Le groupe
Biographie :

Déluge, groupe de post-black metal originaire de Metz, a été fondé en 2013 et est formé par Frédéric Franczak à la basse, Benjamin Marchal à la batterie, Richard De Mello et François-Thibaut Hordé aux guitares et Maxime Febvet au chant. En 2015, Déluge a sorti un premier album "Æther" chez Les Acteurs De L’Ombre Productions. Depuis, le groupe français a participé à de nombreux festivals en France et à l’étranger, dont le Metal Culture(s) 2016, le Bang Your Head Luxembourg Festival 2016, le Hellfest 2017, l’Xtreme Fest 2017, le Motocultor 2017, le LADLO Fest le 7 Octobre 2018, le Brutal Assaut 2019, le Summer Breeze 2019 et le Nantes Metal Fest le 6 Décembre 2019. En 2020, Déluge a sorti "Ægo Templo", son second album chez Metal Blade Records.

Discographie :

2014 : "Mélas | Kholé " (EP)
2015 : "Æther"
2020 : "Ægo Templo"


Les chroniques


"Ægo Templo"
Note : 16/20

Déjà cinq ans depuis "Æther", le premier album de Déluge qui avait fait son petit effet et renfermait un black metal teinté de post-core brutal, froid et mélodique. Le groupe est donc enfin de retour avec "Ægo Templo" et près d'une heure d'une musique qui suit le chemin tracé il y a cinq ans. Toujours orné d'une très belle pochette signé Vanoir mais cette fois signé chez Metal Blade, il va falloir s'attendre à un déluge de blasts et de riffs tranchants (oui bon d'accord, je sors...).

"Soufre" ouvre l'album de façon étonnamment douce quand on se souvient de l'agresion quasiment constante de "Æther" ! Ici, on se croirait presque sur les terres d'Alcest avec ces quelques voix claires qui apportent un peu de douceur en contrepoids du chant hurlé. Les blasts reviennent bien vite faire leur office mais il reste tout de même une mélancolie et une douceur en filigrane auxquelles je ne m'attendais pas. D'ailleurs, les influences post-rock et core sont d'autant plus assumées avec un guest de Tetsuya Fukagawa, chanteur du groupe Envy, sur "Gloire Au Silence". Si la violence trouve encore la place de s'exprimer et que les blasts font parler la poudre plus d'une fois, il y a toutefois un développement plus poussé des sonorités post-core voire même shoegaze comme je le disais tout à l'heure, avec cet air d'Alcest sur le premier morceau. Les voix claires s'imposent aussi sur chaque morceau d'"Ægo Templo" même si le chant hurlé et black reste largement majoritaire. On entend même Matthieu Metzger de Klone donner du saxophone sur "Opprobre" qui confirme une orientation plus variée et plus expérimentale. Si Déluge montrait déjà sur "Æther" qu'il n'avait pas l'intention de se laisser enfermer dans un carcan, il fait cette fois voler les barrières en éclat sans complexes. La musique du groupe se fait cette fois plus contrastée, elle laisse un peu plus de place à la lumière et joue avec les ombres. Et quand Déluge ressort la violence et les blasts comme sur "Abysses", il déploie une puissance assez impressionante qui va au-delà du simple pilonnage.

La production ample et puissante justement aide à créer ce feeling et permet à Déluge de monter encore d'un cran en matière de charge émotionnelle. Les passages les plus violents ne font plus l'impression d'un passage à tabac mais d'un direct à l'estomac. Malgré une durée de quasiment une heure et une densité assez éprouvante, "Ægo Templo" ne souffre d'aucun temps mort et toutes ces sonorités lui donnent suffisamment de richesse pour nous garder accroché. On sent une cohérence inébranlable sur ce nouvel album qui ne se fixe pourtant aucune limite et invite plusieurs scènes différentes à s'entrechoquer, le pire étant que le groupe en fait quelque chose de quasiment homogène tant le tout se mélange harmonieusement. Il y ici un vrai travail de composition et une véritable vision artistique qui font que tout ça tient largement debout et déploie une puissance évocatrice impressionnante. On comprend les cinq années qui séparent les deux albums quand on entend à quel point Déluge s'émancipe et s'affranchit des barrières sur ces nouveaux morceaux.Ce qui était latent sur "Æther" est totalement déployé sur "Ægo Templo" et le groupe s'ouvre de nouvelles portes, de nouvelles pistes. L'évolution est naturelle puisque tous les éléments qui s'installent ici se sentaient déjà dès le début mais la mue n'en reste pas moins impressionnante et surprenante. Une progression à tous les niveaux qui confirme que Déluge a du potentiel et que la suite promet d'être intéressante. Les puristes seront probablement déçus mais ce n'est pas le public visé et malgré la violence dont faisait preuve "Æther", je doute que Déluge en ait séduit beaucoup. "Ægo Templo" pousse donc tout ce que Déluge avait présenté sur son premier album plusieurs crans plus loin. Les infleunces post-core voire même shoegaze prennent plus de place, la violence s'atténue et laisse plus de place aux ambiances et à la mélodie malgré des blasts encore bien présents et du chant clair s'impose un peu partout. Une mue qui va bien à Déluge et qui suit ce que le groupe avait laissé entrevoir il y a cinq ans.


Murderworks
Décembre 2020




"Æther"
Note : 16/20

Nouveau venu dans la désormais grande famille du post-black, Déluge nous délivre son premier album "Æther" chez Les Acteurs De L'Ombre qui ont décidément le nez creux en ce moment (on va d'ailleurs revenir sur deux autres sorties du label très prochainement) ! Comme l'indiquent assez clairement le nom du groupe et les titres des morceaux, le climat par ici est plutôt froid, préparez donc de quoi survivre dans le grand Nord parce qu'on va un peu se les peler.

Contrairement à d'autres groupes de la même scène qui développent pas mal d'ambiances aussi froides que belles mais qui oublient la violence au placard, Déluge blaste d'entrée de jeu. "Avalanche", le bien nommé, nous accueille par une attaque en règle et des riffs bien froids histoire de planter le décor tout de suite, même si un break permet de placer les fameuses ambiances dont je parlais à l'instant. Si les riffs et les mélodies peuvent régulièrement se faire mélodiques et apporter une certaine beauté froide, il n'empêche que les blasts sont très souvent présents et que le chant est majoritairement hurlé, de façon plus core que black d'ailleurs, ce qui risque d'en bloquer quelques uns. On peut d'ailleurs facilement relever des influences directement venues du post-core, que ce soit dans les ambiances ou les mélodies l'héritage du genre est assez flagrant. Là encore ça risque de faire vomir quelques puristes mais je trouve que le mélange est plutôt bien foutu et que ça apporte réellement quelque chose de plus à la musique de Déluge. Et même si cette scène black / core se retrouve quelque peu saturée ces derniers temps, celà n'empêche pas le groupe de sortir son épingle du jeu, à la fois par une osmose quasi parfaite entre les deux scènes et par un sens de la mélodie qui permet à celle-ci de faire mouche à tous les coups. On note aussi la présence de Neige d'Alcest en guest sur "Mélas/Khölé", paradoxalement un des titres les plus courts et frontaux de l'album.

Pour renforcer encore cette impression d'être pris en pleine tempête ou en plein déluge (ben oui, forcément ), l'album est truffé de samples de pluie, de vent, d'orages qui, couplés aux mélodies froides à souhait, font ressortir un véritable blizzard des enceintes. On retrouve malgré ça quelques discrets rayons de soleil de temps en temps, quelques mélodies un peu moins plombées et mélancoliques que les autres et qui réchauffent très légèrement le climat. Parce que pour le reste, "Æther" est bien entendu plutôt froid, mélancolique et violent, comme une bonne grosse tempête. En tout cas le pari est réussi puisque même si les morceaux sont majoritairement longs, on ne peut pas dire qu'on voit le temps passer, les 55 minutes passent toutes seules et on se rend compte à la fin de l'album qu'on a été happés dans l'univers de Déluge sans opposer la moindre résistance. C'est bien la première fois que je prends plaisir à me retrouver sous la pluie et le vent ! Et même si on sent, comme je le disais plus haut, quelques influences post-core ou des sonorités venues de la scène canadienne, il n'empêche que le groupe a déjà sa patte et qu'on ne passe pas une heure à scruter les diverses influences. Ces dernières sont là mais plutôt bien digérées, on est loin de la copie sans saveur. Déluge a déjà un concept particulier, un univers à lui, et cerise sur le gâteau cette musique est de saison.

Bref, un premier album qui montre déjà de très belles choses pour un groupe qu'il va falloir surveiller de près à l'avenir. Si vous aimez le black metal froid, mélancolique, violent et atmosphérique et que des relents légèrement plus modernes ne vous font pas peur, je vous invite chaudement à écouter ce premier méfait de Déluge !


Murderworks
Novembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/delugebandofficial