Le groupe
Biographie :

Eternal Gray est un groupe de death metal Israélien formé en 2001 et actuellement composé de : Gil Ben Ya'akov (basse / Breorn), Dory Gray (guitare / ex-Betrayer, ex-Impurity), Auria Sapir (guitare / Matricide, ex-Solitary) et Oren Balbus (chant). Après un premier album, "Kindless", sorti en 2002 chez Raven Music / Listenable, Eternal Gray sort son second album "Your Gods, My Enemies" en 2011 chez Season Of Mist.

Discographie :

2002 : "Kindless"
2011 : "Your Gods, My Enemies"


La chronique


Par les temps qui courent, je trouve que le titre de cet album tombe à merveille. "Your Gods, My Enemies", représente exactement l'état d'esprit de l'humanité en ce moment. On a l'impression que seule la guerre de religion importe, comme si on ne pouvait pas vivre en bonne intelligence, autant entre nations sur terre, qu'entre populations à l'intérieur d'un même pays... C'est bien triste... Quand on pense ce qu'on est capable de faire sur notre planète, il ne vaut mieux pas aller à la conquête de l'espace...

Enfin bref, Eternal Gray... Groupe d'Israël à la base. Ce nom me disait quelque chose, après recherches, effectivement, c'était les ex-Betrayer et en 2002, je me souviens bien de leur premier album "Kindless" sorti chez Raven Music !!! Un album que j'ai écouté deux ou trois fois à l'occasion de trading, mais que je n'ai jamais pu choper dans sa version originale... Ce n'est pas faute de l'avoir cherché. Un très très bon album de putain de death metal bien burné comme je l'aime, avec des petites mélodies, disons plus légères et pas forcément guillerettes, mais toujours sombres. En tous les cas leur premier album est une bonne tuerie. Un morceau de choix, un truc enregistré chez Tägtgren aux Abyss je crois, mais pas avec Peter. Avec des titres empruntés au death metal Américain des années 90's, quelque chose entre la Floride et l'Europe, des choses à la Morgoth, à la Morbid Angel parfois même Resurrection, mais vraiment nickel, et avec cette personnalité comme on la trouve chez Dylath-Leen je pense, Eternal Gray s'annonçait à l'époque comme un groupe à remarquer. Par conséquent, partant de là, je suis bien content que les mecs reviennent huit ans plus tard pour sortir un nouvel album. Un nouvel album pas mal du tout, même si je lui préfère tout de même "Kindless", parce que plus proches du death metal pur (j'en entends déjà certains : "Ah ouais et c'est quoi alors le death metal pur ?"). Par contre, c'est clair que quasiment une décennie pour écrire un successeur, on croirait presque qu'ils se prennent pour Axel Bauer...

En tous les cas, Eternal Gray, s'est inspiré cette fois-ci de l'environnement actuel pour envoyer du bois sur neuf morceaux. On retrouve toujours les envies de death metal puissant et écrasant de brutalité, mais le détonateur principal réside dans le fait qu'ils ont écouté ce qu'il s'est fait ces dernières années. Même si leur death metal puise encore sa source dans une tradition respectée, on y découvre pas mal d'incursions dans les sonorités récentes, tant dans les figures de style que dans le son. On peut effectivement parler du son, car "Your Gods, My Enemies" bénéficie d'une production des plus imposantes en matière de death metal et même si c'est au Underground Studio en Suède qu'il a été enregistré et non pas au Hertz ou aux Abyss, bien que l'on ne sait pas où ont été faits le mix et le mastering, on peut dire d'ores et déjà que la bande à Dory-Bar s'est payée le luxe de revenir en proposant un album encore mieux produit que ne l'était son prédécesseur et la barre était malgré tout pas mal haute. Donc production écrasante de puissance, comme la plupart des bons albums qui sortent aujourd'hui d'ailleurs...

Mais la prod ne fait pas le talent, elle permet juste d'en prendre plein les oreilles, encore que... On disait donc que Eternal Gray avait fait évoluer son death metal, vers quelque chose de bien moderne, ce qui s'entend dans les riffs, dans les rythmiques de guitares. Les choses old-school, sont encore là par-ci, par là, mais pour la plus grande majorité des morceaux, on assiste à une déferlante brutalico-technique tout en gardant un fil conducteur dans les chansons toujours suffisamment aéré pour ne pas étouffer la musique brutasse. Ce n'est peut-être pas par hasard que le groupe se prévaut de se rapprocher de groupes tels que Gojira, Meshuggah, ou encore Decapitated et Nevermore, parce que c'est à juste titre que ces groupes sont cités. En effet, l'évolution du death de Eternal Gray, n'a pas tourné le dos aux choses plus traditionnelles, mais à évolué, vers un death plus technico-brutal, comme les derniers Decapitated, tout en s'octroyant une approche très froide telle que peut l'être Gojira sur son dernier album et presque indus parfois comme peut le faire Meshuggah ou Nevermore, je veux dire dans cette manière d'être technique en fait. Et donc Eternal Gray montre de nouvelles facettes, indépendamment des mouvements énumérés juste avant, on retrouve ce qui fait la base du metal quand même, les solos sont là, et "Inner Anger" en est un parfait exemple, parce que ça envoie sévèrement dans le solo sur ce titre. C'est un album plein de surprises, on se régale de la voix énormissime d'Oren Balbus, avec un timbre somptueusement guttural à la Illdisposed, presque Gorefest, quelque chose d'identifiable et de vraiment death. Ensuite entre les accélérations destructrices et les passages vraiment intenses, ils ont eu l'amabilité de nous écarteler les oreilles grâce à des breaks hyper atmosphériques, très dark et samplés comme sur "Unabeled" ou grâce à des harmonies divinement techno-death ("Black Prophecy").

"Your Gods, My Enemies" n'est pas le chef d'oeuvre de l'année, ni le retour de l'enfant prodigue ou encore le messie qui nous sauvera du déluge de groupes qui ne servent à rien et qui nous polluent la scène, mais leur signature chez Season Of Mist est largement méritée, parce que ce deuxième album tient plus que bien la route, technique, brutalité, puissance, hargne, mais aussi atmosphères glauques, très bien utilisées et disposées, un vocaliste performant ; Tous ces ingrédients font de cet album un bon album, qui peut sortir fièrement la tête de l'eau. Du plaisir pendant quarante deux minutes, sur neuf titres, plus un petit bonus, pas forcément indispensable en fin d'album, à savoir la reprise du titre "Never Waits" dans une version électronique, proche de Depeche Mode à la rencontre de David Guetta, mais avec une chanteuse dont la voix laisse pantois malgré tout... Alors voilà, acheter cet album n'est pas un mauvais investissement car il est bon, et vole au-dessus de pas mal de productions de groupes de catégorie B... "Your Gods, My Enemies" peut faire un bout de chemin dans vos oreilles sans conteste.


Arch Gros Barbabre
Novembre 2011


Conclusion
Note : 14,8/20

Le site officiel : www.eternalgray.net