels, emprunts comme leurs compos d’une profondeur viscérale à faire pâlir David Cronenberg ; car là est la force du groupe, savoir donner une dimension narrative et descriptive à ses créations, les situant dans un univers crédible au croisement de notre monde et d’une dimension parallèle ; Kafka n’est pas loin, tout comme un certain David Lynch qui prétendit un jour "Il y a une logique dans chacun de mes films, mais l’important c’est votre logique à vous". Il en est de même pour les textes de Eths. "Samantha" entrera au panthéon des prénoms que l’on aime hurler à l’instar d’un "Mary Sweet Mary", mais également "Crucifère", "Détruis-Moi" ; plus que des titres, des références qui font figure de classiques dans le PMF (Paysage Métallique Français). Cinq albums, des concerts à tout va, une décennie de travail acharné et le besoin d’un break s’impose, une remise en question, un changement de line-up qui a vu le retour du batteur originel derrière les fûts, changement de label et une pointure à la production ; Fredrik Nordström, l’homme qui imposa le style Gossow.

C’est donc habité d’une frénétique curiosité que je reçois l’objet en question avec une fois n’est pas coutume, un artwork travaillé et totalement masturbatoire si l’on aime le morbide frisson que peut procurer la vision de cette orphée chimérique et prédatrice, évoluant dans un paysage apocalyptique empreint de désolation qui aurait pu sortir de l’esprit torturé d’un Clive Barker. L’autopsie peut commencer.

Ce nouvel effort affiche 10 titres au compteur dans sa version classique mais une box collector vraiment magnifique, limitée à 500 exemplaires est également disponible avec goodies et bonus des plus intéressants voire surprenants dont cette reprise du "Music" de Madonna. Assurément un très bel objet. Sobrement intitulé "III", comme le troisième album d’Indochine, le chiffre de Chris Fehn de Slipknot ou plus sérieusement comme la trinité dans la doctrine chrétienne visant à proclamé Dieu comme entité unique… un mystère de plus dans le cas Eths, qui prouve une fois de plus que leurs œuvres du combo méritent plusieurs lectures au risque de ne jamais trouvé d’explication. Eths cherche, expérimente… comme le prouvent ces dix compos toutes très différentes et qui réussissent néanmoins à se compléter au sein d’un album quasi conceptuel dont seuls les Marseillais ont le secret. Beaucoup évoqueront l’objet de la maturité, qualificatif des plus réducteurs tant les textes et les sons de Eths ont toujours fait preuve d’innovation ; non cet album est celui du changement, un son beaucoup plus massif, lourd et viscéral prouvant que le groupe s’est donné les moyens de traverser les frontières.

"Sôma" exerçait dans le néo core, Tératologie dans le metalcore expérimental, "III" affiche clairement ses ambitions dans le metal lourd quitte à déstabiliser ceux qui oublient que dans d’autre styles ; Massive Attack, Moby ou même Paradise Lost ont tous livré des œuvres différentes au fil des ans. Aimer Eths, c’est avant tout comprendre et accepter leur évolution, rares sont les groupes pouvant revendiquer une telle polyvalence, rares sont les vocalistes pouvant prétendre à une voix aussi polymorphe que celle de Candice, câline et bestiale à la fois.

"Voragine" et son intro synthé old school à la Orange Mécanique débouchant sur une série de growls posés sur un rythme cadencé et martial, soutenus par les chœurs agressifs de Staif rendant l’ensemble macabre à souhait, annonce la couleur ; "Harmaguedon" et son préambule prophétique ouvrant une déferlante rythmique bulldozer où la basse est quasi palpable ; la production chirurgicale où s’entremêlent voix douce et hurlée déclenche une oppression chaotique du meilleur effet pour cette relecture de la fin du monde ; "Adonaï", œuvre majeure, est une prière nihiliste nous renvoyant aux heures de "Crucifère", climax lourd comme une enclume ; "Gravis Venter", souvent qualifiée de mineur n’en est pas moins intéressante de par son côté ballade mélodique, aux riffs symphoniques très agressifs, ressemblant à s’y méprendre au son des violons ; "Inanis Vinter" et son entêtante comptine enfantine sordide à souhait qui n’est pas sans rappeler celle de Freddy Krueger, fait dresser les poils ; "Sidus", aux growls et percus typés double caisse, habillés par des chœurs "chants Grégoriens", donnant un relief très death à l’ensemble ; "Proserpina", (divinité Romaine enlevé par le Dieu des Enfers) présente un des textes les plus complexes durant lequel une petite prière en langue étrangère est récitée, malgré sa linéarité musicale, simple mais pas dépourvue d’intérêt ; "Hercolobus" est probablement le titre le plus effrayants, avec ses hurlements, complaintes massives tout droit tirées de L’Enfer de Dante, se terminant par un final chaotique que seuls les Tambours du Bronx étaient capables de produire ; "Praedator", à l’instar de "L’instant Sourd", fait figure de courte entracte mélodique jouée au piano, dégageant une atmosphère des plus sinistres avant "Anatemnein", surprenant dernier titre de par son absence de growls, à la voix susurrée mais au son lourd et répétitif, rendant l’ensemble paradoxalement plus violent.

A l’arrivée, un album différent et maîtrisé, à la suite d’une gestation de quatre années qui aura été salutaire ; ambigus et ésotériques, les textes de Candice explorent l’humanité sous son côté le plus sombre allant religieusement Ad Patres, multipliant les références bibliques et mythologiques. "Cette souffrance cette si magnifique souffrance" se félicitait Pinhead dans Hellraiser ; une diatribe qui prend tout son sens dans "III", une pierre supplémentaire conséquente au monument, à la Bible que construit le groupe depuis maintenant treize ans. Ad vitam Aeternam…


Braindead
Juin 2012




"Tératologie"
Note : 18/20

Eths c'est une recette qui marche, donc pourquoi la changer ? Ainsi, "Tératologie" n’est pas une surprise, ce nouvel album est plutôt réussi : contrasté, glauque, étrange et animal... Dès les premières écoutes de l'album j'ai ressenti une progression musicalement et au niveau du chant mais la formule efficace reste la même, à base de chuchotements, de cris et de jeux sonores effrayants ("V.I.T.R.I.O.L", "Priape"...). A la sortie de l’EP "Samantha", on avait aimé Eths pour tout ça, maintenant il faut reconnaître que les instrus sont plus travaillées, les guitares sont plus complexes et le travail au piano est remarquable, particulièrement sur l’intro de l'excellente de "Atavhystérie". D'autre part on reconnaît parfois certains riffs plus metal qu'on n'avait pas entendus avant ("Priape", "Holocauste A Trois Temps"...), même la présence de machines discrètes sur "Rythmique De La Bête". L'album possède une ambiance générale plus caractéristique et plus oppressante que sur les précedentes galettes, "Tératologie" est un album facile à écouter, et en général le travail du groupe sur cet album est vraiment cerné et réussi. L'album est donc un fabuleux cauchemar pour gentils amateurs de metal, les puristes ne seront pas fans mais on ne peut tout de même pas enlever la créativité et l'univers de cette formation Marseillaise. Je dois reconnaître que j'ai pris plaisir à écouter cet album à l'artwork remarquablement glauque et réussi (alors que je partais avec un a-priori plus que négatif...). A noter enfin que le line-up du groupe a changé dernièrement, ainsi vous pourrez voir sur scène Matt à la batterie et Geoffrey à la basse qui remplacent Roswell et Guillaume, qui étaient présents depuis les débuts du groupe.


Lenore
Novembre 2007




"Sôma"
Note : 18/20

Le voilà, depuis le temps qu'on l'attendait impatiemment, le premier album d'Eths ! C'est donc avec tout plein de sentiments (impatience, curiosité, joie, angoisse) que j'écoute et réécoute le CD pour m'en faire une opinion. Le sentiment général qui en ressort est une grande satisfaction quant au rendu de l'album mais pas vraiment une grande surprise car les Marseillais sont restés fidèles à leur style si caractéristique et c'est tant mieux, quelques morceaux sont cependant assez atypiques mais j'y reviens un peu plus tard. Avant de s'attarder plus en détail sur le contenu de l'album, il convient de souligner la très bonne production dont il a bénéficié, digne des meilleures sorties Européennes et Américaines. Du haut niveau et du gros calibre donc !

Musicalement, "Sôma" est un condensé de brutalité et de douceur, assez paradoxal mais véridique. Le CD commence direct par un "Méléna" brutal et rapide, façon "Biotech Is Godzilla" de Sepultura, on se retrouve scotché dès les premières secondes. Le style "Ethsien" qu'on connaissait arrive sur "Crucifère" et "Détruis-Moi", les cris de Candice sont toujours aussi puissants... peut-être même plus, en revanche sa voix claire est devenue tout simplement hallucinante. Oubliée la voix de jeune fille parfois hésitante, c'est désormais une voix douce et enivrante ("Simiesque", "L'instant Sourd"). Autre amélioration vocale, les chuchotements. Alors qu'auparavant ils donnaient l'impression d'être étouffés et pas toujours compréhensibles, ils sont maintenant très bien mis en valeur ("Septum Lucidum", "Je Vous Hais") et apportent un vrai côté malsain aux morceaux. Le côté malsain est d'autant plus présent quand la voix de Candice est couplée à celle si caractéristique de Reuno de Lofofora sur "L'instant Sourd". Je dois dire que le résultat est assez surprenant. Ajoutez à cela un finish au piano et vous êtes plongés dans la totale obscurité. Dans l'ensemble je trouve les compos beaucoup plus intéressantes que par le passé. On sent bien qu'Eths a mûri. Le style s'est radicalement métallisé, des morceaux comme "Le Fruit Des Anges" et "Rutsah" ont un côté Pantera indéniable. Les riffs sont à la fois plus diversifiés et plus efficaces que sur "Samantha". Ils sont égalament beaucoup plus mélodiques comme sur "Elle S'endort". Pour ce qui est des morceaux atypiques, il y a tout d'abord "L'instant Sourd", où Manou de Khundalini fait un duo avec Candice sur un fond de musique d'épouvante, flippant à mort ! Il y aussi un morceau que vous découvrirez par vous-mêmes, tout en acoustique, où les progrès vocaux accomplis par Candice prennent toute leur ampleur, formidable !

Vous l'aurez compris, il faut absolument écouter cet album, il réussira à coup sûr à réunir autour de la même table les métalleux "fashion" et les métalleux "puristes". "Sôma" risque fort, et même très très fort, de faire un gros carton cette année, aussi bien nationalement qu'en dehors de nos frontières.


Petebull
Octobre 2004


Conclusion
A écouter : Bulimiarexia (2007)

L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.eths.net