Le groupe
Biographie :

Erdve est un groupe de black metal / hardcore / sludge lituanien formé en 2016 et actuellement composé de : Vaidotas (guitare / chant), Kristijonas (guitare), Valdas (batterie) et Krizas (basse). Erdve sort son premier album, "Vaitojimas", en Février 2018 chez Season Of Mist, suivi de "Savigaila" en Juillet 2021.

Discographie :

2018 : "Vaitojimas"
2021 : "Savigaila"


Les chroniques


"Savigaila"
Note : 19/20

Mais je les reconnais ceux-là, les types d’Erdve, eh oui, j’avais chroniqué le skeud précédent et je l’avais trouvé très bien, du coup c’est une excellente surprise de voir la formation lithuanienne dans ma liste de chro’ à rédiger car l’opus d’avant m’avait laissé une forte impression. "Savigaila" succède donc à "Vaitojimas" et prouve que le groupe peut se renouveler tout en respectant une ligne artistique annoncée auparavant.

Dès les premières notes, l’accroche est directe et on éprouve ce sentiment à la fois étrange et délicieux que la colère que l’on ressent en quelques fractions de secondes, tellement elle est poignante, annonce la couleur globale de l’album. En effet, ce disque dégage énormément d’énergie pure, une vague intense de sentiments humains portés à leur paroxysme, il y a un truc de viscéral, de "jeté à la gueule" omniprésent tout au long de l’écoute. Stylistiquement, c’est très difficile à décrire, il y a un petit quelque chose de grind, dans le sens punk du terme, un traitement postcore dans le son, on ressent une volonté de faire entendre chaque fréquence avec précision au sein d’un chaos étonnamment structuré. Tout n’est que paradoxe chez Erdve et on passe de moments extrêmement engagés à des plages musicales lancinantes, très proches d’illustrations sonores, avec un travail de production qui magnifie l’ensemble. Ainsi, alors que vous commencez à triper avec un morceau comme "Votis", l’instant d’après, "Betonas" vous met le compte et vous extrait du songe éthéré dans lequel vous vous trouviez pour vous ramener à la dure réalité. "Savigaila" signifie apitoiement, le délire qui se cache derrière le concept de ce disque, en gros, c’est de traiter le fait de surmonter l’engourdissement face aux réalités de la vie, vaste sujet, et on ressent grâce au son une réelle initiative de traiter tout ce qui touche à l’affect, au ressenti.

Cette sensation organique dans le son, ce sentiment d’être heurté par une musique sincère, élancée, tout cela se traduit en musique par des structures répétitives mais étrangement mouvantes, une extrême rage qui se décline au travers du chant mais aussi par le biais des instruments, avec son lot de dissonances perturbantes, de hargne constante, c’est aussi choquant que sublime. Les vociférations du mec au poste de beugleur, fondamentalement hardcore, se transforment et touchent au guttural comme sur "Bendrystè" ou le morceau éponyme "Savigaila" qui laisse entendre le groupe dans l’apogée de sa propre violence et l’instant d’après, joue avec l’espace avec de subtils arpèges, on se situe entre Botch et Neurosis, voire même avec quelques touches de Discordance Axis. De légères influences Meshugiennes viennent parfois s’ajouter au maelstrom sonique délivré par le trio hystérique comme sur "Sugretinimas". Avec peu, Erdve peut faire beaucoup, "Pragulos" et sa guitare qui laisse le silence respirer, un autre de ces moments apaisant dont Erdve a le secret, on se rapproche de la sensibilité d’un The Cure, d’autres musiciens torturés, sauf qu’ici, la batterie délibérément acoustique, en fond dans le mix, elle aussi créant de l’espace, joue avec la réverbe. On n’entend plus la pièce, on la perçoit, on devine l’espace, la musique engendre des images, encore une incursion Deftonienne au niveau du chant, comme on pouvait en entendre sur "Vaitojimas".

Entre shoegaze contemplatif et brutalité corienne, Erdve continue son ascension au travers de compositions qualitatives, le tout exécuté de main de maître pour proposer une musique toujours plus prenante et originale. "Savigaila" est un véritable voyage musical, l’album doit absolument s’écouter au casque car le metal d’Erdve est bouleversant, cataclysmique mais tellement organique. La production met en valeur la densité qui se dégage du disque, et les moments de repos / répit permettent à l’auditeur de souffler tout en manipulant sa perception des choses, car le cerveau travaille durant l’écoute. Qui s’y plonge ne peut rester insensible. Un chef d’œuvre de plus !


Trrha'l
Avril 2023




"Vaitojimas"
Note : 18/20

Première note du disque, grosse claque direct ! "Vaitojimas" commence fort, c’est un mur de son que l’on se prend en pleine face. Erdve délivre un metal moderne puissant, aux sonorités obscures et dépressives. Expérimentant avec le son, ces sculpteurs de fréquences jouent avec les dissonances pour nous faire voyager vers des univers éthérés et déshumanisés.

Pendant 37 minutes, la musique d’Erdve développe des sonorités actuelles, renforcée par une production excellente, entre le doom, le hardcore atmosphérique voire même la musique de transe. Le groupe n’hésite pas à faire tourner de longues séquences répétitives, sans toutefois provoquer l’ennui. La batterie, à la fois groovy et puissante, distille une énergie communicative qui fait balancer machinalement la tête d’avant en arrière. La guitare, à la fois précise et imposante, est renforcée par un son de basse épais, rugueux et lourd, pour un résultat imposant qui confère à l’ensemble une dimension grandiose par des ajouts de lignes mélodiques stridentes. Parfois, des arpèges mélancoliques se développent, laissant ensuite la part belle à des rythmiques poignantes. Les tempos, pachydermiques, oscillent entre des passages d’une lenteur extrême et des moments plus élancés. Erdve propose de multiples influences, il est à situer quelque part entre Ulcerate et Cult Of Luna, avec des relents post-metal dans le genre d’Isis, voire même de Deftones parfois, dans la manière de traiter certaines sonorités de guitare. Ainsi, "Vaitojimas" est un disque qui défend une musique à la fois énergique et contemplative avec une alternance de moments de tensions et de détente, de repos et de frénésie pour un résultat équilibré et homogène.

Ses membres se posent en techniciens du son, les musiciens maîtrisent parfaitement leurs instruments, au service d’un environnement sonore intelligemment élaboré. Les compositions sont très matures, le chant hurlé est vraiment poignant, et lorsque celui-ci prend des intonations plus hardcore, il reste terriblement efficace. Cet album ne souffre d’aucune faiblesse, au fil des 6 plages, l’art sombre de ces Lituaniens s’immisce dans les méandres de l’âme, une invitation à sonder l’inconscient. Il est assez paradoxal de constater qu’il y a très peu de renseignements sur la toile concernant le groupe. La qualité de ce premier opus est remarquable pour une formation récente, né en 2016, déjà signé chez Season Of Mist, et n’ayant sorti qu’une démo cassette auparavant, surtout lorsque l’on sait que ce sont les musiciens eux-mêmes qui ont produit le disque ! De ce fait, il n’est sans doute pas impossible d’entendre rapidement parler d’Erdve tant le groupe place déjà la barre bien haut, avec une musique aussi bien rodée.

Avec son doom metal atmosphérique expérimental, véritable illustration sonore des aspects les plus négatifs de l’être, "Vaitojimas" est vraiment convaincant. La musique proposée ici est dense, puissante mais aussi atmosphérique et introspective. Voici donc une très bonne surprise en ce début d’année, et un groupe à suivre de très près, c’est un véritable coup de cœur que je vous encourage à découvrir !!


Trrha’l
Février 2018


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/erdvelt