Le groupe
Biographie :

Death est un groupe de death metal originaire des États-Unis fondé en 1983 par Chuck Schuldiner. Le groupe est l'un des pionniers de ce genre musical, le terme même de "death metal" est souvent considéré comme une référence directe au groupe Death, même si le groupe de thrash Possessed enregistra dès 1984 un titre nommé "Death Metal". Chuck Schuldiner était plus que le leader de Death, il était Death et n'a jamais hésité à modifier la composition du groupe pour l'adapter à ses désirs musicaux. Les membres de Death n'ont donc que très rarement joué sur plusieurs albums et aucun n'a joué sur plus de deux. La mort de Chuck Schuldiner, le 13 Décembre 2001, des suites d'une tumeur au cerveau, a mis un terme définitif aux carrières de Death et de son autre projet, Control Denied.

Discographie :

1987 : "Scream Bloody Gore"
1988 : "Leprosy"
1990 : "Spiritual Healing"
1991 : "Human"
1992 : "Fate : The Best Of Death"
1993 : "Individual Thought Patterns"
1995 : "Symbolic"
1998 : "The Sound Of Perseverance"


Les chroniques


"Scream Bloody Gore"
Note : 15/20

Aujourd'hui, on va faire un petit tour à 88 miles à l'heure et remonter méchamment dans le passé, en 1987 pour être plus précis pour parler de la réédition du cultissime "Scream Bloody Gore" de Death.

Une fois de plus c'est Relapse qui sort cette réédition et comme pour les précédentes, c'est la version triple CD qui nous intéresse ici. Je ne vais pas vous faire l'affront de décrire l'album, tout bon métalleux qui se respecte le connaît par cœur. On parle quand même du premier album de Death là, d'une des plus importantes contributions au genre. Si vous ne l'avez encore jamais écouté, c'est un pan de votre culture musicale à compléter ne serait-ce que pour comprendre d'où viennent les représentants actuels du death metal. Et aussi parce que l'album est quand même très bon dans son genre, on est loin du Death qu'on connaîtra plus tard sur "Individual Thought Patterns" ou "Human" mais dans le genre death brut de décoffrage ça se pose là. C'est d'ailleurs pour ça que c'est l'unique album sur lequel apparaît Chris Reifert, furtur fondateur d'Autopsy et Abscess, puisque dès "Leprosy" ce dernier considérait que Death n'était plus assez gore et brut à son goût. Pour le reste et comme pour les précédentes rééditions, l'album a été remasterisé et le son est plus puissant et plus propre sans dénaturer pour autant la production d'origine, ce qui est là aussi une constante de ces rééditions Relapse. Et ça fait plaisir d'entendre que le son de ces albums est dépoussiéré dans les règles de l'art et permet d'entendre des choses qui étaient étouffées sur les versions d'origine. On est loin de certaines remasterisations qui gonflent le son de certains albums de façon artificielle et surtout totalement injustifiée.

Pour les bonus des deux CDs supplémentaires, je vais être franc, leur intérêt tient de l'archivage pur et simple. On retrouve principalement des versions démo des enregistrements de répétitions au son plus ou moins moisi forcément, des versions instrumentales, bref ce sont des collectors que les fans seront heureux d'entendre et d'avoir à leur disposition mais c'est tout. Je pense que la plupart des gens peuvent se contenter de l'album ou au pire de la version double, les morceaux du troisième CDsont les versions les plus dégueulasses au niveau du son et je ne pense pas que vous serez nombreux à les réécouter régulièrement. Une fois de plus, c'est un cadeau aux fans qui est fait ici et une façon de sortir tout ce qui était possible de sortir des archives, mais musicalement parlant l'intérêt est quelque peu limité.

Une nouvelle réédition efficace et respectueuse du matériau d'origine qui présente pas mal de bonus, dispensables certes, mais qui fait au moins l'effort d'en proposer contrairement à certaines rééditions totalement inutiles.


Murderworks
Septembre 2016




"Spiritual Healing"
Note : 15/20

De toutes les rééditions des albums de Death fournies ces derniers temps par Relapse il en manquait un qui était assez chiant à dégoter depuis un petit moment, à savoir "Spiritual Healing" qui a un peu le statut pour certains de vilain petit canard de la discographie de Death. Le voilà donc ressorti lui aussi dans une version double et triple CD blindée de bonus en tous genres.

"Spiritual Healing" est donc le troisième album du groupe et c'est justement ça qui fait qu'il est souvent un peu oublié, parce qu'il se place entre "Leprosy" et "Human". Autrement dit, il a le cul entre deux chaises, parce qu'on commence à sentir le côté prog et mélodique qui sera vraiment développé à partir de "Human", et on sent encore le côté très thrash death présent sur "Scream Bloody Gore" et "Leprosy". Sans considérer que l'album est mauvais, je sais que beaucoup le mettent de côté, parce que plus assez violent par rapport aux deux premiers mais pas assez technique et mélodique par rapport aux suivants. C'est dommage parce que pris sans le comparer au reste de la discographie, cet album est très bon, et peut être que cette réédition lui redonnera la place qu'il mérite. Parce que mine de rien, le fait que ce soit le seul à ne pas avoir été réédité depuis des lustres a dû jouer aussi, ceux qui ont découvert le groupe tardivement ont dû avoir un peu plus de mal à mettre la main dessus (au format physique, en MP3 c'est forcément plus simple mais bon...). En tout cas il y a vraiment pas mal de bonnes choses là dessus, on y trouve une ambiance poisseuse qu'on n'entendra plus vraiment chez Death après cet album, alors qu'à contrario les solis commencent à réellement devenir ce qu'on connaît tous de Chuck Schuldiner et qui atteint des sommets sur "Symbolic" (celui-là par contre est un chef d'oeuvre intemporel, et ce n'est pas négociable).

Mais bon, à part ceux qui ne connaissaient pas encore le groupe, tout le monde sait ce qu'est "Spiritual Healing", on va donc passer à ce que la réédition apporte de plus à l'album de base. Déjà comme d'habitude, le remastering est de rigueur, le son d'origine était déjà bon mais ça lui redonne un peu de clarté et de patate même si les puristes continueront à gueuler que ça aurait dû rester comme ça. On va passer rapidement sur l'édition 3 CDs, puisque le troisième disque contient un live enregistré à New York le 17 Mars 1990. Je ne dis pas par là qu'il ne présente aucun intérêt, mais juste qu'on connaît tous les morceaux et que par conséquent on va plutôt se pencher sur le deuxième CD. Comme pour les précédentes rééditions, on y retrouve des versions rehearsal des morceaux de l'album, sympa à entendre mais c'est pas le plus intéressant d'autant que le son est assez pourri (c'est un son de répèt' quoi). Un poil plus intéressant, on a aussi des version studio instrumentales là aussi comme sur les précédentes rééditions. On remarque que la batterie y est très en avant d'ailleurs, les guitares étant cachées tout au fond du mix.

Reste les trucs vraiment inédits, comme par exemple un morceau nommé "Satanic Jam" et qui doit dater sévèrement parce que le son est là aussi digne d'une répèt' et que Chuck Schuldiner hurle comme un damné sur un morceau parfois presque inaudible, en particulier quand ça blaste. On a aussi une "Primus Jam" sur laquelle, comme son nom l'indique, le groupe pète un cable et se prend pour Primus, bon ça a beau être Death c'est un peu du n'importe quoi là dessus. Et pour finir, on a 5 titres apparemment faits pour le fun, sous les noms "Jon A Qua : Take" 2, 3, 4, 5 et 6. Pas franchement indispensable, le chant y étant assez insupportable avec une espèce de voix heavy aiguë assez foirée. Bref, les bonus ne sont pas renversants pour cette fois, mais bon l'album était difficile à trouver, il a été remasterisé et ça fait quelques trucs en plus on va pas cracher dans la soupe.

Pour ceux qui comme moi ont déjà la version précédente cette réédition est inutile, le travail sur le son est sympa mais ne révolutionne pas la prod' d'origine et les bonus sont dispensables. Reste l'album qui lui vaut le coup et a passé l'épreuve du temps sans problèmes, comme le reste de l'oeuvre de Chcuk Schuldiner.


Murderworks
Février 2013




"Human"
Note : 19/20

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter Death, tout le monde est sensé connaître. Et ceux qui ne connaissent pas ont de toute façon déjà été fouettés en place publique, voire écartelés pour servir d’exemple. Par contre vous avez peut-être zappé que les albums du groupe sont réédités les uns après les autres en version double ou triple CD avec plein de morceaux bonus dessus. J’avais déjà parlé de la réédition de "Sound Of Perseverance" ici même, cette fois c’est au tour de "Human" de bénéficier du même traitement.

Pour ceux qui auraient oublié rien que le line-up présent sur l’album laisse rêveur et annonçait déjà le fait qu’on allait se prendre une belle baffe, mais jugez plutôt : Sean Reinert, Paul Masvidal et Steve Di Giorgio en plus de Chuck Schuldiner bien sûr. Et même si l’orientation plus mélodique et plus prog dans l’esprit était déjà perceptible sur son prédécesseur "Spiritual Healing", c’est bien avec "Human" que les choses sérieuses commencent à mes oreilles. Le son a chopé des couilles, la technique est encore plus maîtrisée (forcément vu les zicos qui jouent sur l’album) et la composition est elle aussi en constant progrès. L’alliage parfait de l’agressivité et de la mélodie le tout associé à des rythmes totalement tordus, souvent imité mais jamais égalé. Chuck Schuldiner n’est pas devenu une légende par hasard, il n’y avait que lui pour nous pondre ce genre de mélodies et aucun groupe ne ressemble totalement au sien.

Et puis rien que pour les classiques "Secret Face" et "Lack Of Comprehension" bordel, morceaux purement intemporels (comme un peu tout le reste mais bon) de vrais tubes extrêmes, du death à chanter sous la douche tellement ça accroche. Pas une seule note de l’album est à jeter, il y en a combien aujourd’hui des groupes qui peuvent se vanter d’avoir pondu ne serait-ce qu’un album proche de la perfection ? Pas beaucoup hein, ouais c’est bien ce que je me disais aussi. Bon ok il ne dure que 34 minutes, mais j’en connais une paire qui se sont viandé en beauté sur la même durée. Le talent du monsieur n’est plus à prouver, il suffit de toute façon de jeter ne serait-ce qu’une oreille sur sa musique pour que ça vous saute à la gueule, illumination directe.

Quand j’entends tous ces groupes qui tartinent leurs compos de branlette technico-chiante j’ai envie de leur dire de réviser leurs classiques, là aussi c’est technique et complexe mais c’est accrocheur et on ne s’emmerde pas une micro seconde. Et le premier petit jeune qui me sort que c’est dépassé ou démodé il se prend une calotte carabinée derrière les oreilles, toute une éducation à refaire ceux là. Mais bon je vois mal comment on pourrait trouver un album pareil dépassé, c’est pas compliqué il était déjà en avance sur son temps à l’époque et je suis presque tenté de dire qu’il l’est encore.

Et comme Relapse a pensé aux fans ils ont blindé l’album de bonus de la même trempe que ceux présents sur la réédition de "Sound Of Perseverance", à savoir de multiples versions démos, répétitions, versions incomplètes avec seulement la basse et la batterie etc… Mais aussi la reprise de Kiss "God Of Thunder" initialement parue sur la version Japonaise de l’album, et comme pour "Sound Of Perseverance" un petit remix et remastering des familles qui font là aussi parfaitement ressortir tous les instruments. On profite de la galette avec une qualité optimale, pas une note ne nous échappe, ce qui risque d’ailleurs de démoraliser encore plus tous les apprentis musiciens.

La seule conclusion possible est très simple : vous l’avez et vous êtes un die hard fan qui veut tout sur Death et vous serez comblé. Ou vous ne l’avez pas encore et là c’est une occasion en or, foncez dessus vous ne le regretterez pas puisqu’au pire il y a une version double CD si certains trucs ne vous tentent pas et que le prix vous rebute.


Murderworks
Août 2011




"The Sound Of Perseverance"
Note : 18/20

Quel métalleux sur cette planète n'a pas été bercé par les album de Death, qui ne s'est pas pris une gifle en entendant les "Human", "Individual Thought Patterns", l'énorme "Symbolic" ou l'ultime "The Sound Of Perseverance" ? Il y a-t-il seulement un chevelu qui oserait dire que Chuck Schuldiner n'a pas eu une influence incroyable sur tout la scène metal ? Malgré le fait que certains reprennent certains ingrédients de sa musique pour perpétuer la mémoire du génie, il est contestable que ce groupe manque à beaucoup de monde.

Alors bien sûr Chuck Schuldiner avait déjà prévu que "The Sound Of Perseverance" serait le dernier album de Death, puisque Control Denied était devenu sa priorité. Mais si cette saleté de crabe ne l'avait pas emporté, on serait en train de se délecter de ses nouvelles œuvres. Heureusement que l'immense discographie du groupe est encore là, et c'est d'ailleurs "The Sound Of Perseverance" à qui Relapse fait l'honneur d'une réédition en triple CD. On sait que Death n'était pas le genre de groupes dont le grenier regorgeait de titres inédits jamais sortis, alors on est légitimement en droit de se demander ce qu'on va trouver sur ces trois galettes.

Déjà l'album, forcément, dans une version remasterisée toute neuve. Mais surtout pour les gros fans collectionneurs qui veulent vraiment tout entendre, on trouve sur les deux CDs suivants des versions démos de la plupart des titres de l'album. Les plus anciennes datent de 1996, soit deux ans avant la sortie de l'album (putain déjà !) et même si la plupart d'entre elles ne se différencient pas de façon flagrante des versions définitives on note quand même quelques surprises. En particulier des versions de "Bite The Pain" et "A Moment Of Clarity" avec Paul Payne au chant ou "Bite The Pain" encore mais cette fois avec Shannon Hamm au chant.

C'est déjà surprenant d'entendre ces versions avec du chant clair, musicalement c'est quasiment identique à la version de l'album. Mais le plus surprenant reste d'entendre des versions démos de ces morceaux avec Chuck Schuldiner au chant, dont certains passages eux aussi en voix claire. Les autres titres sont des versions instrumentales qui ne connaissent elles non plus pas de gros changements. Mais tout ça est plaisant à entendre, rien que pour la valeur historique de la chose et pour entendre des voix différentes sur des morceaux qu'on connaît depuis longtemps par cœur.

Et puis surtout il reste l'album, qui n'a toujours pas pris une ride en 2011. Toujours cet alliage d'agressivité et de mélodies de toute beauté, ces soli de guitares techniquement impressionnants tout en étant purement magnifiques. Tout le génie de Death contenu dans une galette qui m'avait mis une claque à l'époque et qui a recommencé l'exploit aujourd'hui. Le son a été retouché, remastering oblige et l'impression dominante est que tous les détails semblent mieux ressortir que sur l'ancienne version. J'ai l'impression que le moindre coup de cymbale est parfaitement audible, pour le plus grand bonheur de tous les batteurs puisque Richard Christy s'en donnait à cœur joie sur cet album.

Les apprentis guitaristes ont dû pleurer d'ailleurs à la sortie de "The Sound Of Perseverance", Chuck Schuldiner montre tout son talent. Peut-être même plus encore que sur les autres albums du groupe, sur lesquels il y avait pourtant déjà de quoi se mettre au triangle. Là c'est de la folie chez tous les musiciens, sur tous les morceaux, partout, tout le temps. Essayez de bosser les soli de guitares, juste histoire de voir ce que vous êtes capables d'encaisser avant de fracasser votre guitare contre le mur et de balancer l'ampli par la fenêtre.

Je terminerai en disant que l'achat n'est pas indispensable pour les personnes qui possèdent déjà l'album dans sa version d'origine, à moins d'être un fan acharné et de vouloir tous les enregistrements disponibles. Mais pour ceux qui seraient passés à côté à l'époque l'achat est obligatoire, d'ailleurs je ne sais même pas ce que vous faites encore ici à me lire. Vous devriez déjà avoir le CD dans les mains, voire même encore mieux dans le lecteur de la chaîne. Et si vos oreilles sont encore en bon état et que vous vous demandez d'où vient cette admiration que la plupart des métalleux montrent à Death, vous devriez comprendre pourquoi à la fin de l'album.


Murderworks
Avril 2011


Conclusion
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