Le groupe
Biographie :

Dark Funeral est un groupe de black metal suédois. Le groupe a été fondé en 1993 par les guitaristes Lord Ahriman et Blackmoon à Stockholm. Ils sont alors rapidement rejoints par le batteur Draugen et le chanteur / bassiste Themgoroth. Dark Funeral fait partie des premiers groupes de la seconde vague de black metal et également un des premiers groupes de black metal suédois (précédés par leurs compères de Marduk), les groupes de black metal de la première vague étant en grande majorité norvégiens. L'année suivant la création du groupe, Dark Funeral sort sa première production, un EP portant le nom du groupe. Elle a été enregistrée au Uni-Sound Studio en Janvier 1994. Cette première production montre déjà le style du groupe, qui va être confirmé par la sortie de leur premier album studio, "The Secrets Of The Black Arts", chez No Fashion Records. Après le départ du chanteur / bassiste Themgoroth, c'est le vocaliste Emperor Magus Caligula qui le remplacera dans la formation, il reprendra également son rôle de bassiste. En 1998, Dark Funeral sort son deuxième album studio, "Vobiscum Satanas", enregistré au Abyss Studio. En 2000, le groupe enregistre avec Tommy Tägtgren un EP de reprises, "Teach Children To Worship Satan", avec des reprises des groupes Slayer, Mayhem, Sodom et King Diamond. L'année suivante, le groupe sort son troisième album studio, "Diabolis Interium". En 2005, le groupe sort son quatrième album studio, "Attera Totus Sanctus" chez Regain Records. En Juin 2007, Dominator remplace Matte Modin à la batterie. En Novembre 2009, le groupe sort un cinquième album studio intitulé "Angelus Exuro Pro Eternus". En Juillet 2010, Emperor Magus Caligula quitte le groupe, il sera remplacé en 2014 par Heljarmadr. Le sixième album, "Where Shadows Forever Reign", sort chez Century Media en Juin 2016. Adra-Melek (basse) et Jalomaah (batterie) intègrent le groupe en 2018. Six ans plus tard, "We Are The Apocalypse" sort en Mars 2022.

Discographie :

1994 : "Dark Funeral" (EP)
1996 : "The Secrets Of The Black Arts"
1998 : "Vobiscum Satanas"
2000 : "Teach Children To Worship Satan (EP)
2001 : "Diabolis Interium"
2005 : "Attera Totus Sanctus"
2009 : "Angelus Exuro Pro Eternus"
2016 : "Where Shadows Forever Reign"
2022 : "We Are The Apocalypse"


Les chroniques


"We Are The Apocalypse"
Note : 16/20

Cela fait déjà six ans que "Where Shadows Forever Reign" est sorti, il était donc temps que les maîtres dans l'art de faire dans la dentelle de Dark Funeral reviennent avec un nouvel album, c'est donc chose faite avec "We Are The Apocalypse". On retrouve les teintes froides et bleutées de la pochette qui renvoient évidemment à celle de "The Secrets Of The Black Arts" et de "Where Shadows Forever Reign" et le micro est toujours tenu par Heljarmadr.

Que ceux qui ont été refroidis par le tempo lourd et lent de "Let The Devil In" dévoilé avant la sortie de l'album se rassurent, Dark Funeral n'a évidemment pas changé son fusil d'épaule et reste toujours aussi brutal. Comme sur le précédent album, on retrouve un black metal un peu plus aéré et donc un peu plus proche en cela de "The Secrets Of The Black Arts", puisque dès "Vobiscum Satanas" le groupe a eu tendance à balancer des blasts de manière presque continue aux allures de barrage d'artillerie. Cela dit, le groupe reste très brutal comme dit plus haut et "Nightfall" qui ouvre l'album ne laisse planer aucun doute sur le sujet en nous attaquant d'entrée de jeu avec des blasts qui partent à une vitesse impressionnante et bourrent pendant la quasi totalité du morceau pour un black metal violent et froid dans la grande tradition Dark Funeral. Les mélodies sont toujours aussi glaciales et ce premier morceau se montre peut-être même un peu plus sombre et malsain que ce que propose habituellement le groupe. On reste en tout cas sur un black metal glacial à la violence impitoyable sans le moindre compromis et on comprend bien vite que les années qui séparent ce nouvel album de son prédécesseur n'ont pas servi à calmer le jeu. Si Dominator a laissé sa place à la batterie à Jalomaah, n'allez pas croire que cela a changé quoi que ce soit, le bougre blaste comme si sa vie en dépendait et quand il ne mitraille pas sa caisse claire comme un forcené, c'est pour nous balancer des tapis de double grosse caisse tout aussi meurtriers. Dark Funeral fait du Dark Funeral et c'est exactement ce que l'on est venu chercher donc on ne va pas s'en plaindre, je doute de toute façon que qui que ce soit vienne chercher une quelconque surprise par ici.

Le groupe a toujours été fidèle à son crédo et ce n'est pas demain que cela va changer, on vient justement pour ça et "We Are The Apocalypse" a tout ce qu'il faut pour faire le quota de dégâts. On retrouve des ambiances plus glauques, plus froides et plus proches en cela du black metal des origines là où des albums comme "Vobiscum Satanas" plaçaient parfois une certaine mélancolie dans les mélodies qui tranchaient avec la brutalité ambiante. Sur ce nouvel album, tout est brutal et froid, même sur les passages les moins virulents les mélodies se chargent de plomber l'ambiance en glissant une noirceur insidieuse à chaque lead. Pour le reste, les habitués de la maison retrouveront bien vite leurs marques, Dark Funeral reste lui-même et encore une fois ne vous basez pas sur "Let The Devil In" pour vous faire une idée de l'album. Le groupe est un peu taquin et a volontairement mis en avant un des deux seuls morceaux avec "When I'm Gone" qui se démarquent autant du reste pour faire une petite feinte. Même "Nosferatu" essaie de nous faire croire pendant quelques secondes que le groupe va lever le pied avant de nous ressortir les bons vieux blasts énervés. On y entend tout de même quelques passages plus lourds qui enrichissent une ambiance là encore froide et sombre comme le veut la tradition, mais le reste du morceau est un matraquage en règle comme Dark Funeral a toujours su le faire. "When I'm Gone" est le deuxième morceau lourd et lent de l'album avec près de six minutes froides et écrasantes avant que "Beyond The Grave" ne remette les pendules à l'heure. La production fait entendre une batterie un peu plus sèche et le tout prend là aussi un aspect assez froid qui colle bien à la brutalité glaciale de l'ensemble.

Dark Funeral nous balance donc un black metal brutal, froid et implacable comme il sait si bien le faire et en dehors d'une ambiance générale un peu plus sombre et glaciale, on retrouve la formule habituelle. C'est toujours aussi brutal et si le groupe nous laisse quelques passages pour respirer et ralentir un peu le rythme, "We Are The Apocalypse" porte tout de même très bien son nom et démonte tout sur son passage. Pas de surprises certes mais une efficacité redoutable pour un nouvel album qui peut trôner fièrement aux côtés de ses prédécesseurs.


Murderworks
Mars 2022




"Where Shadows Forever Reign"
Note : 15/20

Aaaaah, Dark Funeral. Un groupe suédois de black metal qu’on ne présente plus. Je suis certaine que même ceux d’entre vous qui n’ont jamais écouté Dark Funeral les connaissent néanmoins de nom. Et pourquoi ? Parce qu’ils représentent le stéréotype même du black metal. Scandinaves, tellement adeptes du corpsepaint outrancier que trois bouteilles de dissolvant ne doivent plus suffir backstage pour tout retirer, et porteurs d’armures tagguées de pentacles en tout genre. Leurs premiers albums se défendent sans souci, mais pour ce qui est des productions les plus récentes... Je vais être honnête : quand j’ai commencé le black metal, Dark Funeral j’adorais. Je trouvais ça foutrement badass. Et au fil du temps, ce groupe a commencé à me lasser. J’ai suivi d’un oeil hagard leurs changements de line-up. Je sais donc que le chanteur a été remplacé. Mais la tête pensante du groupe est, et a toujours été Lord Ahriman. Je doute donc que ces changements de line-up aient profondément bouleversé l’empreinte artistique du groupe.

L’album s’ouvre donc sur "Unchain My Soul". Première introduction avec le nouveau chanteur. Bon, me voilà soulagée, Heljarmadr n’a pas la voix d’un petit ourson. Je dirais même que sa signature vocale fonctionne extrêmement bien avec la musique de Dark Funeral. Un choix de qualité en définitive. Je suis d’ailleurs assez étonnée de la qualité de ce premier morceau. Je partais avec pas mal d’aprioris négatifs et pour le moment, je suis en tort. Suit "As One We Shall Conquer" qui ne m’enthousiasme pas autant. J’y ai retrouvé un côté assez générique, un des défauts que je trouve souvent chez les Suédois. "Beast Above Man" est une suite logique à ce dernier titre. Je retrouve mon enthousiasme avec "As I Ascend" qui présente une écoute un peu plus profonde et une atmosphère bien plus travaillée à mon sens. Il y a même un petit côté atmosphérique assez inattendu pour Dark Funeral. Les vocaux deviennent d’ailleurs plus intenses, et on sent une certaine intensité dans le phrasé. Un peu comme si un opossum venait d’élire domicile dans votre jardin, et le retournait littéralement alors que vous contempliez la scène avec désespoir. Une bonne surprise.

Je me souviens d’avoir écouté le titre suivant, "Temple of Ahriman", quand il avait été partagé sur Facebook, il y a de cela quelques mois. A l’époque, le morceau m’avait peu marquée je dois bien l’avouer. Je dois néanmoins souligner le travail sur les rifs, qui n’a franchement pas de quoi rougir. Le morceau suivant est probablement le meilleur de l’album. Avec "The Eternal Eclipse", j’ai eu l’impression que Dark Funeral avait enfin atteint le sommet de son art. Un peu à l’image de quelqu’un qui réussit enfin à former cette virgule parfaite sur sa brosse à dents avec du dentifrice après des années d’essais infructueux nourris par des publicités mensongères. Mais clairement si vous êtes comme moi et doutez de Dark Funeral, ce titre est celui à écouter pour se faire une idée réaliste d’où se trouve le groupe suédois en ce moment. Suit "To Carve Another Wound" qui n’atteint hélas pas le niveau du titre précédent. Mais c’était sans surprise. On retourne à un black efficace mais plus basique et moins intense. Je reste tout de même enchantée du travail du nouveau vocaliste. Je ne m’attendais pas à ça, et j’ai l’impression que Dark Funeral s’est trouvé la perle rare, LE vocaliste qui correspond à leur identité musicale. Un peu la goyave égarée dans le bac à raisin.

Nous nous approchons déjà du final avec "Nail Them To The Cross". Le titre représente l’esprit même de Dark Funeral, en révèle l’expression la plus brute : l’anti-christianisme. Mais encore une fois, il fallait s’en douter, rien de bien neuf sous le soleil. Les Suédois ont développé tout leur concept autour de ce thème précis. Mais ce titre est plutôt amusant en définitive, et totalement survolté. J’ai l’impression que tous les musiciens ont fait un détour par la cafetière avant de composer ce titre. Il est vraiment plus fun que ce que propose en règle générale Dark Funeral. Et on en termine avec "Where Shadows Forever Reign" qui est un titre vraiment sympathique. Le final de l’album est donc la partie la plus intéressante de l’album. Les Suédois ont gardé le meilleur pour la fin. C’est un peu comme la fin d’un Erasmus où tout prend un aspect disproportionné.

En conclusion, je suis agréablement surprise par ce nouvel album de Dark Funeral. Je n’en attendais pas grand-chose, il faut bien l’avouer mais le groupe a su me convaincre. Je trouve cet album abouti et agréable. Bien entendu, il faut supporter tout le côté théâtral du groupe. Je me demande franchement s’ils n’ont pas un espèce de temple satanique en polystyrène dans leur studio pour leur donner de l’inspiration. Quoi qu’il en soit, le défi a été largement relevé. J’en reste moi-même sur le cul.


Velgbortlivet
Juin 2016


Conclusion
Le site officiel : www.darkfuneral.se