Le groupe
Biographie :

Engel est un groupe de metal indus suédois formé en 2004 par des musiciens qui, pour la plupart ne sont pas méconnus du metal comme l’ex-guitariste d’In Flames : Niclas Engelin et l’ex-guitariste du groupe The Crown : Marcus Sunesson, le bassiste Mikael Håkansson (ex-Evergrey, remplacé ensuite par Steve Drennan) ou encore le batteur Daniel Moilanen (ex-Lord Belial, groupe de black metal suédois, remplacé ensuite par Oscar Nilsson), accompagnés au chant par Magnus Klavborn (remplacé ensuite par Mikael Sehlin). Après un premier album en 2007, ils nous reviennent avec "Threnody" en 2010 chez Steamhammer / SPV. En 2012, sort l'album "Blood Of Saints" chez Season Of Mist puis c'est au tour de "Raven Kings" en 2014 chez Gain Music, et de "Abandon All Hope" en Mai 2018.

Discographie :

2007 : "Absolute Design"
2010 : "Threnody"
2012 : "Songs Of The Dead" (EP)
2012 : "Blood Of Saints"
2014 : "Raven Kings"
2018 : "Abandon All Hope"


Les chroniques


"Abandon All Hope"
Note : 15/20

L’adolescence est souvent vécu comme une période trouble et difficile. Ce qui est vrai chez les êtres humains mais également chez les groupes de musique. Tout le monde a en tête l’adolescence d’In Flames qui lui fit passer du death mélodique pur-souche à un metal beaucoup moins agressif et plus mélodique. Engel suit désormais le même chemin. Alors, nous sommes en droit de nous demander si ce syndrome touche uniquement les formations suédoises de death mélo, uniquement les Suédois ou uniquement les krisprolls. Quoi qu’il en soit, mutation ou pas, Engel nous livre un nouvel album : "Abandon All Hope".

Si ce "Abandon All Hope" débute comme un ersatz (insupportable) de Trivium ("The Darkest Void"), la suite des choses se détache nettement de cette impression. Et c’est tant mieux ! Nous aurons échappé de quelques notes à la catastrophe ou plutôt à une écoute relativement pénible. Pour mieux illustrer le tout, "Abandon All Hope" relève un aspect beaucoup plus mélodique, beaucoup plus théâtral et beaucoup plus élaboré qu’une simple copie pâle de thrash mélodique. Bien que je sois un fervent adorateur de thrash mélodique, Engel gagne largement à se détacher ici de ce style initié par la piste introductive. De là, "Abandon All Hope" emploie tour-à-tour des "astuces" de genres aussi variés que le heavy mélodique, le doom, le power ou encore le groove. Il n’est donc pas anodin de trouver quelques passages à la Sorcerer ou encore à la Rhapsody ("The Legacy Of Nothing", "Gallows Tree"). Mieux ! Même si Engel ne donne pas dans le fantasy, la voix de Mikael Sehlin, toute en puissance et en timbre illustre parfaitement des batailles épiques voire des contes et légendes ("Book Of Lies", "The Condemned"). Toutefois, si Engel se définit toujours comme une formation de death mélodique, il est difficile ici de retrouver les "codes" de ce style. Pour simple témoin : l’absence majoritaire de chant extrême et l’utilisation intensive de claviers qui plonge presque l’auditeur dans un album de symphonique ("As I Fall""Across The Abyss"). Evidemment, il reste des titres purement mélodeath qui envoient comme il faut, notamment l’enchaînement "Buried" - "Untouchable". Au niveau du dosage, là où ses prédécesseurs étaient majoritairement extrêmes et minoritairement clean, "Abandon All Hope" fait le choix inverse du contrepied ("Death Reversed", "Gallows Tree"). Finalement, ce cinquième album reflète d’autres envies, d’autres souhaits et d’autres facettes d’un groupe qui, après près de quinze ans d’existence, se remet certainement en question. La preuve par le fait que sur onze titres, trois peuvent réellement se qualifier de death mélodique. S’agissant des titres forts de cet album, death mélodique ou heavy mélodique, soulignons donc "Buried", "The Legacy Of Nothing" et surtout "The Condemned" (single de l’album et tout simplement sa meilleure piste) !

Du coup, avec ce "Abandon All Hope", Engel se mue peu à peu un peu plus loin de ses origines. Par métaphore, on pourrait dire qu’un ange abandonne ses espoirs de death mélodique ou de musiques extrêmes pour se tourner vers ceux offert par un style bien plus mélodique mais toujours épique. Un changement certes, mais les transitions pouvaient d’ores et déjà se faire ressortir dans les albums précédents comme "Raven Kings" en 2014. Alors pour citer notre ancien Président de la République : avec Engel, "le changement c’est maintenant" !


Rm.RCZ
Novembre 2018




"Raven Kings"
Note : 15/20

C'est après quelques changements de line-up et un dernier album "Blood Of Saints", qui avait été moyennement apprécié lors de sa sortie en 2012, que les Suédois de Engel font leur grand retour avec un tout nouvel album intitulé "Raven Kings", sorti en Novembre 2014 chez Gain Music / Sony. Suite au départ de Magnus Klavborn en 2012, qui officiait au poste de chanteur, et de Jimmy Olausson à la batterie en 2014, ces derniers ont été remplacés respectivement par Mikael Sehlin, connu pour avoir fait partie du groupe Degradead, et Oscar Nilsson. Bien sûr, certains d'entre vous auront certainement déjà aperçu le membre fondateur de Engel, Niclas Engelin quelque part : en effet, il fait également partie de l'aventure In Flames en tant que guitariste. Bien, les présentations sont faites, il est temps de découvrir ce qu'ont à nous proposer les Suédois de neuf avec ce nouvel opus, par ailleurs produit par Niclas Engelin et mixé par Jacob Hansen (Volbeat, Primal Fear, Doro).

"Raven Kings" démarre de manière brutale avec "Salvation" qui évolue dans un death mélodique puissant, dominé par le chant growlé de Mikael Sehlin. Les riffs de guitare sont typiques du melodeath à la suédoise, la rythmique est assez propre au genre mais efficace. Le chant growlé alterne avec le chant clair de Sehlin sur les parties de refrain, ajoutant un aspect moderne au titre, auquel s'ajoutent des parties plus indus notamment avec la présence du clavier. "Your Shadow Haunts You" suit le même schéma que la piste précédente, et prédomine également dans le style death mélodique aux influences indus emmené par le chant clair sur le refrain. Un titre qui rappelle par moment des passages melodeath à la Mors Principium Est, et d'autres plus modernes se rapprochant plus de l'époque In Flames des années 2000/ 2002. "Denial" sonne plus indus et moderne que les pistes précédentes tout en gardant un côté agressif et puissant. Les guitares et le chant clair ajoutent un côté heavy par moments. L'arrivée de Mikael Sehlin au micro se révèle un point positif, et il trouve parfaitement sa place au sein du groupe. En effet, la voix de Magnus Klavborn qui officiait auparavant au poste de chanteur avait un côté plus moderne et donnait un aspect plus "pop" à la musique de Engel. Ici, la voix de Mikael ajoute de la puissance aux titres et colle parfaitement au genre sur les parties les plus death mélodique appuyées par son chant growlé, tandis que son chant clair semble plus teinté heavy et ajoute de la mélodie et une certaine harmonie à l'ensemble. "Fading Light" mêle habilement le death mélodique avec des sonorités plus modernes : les guitares sont puissantes et mélodiques, les solos de guitares sont efficaces, le chant growlé apporte de l'énergie au titre pour son côté melodeath, tandis que le chant clair ajoute une touche plus heavy et un aspect modernisant au morceau, bref un titre efficace et prenant. "My Dark Path" se révèle à la fois mélodique et énergique, emmené par des guitares efficaces et une rythmique à laquelle on accroche assez facilement. Là aussi cette piste nous fait un peu penser au In Flames de l'époque "Reroute To Remain" par moments, de par son côté metal moderne et ses sonorités indus, toujours ponctuées par les guitares et les sonorités propres au death mélodique. Certains passages rappellent aussi le Engel de l'époque "Threnody" (2010).

"I Am The Answer" tranche avec les morceaux précédents. On change en effet complètement de style à présent, et on passe à quelque chose de beaucoup plus calme puisque "I Am The Answer" est un titre acoustique dominé par la guitare acoustique / électrique. Sous ses allures de musique de western dès les premières notes, il fait figure de ballade à la moitié de l'album et calme un peu le jeu après une première partie des plus énergiques. On revient à quelque chose de plus dynamique avec "When The Earth Burns" qui est, quant à elle, plus orientée metal indus et moderne, laissant le death mélodique de côté bien qu'il reste toutefois présent. Le chant clair domine en effet ici, l'ensemble sonne assez indus et alternatif. "End Of Days" reste sur le même schéma que précédemment, et sonne grandement metal indus voire nu metal. Là encore le chant clair prend largement le dessus sur le chant growlé qui est quasi absent. Une deuxième partie d'album assez différente par rapport à l'écoute des premiers morceaux, qui se voulaient plus agressifs et orientés death mélodique.

On peut toutefois remarquer que presque tous les morceaux sont composés de la même manière et que leur construction varie au final assez peu et se ressemblent toujours par certains aspects. Ainsi, "Sanctuary" lorgne dans la même veine que ses prédécesseurs, avec des sonorités indus très présentes, appuyées par la présence du clavier qui apporte quelques touches d'electro, lesquelles se veulent elles cependant largement moins présentes sur cet album que sur le précédent par exemple. "Sanctuary" reste malgré cela bien puissant et agressif, la batterie ajoutant de la brutalité au morceau. On approche à présent de la fin de l'album. La piste suivante, "Broken Pieces" se veut puissante, énervée, mêlant chant clair et hurlé, le tout sur fond de metal moderne teinté de metal indus. Les guitares viennent quant à elle ajouter à l'ensemble cette touche death mélodique que l'on avait pu entendre sur les pistes précédentes, avec des riffs et solos propres au genre, rendant l'ensemble plus mélodieux. "Raven Kings" se termine sur "Hollow Soul". On reste dans le même genre de schéma que les précédents titres apparaissant sur la deuxième partie de l'album. Un titre plus accessible au plus grand nombre, entièrement interprété au chant clair, plus "grand public" si je puis dire, de par sa structure assez simple et son côté plus mélodique, où l'on reconnaîtrait même presque un côté épique folk par moments, notamment sur certaines parties de chant qui apparaissent comme un hymne repris en choeur. Le death mélodique reste toutefois présent sur les parties de guitare, ponctué par un superbe solo, pour un titre toute somme assez efficace.

Engel marque un retour gagnant avec ce quatrième album qu'est "Raven Kings". Certes, il fait partie de ces groupes pas mal critiqués et dont les précédents albums ne furent pas toujours très appréciés, bien que pour certains bien reçus par la presse, mais les Suédois ont compris leurs erreurs et cet album marque un certain renouveau pour eux, l'arrivée de Mikael Sehlin au chant y étant certainement pour beaucoup. Alors certes, on pourrait se dire que l'on entend un peu toujours la même chose au cours des différents titres lors de l'écoute de cet album, mais les compositions restent malgré cela assez variées, la production elle, est d'excellente qualité et le son énorme, rendant l'ensemble puissant, que ce soit sur les parties death mélodiques les plus agressives ou sur les parties plus modernes et indus laissant apparaître le chant clair. Avec cet album, il est clair que Engel a gagné en maturité et "Raven Kings" a des chances de conquérir un public de prime abord peu sensible à leur musique.


Alexandra
Février 2015




"Threnody"
Note : 17/20

C’est un album original et surprenant. Les titres sont tous différents bien qu’ils possèdent tous la touche personnelle du groupe, pour le coup c’est un album imprévisible. Autant la première chanson nous emmène dans une ambiance un peu industrielle, autant le deuxième titre devient plus mélodique. Mais les deux se suivent de façon à ne composer qu’un seul et même morceau. Une musique qui joue à la fois sur une sonorité brute, impulsive et rapide, mais aussi sur une sonorité plus douce et mélodieuse. La musique d’Engel joue sur ces deux plans ce qui est plutôt original et pétillant à écouter. Aux frontières du death mélodique, le groupe nous propose des titres aux musicalités modernes et presque indéfinissables. Deux chants dont un chant clair dominant qui arrive vraiment à tirer les épingles de son jeu et qui arrive aussi bien à raisonner sur une musique brutale que sur une mélodie douce voire une ballade. Un ton de voix déjà entendu mais une capacité caméléon qu’on ne peut que reconnaître et féliciter, un chant clairement différent sur des titres "Feed The Weak" ou encore "Heartsick" et "Thernody", que le chant des morceaux comme "To the End" et "Perfect Isis". Un chant qui ne dénature pas la nature métallique de la musique. Des accords intéressants que le groupe sait renouveler, des parties mélodiques sublimées par un clavier ou une guitare acoustique, parfois même des sons légèrement electro sans oublier un côté métallique qui place leur musique comme metal industriel mais rien à voir avec le créateur du genre Fear Factory. Engel est plus doux, leur musique est moins violente et sans doute plus passe-partout, perso je la trouve même carrément plus agréable. Mon coup de cœur va tout droit aux titres "To The End" et  "Perfect Isis" qui sont quand même deux morceaux différents des autres sans pour autant troubler l’harmonie de l’album. Ce sont également les deux titres les plus mélancoliques où la voix du chanteur est la plus changeante. "Heartsick" est un titre vraiment accrocheur et explosif. Vous l’aurez compris Engel est varié et fait le tour d’horizon de plusieurs mélodies, sonorités et accords. Onze titres tous aussi particuliers les uns que les autres, un album plaisant que je qualifierai de "déjà entendu" mais du "déjà entendu" original, sans vouloir créer de confusion. Ce qui est sûr c’est que je ne m’en lasse pas du début à la fin.


Liz
Mars 2011


Conclusion
L'interview : Marcus & Mikael

Le site officiel : www.engelpropaganda.com