Le groupe
Biographie :

Entrails vit le jour en 1990 dans le village de Linneryd, au sud de la Suède. En 1994, la moitié du line-up décida de se consacrer à autre chose, ce qui entraîna le groupe vers une pause qui se prolongea jusqu’en 2008, année de la résurrection. Leur première démo, "Reborn", fut disponible dans les bacs en été 2009. Elle fut rapidement suivie par une seconde démo constituée d’une intro, de cinq titres et d’une reprise de "Casket Garden" de Dismember. Juin 2010, Entrails sort son premier album, " Tales From The Morgue", chez F.D.A. Records, présentant des morceaux des deux démos précédentes ainsi qu’un son similaire aux albums cultes de death metal suédois, enregistrés au début des années 90 au célèbre Sunlight Studio. En Septembre 2011, le second album du groupe, "The Tomb Awaits", composé d’anciens et de nouveaux titres, est disponible dans les bacs. L’hiver suivant, le groupe entra en pourparlers avec plusieurs labels afin d’établir un contrat avant de finalement signer chez Metal Blade Records en Mars 2012. "Raging Death" sort en Mai 2013, puis deux ans plus tard, en Mai 2015, c'est au tour de "Obliteration". Après un changement de line-up en 2016, le cinquième album du groupe, "World Inferno", sort en Juin 2017. Avec un line-up à moitié renouvelé, "Rise Of The Reaper" sort en Octobre 2019. Trois ans plus tard, "An Eternal Time Of Decay" sort en Juin 2022 chez Hammerheart Records.

Discographie :

2010 : "Tales From The Morgue"
2011 : "The Tomb Awaits"
2013 : "Raging Death"
2015 : "Obliteration"
2017 : "World Inferno"
2019 : "Rise Of The Reaper"
2022 : "An Eternal Time Of Decay"


Les chroniques


"An Eternal Time Of Decay"
Note : 18/20

Entrails revient vomir son death metal avec un septième album. Créé en 1990 en Suède, le groupe ne sort rien puis s’arrête en 1998 avant de revenir en 2008. Aujourd’hui, Jimmy Lundqvist (guitare), Pontus "Penki" Samuelsson (basse / chant, Gravestone), Arvid Borg (batterie) et Markus Svensson (guitare, Nuclear Salvation) nous offre "An Eternal Time Of Decay" chez Hammerheart Records.

On débute sur l’inquiétante "An Eternal Time Of Decay", l’introduction éponyme, qui nous oppresse lentement avant que le son gras de "Die To Death" ne prenne la suite avec des leads perçants et une rythmique accrocheuse. Les hurlements puissants se posent avec fracas sur cette base violente trempée dans les racines du death à la suédoise, tout comme sur "Fear The End" et son énergie morbide. Le blast entraînant permet aux riffs groovy de nous faire remuer la nuque tout en nous matraquant en continu, puis le groupe placera quelques leads sombres avant la fin, qui nous mène à "The Dead" et son sample introductif. La rythmique ne tarde pas à arriver et à nous écraser avec des sonorités et des choeurs hurlés très old school qui collent parfaitement à l’ambiance du morceau, puis "Slayed To A Pile Of Flesh" continue dans cette ambiance agressive aux leads déchirants. Bien que le tempo soit amené à ralentir légèrement sur certaines parties, on conserve cette rage permanente dans la voix rocailleuse, puis "Open Casket Feast" nous fait immédiatement replonger dans cet océan sanglant et dévastateur.

Les riffs sont aussi old school qu’efficaces, faisant de ce morceau l’un des plus ravageurs, puis le son s’éteint peu à peu avant que "Dead By Evil" ne nous offre quelques notes horrifiques avant de lâcher les riffs gras et groovy. Le refrain est simple mais incroyablement efficace, et il laisse également les musiciens placer des influences grind ainsi que des harmoniques plus mélodieuses, alors que "Inverted Graveyard" renoue avec la noirceur et les éléments inquiétants. Le titre reste accrocheur et efficace, tout comme "Autopsy" et ses parties saccadées qui contribuent à la force des riffs malsains et gras. L’album se poursuit avec la puissante "Reborn In Worms" qui conjugue une violence brute et directe qui ralentit à peine pour placer des refrains pesants ou un solo mystérieux, puis il prend fin sur "Possessed" et sa rage viscérale qui sera l’une des meilleures armes du groupe pour faire remuer les fosses du monde entier.

Entrails ne m’a jamais déçu, et ce n’est pas "An Eternal Time Of Decay" qui va changer mon avis sur le groupe ! Les musiciens manient à la perfection leurs racines suédoises, créant une vague de violence brute qui peut ralentir ou devenir plus mélodieuse, mais qui reste toujours grasse et accrocheuse.


Matthieu
Mars 2020




"Rise Of The Reaper"
Note : 17/20

Les groupes n’ont pas tous un succès fulgurant, et c’est le cas d’Entrails. Bien que formé en 1990, le groupe s’arrête en 1998 sans aucune production. Mais la machine repart en 2008, et c’est à ce jour sur six albums que Pontus "Penki" Samuelsson (basse / chant), Jimmy Lundqvist (guitare), Arvid Borg (batterie) et Markus Svensson (guitare) peuvent compter, dont "Rise Of The Reaper", le dernier en date. Si le line-up a peiné à être stable, avec de très nombreux changements, on espère pour eux que l’aventure continuera longtemps et on appuie sur le bouton play.

"Rise Of The Reaper" est un sample introductif qui place dans l’ambiance. Ce sera sombre, glauque et malsain. On commence donc avec "For Hell", un morceau très accrocheur et qui ne néglige en rien les parties lead. Ca blaste sec, le chant est gras et puissant, les riffs sont incisifs… le groupe est bel et bien très productif. Autre titre très efficace, "Miscreation" joue également sur quelques ambiances lors de l’introduction, puis sur une rythmique martiale et à laquelle on ne peut qu’adhérer. L’essence même du death suédois est réunie dans "The Pyre", un autre brûlot d’efficacité et de riffs violents, bien qu’ils soient ralentis pour l’introduction. Mais on reprend de la vitesse avec la rythmique principale et le blast. "In The Shape Of The Dead" démarre en trombe, et force est de constater que le groupe sait manier son art. La rythmique est lourde, la guitare lead amène ces petits passages perçants et votre nuque ne devrait pas tarder à se délier si ce n’est pas déjà fait. Même constat pour la virulente "Gravekeeper", qui mise sur la vitesse d’exécution pour séduire, alors que "Destination Death" ralentit à nouveau la cadence sur l’introduction, avant de lâcher les musiciens à pleine vitesse.

La basse est à l’honneur pour "Destruction", un morceau puissant et qui ne manquera pas de plaire également aux amateurs de thrash metal, comme à ceux qui aiment la lourdeur. On reste dans la lourdeur pour la surpuissante "Crawl In Your Guts". La rythmique semble faire une pause, mais repart immédiatement, alors que "For Whom The Head Rolls" (notez cette qualité de jeu de mots) est un titre à nouveau effréné qui laisse cependant une petite part aux orchestrations lors de l’introduction, et qui se coupe net à la fin. On repart avec "Evils Of The Night", qui reprend une pincée de thrash injectée dans un death gras et purulent. L’introduction douce mais inquiétante de "Cathedral Of Pain", le titre le plus long de l’album, peut surprendre, mais c’est bel et bien un death metal aux accents doom qui frappe. Lentement mais sûrement, l’album s’achève avec "The End", une outro acoustique et aux orchestrations menaçantes.

Si depuis une dizaine d’années Entrails est très actif, les Suédois n’ont pas volé leur mérite. "Rise Of The Reaper" prend avec brio la suite de la discographie, et on attend plus qu’une date française pour confirmer l’impression de puissance qui se dégage de cet album !


Matthieu
Mars 2020




"World Inferno"
Note : 18/20

Eh toi ! Ouais toi ! Approche, je sais que t’as besoin d’un peu de death metal premier cru. Tu te souviens d’Entrails ? Exactement, le groupe qui a existé de 1990 à 1998 sans rien sortir, puis qui s’est arrêté jusqu’en 2008 avant de repartir sur les chapeaux de roues. Menés par le suédois Jimmy Lundqvist (guitare / programmation de 1990 à 1998 puis guitare seulement), le groupe a fait appel à Pontus "Penki" Samuelsson en 2014 pour la deuxième guitare, Martin "Fjalar" Mikaelsson pour la batterie depuis 2016 ainsi que Tommy Carlsson pour la basse et le chant depuis 2016 également. Et on peut dire qu’ils n’ont pas chômé les Suédois ! Deux démos, deux splits et surtout cinq albums depuis leur reformation, sans parler des concerts démentiels que le groupe donne dans le monde entier ! C’est justement du cinquième album, "World Inferno", dont on va parler. Il sort le 16 Juin, et il a la même saveur que ceux d’avant…

Dès le début du titre éponyme, "World Inferno", on sent que l'enfer est sur le point d'être relâché sur Terre. Cette magnifique introduction sera accompagnée par des cris jusqu'à ce que le rouleau compresseur se mette en marche, avec des riffs assassins. Le son est excellent, et chaque instrument est parfaitement audible. Même constat sur "Condemned To The Grave", où on remarque également que Fjalar est très en forme pour ce nouvel album. "Serial Murder (Death Squad)" est un morceau un peu plus lent, mais ô combien plus lourd que les Suédois se plairont à faire accélérer d'un riff à l'autre, avec une technicité irréprochable. "The Soul Collector" et ses ambiances démentiellement sombres menés par un blast et une rythmique violente devrait particulièrement bien rendre en live et déclencher quelques pits, alors que "Dead And Buried" et ses choeurs hurlés me séduit aisément. Le son du groupe est tellement massif qu'il est presque impossible de ne pas headbanguer instinctivement. On reprend avec l'introduction particulièrement épique d'"Insane Slaughter" qui m'évoque un péplum, lorsque les deux armées se regardent dans les yeux avant de lancer une charge meurtrière... Et en effet, la bataille éclate, mais ne vous laissera pas indemnes. "Into Eternal Fire" et ses riffs presque psychédéliques mais particulièrement marqués peuvent paraître monotones au premier abord, mais c'est en fait un titre extrêmement entraînant ! Au contraire, "Suffer" enverra la sauce dès les premières secondes et c'est une véritable bûche que les Suédois ont composé. "The Hour Of The Casket" laissera le temps à une fosse de se préparer pour un wall of death qui conviendrait à merveille au son de ce titre martial et empreint de haine. Le dernier morceau, "The Blood Breed", clôturera efficacement cet album grâce aux riffs sanglants qui nous sont envoyés en pleine face. Encore une fois, la technicité est de mise, mais sans pour autant perdre l'âme qui anime Entrails. Le final est réellement exceptionnel et mérite de figurer dans les livres d'histoire du death atmosphérique, si tant est qu'ils existent...

C'est presque scandaleux de voir à quel point le son du groupe est clair, et à quel point le death metal d'Entrails est maîtrisé. Alors que le groupe aurait pu mourir sans jamais sortir quoi que ce soit, je pense personnellement que Jimmy Lundqvist a pris l'une des meilleures décisions de sa vie en dépoussiérant le nom d'Entrails. Ayant pu voir le groupe au Hellfest l'an passé, je vous assure qu'en live les titres ont le même impact que sur CD. Si par magie ils passent près de chez vous, foncez !


Matthieu
Juin 2017




"Obliteration"
Note : 12/20

S'il est bien un endroit où il demeure difficile d'émerger de l'iceberg lorsque l'on fait du death metal, c'est bien la Scandinavie. En effet, les talents y sont nombreux, pas toujours connus et se démarquer n'est point chose aisée. En l'espèce, voici Entrails, vieux groupe de death qui, après avoir splitté en 1998, renaquit de ses cendres en 2008.

Même si l'on a pu saluer cette renaissance plutôt réussite après dix ans d'absence, force est de constater qu'aujourd'hui, la sauce peine à prendre. Alors certes, quand je tombe sur un bon groupe de death old school, en plus suédois, je ne fais pas la gueule pour autant. Toutefois, je suis un peu plus exigeant, forcément. Déjà sur le papier, Entrails a perdu son célèbre second guitariste, Mathias Nilsson (Skogen, Deformed, Mindcollapse, Danger), qui est remplacé par un illustre inconnu : Penki.

Pourtant, cet album n'est pas dénué de qualités. Outre son ambiance sombre et glaciale, "Obliteration" est un album assez complet, bien travaillé, dont les riffs un peu simplistes n'en restent pas moins efficaces. On aurait d'ailleurs pu apprécier un peu plus de technique, un peu de solo qui vient décorer les montagnes de lourdeur mélodique. Ce nouveau guitariste n'est pas le seul à être un peu trop discret à mon goût, puisque la batterie n'apporte elle non plus pas grand chose au résultat final…

Deuxième guitare quasi absente, batterie à moitié sourde, la suite ne vous étonnera donc pas. Le bilan est d'ailleurs sans appel : ça manque de panache ! La musique est assez molle, les riffs lents et pas assez pesants, le chant guttural ne parvient pas à réhausser le tout. On ressent en fait qu'Entrails est né pour la première fois en 1990… La rage d'antan semble bien lointaine. L'album s'épuise rapidement après 3-4 pistes, et d'ailleurs aucun morceau ne semble se dégager d'un tout trop fade, si ce n'est la reprise de la "Marche Funèbre" de Chopin (ça nous fait une belle jambe).

Au final, bien qu'un album de death old school soit toujours le bienvenu, celui-ci aura du mal à satisfaire, tant du côté des nostalgiques que des néophytes. Une production et une pochette peut-être un peu bâclées ne feront qu'empirer un bilan déjà mitigé à la base…


Grouge
Juin 2015




"Raging Death"
Note : 13/20

Ce n’est un secret pour personne : les temps changent, les technologies vont de l’avant et plus les années passent, plus il devient difficile de proposer une œuvre intéressante, satisfaisante et surtout novatrice. Une fois le contexte introduit, entre en compte la dimension éthique dans le milieu artistique en général, et dans le metal extrême plus particulièrement. Où poser les limites de la création et à partir de quel moment l’inspiration soi-disant sincère et désintéressée frôle tellement le plagiat que le résultat final en devient tout simplement décevant ? Difficile à dire mais une chose est sûre, les Suédois d’Entrails relancent une nouvelle fois le débat (malgré eux ou pas) avec leur troisième opus : "Raging Death".

L’impression de "déjà vu" commence dès le premier regard à l’artwork, plutôt pas mal mais qui rappelle surtout d’autres pochettes d’un certain groupe suédois dont le nom ne sera pas mentionné ici (quoique…en fait si, mais d’ici quelques instants). Le disque se compose de dix titres pour une durée approximative de quarante-cinq minutes. L’écoute débute donc rapidement avec "In Pieces". Tout y est pour plaire aux amateurs de bon death metal bien old school et catchy : une production relativement propre sans en faire trop et tomber dans l’artificiel, des riffs accrocheurs et variés, une batterie puissante et précise… et un chant profond et râpeux comme on l’aime. Jusque là tout va bien, tout est fait on ne peut plus correctement et la première écoute commence sur des chapeaux de roues. Puis, au fil de cette même écoute, la sensation de "déjà entendu quelque part" se renforce de manière exponentielle jusqu’à atteindre le fameux et regrettable statut de : rip-off d’Entombed. Certes, se lancer dans des comparaisons à tort et à travers est fort peu souhaitable dans une chronique, mais des titres comme "In Pieces", "Bloodhammer" ou "Cemetery Of Horrors" rappellent si furieusement les morceaux des pionniers du death metal suédois qu’il devient inévitable d’en arriver à cette conclusion, même pour ceux qui connaissent peu et mal Entombed.

En bref, "Raging Death" en soi est un album plutôt réussi, même s’il ne peut se targuer de figurer sur la liste des meilleurs albums de l’année. Il ravira probablement les fans d’extrême qui se préoccupent peu des questions d’éthique et de plagiat, ou éventuellement ceux qui n’avaient plus trouvé leur compte chez Entombed depuis quelques temps. Encore une fois, un détail qui peut paraître insignifiant au départ peut amener à totalement gâcher l’appréciation d’un album de même que son bienfondé. Dommage, très dommage !


Ichigo
Octobre 2013


Conclusion
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