Le groupe
Biographie :

Enemy Of Reality est un groupe de metal symphonique grec formé en 2013, et actuellement composé de : Thanos (basse), Philip Stone (batterie / ex-Meden Agan), Steelianos Amoiridis (guitare / Keado Mores) et Iliana Tsakiraki (chant / ex-Meden Agan). Enemy Of Reality sort son premier album, "Rejected Gods", en Juin 2014 chez F.Y.B. Records, suivi de "Arakhne" en Octobre 2016, et de "Where Truth May Lie" chez Vinylstore.gr.

Discographie :

2014 : "Rejected Gods"
2016 : "Arakhne"
2023 : "Where Truth May Lie"


Les chroniques


"Where Truth May Lie"
Note : 15/20

L'année 2023 marque les dix ans de la formation grecque Enemy Of Reality qui, avec "Where Truth May Lie", présente son troisième album studio. Cet album concept, racontant les frasques d’un prêtre de l’ancienne Grèce en quête de réponses sur des événements ayant gâché sa vie, s’inscrit dans un metal symphonique sans trop d’éclats, aux arrangements orchestraux malheureusement écrasés par les guitares en avant-plan.

D’ailleurs, je commente parfois la production d’un album, toujours avec le syndrome de l’imposteur puisque je ne pourrais prétendre être un fin connaisseur. Cependant, en plus d’être chroniqueur, je suis avant tout un amateur de musique tout comme vous tous. Donc je me permets de donner mon avis sur ce que j’entends, sans prétention. Dans le cas de "Where Truth May Lie", qui plus est en tant qu’album dit de metal symphonique, il y a clairement quelque chose qui m’agace. Le son me semble beaucoup trop compressé, comme si le mix manquait d’air, d’espace. De plus, la voix semble parfois juxtaposée au reste, comme si le groupe était dans une pièce et la chanteuse dans une autre, si cela fait un quelconque sens. Ce n’est pas dramatique, mais je trouvais l’écoute plutôt étouffante.

Metal symphonique donc, dans un album qui se décline sans trop de surprises jusqu’à la pièce "Ever-lusting" qui, tout à coup, propose des changements de rythme, des mélodies audacieuses et des growls en appui à la voix de Iliana Tsakiraki. Elle possède un registre très large, étant lirico leggero soprano, pour les puristes, allant de La3 à Re#6 (environ deux octaves et demi si je ne m’abuse). Cette approche un peu plus technique se poursuit sur le morceau suivant, "Tears Of Echo", et je ne sais pas si c’est parce que nous sommes en milieu de parcours et que l’oreille s’est habituée au son, mais les arrangements orchestraux semblent être plus puissants cette fois-ci.

"Where Truth May Lie" se veut au final une belle addition au genre qu’est le metal symphonique, en ce sens qu’il s’avère plus sombre et plus près du style préconisé dans le passé par Within Temptation, par exemple, avant son virage plus pop mainstream.


Fianna
Mars 2023




"Arakhne"
Note : 19/20

Après un premier opus qui a su séduire, le groupe nous revient avec ce qui se fait de plus en plus, un concept album. Réalisé sur le mythe grec d’Arachnée, une araignée mortelle qui se pensait meilleure que les Dieux eux-mêmes, chaque morceau nous plonge dans la légende moralisatrice avec délice.

"Reflected" rappelle dans sa mélodie quelques titres de l’ancien opus, mais on apprécie le clin d’œil. Fabio Lione (Rhapsody Of Fire / Angra) apporte un côté dramatique en réponse au chant lyrique d'Iliana et aux voix orchestrales qui font que l'on se croirait presque à un sombre opéra grandiose. J’aime ces chœurs masculins dans le refrain de "Weakness Within", un morceau qui inspire douceur dans la musique mais force dans le chant. Comme une litanie qui annoncerait l’issue fatale, avec toujours cette partie orchestrale prenante et sombre. Tout comme la mélodie de "Time Immemorial", angoissante à souhait. Un growl guttural, qui pourrait sortir des enfers, annonce, pour les connaisseurs, ce qui arrivera du coup à la folle araignée mortelle qui ose défier les Dieux. Des pianos aux sons mineurs rajoutent une couche, les voix s’entrelacent, et on a même droit un passage electro convaincant. C’est un peu le chaos mais on aime ça.

On est déstabilisé par l’a-cappella étrange d’Iliana pour "Nouthesis" en introduction qui casse le chaos, mais pour le relancer de plus belle dans des tons un peu orientaux. On ressent la pression qui monte. Cette pression qui continue avec "Afraid No More" variant les tempos pour nous perdre dans les méandres du duel entre Arachnée et Athena. "Showdown", le duo magique d’Iliana et de Chiara (Therion), nous place au cœur du duel. Le but est simple, tisser la plus belle toile. On imagine ces femmes se jauger par-dessus leurs travaux de force, donnant toute leur compétence dans des objets précieux qui raviront les yeux de ceux qui s’y poseront. L’attention est à son comble entre un solo de guitare endiablé et des vocalises virevoltantes.

L’album retrace donc cette histoire qui demande aux humains de ne pas défier les Dieux (même si ceux-ci se montrent au final miséricordieux à leur manière). Il le fait de façon tout à fait grandiose, avec une précision musicale assez impressionnante. On a toujours peur dans le symphonique de tomber dans la redondance ou le trop-plein de parties orchestrales, et d'en avoir marre des voix lyriques. Ici, il y a la voix d’Iliana, des parties orchestrales dramatiques, un thème récurrent vu que l’histoire s’étale sur chaque morceau mais à aucun moment on ne s’ennuie ! Le tout est agencé de façon à vivre un véritable opera metal en direct de son salon, avec des solos de guitare qui ne sont pas balancés aléatoirement mais de façon à comprendre le fil rouge de l’histoire. En bref, pour ma part, c’est une grande réussite !


Fianna
Septembre 2018




"Rejected Gods"
Note : 17/20

Je découvre la première galette de ce jeune groupe dont j'avais pu voir le flyer au dernier MFVF. Leur chanteuse Iliana faisait partie de Meden Agan et possédait déjà donc un certain soutien qui a permis la création d'un album de qualité attendu par les fans. La qualité du son ne faisant cependant pas forcément la qualité de la musique, voyons ce que ce sympathique support recèle vraiment ! "Rejected Gods" est un album à seulement 8 titres. C'est un choix, montrer plus de qualité que de quantité ? A voir donc. Les titres ne dépassent pas 5 minutes au plus long. La pochette est soignée, et nous donne donc envie d'en voir et entendre plus.

L'entrée en matière, qui se fait sur une petite instrumentale orchestrale, chose assez coutumière dans un groupe de metal symphonique (mais qui ne me déplaît absolument pas), a son charme. Les vocalises inquiétantes de Iliana nous transportent déjà dans l'univers des Dieux. Ca sonne comme une petite introduction à la suite, et je verrais presque le générique s'afficher avant la présentation du film.

Si qualité nous voulons, qualité il y a. Les morceaux sont vraiment très propres et chaque instrument est audible à sa place, donnant un effet bien rempli sans en faire trop. La voix d'Iliana oscille entre doux médiums et aigus de soprane puissants, un bel équilibre qui accompagne chaque morceau avec volupté. Les chœurs et orchestrations sont en arrière-plan, sans manger donc la composition des claviers et guitare (qui valent quand même le coup d'être entendus !), un support leger pour enjoliver le tout dans une belle bulle symphonique. Nous avons même droit à un peu de growl sur l'un des morceaux, non original certes mais très bien placé pour l'atmosphère. Nous noterons également que Enemy Of Reality ne nous offre pas de ballade, préférant donc plus le côté metal en avant pour ce premier opus.

C'est un premier pari réussi pour la jeune formation (bien que ses membres soient des musiciens vétérans) qui nous donne donc un très bel aperçu de ce dont elle est capable. Je recommande cet album à tous ceux qui apprécient un metal symphonique très moderne, alliant une voix type lyrique au grain particulier, qui sait aussi changer la donne avec un timbre plus clair à des sonorités assez électroniques et des grattes et claviers qui semblent réellement s'éclater sur chaque morceau.


Fianna
Août 2014


Conclusion
Le site officiel : www.enemyofreality.com