Le groupe
Biographie :

Dreamslave est un groupe de metal orchestral à chant féminin formé à Lyon en 2011 autour de Peter (chant growlé / keytar), Mickael (guitare) et J.R (basse) rejoints par Emma, une chanteuse parisienne nouvellement installée dans la région. C’est lors du festival de metal à voix féminine H’elles On Stage V que le groupe rencontre Quentin, lequel intégrera le groupe en tant que batteur en remplacement de Baptiste, qui jouait son dernier concert ce soir-là. Un premier EP éponyme sort en 2012. Stéphane intègre le line-up au poste de guitariste rythmique entre Janvier et Septembre 2013. Après de nombreux concerts en France et principalement dans la région lyonnaise, Dreamslave tourne également en Italie et en Suisse, et a partagé l’affiche avec des groupes comme Arkona, Markize, Aevum et Whyzdom. Leur premier album, "Rest In Phantasy" sort le 25 Mai 2015. Dreamslave décide de travailler l’image visuelle du groupe, et s’oriente vers le style gothique de l’époque victorienne, faisant également du violet leur couleur de prédilection. Suite au départ de Mickael en Juin 2015, le groupe trouve son remplaçant en la personne de Nils Orka un mois plus tard. J.R. quitte également l’aventure, Dreamslave est donc désormais à la recherche active de son bassiste.

Discographie :

2012 : "Dreamslave (EP)
2015 : "Rest In Phantasy"


La chronique


Après un premier EP sorti en 2012, Dreamslave sort à présent son tout premier album intitulé "Rest In Phantasy", en autoproduction. Enregistré au NoiseFirm auprès de membres du groupe Dyslesia, le groupe a mis les bouchées doubles en intégrant un vrai studio cette fois, et en incorporant un chœur et des orchestrations à ses compositions. En ce qui concerne le livret et l’artwork de l’album, celui-ci se veut à la fois sobre et très travaillé, la pochette est simple : un cœur de roses violettes sur un fond clair, entouré des noms du groupe et de l’album ; le livret comporte les photos de chacun des membres du groupe avec leurs tenues scéniques inspirées de l’époque victorienne, qui accompagnent les paroles de chaque titre de l’album, le tout dans les tons violet également, la nouvelle couleur représentative de l’image visuelle de Dreamslave. Côté tracklist, on retrouve 4 titres qui figuraient déjà sur leur précédent EP, en version retravaillée ("Masquerade", "End Of Innocence", "Wishes Of Revenge" et "The Vinland Saga") et d’autres complétement inédits. L’occasion de découvrir tout ça tout au long de l’écoute de "Rest In Phantasy".

Et le moins que l’on puisse dire dès la première écoute de l’album, c’est que les lyonnais n’ont pas fait les choses à moitié pour ce premier album. En effet, malgré le peu d’années d’existence du groupe et le jeune âge de la plupart de ses membres (à peine la vingtaine passée), une certaine maturité artistique et de l’expérience voire du professionnalisme se fait ressentir, tant au niveau de la composition des morceaux que des textes, aux histoires pleines de poésie et de fantasy, voire du travail effectué sur l’artwork du CD et l’image que le groupe peut renvoyer, en comparaison avec d’autres groupes plus anciens. Les instruments s’entendent quant à eux tous distinctement, les parties au clavier sont effectuées avec précision et rapidité, il y a un vrai travail de composition et un réel talent de la part de Peter de ce côté-là et sur l’ensemble des morceaux ; la guitare est bien présente également, les parties de solo sont efficaces malgré un léger manque d’assurance qui peut se faire ressentir parfois mais peut vite être corrigé avec le temps, la basse est bien présente également. Il en ressort un vrai potentiel quant au niveau technique des musiciens, notamment à la batterie où l’on sent que Quentin ne voit pas toutes ses capacités exploitées ici, m’enfin le style ne s’y prêtant pas non plus, n’en tenons pas rigueur. En se penchant de plus près sur "Rest In Phantasy" et sur chacun des titres qui le composent, c’est un album sans temps mort, varié, aux influences multiples que l’on découvre, où l’on n’a pas le temps de s’ennuyer tout au long de ses 53 minutes.

L’écoute démarre ainsi avec "Join The Phantasy", une ouverture à l’ambiance oppressante et mystérieuse servant d’introduction à la piste suivante, où des cris de corbeaux et de pas de marche militaire se font entendre, suivis de choeurs et d’orchestration symphonique dignes d’une musique de film fantastique et épique. "The Dark Crusade" s’enchaîne donc naturellement avec le titre ouverture sur fond de heavy / power metal symphonique, emmené par le chant lyrique d’Emma, accompagné de celui growlé de Peter, qui officie également au keytar (clavier portatif). Un titre à la fois ultra rythmé et rapide et tout aussi mélodique de par les guitares et les chœurs, qui apparaîtront sur la majeure partie des titres. On apprécie l’échange entre le keytar et la guitare qui se répondent durant près d’une minute en cour de piste ajoutant une vraie dynamique au morceau, nous donnant un aperçu de la qualité et du niveau des musiciens. "Masquerade" nous emmène dans un style différent, plus orienté electro / indus, avec toutefois quelques touches de black au niveau du chant de Peter notamment, apportant une touche malsaine à l’ensemble. On découvre ici Emma dans un registre différent, laissant le chant lyrique de côté pour une voix plus grave, mais au chant tout aussi juste, montant tout de même dans les aigus par moments, dont il m’a cependant fallu plusieurs écoutes pour m’adapter. Un titre énergique qui change de sa version originelle (à découvrir sur leur EP), mais un peu en deçà des autres à mon sens de par son côté trop "electro". On revient au metal symphonique et mélodique sur "End Of Innocence", avec le retour au chant lyrique d’Emma. Des sonorités proches de Nightwish se font quelque peu ressentir sur ce titre, lequel n’étant pas sans rappeler l’époque de "Bless The Child" des Finlandais (notons qu’il s’agit d’un des premiers titres du groupe à ses débuts paru sur leur EP sorti en 2012, ils n’avaient donc certainement pas encore trouvé leur propre identité musicale, chose faite désormais). "End Of Innocence" se veut très mélodique au vu des nombreuses orchestrations et des parties au piano et à la guitare, ponctué par un solo qui fait son effet, le chant féminin est lui touchant et ajoute un aspect poignant à l’ensemble, bref c’est efficace et on aime.

"Voices Of The Depths" est un interlude instrumental à la piste suivante, où l’on entend des voix murmurer et des instruments orchestraux donnant un côté théâtral quasi épique digne d’une musique de film. On poursuit donc naturellement l’écoute avec "Torments", un titre rythmé et dynamique, avec sa rythmique accrocheuse, les chœurs et les mélodies bien placées, et le duo vocal chant lyrique / chant growlé très efficace, sans oublier les montées dans les aigus d’Emma, que du bon. "Doomsday" se veut très rentre-dedans et direct : c’est rapide, efficace, mélodique dans les parties de refrain, qui se veut simple mais accrocheur, le chant féminin et le chant masculin apparaissent les deux sur ce titre, parfois en même temps, pour un duo efficace et un titre qui donne envie de bouger la tête, parmi l’un des meilleurs de l’album. On change un peu de style à présent. "Wishes Of Revenge" nous fait voyager jusqu’en Orient au pays des Pharaons avec cette histoire de roi et de vengeance et ses sonorités arabisantes dès les premières notes que l’on retrouvera tout au long du morceau. En dehors de cela, "Wishes Of Revenge" reste un titre à la fois rapide, mélodique via les guitares et son solo tout en efficacité et rapidité, qui certes manque encore un peu d’aisance mais avec un peu de travail sera vite corrigé, dynamique, mais aussi empreint d’émotion de par les parties de refrain et le duo chant growlé de Peter / chant lyrique d’Emma qui se répondent tel un dialogue. Un de mes titres coup de cœur parmi mes favoris de l’album. "Angel Requiem" fait lui aussi partie de mes coups de cœur de "RIP". D’entrée de jeu, voilà un titre puissant : la guitare ressort parfaitement et ajoute à l’aspect mélodique, les orchestrations sont bien placées et les chœurs font leur effet, aucun temps mort sur ce titre tout en étant aéré. Le chant lyrique d’Emma est accompagné par le chant clair masculin de Najib Maftah pour un duo dont les deux voix s’associent à la perfection. On remarquera la performance vocale d’Emma et ses envolées lyriques très haut perché qui font leur effet, chapeau bas l’artiste !!

On passe à une ambiance plus festive à présent et on se tourne vers le thème des pirates avec "Pirate’s Anthem" aux allures folk metal celtique et épique, teinté de power metal dominé par le chant lyrique féminin et accompagné du chant growlé et des chœurs masculins. En milieu de piste apparaît une superbe pause instrumentale incorporant l’accordéon, le violon et la flûte qui accompagnent la batterie, suivies par des parties de guitare efficaces. Un "hymne aux pirates" ultra dynamique et prenant, qui donne envie de danser et sauter dans tous les sens, figurant parmi les meilleurs titres de l’album. "The Vinland Saga" suit un peu le même schéma que "The Dark Crusade", et évolue dans un power metal symphonique, dominé par le chant lyrique d’Emma, le chant growlé masculin étant absent sur ce titre : ici aussi ça va vite sur les parties de guitare et à la batterie notamment, mais ça reste aussi mélodique grâce aux chœurs et à l’orchestre symphonique qui sont très présents ici, mais aussi sur les échanges de parties de guitares et de clavier qui se répondent tout en rapidité et en technicité, efficace donc. Enfin, "Eternitears" termine l’album sur une superbe ballade lente et mélodique, où l’émotion est au rendez-vous, emmenée par la voix touchante d’Emma et par les chœurs qui interviennent sur les parties de refrains, ponctué par un solo de guitare qui fait son effet en milieu de piste avant d’évoluer sur un passage plus énergique plein de rage et de désespoir, pour revenir sur les passages lents et émouvants du début, et finir en beauté sur quelques notes de piano.

Avec "Rest In Phantasy", Dreamslave nous offre un premier album de très bonne facture : le travail effectué sur celui-ci est très soigné, tant sur le visuel qu’au niveau de la composition, la production est de qualité : le son est puissant, chaque instrument et chaque voix (chant féminin et masculin, chœurs compris) ressortent distinctement les uns des autres. "Rest In Phantasy" se veut également un album varié où l’on n’a pas le temps de s’ennuyer à son écoute, c’est bien composé, les titres s’enchaînent bien, l’ensemble se veut cohérent, sans oublier la diversité des morceaux et des styles proposés, entre power / heavy metal symphonique, metal indus / electro, sonorités orientales puis celtiques et influences néo classiques, en voilà pour tous les goûts. Dreamslave offre un peu de fraîcheur et de renouveau à la scène metal française et notamment parmi la scène metal à chant féminin, au potentiel fort prometteur. Avis aux fans des genres cités plus haut, voilà un album à découvrir et un groupe qui mérite que l’on s’y intéresse, aussi plaisant à voir sur scène si vous en avez l’occasion qu’à écouter : allez-y, vous ne serez pas déçus.


Alexandra
Octobre 2015


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.dreamslave.net