Crée en 2005 dans une orientation stoner rock / hard rock classique et ayant publié 3 EPs ("Soundtrack To A Fistfight", "Circus Egonaut" et "N-Pire") sous leur propre structure et deux albums, les Suédois d'Egonaut sortent de leurs frontières avec la sortie chez Mighty Music de "Deluminati" et pour le coup, durcissent le ton. Du stoner, il en reste quelques traces, dans la batterie lourd, dans la voix râpeuse et haut-perchée du chanteur Fredrik et dans l'approche des riffs.

Mais le quatuor a muté en un monstre de pur heavy metal horrifique où rôdent les esprits de King Diamond et Black Sabbath. On pense aussi parfois à Candlemass, pour le côté imposant et épique, et Ghost pour ses couches de claviers et d'orgues occultes. Egonaut creuse son propre chemin et se construit un son unique et montre en 2015 une personnalité unique. Aidée par une production impeccable, les quatre Illuminatis nous offrent une pièce heavy metal variée, riche et à l'écriture tutoyant le génie. On a la gaule, quoi.

"The Declaration" est une entame puissante aux riffs de bûcheron et aux chœurs maousse costauds. Toute la lourdeur d'un groupe comme The Gates Of Slumber (R.I.P.) s'y trouve résumée. "The Beholder" contient aussi d'excellents riffs, tranchants comme des haches de guerre. Quand au surpuissant "Threescore And Ten", qui fait penser aux morceaux les plus véloces du Black Sabbath période Dio (ce riff de malade mental devrait rendre Tony Iommi vert de jalousie), c'est un enclume de 100 tonnes qui s'abat sur notre tête. Doom jusqu'à la moelle, "Hex" est un morceau maléfique comme on n'en n'avait pas entendu depuis le "King Of The Grey Islands" de Candlemass.

"Pariah", rock méphistophélique aux teintes psyché/proggy 70's, est une franche réussite. "Iustita Infernalis" reprend également le flambeau de la folie acide et délurée. Un morceau que Ghost n'aurait pas refusé d'en clamer la paternité. Les morceaux occultes, aux harmonies guitaristiques eighties à la King Diamond et aux ambiances ensorcelantes, sont de vraies réussites et sonnent plus frais et authentiques que chez d'autres groupes du revival 80's suédois. "From The Coals"" où Fredrik tente sans succès d'imiter le Roi Diamant, et "Acheron" devrait ravir les fans du maître danois.

"Deluminati", par sa puissance insoupçonnée et son inspiration noire subjuguante, constitue l'album de heavy metal de la rentrée et forme un parfait complément avec le "Meliora" de Ghost. Enfilez-vous ces deux albums avec le récent Year Of The Goat et vous en ressortirez complétement étourdis et transformés.