Faire du post-hardcore avec un chant clair, voici un audacieux pari. Enola ne s’en sort pas si mal, malgré la difficulté de cet exercice. Cet EP oscille dans l’atypisme. Intéressant dans ses compositions, Enola, via cet EP, intègre une nouvelle façon d’envisager la musique et les morceaux. Entre un post-hardcore puissant, décadent et dissonant, il se permet également d’envoyer des variantes musicales ici et là, sans pour autant renier un style qu’il a lui-même créé.

Mais attention, ce n’est pas uniquement du chant clair que l’on trouve ici, dans les différents morceaux, mais également du chant très hardcore, thrashcore. La grosse force d'Enola réside dans son inclassabilité, mais également dans ses riffs complétements barrés, ses demi-tons, ses changements de rythme intenpestifs, cette veine sans concession, imprévisible et ultra barrée, entre riffs hardcore et punk, envolées de solos et accords lêchés. Bref, toute la panoplie y passe. Entraîné par une section rythmique clef de voûte du succès et de dissonances à la guitare, Enola déroule un univers où les morceaux nous emmènent dans un monde à part, décadent, ceux-ci ont une durée supérieure à la moyenne. Quelquefois, le parallèle peut être fait avec un The Ocean ou encore  Cult Of Luna mais celui-ci, bien vite, s’arrête car Enola évolue dans un registre beaucoup plus hardcore, plus thrash et déchiré. Cet EP s’avère au final sûrement trop court, avec 5 morceaux d’une durée allant de 4 minutes à 11 minutes. Développant des univers et des questionnements sous une production assez intéressante, bien loin d’un DIY de base, et proposant des variations et des alternatives à des musiques uniquement linéaires, Enola frappe un assez grand coup dans le petit monde des musiques thrash et progressives : fini les grosses basses et les progressions partant de la batterie, maintenant les guitares ont également une grande place et donnent une sonorité différente à cet EP, lui conférant un esprit beaucoup plus hardcore / thrash.

Alors que le chant est très présent au début de cet EP, celui-ci s’efface petit à petit pour offrir quelque chose de pratiquement musical uniquement sur la fin et le dernier morceau notamment. Le chant "hardcore" est parfaitement maîtrisé, le chanté clair se débrouille bien, même si par moments il est un peu dérangeant et pas forcément totalement juste... A travailler donc. De même, les structures, bien que sympathiques, mériteraient quelques révisions quelquefois avec des moments plus planants et/ou de laisser se développer beaucoup plus une certaine ambiance qui parfois est coupée beaucoup trop vite. Enola frappe bien et fort avec cet EP, à suivre de très près.