Le groupe
Biographie :

Dawohl a été fondé en 2009 par Maxime Guillemain (chant), dans l’optique de créer une musique implacable, complétée par une approche conceptuelle, fouillée. Après une longue et minutieuse prospection, D.J. puis R.J.Apathy sont venus épaissir les rangs de Dawohl, aux postes de guitaristes, suivis par M.M. à la basse. Les paroles dépeignent une dystopie basée sur un amoralisme et une rationalité poussés à leur paroxysme, une société eugénique et totalitaire. Le tout étant influencé par des œuvres d’anticipation comme "Le meilleur des mondes" d’Aldous Huxley, "1984" de George Orwel, mais également par la philosophie avec "Le Prince" de Nicolas Machiavel, les travaux de Platon etc… et plus généralement par l’empire romain. Le groupe sort un premier EP, "Potestas.Ratio.Iustitia", épaulé par Kevin Foley (Benighted, Mumakil, Disavowed) à la batterie, en Juin 2014 chez Trendkill Recordings. Huit ans plus tard, Dawohl s'arme de Eloi Nicod et Florian Delbart aux guitares, et de Thomas Hennequin à la batterie, pour sortir son premier album, "Leviathan", en Avril 2022 chez Dolorem Records.

Discographie :

2014 : "Potestas.Ratio.Iustitia" (EP)
2022 : "Leviathan"


Les chroniques


"Leviathan"
Note : 17/20

On ne pensait plus entendre de nouvelles de la part de Dawohl qui avait sorti un très bon et très brutal EP en 2014 avec "Potestas.Ratio.Iustitia" mais on a parfois de bonnes surprises puisqu'après un changement de line-up qui voit Maxime Guillemain, seul membre d'origine, se faire entourer d'Eloi Nicod, Florian Delbart et Thomas Hennequin que vous avez déjà entendus respectivement chez The Scalar Process, Osodesma et Merrimack par exemple. Le groupe est donc de retour avec un album du nom de "Leviathan" qui garde un côté très compact puisqu'il ne dépasse pas les vingt-neuf minutes !

Et dans tout ça il faut compter une reprise très fidèle du "I Vomit This World" de Mercyless, ce qui nous laisse tout de même six nouveaux morceaux si on enlève aussi l'introduction. Pour ceux qui seraient passés à côté de "Potestas.Ratio.Iustitia", déjà allez rattraper le retard parce que c'est du bon. Ensuite, rappelons que le groupe évolutait dans un death metal très brutal qui évoquait l'état d'esprit jusqu'au-boutiste du "Conquering The Throne" de Hate Eternal. Quelque chose de brutal en permanence ou presque avec un déluge de blasts qui n'en finit pas et une volonté d'écraser toute résistance sans laisser le temps à qui que ce soit de respirer. Une fois l'introduction passée, qui soit dit en passant s'appelle "Canticum Belli" comme celle du EP mais n'est pas la même musicalement, c'est "Statolatria" qui fait les présentation et on en prend déjà plein la gueule à gros coups de blasts avec tout de même des passages mid-tempo, ce qui, pour le coup, aère un peu la musique de Dawohl. Mais bon, au lieu de nous démonter par la violence, le groupe choisit de temps en temps de nous broyer les vertèbres avec des riffs écrasants, ça ne change rien au résultat final. D'autant que la brutalité se fait tout de même une bonne place sur ces six premières minutes, on sent d'ailleurs encore ce petit feeling Hate Eternal de temps en temps et quand les blasts ne sont pas en train de vous ramoner les tympans, ce sont les tapis de double grosse caisse qui s'en chargent. Ou les riffs bien vicelars et teigneux qui ne se privent pas de tailler dans le gras ou de poser une ambiance bien malsaine, comme sur la fin de "Statolatrai" justement.

J'en entends déjà qui se disent : "Quoi ? De l'air chez Dawohl ? On nous aurait menti ?", ne vous inquiétez pas, ce premier morceau était une feinte et la brutalité débridée revient dès "Institutionalized Hatred". On retrouve du coup un plaisir masochiste le Dawohl que le précédent EP nous avait déjà permis d'apprécier, celui qui balance un death brutal sans pitié qui nous blaste la tronche sans répit ou presque. Une fois de plus, la production est puissante, le son est gros, organique et propre et on entend parfaitement le moindre détail de ces huit morceaux, ce qui n'est pas un mince exploit vu le bordel que fait le groupe, même la basse se fait entendre ! Certains pourront se dire que pas tout à fait vingt-neuf minutes ça fait un peu court mais rappelez vous la durée des premiers Deicide, ça reste dans la tradition. Et de toute façon, "Leviathan" est tellement brutal que cette durée suffit largement pour mettre tout le monde sur les rotules. L'impact est garanti et ce premier album ne souffre d'aucun passage à vide tant le groupe a décidé d'épurer au maximum et de ne garder que ce frappait le plus fort. La reprise de Mercyless (dont les derniers albums ne sont pourtant pas vraiment portés sur le romantisme gothique) qui clôt l'album passe presque pour une ballade, c'est vous dire à quel point Dawohl est bourrin ! Entre temps "Telos – Immanent Orthogenesis" aura glissé une nouvelle fois quelques passages plus lourds mais l'ensemble reste tellement brutal que ce n'est pas la peine d'espérer avoir le temps de souffler pour autant. Et de toute façon, "Macro Apoptosis" remet les pendules à l'heure juste derrière avec un tir d'artillerie ininterompu.

On retrouve donc un Dawohl en pleine forme sur "Leviathan" avec un death metal toujours aussi brutal et sans pitié. Le jour où ce truc monte ou remonte sur scène, ça va laisser des cratères et des blessés dans les salles ! On espère simplement que l'on n'aura pas à attendre aussi longtemps pour se reprendre une série de calottes la prochaine fois.


Murderworks
Mai 2022




"Potestas.Ratio.Iustitia"
Note : 14/20

Kevin Foley a posé ses couilles dans tous les sens du terme dans cet EP, que ce soit sur le siège du drum kit en tant que batteur session, ainsi qu’en donnant tout ce qu’il a pour la création de cette violence sonore. Fin de parenthèse sur notre marteleur irlandais préféré.

Etant donné que ce batteur ne fait pas encore dans le jazz mais plutôt dans le violent, voire le très violent, il s’agira pour cet EP de Dawohl de death metal brutal. 5 titres pour se faire une idée, enfin que 4 titres, car il y en a un qui n’est autre qu’une intro, complètement dispensable (remplissage ?), je vois pas pourquoi foutre une intro sur un EP mais bon.

Je vais commencer par la production de "Potestas.Ratio.Iustitia". Elle soutient parfaitement les compos et met en valeur chacun des instruments, sa tenue de route est irréprochable dans les parties extrêmes, car tout reste audible au plus haut point. "Decimare" attaque dans le gras du bide à grands coups de glaive, le sang coule déjà à flot dès les premières secondes, Dawohl ne s’encombre pas de grosses parties techniques sur ce titre d’ouverture, il veut simplement frapper fort et bruyamment. Après une grosse minute, le break arrive, la double grosse caisse parfaitement mixée me fait vibrer le corps. La compo est bonne ! Bien sûr, c’est un premier EP, l’identité du groupe n’est qu’au stade embryonnaire, cependant la volonté de bien faire est là. "Deus Ex Machina" dépoussière dans les coins, la compo est un chouïa plus calme, ce n’est pas significatif mais bienvenu, car à poutrer sans fin, on termine avec un tas de ruines autour de soi. Cette seconde compo, grâce à ses breaks, donne une dimension très intéressante sur les possibilités qu’a Dawohl à proposer une violence complétement différente de celle qui consiste à jouer à fond la caisse. Le groupe a bien compris que la violence n’est pas forcément synonyme de vitesse, enfin pas toujours. Très bon morceau, prometteur. A noter que le chant correspond parfaitement à la musique, il n’est pas trop guttural et donc bien plus agressif qu’un chant simplement basé sur les growls. Les deux compos restantes de "Potestas.Ratio.Iustitia" restent très sensiblement dans la même veine que ce que j’ai entendu précédemment. Alors au final, je dirais que le groupe n’est pas là, du moins avec cet EP, pour apporter une touche nouvelle au style death metal brutal, il vient juste tâter le terrain avec quelques arguments de poids dans sa besace.

Je n’ai pas de grosses critiques à faire car rien ne m’a vraiment choqué ni sauté aux oreilles sur cet EP. Le groupe a du potentiel à exploiter, notamment dans ses parties plus lourdes, qui sont vraiment excellentes. Après ça, le plus dur reste à faire : affiner son style, trouver le son et les compos qui rendront Dawohl incontournable dans le paysage de l’extrême. Le groupe possède tout ce qu’il faut pour bien avancer, à lui de bien utiliser son potentiel.


Davidnonoise
Septembre 2014


Conclusion
L'interview : Maxime

Le site officiel : www.facebook.com/dawohlband