Le groupe
Biographie :

Deathcode Society est un groupe de black metal symphonique originaire d'Annecy formé en 2009 et actuellement composé de : Nicolas S. (basse / Malcuidant), Gregoire G. (batterie / Dead Season, Djabah, Ecclesia, Glaciation, Warkunt, ex-Desdinova, ex-Hectic Patterns, Vent Debout, ex-Hiemperium, ex-Ufych Sormeer), David C. (guitare), Arnhwald R. (chant, guitare / Ecclesia, Glaciation) et Mike Barber (guitare / Wizardthrone, ex-Bumilingus, ex-Saturnian, ex-Traces, ex-Fever Sea, ex-Prostitute Disfigurement, ex-Beneath The Decay). Après une démo sortie en 2009, "Ite Missa Est", Deathcode Society sort son premier album, "Eschatonizer", en Septembre 2015 chez Osmose Productions, suivi de "Unlightenment" en Novembre 2023.

Discographie :

2009 : "Ite Missa Est" (Démo)
2015 : "Eschatonizer"
2018 : "The Armageddon Carnival" (Live)
2023 : "Unlightenment"


Les chroniques


"Unlightenment"
Note : 16/20

Il aura fallu huit ans à Deathcode Society pour revenir avec un deuxième album mais voilà chose faite avec "Unlightenment". Le premier album "Eschatonizer" arrivait à créer quelque chose de personnel malgré des influences prises à la fois du côté mélodique et évocateur des anciens Dimmu Borgir, de la froideur et la brutalité d'Emperor et du caractère puissant et massif de SepticFlesh. On garde plus ou moins le même esprit sur ce nouveau méfait avec un black metal intense, symphonique et épique qui va pilonner sévère pendant une bonne cinquantaine de minutes.

"Scolopendra" ne prend pas de gants et bourre d'entrée de jeu avec des orchestrations toujours aussi épiques et dramatiques, voire baroques, qui ajoutent à l'intensité de l'ensemble. Tout cela donne un mur de son qui vous arrive dans la tronche sans prévenir, ce que faisait aussi Emperor justement sur "Anthems To The Welkin At Dusk" qui en a épuisé quelques uns à sa sortie (même si la production est ici bien plus équilibrée et beaucoup moins brouillone). Une influence qui s'entend bien sur ce premier morceau, y compris pendant les quelques parties en chant clair qui renvoient clairement au chant d'Ihsahn. Les sonorités les plus baroques renvoient d'ailleurs plutôt au "Prometheus" du même groupe, un album quasiment expérimental qui a été reçu de manière assez mitigée par certains à l'époque. Pour autant, Deathcode Society propose quelque chose d'un peu plus aéré, même si ce deuxième album est très intense le groupe nous laisse quelques passages pour respirer. Et puis on est loin de la copie carbone, si l'influence d'Emperor est celle qui se fait cette fois le plus sentir on sent que c'est par amour pour un style de black metal qui a quasiment disparu. Et comme les principaux intéressés ne le pratiquent plus eux-mêmes, sauf en live à quelques occasions, Deathcode Society peut se permettre d'en reprendre certains codes ; d'autant que si l'on devait exclure les groupes ayant quelques influences voyantes on pourrait raser 90% de la scène black metal. L'exercice est d'ailleurs plus difficile ici puisque le black metal symphonique est un style qui ne tolère pas la médiocrité. Quand vous faites du true black enregistré au fond des chiottes, vous pouvez faire illusion avec l'excuse du minimalisme et des riffs hypnotiques, par contre quand vous jouez avec des orchestrations et voulez poser des ambiances épiques en piochant dans le baroque, vous n'avez pas intérêt à vous planter parce que ça va vite s'entendre !

Or Deathcode Society nous avait déjà prouvé avec "Eschatonizer" qu'il travaillait ses morceaux et qu'il y avait un véritable effort au niveau de la composition, ce qui explique peut-être pourquoi il a fallu attendre huit ans pour pouvoir écouter "Unlightenment". "Shards" nous fait entendre quelques ambiances plus mélancoliques, un tout petit peu plus de chant clair et aère un peu plus le propos. Deathcode Society ne tombe jamais dans le piège du bourrinage non stop tout en gardant une intensité impressionnante qui va en calmer quelques uns. "Scales" fait partie des morceaux qui lèvent un peu le pied avec un tempo plus lourd dans un premier temps, des ambiances plus marquées, des structures plus complexes et quelques sonorités orientales en bonus. Les orchestrations servent de contrepoids mélodiques aux rafales de blasts et aux riffs tranchants et le fait que les morceaux soient tous assez longs permet au groupe de passer d'une ambiance à l'autre. Là encore, on sent le travail fait sur la composition puisque là où certains s'égarent sur de longues durées, Deathcode Society arrive à nous tenir en haleine sur des morceaux de six ou huit minutes grâce à des ambiances saisissantes d'un côté et des riffs destructeurs de l'autre. Il y a toujours des mélodies, des lignes de chant ou des orchestrations majestueuses pour nous scotcher après des parties d'une brutalité impitoyable. Il y a clairement un côté dominateur dans ce black metal symphonique qui tabasse sans ménagement et impose sa voix au milieu de la masse. Entre les orchestrations massives et les blasts brutaux et très fréquents, il y a de quoi s'en prendre plein les dents. Petite surprise au niveau de la production puisque la basse est bien présente et facilement audible, ce qui n'est vraiment pas la norme dans le black metal ! Le son est évidemment puissant et même si le groupe balance beaucoup d'informations, on arrive à distinguer ce qui se passe sans avoir à tendre l'oreille, ce qui confirme que le mixage a été bien fait (et a dû être un cauchemar d'ailleurs).

Deathcode Society comble donc enfin une longue attente en nous livrant "Unlightenment" qui poursuit dans la voie d'un black metal symphonique baroque, brutal et intense. Une fois de plus, les ambiances sont puissantes, les orchestrations majestueuses et la violence bien présente. On retrouve une influence Emperor parfois assez marquée mais le groupe arrive tout de même à créer son univers et confirme qu'il n'a rien perdu de sa puissance d'évocation depuis "Eschatonizer".


Murderworks
Décembre 2023




"Eschatonizer"
Note : 14/20

Totale découverte pour moi que ce groupe nommé Deathcode Society, formation n'ayant qu'une démo à son actif et un premier album tout droit sorti chez Osmose Productions... Mais comme tout le monde le sait, Hervé a du flaire et ma curiosité s'en est trouvée grandement titillée, ce qui est particulièrement motivant avant de se lancer dans une chronique telle que celle-là !!! Quand on sait en plus que Hreidmarr d'Anorexia Nervosa et Saint-Vincent de Blacklodge ont contribué à cet album en tant que guests et que, pour couronner le tout, l'artwork est plutôt léché, on fini par se précipiter sur l'album sans même se rendre compte qu'il s'agit d'un groupe d'Annecy... Grosse surprise en devenir !!!

Tout commence avec "Pandaemonium 1.1" et son riff d'intro rappelant les grands moments de Dimmu Borgir par son côté symphonique, ses saccades et un son donnant beaucoup de puissance à l'ensemble... Surtout à la batterie d'ailleurs, véritablement impressionnante !!! On est bien face au côté grandiose de la musique des Norvégiens, mais on s'oriente rapidement dans une veine peut-être plus progressive, ou en tout cas plus technique rappelant indéniablement les Italiens de Fleshgod Apocalypse... Peut-être moins grandiloquent, mais tout aussi ambitieux !!! Et bien sûr plus orienté black metal, ne serait-ce qu'au niveau du chant, même si ce dernier semble quelque peu en retrait... De petits passages en chant clair apportent un peu de variété et un aspect résolument old- chool pouvant évoquer Snowy Shaw (Notre Dame, Therion et tant d'autres) !!! En tout cas, ce titre est tout ce qu'il y a de plus impressionnant, d'un point de vue technique, même si on perd parfois le fil tellement tout cela est dense... Une excellente entrée en matière qui soulève donc malgré tout quelques interrogations !!!

Place à présent à "NooS", toujours dans la même veine puissante, symphonique et mélodique... Mais ce qui nous scotche une nouvelle fois à notre siège, c'est bien la batterie qui mettra très vite tout le monde d'accord !!! Les guitares, techniques vu le registre quand même assez brutal, tirent surtout leur épingle du jeu sur les parties saccadées, ayant tendance à trop s'entrecroiser tout au long du morceau... Au moment où on aurait besoin d'un son limpide pour tout comprendre, ces guitares se retrouvent noyées par le clavier pas toujours indispensable à mon goût !!! Ce qui est bien en tout cas, c'est que les Annéciens ne s'endorment pas sur leurs lauriers, n'hésitant pas à introduire un peu de chant religieux en plein milieu du morceau histoire de relancer la machine, ce qui fonctionne à merveille... Ces chœurs évanescents apportent un peu de légèreté et surtout beaucoup de relief à la musique du groupe : bien joué !!! Heureusement que le groupe a suffisamment d'armes en main pour nous faire oublier ses quelques faiblesses...

S'ensuit "The Mark Of Caïn", morceau assez classique dans ce registre toujours à la frontière des styles mais diablement efficace !!! L'ombre de Dimmu Borgir n'est jamais très loin, et vu l'intensité de la musique et son énergie imparable, c'est vraiment dommage que le chant soit autant en retrait... En fait, il manque de puissance, n'étant jamais vraiment black metal !!! Écorché, sûrement, mais il manque ce côté rauque, parfois caverneux, mais en tout cas brut et glacial inhérent au genre black metal... Quelque chose de résolument possédé qui vienne autant de la gorge que des tripes !!! Ici, le chant est beaucoup trop linéaire et ne véhicule pas vraiment d'émotions... Dommage car les compositions sont toujours aussi léchées et travaillées, à l'image de ce passage atmosphérique au milieu du morceau !!! Encore une fois, beaucoup de force, mais aussi quelques faiblesses qui rendent l'écoute plutôt mitigée alors qu'elle s'augurait sous les meilleurs cieux...

On continue sur la même lignée avec "Nails", efficace mais peut-être moins surprenant après la découverte des morceaux qui le précédaient... Parfois linéaire, il semble à d'autres moments vouloir trop en faire, le rendant assez incompréhensible !!! Heureusement, Deathcode Society arrive une nouvelle fois à caler un magnifique passage mid-tempo histoire de poser un peu les choses jusqu'à la fin du morceau... "The Inner Vortex", lui, offre une jolie entrée en matière avec un riff principal absolument irrésistible et parfaitement exécuté !!! Dommage une fois encore que les riffs suivants ne soient pas à la hauteur... Non pas qu'ils soient mauvais, mais vu les capacités du groupe et ses références, on est en droit de s'attendre à bien mieux !!! Peut-être manque-t-il quelques mélodies imparables qui mettraient tout le monde d'accord entre deux blasts ou entre deux saccades bien senties... Heureusement, une fois n'est pas coutume, un peu de chant clair et un petit passage atmosphérique savoureux vont nous apporter ce petit plus digne des grands !!!

Le morceau suivant s'intitule "Pigrimage" et poursuit sans surprise ce que le groupe a entamé en début d'album : un déferlement technique entaché de quelques faiblesses, mais toujours sauvé par une puissance hors norme, une énergie imparable et quelques surprises ici et là, comme à nouveau ce chant clair fort délectable !!! Et le retour des chœurs n'en est pas moins savoureux... Ainsi, Deathcode Society parvient toujours à trouver une manière de nous faire oublier ses moments d'égarement, ou en tout cas, de les camoufler d'une manière plus que professionnelle !!! Voilà qui fait montre d'une force et d'une maturité à toute épreuve... Seuls les très grands parviennent à pondre un album sans erreur aucune, mais le groupe annécien est jeune et un grand en devenir, soyez-en sûrs !!! "Seraphic Requiem" conclura de fort belle manière ce premier album avec un riff principal redoutable, même si parfois très typé et rappelant peut-être Vesania : eh oui, encore un grand nom qui me vient en tête... En tout cas, le refrain doublé en chant clair devrait vous rester un tête un petit moment !!!

En fait, "Eschatonizer" n'est pas totalement terminé car le groupe s'est offert un petit plaisir en interprétant une très honnête version du "Metal Metldown" de Judas Priest... Version certes énergique mais plutôt respectueuse de l'original, surtout au niveau du refrain que tout le monde fredonnera sous la douche après l'écoute !!! Bref, voilà un album mieux qu'en demi-teinte, mais qui ne rentrera pas tout de suite dans la cours des grands... A vouloir trop en faire, Deathcode Society a parfois tendance à perdre l'auditeur, mais l'énergie de leur premier album, le niveau technique des musiciens et le talent que l'on décèle ici et là parviennent à faire oublier les quelques faiblesses de l'album, à savoir des influences un peu trop typées, des riffs un peu plus faibles et un clavier qui met trop souvent les guitares au second plan !!! Malgré cela, jetez-vous sur "Eschatonizer", premier album d'un futur grand nom de la scène nationale qui mérite d'être soutenu dès à présent, ne serait-ce que par rapport à l’investissement qu'un tel album a dû représenter... Une formation honnête, motivée, ambitieuse, et française de surcroît, ça n'a pas de prix, si ???


Carcharoth
Novembre 2015


Conclusion
L'interview : Arnhwald

Le site officiel : www.facebook.com/deathcodesociety