Le groupe
Biographie :

Drudkh, qui signifie "bois" en sanskrit, est un groupe de black metal ukrainien formé par Roman Saenko (guitare, basse / Precambrian, Rattenfänger, Windswept, ex-Blood Of Kingu, ex-Dark Ages, ex-Hate Forest, ex-Old Silver Key, ex-Pragmatik), Thurios (chant / clavier) de Hate Forest et Yuriy Sinitsky (batterie) de Lucifugum et Definition Sane. Leur musique est très influencée par les musiques folkloriques, notamment celle de l’Europe de l’Est, et leurs textes abordent les thèmes de la mythologie slave. Le groupe publie son premier album studio, "Forgotten Legends", en 2003. Il est suivi, en Novembre 2004, par l'album "Autumn Aurora". Le groupe publie l'album "The Swan Road", le 14 Mars 2005, qui marque un départ dans plusieurs sens du terme. Il est le premier album de Drudkh adapté en ukrainien de l'ouvrage "The Haidamakas" de Taras Shevchenko. Le groupe publie ensuite, toujours chez Supernal Music, les albums "Blood In Our Wells" et "Songs Of Grief And Solitude" en 2006, et "Estrangement" en 2007. Drudkh rejoint Season Of Mist et "Microcosmos" sort en 2009. Drudk sort ensuite "Handful Of Stars" le 20 Septembre 2010, "Eternal Turn Of The Wheel" le 24 Février 2012, "A Furrow Cut Short" le 20 Avril 2015, "They Often See Dreams About The Spring" le 9 Mars 2018, et "All Belong To The Night" le 11 Novembre 2022 chez Season Of Mist / Underground Activists.

Discographie :

2003 : "Forgotten Legends"
2004 : "Autumn Aurora"
2005 : "The Swan Road"
2006 : "Blood In Our Wells"
2006 : "Songs Of Grief And Solitude"
2006 : "Anti-Urban"
2007 : "Estrangement"
2009 : "Microcosmos"
2009 : "Autumn Aurora" (Réédition)
2010 : "Handful Of Stars"
2010 : "Slavonic Chronicles" (EP)
2012 : "Eternal Turn Of The Wheel"
2015 : "A Furrow Cut Short"
2018 : "They Often See Dreams About The Spring"
2022 : "All Belong To The Night"


Les chroniques


"All Belong To The Night"
Note : 19/20

Drudkh brise le silence avec son nouvel album. Créé en Ukraine en 2002, le projet mené par Thurios (chant / clavier / guitare), Roman Saenko (guitare / basse), Krechet (basse / clavier) et Vlad (batterie / clavier) - tous également membres ou ex-membres d’autres projets comme Rattenfänger, Hate Forest, Windswept ou encore Old Silver Key - annonce la sortie d’"All Belong To The Night", son onzième album, chez Season Of Mist / Underground Activists.

Pour des raisons pratiques évidentes, j’utiliserai ici les noms traduits des morceaux. L’album débute avec "The Nocturnal One", une composition très brute qui accueille quelques claviers folkloriques apaisants, puis les hurlements viscéraux se joignent au mélange hypnotique et à son mix très old school. L’atmosphère joue sur une dualité assumée entre agressivité et sons planants qui alimentent la rage ardente et abrasive, mais on retrouve également quelques parties mélodieuses plus douces qui conservent ce son rocailleux avant de mêler les deux facettes de cet univers dans des riffs lancinants qui nous mènent à "Windmills", un titre aux sonorités mystiques et occultes. Le chant saturé malsain refait surface dans une rythmique lente et aérienne extrêmement dissonante qui conserve ses tonalités douces, même lorsque les riffs s’embrasent soudainement pour renforcer la rage viscérale.

"November" prend la suite avec des sonorités froides aux influences heavy metal dissonantes avant de laisser une rythmique accrocheuse nous frapper de manière plus directe, tout en laissant une place aux harmoniques mélodieuses. Les cris sont égalements plus calmes avant le break, mais l’ambiance change progressivement lorsque la saturation revient pour un final déchirant qui nous mène à "Till We Become The Haze", la dernière composition, qui fera encore une fois place à un contraste impressionnant entre mix oppressant et tonalités planantes. Le groupe place habilement des parties claires hypnotiques pour renouer progressivement avec la saturation, mais il va ici me surprendre en offrant un silence de quelques secondes avant de laisser sa rythmique nous écraser à nouveau, puis elle s’ancrera dans le mystère et le silence.

Ceux qui connaissent Drudkh savent que le groupe est capable de nous envoûter en quelques secondes à peine. "All Belong To The Night" ne fait pas exception à la règle en laissant ses sonorités old school planer autour de nous tout en donnant un rythme assez naturel aux compositions.


Matthieu
Novembre 2022




"They Often See Dreams About The Spring"
Note : 18/20

Drudkh est un groupe discret, ses membres, en effet, ne donnent que très peu d'interviews et ne se présentent jamais en concert, on pourrait ainsi comparer cette attitude à celle de Darkthrone, mais en plus misanthrope. Cependant les Ukrainiens ne restent pas inactifs pour autant, et, depuis 2003, ils proposent régulièrement divers albums, EPs et splits.

"They Often See Dreams About The Spring" est donc leur onzième album studio et succède a  "A Furrow Cut Short", qui a vu le jour en 2015. Ces poètes du black metal, branché nature et folklore ukrainien restent fidèles à eux-mêmes, et leur musique, épique, très mélodique et progressive préserve ce côté envoûtant et introspectif propre au groupe. Plus atmosphérique que son prédécesseur, cet album est cependant mieux produit. Les instruments sont plus distincts, le son est plus massif et le chant, lointain, n'en reste pas pour autant moins rageur, tel de diaboliques lamentations gorgées de haine et de désespoir. Pendant un peu plus de 43 minutes, la formation peinturlurée déploie de grandes plages musicales au sein desquelles s'alternent de longs moments instrumentaux et des passages où le chant criard perce ce tapis de fréquences, tantôt tragiques, parfois mélancoliques. A mi-chemin entre le black metal nordique traditionnel et des aspirations plus modernes, Drudkh parvient à mêler habilement les deux esthétiques sans que cela semble malvenu ou confus. Les cinq titres du disque passent comme une lettre à la Poste, et, au terme de l'écoute, l'envie de s'en remettre une couche se fait sentir.

Il est difficile d'expliquer clairement comment le groupe parvient à maintenir l'auditeur dans cet état second. Peut-être est-ce une question de dosage, de proportions ? En effet, certains riffs s'étendent là ou d'autres passages, plus brefs, vont créer de la variété et engendrer cet effet sur la psyché humaine. Une chose est sûre cependant, c'est que chaque intervention musicale se justifie. Drudkh maintient un aspect à la fois grandiose et poignant qui facilite l'accès à des mondes éthérés par le biais de l'écoute. A l'image de la pochette, sur laquelle on perçoit une silhouette qui pousse une grande porte, comme attirée par un univers sombre et inconnu, les mélodie introspectives de Drudkh confèrent toute sa dimension majestueuse à la musique. Le son tranchant et saturé des guitares et la basse très présente, participent de concert à cet entrelacement de résonances qui favorise ce climat sombre mais pas pour autant lugubre. De plus, la profondeur contemplative ne fait pas basculer la musique dans la rêverie naïve et le cliché malvenu.

La diversité des parties musicales, l'originalité des ambiances, le son global, l'expérience d'un groupe qui n'en est plus à ses premiers essais et, qui plus est, a toujours su se renouveler et proposer du neuf en préservant ses caractéristiques musicales propres, sont les atouts de "They Often See Dreams About The Spring". Drudkh frappe à nouveau très fort avec un album riche, crédible, dense et captivant. Sans aucun doute, cette nouvelle production des Ukrainiens fera partie des meilleures sorties de 2018 dans le style black metal... On en reparlera.


Trrha’l
Avril 2018




"Eternal Turn Of The Wheel"
Note : 09/20

Ukraine. Black metal. Logiquement, on pense à Drudkh. Le groupe vient de nous sortir son tout nouvel album, le neuvième précisement à raison de quasiment un opus par an, ce qui est loin d'être négligeable. N'ayant pas suivi ce groupe par manque d'intérêt, j'ai cru comprendre que leurs derniers albums n'avaient pas autant plu aux fans que les plus anciens. Difficile pour moi d'émettre un avis. "Handful Of Stars" semblait assez axé post-black / shoegaze. Mais pour aller droit au but, ce "Eternal Turn Of The Wheel" est un album de black metal au sens le plus strict du terme. Donc pour faire simple, je vais prendre l'opus en tant qu'album de black metal, et non en tant qu'album de Drudkh, ce qui me semblera plus judicieux. Mise à part l'introduction, qui nous plonge dans l'ambiance notamment grâce à son sample de vent soutenu, les pistes sont assez longues pour du black, mais ça, je suis quasiment certain que c'est quelque chose de normal dans ce groupe. Le fond du sujet est plutôt mélancolique. L'album fait montre d'un rythme de croisière en vitesse moyenne. De l'electro-acoustique pour souligner le côté folklorique, un peu de clavier atmosphérique par-ci, par-là. Une voix plus que correcte (je dirais même très bonne). L'ensemble est authentique, ça on ne peut le nier. Ce qui est clair, c'est que la galette sent le folklore de la campagne profonde Ukrainienne (pour un gars comme moi dans ce contexte, ça veut juste dire chiante...). Le titre sonne parfaitement en accord avec le méfait en tous cas. Ca tourne en rond, comme une roue... Palme d'or de l'album concept le plus abouti... Plus sérieusement, de vous à moi, je ne suis pas un grand fan de ce genre d'ambiance en demi-teinte. L'affinité ne se fait pas, comme elle ne s'était pas faite la première fois. J'aurais fait l'effort de chroniquer cet album qui en soi, n'est pas mauvais du tout, mais qui m'ennuie terriblement, et que j'oublierai bien vite. Je le note toutefois, mais sans réelle conviction...


Lukos
Mars 2012




"Handful Of Stars"
Note : 14/20

Depuis leur dernière signature chez Season Of Mist, Drudkh est plus ou moins sorti de l’ombre en offrant à ses fans une certaine visibilité sur le web et dans la presse. Une visibilité plus ou moins relative car les interviews et photos du groupe se font toujours aussi rares. Toujours est-il que sans cette signature chez Season Of Mist, je n’aurais peut-être toujours pas jeter une oreille sur ce groupe. "Autumn Aurora" le second album du groupe fut pour moi une révélation. Drudkh est véritablement un groupe hors du commun, capable de susciter des émotions uniques avec des ingrédients on ne peu plus basiques.

En effet, depuis 2003 les Ukrainiens de Drudkh nous ont habitués à un black metal minimaliste misant aussi bien sur la vague pagan du style que sur une atmosphère plus ambiante et envoutante. Drudkh réussit à dépeindre des paysages oniriques et on reste difficilement insensible à ce flot de mélancolie si caractéristique. Les guitares minimalistes sont au service d’une tristesse éprouvante qui ferait fondre n’importe quel cœur de pierre. 2010, Drudkh sort son huitième album studio, rien que ça. La mélancolie est toujours là, les émotions profondes un peu moins.

La production de cet album est bien plus propre, les guitares plus audibles. Sur "Handful Of Stars", ce sont les rythmiques qui ont la part belle. Des rythmiques efficaces qui desservent à merveille cette mélancolie qui leur est propre. "Downfall Of The Epoch" est le titre le plus réussi à mon goût. Drudkh ne fait plus dans les envolées de blast beats et les Ukrainiens optent ici pour des rythmiques mid tempo là encore, assez basiques. Bien plus présent, le chant hurlé est lui aussi plus distinct et plus propre, il reste en fait le seul élément véritablement black metal sur cet album. On en arrive donc aux points faibles de cet opus. Cette production quasi parfaite me donne parfois l’impression d’écouter de la pop. Jugement un peu sévère certes, mais ces titres mid-tempo ne font pas du tout ressortir la magie des débuts. Les coups de blast se font rares et on en vient à se demander où est passé le côté agressif du groupe, les passages plus rapides et plus instinctifs.

Bref, on en vient à regretter cette évolution car Drukh perd sévèrement en intensité sur cet opus. "Towards The Light" nous redonne un souffle d’espoir grâce à quelques passages bien ficelés mais on retombe très vite vers ces mélodies mielleuses qui ne demandent qu’un petit coup de boost pour nous accrocher totalement et pour que cet album ne tombe pas dans l’oubli et la facilité des riffs mélancoliques.


Célin
Novembre 2010




"Autumn Aurora"
Note : 17/20

Certains artistes, certaines sonorités nous laissent parfois sans voix. J'ai bien cru ne jamais trouver les mots pour décrire les innombrables émotions que véhicule l'album "Autumn Aurora", qui est ici une réédition du deuxième album des Ukrainiens de Drudkh. Je ne pourrai pas vous décrire les changements ou amélioration qui ont eu lieu au niveau de la production car ayant pris connaissance du groupe que récemment, je n'ai pas eu la chance de jeter une oreille sur l'ancienne version. Ce que je peux tout de même affirmer c'est qu'il ne s'agit pas là d'une super production. Les claviers sont très présents, le batteur tente de se faire discret et la lead guitare vient par moment appuyer le tout avec des mélodies très discrètes elles aussi.

C'est étonnant comme un puissant sentiment de mélancolie, m'envahit à l'écoute de cet album. Certains y voient un paysage d'hiver ou la beauté des forêts enneigées vient égayer la nature meurtrie par le froid. Moi, j'y vois personnellement un flow indéfinissable d'émotions, de sentiments très profonds mêlés à une plainte criant au désespoir. Les claviers atmosphériques nous transportent dans une dimension où le matériel n'existe pas. Ici, c'est la nature qui nous parle, qu'elle soit humaine ou pas. On est inévitablement emporté par cette sensibilité qui émane des subtiles guitares. La voix criarde et pénétrante du vocaliste nous plonge dans un abîme de tristesse et de désespoir, les instruments, eux, nous viennent en aide nous transportant dans un univers loin de tout ce que l'on connaît. La batterie nous apporte la puissance et l'énergie qui nous manque tant en période de crise. Cet album de Drudkh est un hymne aux émotions les plus sombres de l'âme humaine. Les guitares et le chant s'apparentent par moments à un véritable déchirement. Un déchirement peut-être bien caractéristique des émotions si contradictoires qui enrichissent cet album. La musique agit certainement comme catharsis de nos émotions, les plus sombres, en ce qui concerne le black metal ou plutôt le pagan metal, ici . Ecouter cet album apparaît alors comme une réelle satisfaction personnelle.

Que d'éloges pour cet album ! Pourquoi donc ne pas lui mettre un 20 me direz-vous ? Oui c'est vrai, cet album est magnifique, l'harmonie entre les instruments est parfaite. Mais je ne connais malheureusement pas, l'entière discographie du groupe et nombreux sont ceux qui affirment qu'"Autumn Aurora" n'est pas leur meilleure création. Ensuite, beaucoup y trouveront certainement une redondance, les morceaux étant très proches. D'ailleurs je ne comprend pas pourquoi les titres "Fading" et "Summoning The Rain" ont été séparés ? L'un me semble la suite naturelle de l'autre, l'enchaînement y est parfait.. Mais je préfère de loin vous inviter à vous rendre sur leur MySpace et à faire l'expérience de cet album déstabilisant. Certains titres tels que "Wind Of The Night Forest" sont presque orgasmiques tant l'émotion y est puissante et pénétrante. Mais cela suffit, je vous laisse le loisir de vous faire votre propre avis.


Célin
Janvier 2010




"Microcosmos"
Note : 14/20

Drudkh nous joue un black metal lent et froid tel que les Slaves et Scandinaves savent le faire, nous donnant l’impression que cela coule dans leurs veines. Hélas, comme tout groupe, même si musicalement il y a un intérêt, cela possède un côté trop linéaire, ce qui est dommage mais est inhérent au style. Cependant, il n’y a rien à reprocher à ce groupe qui possède une qualité de production. Les vocaux gutturaux sont apportés par petites touches et privilégient les notes. L’ambiance nous rappelle un peu Burzum par l’aspect triste et lancinant de ses compositions, ce qui, au vu de la longueur des morceaux, peut ennuyer l’auditeur… Un album qui s’écoute par sa beauté au sein de sa froideur mais qui n’apporte rien de plus au sein d’une discographie axée sur le black metal.


Divina27
Juillet 2009


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/drudkh.official