Le groupe
Biographie :

Desaster est un groupe de black / thrash metal allemand formé en 1988 et actuellement composé de : Infernal (guitare), Odin (basse), Sataniac (chant / Infektor, ex-Divine Genocide, Heathen Doom) et Hont (batterie / ex-Divine Genocide, ex-Monastery, ex-Jupiter Jones). Desaster sort son premier album, "A Touch Of Medieval Darkness", en Avril 1996 chez Merciless Records, suivi de "Hellfire's Dominion" en 1998, de "Tyrants Of The Netherworld" en 2000 chez Iron Pegasus Records, de "Divine Blasphemies" en 2002, de "Angelwhore" en Août 2005 chez Metal Blade Records, "Satan's Soldiers Syndicate" en Septembre 2007, "The Arts Of Destruction" en Février 2012, de "The Oath Of An Iron Ritual" en Avril 2016, et de "Churches Without Saints" en Juin 2021.

Discographie :

1996 : "A Touch Of Medieval Darkness"
1997 : "Stormbringer" (EP)
1998 : "Hellfire's Dominion"
2000 : "Tyrants Of The Netherworld"
2001 : "Souls Of Infernity" (EP)
2002 : "Divine Blasphemies"
2005 : "Angelwhore"
2006 : "Infernal Voices" (EP)
2007 : "Satan's Soldiers Syndicate"
2012 : "The Arts Of Destruction"
2016 : "The Oath Of An Iron Ritual"
2021 : "Churches Without Saints"


Les chroniques


"Churches Without Saints"
Note : 15/20

Avec un nom comme Desaster, on s'attend tout de suite à du old school, et ça ne loupe pas puisque ces Allemands balancent du bon vieux black / thrash bourrin depuis 1989  ! Certes les débuts étaient plus black metal que black / thrash mais ce groupe commence à faire partie des vétérans de la scène. Et il est de retour avec un neuvième glaviot nommé "Churches Without Saints" et on sait exactement ce qu'on va y trouver.

Une petite intro pour poser une ambiance glauque pendant quelques secondes et c'est déjà "Learn To Love The Void" qui débarque comme une furie dans les enceintes. Les influences thrash et heavy sautent aux oreilles et se mêlent à un black metal abrasif et direct, on sent presque le vieux Destruction remonter à la surface. C'est primitif, frontal, froid et c'est exactement ce qu'on vient chercher sur un album de Desaster. Quant aux sonorités black metal, elles aussi remontent à loin et rappellent Darkthrone dans ses moments les plus thrash et groovy. La modernité n'a pas sa place chez Desaster, son black des origines se mélange à du thrash typiquement allemand et du heavy metal tout droit sorti des années 80. Quelques ambiances plus froides se font une place au milieu de tout ça mais ce sont surtout des coulées de lave et de plomb en fusion que nous envoie le groupe. Desaster n'a pas changé son fusil d'épaule et continue à suivre la voie de son black / thrash bourrin avec, suivant les albums, un visage plus black ou plus thrash suivant l'humeur. "Failing Trinity" sent bon le vieux thrash lui aussi et nous ramène aux premiers Slayer ou aux vieux Sodom, bref ça fonce dans le tas avec des riffs tranchants et ça découpe tout ce qui dépasse. Quelques blasts sont aussi de la partie et c'est évidemment là que le côté black est le plus flagrant, mais pour le reste c'est plutôt le thrash qui domine."Churches Without Saints" est exactement le genre d'album à faire sonner à fond dans la voiture avec la cartouchière en bandoulière.

La plupart des morceaux ne sont d'ailleurs pas trop longs, en dehors de "Endless Awakening" et du morceau éponyme qui s'approchent des six et sept minutes. Deux morceaux qui apportent un peu plus d'ambiance dans un album quand même bien frontal et primitif, ce qui n'est pas un reproche soit dit en passant. Le début de "Exile Is Imminent" nous fait même une petite feinte mélodique avant de balancer un brûlot mid-tempo bien abrasif très black metal dans l'esprit. Le morceau-titre est très rampant et mid-tempo, une orientation d'ailleurs peut-être un peu plus marquée sur ce nouvel album que sur les précédents. Desaster reste un groupe sauvage et frontal mais se montre un peu plus menaçant et inquiétant par moments. Le côté primitif et bas du front ressort avec le très subtil "Hellputa" qui nous renvoie des effluves de ces bons vieux Infernö (ceux qui étaient signés chez Osmose, il y en a tellement des groupes avec nom...) avec un feeling presque punk. "Sadistic Salvation" bourre bien comme il faut avec du pur black / thrash qui fait la part belle aux blasts sauvages. La production est elle aussi à l'ancienne avec des guitares bien tranchantes et assez aiguës, seule la batterie sonne de façon plus sèche et se rapproche de ce qui se fait ces dernières années. Vu les sonorités utilisées par Desaster, il ne faut de toute façon pas s'attendre à quoi que ce soit de moderne, on commence à connaître le groupe et on sait qu'on va se prendre une bonne rasade de black / thrash à l'ancienne avec quelques pointes de heavy metal.

Un nouvel album toujours aussi direct, primitif et sauvage avec toutefois peut-être un peu plus de passages lourds cette fois. "Churches Without Saints" reste en tout cas dans la grande tradition Desaster avec un black / thrash abrasif aux relents heavy et quelques mélodies qui apportent une ambiance plus sombre au milieu de ce gros défouloir. Rien de nouveau mais on s'y attendait, par contre en termes d'efficacité il y a ce qu'il faut donc sortez les cartouchières et au front !


Murderworks
Juillet 2021




"The Oath Of An Iron Ritual"
Note : 14/20

Desaster fait partie de ces vieux groupes légendaires dans leur pays natal et toujours aussi underground de part chez nous car peut-être trop longtemps restés dans l'ombre de formations comme Deströyer 666 ou Aura Noir. En effet, après 28 ans d'existence et une signature chez Metal Blade, les Allemands ont toujours du mal à vendre ou à jouer hors de leurs frontières... A vrai dire, il aura fallu attendre le culte "Satan's Soldier Syndicate" pour que le combo commence véritablement à faire parler de lui en dehors des milieux underground ! Que nous réserve donc ce huitième album intitulé "The Oath Of An Iron Ritual" ? Serait-ce enfin l'album de la consécration ? En tout cas, l'artwork accrocheur donne envie de se pencher dessus... Alors une fois n'est pas coutume, verdict en fin de chronique !

Tout commence avec l'intro sobrement intitulée "The Oath", qui, en moins d'une minute, nous met en condition pour le premier vrai titre, à savoir "Proclamation In Shadows". De manière bien old school, chaque instrument rentre l'un après l'autre avant d’enchaîner sur un bon riff bien thrashy. La suite s'avère assez mélodique, groovy, et particulièrement bien mise en valeur par le son absolument parfait pour le style pratiqué : des guitares incisives, une basse ronflante, une batterie puissante et un chant bestial ! Étonnamment, Desaster nous offre aussi sur ce morceau un passage plutôt lent à tendance mélancolique, signe d'une baisse de régime assez surprenante en début d'album et annihilant rapidement une pourtant prometteuse tentative de conquête... Ainsi, après un début très fin 80 début 90 et une présence fort agréable de toms alto dans le set de batterie dont les descentes raviront les nostalgiques d'une époque révolue, la mayonnaise retombe malheureusement avec une fin de morceau plutôt ennuyeuse : dommage !

L'excellent riff qui introduit "End Of Tyranny" va heureusement redorer le blason des Allemands. On a en effet affaire à une thrash / black metal de haute volée, oldschool à souhait et bien groovy, mais j'ai comme le sentiment qu'il manquerait quelques BPM au tempo pour que ce soit vraiment la folie... Comme si le groupe se retenait ! Certes, c'est efficace, techniquement irréprochable, bien structuré et inspiré, mais l'ensemble paraît un peu trop posé à mon goût. On enchaîne avec "The Cleric's Arcanum" et ses cloches de l'Enfer. Là encore, le riff d'intro est destructeur et l'énergie est enfin au rendez-vous ! Pour une fois, on a le sentiment que Desaster fonce dans le tas tête baissée sans se poser de questions, comme si ses musiciens étaient enfin libérés d'un poids incommensurable. Ce titre débridé devrait très vite mettre tout le monde d'accord et entre autres faire oublier le très mitigé dernier album de Deströyer 666 ! Avec une telle efficacité dans l'exécution, des riffs aussi accrocheurs et un son aussi puissant, il n'y a plus qu'à espérer que la suite de ce "The Oath Of An Iron Ritual" soit du même acabit...

Le morceau suivant s'intitule "Haunting Siren" et va très vite me rappeler quelques souvenirs nostalgiques de la scène suédoise des années 90. A dire vrai, ces mélodies glaciales et ces patterns de batterie pourraient fortement m'évoquer Sacramentum, période "Far Away From The Sun" ! Mais une nouvelle fois, la machine de guerre semble bridée... Non pas que l'écoute soit désagréable, bien au contraire, mais j'attends de Desaster que ce soit la guerre sur scène comme sur album : il faut que ça suinte la crasse, que ça transpire la haine ! Alors pourquoi ce passage lent et ennuyeux en milieu de morceau ? En soi, pourquoi pas, mais il faudrait que le reste du morceau soit d'un violence incroyable... Et pourtant, des bonnes idées, il y en a à la pelle, mais pas assez de fougue à mon goût ! On poursuit avec un "Damnatio Ad Bestias" qui encore une fois attaque très fort avec un riff absolument imparable et croyez-moi, vous aurez envie d'être en concert pour pouvoir pogoter ! Mais là encore, il manque ce petit quelque chose qui rendrait le morceau génial, cette petite graine de folie qui fait toute la différence. Ainsi, on va une nouvelle fois avoir droit à un passage mid-tempo sympathique mais manquant cruellement de patate et qui causera une perte d'efficacité certaine... Quand on veut faire la guerre, il faut s'assurer de ne pas tirer à blanc !

Place maintenant à "Conquer & Contaminate" dont le riff principal mettra une nouvelle fois tout le monde d'accord ! Desaster semble avoir quelque peu lâché prise et décide enfin de tout détruire sur son passage ! Bref, il y a enfin matière à headbanguer et voilà le morceau typique que j'attendais de la part des Allemands : furieux, mélodique, old school et sans concession ! Avec de telles munitions, le groupe pourrait conquérir le monde, et avec des armes comme le son de basse dantesque et ce petit solo débridé, ils pourraient conquérir le Paradis ! "The Denial", quant à lui, commence par un pattern de batterie sans grand intérêt, comme la suite de l'intro qui amènera timidement la suite du morceau heureusement de bien meilleure qualité. Pas au niveau du titre précédent, mais plutôt agréable quand même, le genre de morceau idéal pour poser un album et lui donner du relief. Dommage alors que "The Oath Of An Iron Ritual" n'ait pas bénéficié jusque là de l'intensité nécessaire pour faire de ce titre un incontournable ! Il est alors regrettable de calmer le jeu alors qu'il venait tout juste de s'exciter un peu...

Place au morceau éponyme qui poursuit sur la voie ouverte par la plupart des titres précédents, à savoir un thrash / black metal inspiré, joué avec précision, bénéficiant d'un son en parfait accord avec la musique et l'état d'esprit général, mais il apparaît toujours regrettable de voir Desaster autant sur la réserve, ou limite pourrait-on dire sur la défensive ! On dirait qu'ils n'osent pas vraiment lâcher les chevaux, alors qu'avec un tout petit supplément d'âme et de haine, ils pourraient anéantir votre chair autant que votre âme... Et l'intro du dernier morceau, "At The Eclipse Of Blades", ne va rien arranger ! Heureusement, pour la suite, l'intérêt et la musicalité sont toujours au rendez-vous, même s'il fait partie de ces titres plutôt longs et mid-tempo qui permettraient d'apporter son lot de variété à un album d'un densité incroyable... Comme vous l'aurez compris, ce n'est ici pas vraiment le cas, malgré la qualité intrinsèque du morceau ! Heureusement, le final s’avérera suffisamment épique pour conclure l'écoute de ce nouvel album sur une note positive...

Pour autant, mon avis sur ce "The Oath Of An Iron Ritual" restera en demi-teinte. En effet, sur chacune des compositions, on ressent bien toute la maîtrise et l'expérience des Allemands, et que ce soit d'un point de vue purement technique ou au niveau du son, on voit bien que rien n'a été laissé au hasard. Chaque titre fait montre d'une qualité de composition et d'exécution à toute épreuve, et avec une inspiration au rendez-vous et un chant rageur, tout devrait fonctionner à merveille... Or ce n'est pas le cas car, comme dit précédemment, il manque un petit quelque chose, une étincelle de malice qui aurait pu mettre le feu aux poudres ! Alors qu'on s'imaginait déjà festoyer sur les cendres du monde, il faudra d'abord pour cela attendre que Desaster allume le brasier. Il y a bien quelques rares mais excellentes tentatives, mais ce n'est pas suffisant pour rendre l'album aussi parfait qu'il aurait pu l'être... Enfin, on pourra toujours se retrouver autour d'un barbecue ! En tout cas, force est de constater que 2016 n'est pas l'année du thrash / black, mais face à Deströyer 666, les Allemands auront quand même réussi à tirer leur épingle du jeu. Espérons alors qu'ils viennent dans nos contrées nous montrer à quel point je me trompe et comment leurs nouveaux morceaux sonnent bien sur scène ! En attendant, je reste un peu sur ma faim, d'autant que cette histoire de barbecue m'a quelque peu creusé... A bon entendeur.


Carcharoth
Juin 2016


Conclusion
Le site officiel : www.total-desaster.com