Aujourd'hui (ainsi que dans mes deux chroniques à venir), on se penche sur les dernières sorties du catalogue de Bad Reputation. C'est sur des guitares bien saturées, un bon gros roulement de batterie et un hurlement primaire que démarre, à toute berzingue semble-t-il, ce "Revenge". Quelques secondes plus tard, on se dit que lorsque le label a classé cette sortie dans la case "classic hard rock", il n'avait que trop raison. Ne perdons pas de temps à parler influences (d'ailleurs, celui ou celle qui me trouve une interview où Nitzinger dévoile les siennes, je lui paie une bière). Pour résumer, imaginez ce qu'il y a de plus classique en matière de hard rock pour la lead guitar, et ce qui se fait de plus classique en matière de blues pour la solo ; vous aurez une idée assez précise de comment ça sonne. On acquiert assez vite cette sensation, rassurante et ennuyeuse à la fois, d'avoir entendu ce genre d'albums un million de fois. Malgré la voix toujours puissante de Dave Evans, malgré un Nitzinger qui maîtrise indéniablement son sujet, en toute humilité, enchaînant les solos intéressants sans tomber dans la démonstration, la première moitié de cet album n'est que par trop cohérente. Côté rythmique, on reste dans le mid tempo ; côté interprétation, chaque texte est chanté grosso modo sur le même ton.
Il faut à mon sens attendre la sixième track, "Where She Goes I Go", pour sentir l'émotion poindre dans cette linéarité. Dans une ambiance de quart d'heure américain ou de strip club enfumé, Evans égrène dans cette balade un superbe cri d'amour qui énervera peut-être les garçons mais charmera probablement les demoiselles. Vient ensuite The night we drank the stars, grandiloquente, aux airs d'opera rock sombre. Enfin, on n'échappera bien sûr pas aux thèmes imposés du genre, avec des textes qui parlent de prendre sa femme, ses chiens et de rentrer au pays ("Going Back To Texas") et d'être constamment bourré (le festif "Stay Drunk").
Quoi qu'il en soit, les dix titres de cet album s'enchaînent sans heurts et vers la troisième ou quatrième écoute, on prend vraiment en sympathie ces deux comparses qui ont osé l'exercice périlleux de remettre le couvert du haut de leurs soixante printemps, en toute sincérité et avec le bon esprit.
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