Les machines grondent, presque inoffensives. La voix rauque rompt ce bourdonnement pour apporter une mélodie pesante, oppressante, de la même manière que le feront guitares et batterie un peu plus loin. Le tout se joue d’une nonchalance destructrice, c’est "La Source", le premier morceau de "Un Passé Aride", dernier album des Parisiens de Danishmendt. Dans une parfaite continuité "Lumpen Héros" poursuit la symphonie avec un duo batterie / machine explosant en une fureur mécanique et électrique, comme un colosse ravageant tout sur son chemin, y compris nous, surtout nous. "Chutes / Vertiges Et Vestiges", le titre suivant, qui malgré son titre, ne vous laissera pas retomber, ne vous lâchera pas une seconde, jusqu’à vous épuiser. Une fois encore, le texte, comme pour tous les autres morceaux de cet opus, est très travaillé, en une prose mélancolique crue dont chacun pourra apprécier la justesse de l’écriture. L’épopée se veut bouleverser par l’arrivée de "Révélations" qui profite d’une énergie différente pour nous transporter dans un autre univers. La machinerie gronde à nouveau sur "Das Boot" qui pourrait être une longue introduction de "Une Houle D’un Siècle", un titre lent, pesant mais dans la lignée de ce que le groupe a déjà proposé auparavant. On s’envole de nouveau avec "Refuge", un crescendo d’intensité bien maitrisé. L’album s’achève sur "Credo" qui est probablement un des meilleurs titres de cette galette grâce à sa diversité. Un choix judicieux pour conclure cet opus. Danishmendt c’est tout un univers qui s’installe dès les premières minutes. Un univers sombre, dramatique. Une tourmente dont on se défait seulement quand le CD cesse de tourner. L’album octroie ainsi tout son sens au travail de Yves Marrochi concernant les photos. Un album complexe dans ses émotions et qui ne laissera personne indemne.