Le groupe
Biographie :

Dirge est né à Paris en 1994 initialement composé de Marc T et Laurent P dans un registre metal industriel. Trois démos seront réalisées durant cette première période. Après le départ de Laurent P, le bassiste David K et le guitariste Franck T intègre le groupe. Dirge devient alors une formation davantage noise. Le premier album sort courant 1998 sous le titre "Down, Last Level". En 1999, Christophe D et Alain B viennent lester de plomb la musique de Dirge. Tout naturellement, le second album sort l’année suivante "Blight And Vision Below A Faded Sun". Christian M et Stephane L remplacent Franck T et David K. Changement de line-up qui donnera naissance à "And Shall The Sky Descend" qui sera agrémenté d’une série de concerts. En 2007, Dirge nous offrira l’incroyable pièce de "Wings Of Lead Over Dormant Seas" suivi quatre années plus tard par "Elysian Magnetic Fields". En 2014, sort l'album "Hyperion" sur le label Debemur Morti (Blut Aus Nord, Rosetta, Year Of No Light...). Comme à son habitude, le groupe s’est fait discret pendant quelques années pour aboutir à "Lost Empyrean", sûrement l’album le plus équilibré de la formation.

Discographie :

1998 : "Down, Last Level"
2000 : "Blight And Vision Below A Faded Sun"
2004 : "And Shall The Sky Descend"
2007 : "Wings Of Lead Over Dormant Seas"
2011 : "Elysian Magnetic Fields"
2014 : "Hyperion"
2018 : "Lost Empyrean"


Les chroniques


"Lost Empyrean"
Note : 19,5/20

J’étais là, tranquille-peinard sur mon canapé, bien au chaud dans ma doudoune en train de ronfler quand mon trou du cul s’est tellement mis à piquer que j’ai dû en urgence me diriger vers les commodités. Je ne suis pas rentré tard mais après trois pintes de Maredsous à 10° dans mon rade préféré et un tacos XL que je finis par planter sur la table basse, je me suis endormi, que dis-je écroulé sur mon canap’ sur lequel tout le monde a baisé sauf mon chien (j’en ai pas). Bref, il est 4h quand je me réveille, éclaté, pour ne plus me rendormir. Il était, sous mes yeux, le fichier comportant l’album de Dirge, "Lost Empyrean", et je me dis que l’atmosphère à demi-éclairée de la pièce par la vie de la ville promet une écoute optimale. Je branche le Mac directement sur la sono, j’augmente basse et volume sur le sub’ et je m’installe à la fenêtre une clope que je n’allumerai jamais entre les lèvres.

A la fois lourd et mélodieux, chargé d’émotions, le groupe lancera, dans chaque pièce où il sera diffusé, un appel à la mélancolie. Ce sont diverses rêveries qui vont se bousculer dans votre tête, partagées entre de la nostalgie, le fait de se demander ce qu’on fout là et où on va, se poser des questions sur le monde, se demander à quoi tout ça rime, à quel moment le rideau tombe… Sur "Algid Troy", j’augmente encore un peu le volume. L’album se consomme comme une série dont la saison serait composée de sept épisodes d’une durée moyenne de huit minutes. Dirge nous entraîne dans son univers jusqu’à avoir une appétence grandissante pour ce qui arrive après. Le côté addictif est tel qu’il est difficile de couper un morceau en plein milieu. "Lost Empyrean" est un fleuve particulièrement large et profond où se mêlent des riffs d’une simplicité atomique au courant d’ivresse provoqués par la sensation de perspective incroyable, résultat de la fonte des instruments en un seul et même monstre. Ce dernier opus est sûrement un des plus équilibrés quand on découvre, derrière ses allures de colosse, une élégance aérienne inouïe.

Quand on écoute un album de Dirge, on réalise qu’on a quelque chose de précieux entre les oreilles. Quelque chose dont les sensations et émotions sont uniques. Quelque chose qui nous concerne tous peu importe la forme qu’il prend. C’est ce qu’on appelle l’art. J’aurais mis 20/20 si j’avais eu un exemplaire physique, bande d’enfoirés.


Kévin
Février 2019




"Hyperion"
Note : 17,4/20

Dirge… Leur sixième album s’appelle "Hyperion" et c’est celui-là même que je tenter de chroniquer avec objectivité et rigueur.

Tout d’abord je ne peux m’empêcher de commenter le petit "texte d’informations » que j’ai reçu en même temps que les pistes de cet album (sous format MP3 parce que c’est la crise). Déjà j’ignore qui l’a écrit, mais j’aimerais bien le connaître. Parce que dedans il est dit (à titre informatif hein, c’est sensé me renseigner sur le groupe) que l’album est PHENOMENAL, qu’il s’agit de pure magnificence, que c’est miraculeux, intense, immense, colossal, rempli d’émotions, et le tout en un. Yes. Il paraît même que Dirge a détruit les barrières du sludge et du post-post-core et qu’ils ont composé à eux seuls la musique la plus intelligente et exceptionnelle de ces dix dernières années. Est-ce que celui qui a écrit ça essaie de m’influencer ? Est-il sérieux ? Est-ce que c’est une caméra cachée ? Tant de questions qui resteront sans réponse.

Pour leur musique, on a un titre qui dure 8min30, un autre qui dure 8min50, puis re 8min50, re 8min30, ensuite 10min50 et pour finir plus de 16 putain de minutes. Et c’est plutôt long, et lent. Le chant est TOUJOURS le même, il y a des invités pour varier un peu mais j’ai l’impression qu’on essaie de me bourrer le crâne avec du papier comme on fait avec les chaussures neuves. C’est très lourd, et là je ne parle pas du lourd dans le genre "pfouah comme c’est looouuurd" mais plus genre "putain, comme c’est lourd". Leur artwork est minimaliste, leur musique aussi, c’est parce que le sludge ça te fait porter toute la malédiction d’être en vie. Pourtant des fois ça me plaît, là ça doit manquer de musicalité quand même… Mais je pense que c’est fait exprès, et ça me fait réfléchir !

Parce qu’ok on peut se dire qu’ils sont pleins de bonne volonté, c’est un fait, ensuite est-ce qu’ils ont fait est "raté" ? Je ne pense même pas. Tout est voulu dans ce que je peux leur reprocher. Et là, que dire ? Je me sens écrasé par cette fatalité. Et la musique continue pendant que j’écris là et j’ai vraiment hâte de finir. C’est pour ça que je ne vais pas m’enfoncer dans les paroles et la musique à proprement parler, et j’en suis désolé.

Vous pouvez faire le test de survoler les chansons, sur un même titre on peut se mettre n’importe où on entendra toujours le même thème, toujours la même ambiance. Et quand on va de titre en titre comme ça, il y a juste la tonalité qui change. Je me doute encore une fois que c’est fait exprès, que c’est trop "sludge" comme truc, mais c’est vraiment de mauvais goût.

Point fort : lourd
Point faible : lourd

Comme je déteste leur musique mais que je déteste encore plus noter, je leur mets 17.4, bien joué les gars.

PS : Je pense que si le mec qui a écrit le texte informatif avait moins fait son p’tit malin j’aurais appréhendé leur musique différemment.


Léo
Février 2014




"Elysian Magnetic Fields"
Note : 18/20

Il était un peu redouté ce nouvel album de Dirge après l’exploit intitulé "Wings Of Lead Over Dormant Seas" livré en 2007. Aujourd’hui ce n’est pas 120 minutes mais "seulement" un peu plus de la moitié qui nous est proposée avec ce nouvel effort nommé "Elysian Magnetic Fields".

"Morphée Rouge" plante d’entrée de jeu un décor en béton armé inondé de flammes et le monstrueux son qui s’échappe de mes enceintes m’écrase littéralement. Le groupe s’installe avec son univers dans son intégralité dès ce premier morceau, le reste n’est que finition d’une ambiance parfaitement maitrisée. Dirge, avec "Obsidian" vous scelle définitivement au fond d’un lac sans d’autre échappatoire que de retenir sa respiration et attendre la fin du disque. L’introduction apaisante mais à la fois mystérieuse limite inquiétante dévoile ensuite plus de sept minutes d’une puissance lancinante où la voix du chanteur s’exprime à merveille. Le groupe continue de déverser sa salade post-hardcore, sludge, doom, indus avec "Cocoon" qui vous entraîne dans les méandres ténébreux d’un art qui agit sur vous. Dirge vous caresse, vous berce avec brutalité, vous transperce entre ces mélodies envoûtantes de légèreté face à un volcan qui crache tout le désespoir du monde. On trouve aussi une petite perle instrumentale au doux nom de "Sandstorm" suivie par "Elysian Magnetic Fields" qui, magistralement orchestrée, se permet quelques arrangements vocaux d’un très bon goût ! La source de l’indus n’est pas loin quand on se laisse ronger les oreilles par "Narconaut" qui aère allègrement le tout avant de se retrouver au pied du mur avec "Falling", un mur ? Que dis-je ! Une forteresse ! La machine hypnotisante reste infatigable, inébranlable. Dirge nous en met plein la gueule et on en redemande. C’est chose faite avec "Apogée" qui nous laisse, affalés, épuisés, vidés mais tellement bien.

Si vous voulez anéantir une soirée disco vous avez entre vos mains l’arme du crime. Si vous avez besoin de voyager, seul, loin, profondément, vous avez également entre vos mains moites l’objet qu’il vous faut.


Kévin
Septembre 2011


Conclusion
Le site officiel : www.dirge.fr