Le groupe
Biographie :

Disperse est un groupe de rock / metal progressif polonais formé en 2007 et actuellement composé de : Jakub Zytecki (guitare), Rafal Biernacki (claviers / chant), Jakub Zytecki (guitare), Bartosz Wilk (basse) et Mike Malyan (batterie). Après un premier album sorti en 2010 ("Journey Through The Hidden Gardens"), Disperse revient avec "Living Mirrors" en Février 2013 chez Season Of Mist, suivi de "Foreword" en Février 2017, toujours chez chez Season Of Mist.

Discographie :

2010 : "Journey Through The Hidden Gardens"
2013 : "Living Mirrors"
2017 : "Foreword"


Les chroniques


"Foreword"
Note : 15/20

Cela faisait quatre ans que nous n'avions plus de nouvelles de Disperse, les voilà de retour avec "Foreword". "Living Mirrors" m'avait fait plutôt bon effet malgré une ou deux petites réserves, on va donc voir si ce nouvel album en est le digne successeur.

Pour ceux qui n'auraient pas suivi, Disperse donnait sur l'album précédent dans un mélange prog / djent, mais un peu plus porté sur le djent que sur le prog. C'est un peu ce que j'avais trouvé dommage sur "Living Mirrors" d'ailleurs, le fait que le djent prenne le pas sur le prog auparavant classieux de Disperse. Comme je le disais dans ma chronique, j'aime beaucoup le djent mais pour le coup ça effaçait la personnalité du groupe et le faisait ressembler à plein d'autres groupes de djent et espérais un rééquilibrage. "Stay" qui ouvre l'album fait d'ailleurs une feinte, on croit que le prog a repris ses droits avec une entame très mélodique et on se prend un déluge de technique arrivé au milieu du morceau avec des notes dans tous les sens, donc pour ce premier morceau en gros c'est du 50/50. Par contre, "Bubbles", lui, fait un mélange quasiment parfait des deux, on a le côté djent et metal moderne dans les riffs mais aussi un côté très mélodique, mélancolique et assez planant typique du rock prog et ça rend très bien en redonnant justement une patte particulière à Disperse. On remarque aussi qu'il y a eu encore plus de travail sur les arrangements qui sont sublimes et qu'une ambiance presque fantomatique s'installe sur ce morceau de toute beauté. Globalement le rééquilibrage a été fait et le groupe retrouve une personnalité affirmée, sa musique se faisant ici plus expérimentale, moins facile à classer, beaucoup moins metal et enveloppée d'ambiances à la fois éthérées et poignantes. Ce qui est sûr c'est que d'une façon ou d'une autre cet album est sombre, jamais désespéré mais jamais joyeux non plus. On navigue en eaux plus ou moins troubles et la mélancolie trouve toujours le moyen de montrer le bout de son nez.

Même si le prog et le djent sont dans des proportions plus équilibrées, le groupe n'en revient pas pour autant en arrière et propose quelque chose de nouveau pour lui. Disperse a clairement évolué et les quatre ans qui séparent "Living Mirrors" de "Foreword" ont permis à la musique du groupe de se métamorphoser de façon assez impressionnante. Je parlais d'ambiance fantomatique et éthérée plus haut, elle est présente sur tout l'album. On a l'impression que le groupe est parti loin, qu'il nous envoie sa musique d'ailleurs. Il y a en tout cas sur ce nouvel album un sens de la mélodie qui frappe en plein cœur, tous les morceaux sont beaux et vous embarquent sans aucun problème. Autant dire que la cinquantaine de minutes que dure l'album passe à une vitesse folle et que même les deux plus longs morceaux qui font sept minutes et un peu plus de neuf minutes ne connaissent pas le moindre moment de faiblesse ! Les plus métalleux risquent d'être déçus de l'orientation plus posée, plus mélodique et feutrée que le groupe a adopté sur "Foreword" mais les amateurs de musique au sens large du terme seront aux anges tant Disperse maîtrise son sujet cette fois-ci. Les guitares laissent un peu plus la place à des arrangements électroniques, les gros riffs qui tâchent n'ont plus de place pour s'exprimer et la technique toujours aussi impressionnante ne parasite jamais les morceaux en en faisant trop.

Disperse revient donc avec un superbe album certes moins metal et plus posé que son prédécesseur mais bien plus personnel et habité. "Foreword" décevra autant les bourrins qu'il ravira ceux qui auront l'esprit assez ouvert pour apprécier ces ambiances d'un autre monde et ces mélodies aussi enchanteresses que plombées.


Murderworks
Juin 2017




"Living Mirrors"
Note : 15/20

Petit tour en Pologne pour cette fois, et non ce n'est pas pour un groupe de death. Disperse après avoir sorti en 2010 un premier album orienté prog rock / metal assez traditionnel mais plutôt classieux, a décidé de durcir un peu le ton sur son nouveau bébé "Living Mirrors". Quand je dis durcir le ton, ça ne veut pas dire qu'ils sont tombés dans l'extrême, ils ont en fait opté pour une grosse louche de djent et donc de grosses guitares sous-accordées.

Et pour tailler dans le vif du sujet, ce sera justement le principal défaut de l'album, qui en dehors de ça est bien bon. Je n'ai rien contre le djent au contraire, même si depuis quelques temps on en trouve de partout il n'empêche que j'ai tendance à apprécier ce style. Le truc c'est que j'ai l'impression que chez Disperse les riffs syncopés ne sont pas encore parfaitement intégrés à leur prog d'origine, et ça donne en général l'impression qu'une couche de djent s'est simplement superposée au matériau de base. D'autant que la musique de Disperse proposée sur le premier album était déjà très riche en l'état, variée et comme je le disais assez classieuse (pas pour rien qu'ils ont fait une tournée avec leurs compatriotes de Riverside, dont on va bientôt reparler en ces pages). Maintenant qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit, globalement c'est très bien foutu c'est juste une question de dosage. Le côté djent prend parfois le dessus sur le côté prog, et ça a tendance à reléguer l'identité propre du groupe au second plan pour finalement faire penser aux cadors du djent. Un petit rééquilibrage et ça devrait faire des étincelles.

Maintenant que le principal défaut a été évoqué, il faut avouer que l'album en lui-même est carrément recommandable, gorgé de superbes mélodies et de soli de grattes à tomber. Techniquement, c'est impressionnant comme à l'accoutumée, rien de démonstratif ou de stérile, juste une virtuosité qui s'épanouit pleinement dans des compositions taillées qui lui laisse juste assez de place pour garnir le tout. On notera le superbe travail de Rafal Biernacki au chant, que ce soit sa voix ou ses lignes de chant c'est du haut niveau ! Niveau son aussi d'ailleurs, en même temps quand on s'amuse avec des grosses grattes sous-accordées, il vaut mieux avoir une prod' qui assure. C'est le cas ici avec un son puissant mais clair, de quoi laisser tous les instruments s'exprimer tranquillement sans empiéter sur l'espace des voisins.

L'album dure près d'une heure et malgré un côté peut-être plus homogène qu'avant, dû justement à l'arrivée massive d'éléments djent, on ne s'ennuie pas. A moins d'être saturé de riffs syncopés, auquel cas vous risquez de trouver que les morceaux se ressemblent soit entre eux soit à d'autres groupes de djent. Je ne saurais trop vous conseiller d'insister quand même si c'est le cas, en dehors de ses apparats polyrythmiques, ce "Living Mirrors" cache de très belles choses qui devraient ravir les oreilles des amateurs de prog plus conventionnel (oui je sais, c'est pas très logique pour du prog ce que je dis là, mais bon vous m'avez compris). En gros c'est très bon sous cette forme, mais si Disperse arrive à remodeler tout ça ça pourrait être encore meilleur. Le groupe en a clairement le potentiel et je pense que vu le talent des compositeurs il y a moyen qu'ils accouchent d'un chef d'œuvre à l'avenir.

Au final, un bien bon album de prog djentisé qui ne souffre que de quelques petits problèmes de dosages, une fois que tout aura été réajusté ça devrait faire un minimum de bruit. Toujours est-il qu'en l'état Disperse sait y faire et en termes de pure qualité il n'y a pas grand chose à redire, il y a de quoi s'amuser dans ce "Living Mirrors" et malgré le défaut précité, ce serait dommage de passer à côté.


Murderworks
Avril 2013


Conclusion
Le site officiel : www.disperseband.bandcamp.com