Le groupe
Biographie :

Damnation Plan est un groupe de groove metal mélodique et progressif finlandais formé en 2004 et actuellement composé de : Jarkko Lunnas (batterie / ex-Moonscape), Antti Lauri (guitare / Whorion, ex-Kuria, ex-Causemos), Kalle Niininen (guitare / Enthrope), Jaakko Nikko (basse / Essence Of Sorrow, Reversion, The Circle, ex-Verona Septima, Noisewater, True Cult Club, ex-Grand Conspiracy, ex-Ahma) et Asim Searah (chant / The Circle, ex-Selfblind, True Cult Club, ex-Cantilena, ex-Kiuas, ex-The Nibiruan, ex-Killer Kachina). Le premier album, "The Wakening", est sorti en Mars 2013 chez Coroner Records. Le deuxième album, "Reality Illusion", sort en autoproduction en Mars 2017. "The New Horizon" sort en Septembre 2023 chez Inverse Records.

Discographie :

2013 : "The Wakening"
2017 : "Reality Illusion"
2023 : "The New Horizon"


Les chroniques


"Reality Illusion"
Note : 15/20

Cela faisait un petit moment que Damnation Plan n'avait pas fait entendre du neuf puisque "Reality Illusion", son deuxième album, est sorti en 2017, il était donc temps que le groupe revienne avec "The New Horizon". Un nouvel album bien plus concis que ses deux prédécesseurs puisqu'il atteint à peine les trente-trois minutes ! Avec le départ d'un de ses deux chanteurs, le groupe s'est focalisé cette fois sur le chant clair et ce fait associé à la courte durée de l'album risque de rendre son metal progressif moderne d'autant plus efficace.

L'alternance de chant clair et de growls en plus d'un mélange de metal progressif puissant et mélodique pouvait par le passé rappeler dans une certaine mesure Mercenary et Scar Symmetry. La nouvelle approche avec uniquement du chant clair change donc un peu la donne et amène une nouvelle facette à la musique du groupe. C'est le morceau-titre qui ouvre le bal et on part sur quelque chose de plus mid-tempo, de moins énergique avec un metal progressif clairement porté sur les ambiances et quelques orchestrations. Cela reste tout de même très accrocheur même si l'ambiance se fait plus sombre et pesante, "Dreamdead" en est un bon exemple avec tout de même quelques riffs plus durs et un tempo parfois un poil plus énergique. On se rapproche par moments d'Evergrey ou d'Epysode sur ce deuxième morceau et le groupe en profite pour sortir quelques riffs plus agressifs ou plus puissants. L'ensemble reste quand même mid-tempo là aussi et Damnation Plan confirme qu'il s'est clairement orienté vers quelque chose d'un peu moins direct.

"Under The Veil Of Sea" amène lui aussi un peu plus d'agressivité avec une petite dose de double grosse caisse et un petit feeling Evergrey là aussi. Comme d'habitude, l'ensemble reste très efficace et si l'accent est mis sur les ambiances, cela n'empêche pas le groupe de garder son sens de la mélodie qui accroche immédiatement et reste en tête. "The New Horizon" est aussi efficace que ses grands frères malgré un côté un peu moins direct et sa durée compacte lui assure un certain impact. Ce n'est certes pas ce que l'on a entendu de plus original mais ça fait le boulot et ce troisième album balance son lot de mélodies qui tuent et de riffs puissants. Cette orientation plus mid-tempo confère quand même une petite personnalité à part au groupe qui en profite pour développer des ambiances plus sombres que sur ses deux précédents albums. Pour ce qui est de la production, pas de soucis, ça sonne toujours aussi gros et puissant avec un son bien clair, typique de ce qu'on peut entendre dans ce style.

"The New Horizon" ne réinvente donc pas la poudre mais développe quand même une petite patte plus pesante avec une approche plus sombre et moins directe. On garde tout de même les mélodies accrocheuses mais Damnation Plan profite du fait de n'avoir plus que du chant clair pour modifier un peu sa façon de pratiquer le metal progressif.


Murderworks
Novembre 2023




"Reality Illusion"
Note : 11/20

Un vague visage holographique qui semble s'éparpiller en éclats ; voici ce que représente la pochette de cet album intitulé "Reality Illusion". Un titre philosophique invite à remettre en cause tout ce qui semble acquis pour vrai et à aller fouiller derrières les vérités de façade qu'on nous expose à longueur de journée. L'album est composé de douze titres, dont une introduction, pour une durée totale de cinquante six minutes.

Comme je le disais, l'album démarre par une introduction instrumentale d'une minute qui monte en puissance pour enchaîner directement sur le premier morceau intitulé "Beyond These Walls". L'aspect ultra lourd et syncopé de la batterie et des guitares sur lesquelles viennent se poser des nappes de clavier futuristes et un chant hurlé, donne à l'ensemble un aspect deathcore ou deathprog très moderne. Ce côté très brutal et saccadé va être contrebalancé par un aspect plus heavy avec l'intervention du chant clair et d'un solo très mélodique. Le mélange des genres paraît intéressant et semble augurer un album assez riche en termes d'univers musical. De plus, la production sonore est vraiment puissante et très soignée, même si elle sonne un peu trop moderne à mon goût (mon dieu, même pas trente ans et je commence à avoir des réflexions de vieux con !). Toujours dans le même style, mais avec une touche plus orientale, le morceau suivant offre plus de place au chant clair. L'ensemble est assez sympa et on note un gros travail au niveau de la batterie pour apporter quelque chose de rythmiquement varié tout en restant très efficace. Ce n'est qu'avec le titre d'après, "Rise Of The Messenger", que le gros défaut de l'album va définitivement se faire sentir. En effet, plus on avance dans le morceau et plus le chant clair, harmonisé à outrance et très en avant dans le mixage, apparaît vraiment insupportable ! Plus on a envie qu'il s'arrête, plus il semble vouloir continuer de plus belle ! A partir de là et sur tout le reste de l'album, on ne pourra se défaire de la sensation qu'il n'intervient que pour gâcher les morceaux. On aura, heureusement, droit à de petites respirations avec les deux petits interludes, "The Empowerment" et "A Chapter In Greed". Il sera aussi beaucoup moins exaspérant sur la semi-ballade "Maze Of Despair" dans laquelle il dénote moins avec le reste et semble bien plus à propos. Un morceau qui n'a vraiment rien d’exceptionnel mais qui à l'avantage d'être cohérent avec ce type de chant clair. Pour ce qui est des autres morceaux, il n'y a rien à faire ; les lignes de chant ruinent complètement l'album et, malgré de bonnes idées à la batterie et des soli bien sentis, le reste ne se renouvelle pas assez pour parvenir à sauver les meubles.

Au final, on se retrouve avec un album très moderne et bien produit mais qui mise beaucoup trop sur des lignes de chant mélodique qui flanquent finalement tout par terre. Un album qui fera peut-être le bonheur de ceux qui sauront apprécier ce genre de mélodies vocales. Pour les autres, je vous souhaite bien du courage !


Zemurion
Mars 2017




"The Wakening"
Note : 13/20

Autant le dire tout de suite, Damnation Plan vient de Finlande, et on ne le répète jamais assez les produits finlandais, que ce soit les studios ou les groupes, ils sont toujours d'un niveau élevé et obtiennent la plupart du temps la mention bien dans tout ce qu'ils font. Et ici ils n'auraient pas dû déroger à la règle, malheureusement cet album n'apporte absolument rien de nouveau dans l'univers du death metal mélodique.

Premier album donc pour ces finlandais, mixé et masterisé au Unisound par le grandissime Dan Swanö donc aucune pression, aucune peur de ce côté-là, vous pouvez être plus que certain que l'enregistrement a bénéficié d'un travail professionnel pour un résultat épatant comme d'habitude. Il n'y a vraiment plus de surprise avec le big boss du son suédois (Edge Of Sanity, Nightingale....), le son de "The Wakening" est puissant, sans fioriture, la justesse qu'il lui fallait pour être percutant comme 300 000 autres groupes du style. On parle de death mélodique, mais on est plus dans le "modern melodeath", celui qui se joue de plus en plus, laissant en fait nettement plus la place au mélodique qu'au death. Et Damnation Plan se situe exactement dans ce moule.

Après l'introduction, il n'y a aucun mystère, "The Unknown Presence" montre tout de suite la face cachée de l'iceberg, à savoir que durant presque quarante six minutes, on va écouter une même musique mélodieuse, propre où les vocaux clairs vont s'alterner avec les vocaux gutturaux. La particularité de Damnation Plan, même si elle n'est pas singulière c'est que les vocaux clairs ne sont pas forcément placés que sur les refrains, il y a une réelle alternance entre le guttural et le clair, chacun arrive à être autant sur les chorus que sur les couplets, sans avoir une place prédestinée à l'avance. D'ailleurs la voix de Tommy Tuovinen (chant guttural et aussi chanteur du groupe Mygrain) est vraiment très proche de celle de Björn Strid, chanteur hurleur de Soilwork, tandis que celle de Asim Searah (voix claire) se rapproche de Tom Englund d'Evergrey.

Damnation Plan se situe en fait entre un Evergrey / Soilwork qui flirte beaucoup avec les plates bandes de Mercenary époque "Architect Of Lies" sans arriver à avoir la dynamique des groupes cités. C'est très bien écrit, c'est envoûtant pour qui n'a jamais écouté beaucoup de groupes de death mélodique, ou de modern melodeath ou toutes les déclinaisons dans cette famille mélodique. Mais pour celui qui possède déjà les 300 000 rejetons que la scène a engendré, celui-là va se dire "Ouaip, c'est propre, c'est pas mal, mais dans l'absolu ça casse pas trois pattes à un canard". Damnation Plan joue avec les riffs comme beaucoup de groupes aujourd'hui un genre de tryptique de gratouille en trois temps souvent pour donner l'impression de metal, de puissance, les rythmiques sont assez lentes pour approfondir l'effet de gros son, mais à l'arrivée la qualité de l'album réside principalement dans ses deux chanteurs. Certaines mélodies font penser aux derniers Sentenced, surtout les lignes vocales en fait et l'ennui arrive assez rapidement parce que les chansons ne sont pas hyper prenantes et le relief se rapproche plus de celui de la plaine que de la haute montagne. Les claviers tirent un peu leur épingle du jeu avec des sonorités bien placées, et un effet spatial réussi.

Il faut donc vraiment arriver à un peu plus de la moitié, c'est à dire au sixième morceau "Crimson Skies" sur dix chansons au total, pour commencer à se faire du bien. Ce titre possède une âme plus construite, les claviers le mettent vraiment bien en valeur, les guitares sont plus intenses et plus rapidement violentes, ce qui propulse tout de suite cette chanson comme étant la meilleure des six qu'on vient d'entendre. Après, "Walk Of Illusion" se veut bien clonée sur un Soilwork (la voix y fait pour vraiment beaucoup il faut le dire), mais c'est assez voisin de ce qu'a fait Soilwork ces derniers temps sur les deux derniers albums, quelque chose d'en dessous les albums de mi-carrière... Mais parmi tout cette grisaille un peu banale, il y a un titre qui, bien qu'il ne soit pas violent ou rapide ou technique, donne un gros plus, une plus-value à l'album et rien que pour ce morceau, l'album mérite un peu plus de la moyenne. Il s'agit de "Ashes", un genre de ballade métallique avec des lignes vocales magnifiques, des thèmes de guitares magiques qui font vraiment voyager l'auditeur, ça rappelle nettement le meilleur des derniers Sentenced, avec un peu de Charon aussi sur leur premier album "Sorrowburn". Le chant clair est incroyable très près d'un Michael Kiske ou André Matos dans le timbre bas, on rêve totalement à l'écoute de ces cinq minutes. Indubitablement c'est le chef d'oeuvre incontournable de l'album.

La fin de celui-ci, quant à elle, se termine un peu mieux qu'il n'avait commencé avec deux derniers titres, "Resurrected" et "Grand World Anthem", un peu plus inspirés par un côté heavy qui prend les commandes pour mieux diriger les intentions. Au final l'album remonte son statut sur ses dernières chansons, c'est ce qui le sauve, mais il est fort possible que cela ne soit pas assez afin qu'il puisse survivre au temps... qui vivre verra.


Arch Gros Barbare
Mai 2013


Conclusion
Le site officiel : www.damnationplan.com