Le groupe
Biographie :

Dysylumn est un groupe de black / death metal progressif formé en 2010 à Montpellier et actuellement composé de : Camille Olivier Faure-Brac (batterie / Oliver Kaah) et Sébastien Besson (guitare, basse, chant / ex-Antropofago). Dysylumn sort un premier EP éponyme en 2013 avant de sortir son premier album, "Conceptarium", en Septembre 2015, puis de nouveau un EP, "Chaos Primordial", en 2016. Le deuxième album, "Occultation", sort en Septembre 2018 chez Egregor Records. "Cosmogonie" sort en Octobre 2020 chez Signal Rex.

Discographie :

2013 : "Dysylumn " (EP)
2015 : "Conceptarium"
2016 : "Chaos Primordial" (EP)
2018 : "Occultation"
2020 : "Cosmogonie"


Les chroniques


"Cosmogonie"
Note : 16/20

Les Français de Dysylumn ont toujours été ambitieux et ont présenté jusqu'à maintenant un black metal atmosphérique très dense et profond avec des albums et des EPs très thématiques à défaut d'être réellement des albums concepts. "Cosmogonie" est donc le troisième album du groupe et cette fois Dysylumn a poussé le bouchon encore plus loin en nous présentant un triple album découpé en.... trois parties, c'est bien il y en a qui suivent. Quatre-vingts minutes de musique pour un album qui s'annonce dense à tous les niveaux et qui devrait une fois de plus mettre vos sens et votre endurance à rude épreuve.

Après une intro de quatre minutes aux allures aussi planantes que bruitistes, le groupe entre dans le vif du sujet avec "Apparition I" et on remarque très vite une teinte black metal encore plus prononcée que sur les précédents albums du groupe. Là où ces sonorités étaient noyées dans un metal extrême assez lourd, noir et tortueux, ce nouvel album les met en avant et prend une direction un peu plus directe. L'impression de patauger dans une mélasse non identifiée aux relents putrides laisse la place à des mélodies plus spatiales et une ambiance générale plus cosmique, d'où le nom de l'album. Les choeurs en chant clair sur fond de black metal mélodique rappelleront probablement les moments les plus épiques et mélodiques d'un certain Blut Aus Nord et les passages les plus spatiaux pourront évoquer Midnight Odyssey dont je vous ai parlé aussi en ces pages mais rien qui puisse prendre le pas sur la personnalité bien affirmée de Dysylumn. L'écoute sera en tout cas éprouvante puisque ce nouvel album doit s'écouter d'une traite et vu que le groupe en a fait un bon gros bloc homogène d'une heure vingt, il va falloir s'accrocher ! On pourrait objecter qu'un album aussi massif connaît forcément quelques longueurs, c'est effectivement le cas notamment "Dispersion II" qui tire un peu en longueur, mais "Cosmogonie" est à prendre comme un voyage quasiment initiatique ou au moins introspectif. Il y aurait d'ailleurs un sous-texte ésotérique là-dedans que cela ne m'étonnerait même pas puisque l'on tient là le troisième album du groupe découpé en trois parties, étalées sur trois CDs, et qui contiennent chacune un morceau en trois parties. Ou alors Dysylumn a simplement voulu s'amuser avec le chiffre trois et je raconte n'importe quoi, mais vu le thème abordé il y a des chances que je vise juste.

Si les racines black metal reviennent sur le devant de la scène dans la musique de Dysylmun, la violence n'en devient pas le propos pour autant. Les blasts se font entendre plus d'une fois mais ce sont les ambiances spatiales et les mélodies glaciales qui mènent la danse. Il y a moins de sonorités différentes qui interviennent et le groupe recentre son propos sur le black metal pour coller à sa thématique et livrer un album imposant et hypnotique. L'autre petit point que l'on pourrait noter est que les trois parties n'amènent pas de différences musicales et ne sont que conceptuelles, il aurait pu être intéressant d'en profiter pour faire évoluer les ambiances mais bon chacun sa vision et le groupe a assurément la sienne. C'est sur "Extinction I" que l'on peut entendre le côté poisseux et rampant auquel le groupe nous avait habitués revenir en partie avec pour le coup une ambiance bien plus oppressante et plus lourde. Pour le reste, c'est le vide spatial qui vient évidemment à l'esprit et si certains ne manqueront pas de faire un parallèle avec Darkspace, ce dernier sera surtout pertinent au niveau du concept. Musicalement, certains passages peuvent éventuellement y faire penser par le mélange de ces fameuses mélodies spatiales et des blasts mais Darkspace présente un visage plus rude et volontairement crade que Dysylumn ne développe pas sur ce nouvel album. Ces ambiances servent bien le concept en tout cas et si le changement peut être surprenant par rapport aux précédentes sorties du groupe, ce visage plus froid et black va bien au groupe et montre qu'il sait se renouveler. La formule utilisée sur les précédents albums aurait pu montrer ses limites si elle avait été utilisée un peu trop longtemps malgré la richesse des influences, et Dysylumn prouve avec "Cosmogonie" que son spectre musical et suffisamment large pour éviter cet écueil.

Un nouvel album donc plus black metal et plus froid qui développe une thématique et des mélodies très spatiales et bien moins lourdes et rampantes que par le passé. Surprenant au premier abord et peut-être un peu long mais intéressant et doté d'ambiances prenantes.


Murderworks
Décembre 2020




"Occultation"
Note : 18/20

Groupe de black progressif et atmosphérique, Dysylumn remet le couvert cette fois-ci avec l'album "Occultation", un sublime requiem oppressant, chaotique, dissonant et cru, on pourrait trouver plein de synonymes au style des Français mais le groupe ne s'inspire de personne en particulier. En effet? Dysylumn sonne comme du Dysylumn, le groupe a bel et bien son propre style et on pourrait le reconnaître parmi beaucoup de groupes de black metal.

Ici, avec ce "Occultation", nous sommes transportés dans un univers bien particulier avec une production tout en réverbe et échos. Oui, à la première écoute cela peut surprendre mais le son de l'album bien que particulier sonne très juste et on s'y fait facilement, et cela ajoute une atmosphère bien spécifique au groupe, ça sonne froid, ça sonne glauque mais ça sonne terriblement bien et on s'imprègne facilement de cette offrande que les Français nous serve, avec quelque chose de malsain au final.

Les morceaux se suivent, on plonge dans leur univers, et on apprécie notamment "Allégorie Du Temps" ou encore le morceau clôturant ce "Occultation", "Décorporation", un bijou atmosphérique du plus bel effet. Les deux musiciens ont réussi à nous pondre un album beaucoup plus mature que leurs précédentes production, déjà dotées d'une certaine maturité, mais ici c'est beaucoup plus flagrant et surtout plus prenant qu'à leurs débuts.

Pour conclure, "Occultation" est un album à se procurer d'urgence qui s'adresse aux amateurs purs et durs de musique totalement underground, de son qui se démêle d'un style parfois trop stéréotypé, qui cherchent quelque chose d'unique en son genre, et pour ceux qui ne connaissent pas encore, honte à vous, procurez-vous ce sublime "Occultation", l'expérience sera remarquable voire fantasmagorique...


Julien
Avril 2019




"Chaos Primordial"
Note : 16/20

Déjà auteurs d'un EP et d'un album, les Français de Dysylumn reviennent avec un EP du nom de v et dans le genre groupe difficile à étiqueter, ça se pose là ! On y trouve du black, du death et plein d'autres trucs dégueulasses que l'on va de suite voir d'un peu plus près.

Après une intro aussi glauque que bizarre et malsaine, le morceau éponyme ouvre vraiment la danse et le moins que l'on puisse dire c'est que l'ambiance devient d'un coup extrêmement pesante. Des riffs de pachyderme, un tempo typiquement doom, un son écrasant qui vous vibre dans les tympans et des riffs habités par la froideur du black. Le chant est mixé en retrait et donne l'impression de venir de loin, loin dans l'espace et dans le temps. Une intro, trois morceaux et une outro à écouter évidemment d'une traite puisque cet EP est construit comme un seul ensemble même si les morceaux ne s'enchaînent pas littéralement. "Oeuf Cosmique" balance des trémolos plus proches du black metal, des mélodies qui rappellent parfois le "Tocsin" de Year Of No Light et une ambiance une fois de plus aussi sombre qu'écrasante. D'ailleurs, Dyslumn prend le temps de les installer ses ambiances puisqu'en dehors d'"Oeuf Cosmique" justement, qui fait à peu près cinq minutes, les deux autres titres en dehors de l'intro et de l'outro flirtent plutôt avec les huit ou neuf minutes. "Régénération" est le plus long et s'amuse d'ailleurs à nous balader d'un style et d'un climat à l'autre. On se prend des blasts et des riffs black puis ils virent au death ou au doom, le tempo redevient écrasant, les dissonances nous vrillent la tronche, bref Dysylumn nous malmène sans pitié.

La violence n'est pas le maître-mot de "Chaos Primordial", je pense que tout le monde l'aura compris, en tout cas pas la violence brute. Parce que c'est bien une forme de violence que ces morceaux nous envoient dans les oreilles avec leurs rythmes écrasants, leurs accélérations soudaines et le climat oppressant et dissonant qu'ils impriment autant dans nos tympans que dans nos cerveaux. C'est en ça que cet EP tient du concept, sa capacité à créer des images, à nous envoyer dans un univers spécialement créé pour l'occasion. On retrouve certes la patte que le groupe avait déjà imprimée sur "Conceptarium" mais dans une veine plus lourde, moins frontale et encore plus glauque. "Chaos Primordial" montre un groupe qui décide d'aller droit au but, les structures étaient beaucoup plus changeantes et tordues sur "Conceptarium" par exemple. Ici, Dysylumn construit des morceaux un peu plus bruts, pas monolithiques mais plus massifs et plus évocateurs. La musique du groupe s'est faite plus rampante sur ce nouvel EP, plus sournoise aussi, préférant attaquer avec un coup de poignard dans le dos qu'en chargeant de face avec une division blindée.

Une sortie intéressante d'un groupe à part que cet EP, à écouter d'une traite et d'une oreille attentive. Comme d'habitude avec ce genre de groupe, c'est à réserver à ceux qui ont un minimum d'ouverture d'esprit, car si le mélange des extrêmes a déjà été fait il n'empêche que Dysylumn a sa patte et que son monde est quelque peu barré.


Murderworks
Octobre 2017




"Conceptarium"
Note : 14/20

Dysylumn, crée en 2010 par Sébastien Besson, ancien Anthropofago, sort son premier album "Conceptarium" après un premier EP sans titre en 2013. Le passif du cerveau de ce groupe étant tourné vers le death metal, son nouveau projet y baigne également. Point de charcutaille ici. La musique proposée est technique, progressive et forte en climats.

Les neuf compositions proposent à l'auditeur un voyage mouvementé et sombre dans les couloirs infinis et inconnus de l'espace. Les riffs techniques développent des instants héroïques ("Esclave Céleste", "Vide Spatial") et se mettent au service de compositions progressives et fluides, malgré la complexité des schémas guitaristiques. Les voix sont mixées très en retrait, à la manière de formations black / death occultes et morbides. Cachée, elle ne s'entend que de manière subreptice, dans le fond sonore, et fait plus office d'instrument venant compléter le flux musical, renforçant même la dimension spatiale et désincarnée de la musique. Un tracklisting détaillé serait futile.. "Conceptarium" est un voyage qu'il faut faire d'une traite, se laisser emporter au gré de ces volumes étranges et noirs. Mention spéciale toutefois au morceau "Réveil" qui dépoutraille du Morbid Angel par poignées de douze (ça veut rien dire mais on s'en fout !).

La BAR est plutôt bien gérée dans son ensemble. Elle suit et soutient les compositions avec précision et justesse. Seuls quelques passages (notamment les breaks et les passages les plus rapides) souffrent d'une technicité exagérée et quelque peu bordélique, que même un batteur pourvu de quatre bras aurait du mal à reproduire, révélant ainsi certaines maladresses de programmation malgré une volonté de bien faire évidente.

La production est à double niveau. D'un côté, elle n'est pas le point fort de cette galette car trop compacte, manquant de dynamisme et de vie. Ecrasée, certaines oreilles auront beaucoup de mal à se situer dans ce bloc sonore. D'un autre côté, c'est ce qui fait aussi son charme. Sa dimension synthétique et oppressée sert le concept cosmique présenté par la pochette et les titres des compositions. On a la sensation d'être coincé dans un vaisseau intersidéral délabré, perdu au fond de l'espace, avec une créature style Xénomorphe rodant dans le cockpit. A l'image de la voix, son rendu distant et étouffé développe sa spatialité et l'immensité froide et noire. Les guitares se mêlent et s'entremêlent, les mélodies flottent quelque part dans une lointaine nébuleuse. La production renforce donc l'impact des morceaux, axés avant tout sur l'ambiance. Un Immolation glacial. Un Obscura robotique. Un Gorguts spatial. Voilà ce que Dysylumn est sans pour autant n'être qu'un bête synthèse de ces formations. Pour les fans d'atmosphères inhospitalières à la Alien.


Man Of Shadows
Décembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/dysylumn