Etrange. Le groupe s’appelle D8 Dimension, l’album "ProGr 0" et le premier morceau "-39°C". Très étrange n’est-ce-pas ? Alors qu’attendre d’un groupe comme celui-ci ? Des sonorités avant-gardistes comme le font les groupes öOoOoOoOoOo et Pin-Up Went Down peut-être ? Et bien non ! Attendez-vous plutôt à un rock electro / industriel.

Entrons donc dans cet album avec "-39°C" (c’est très froid). Un morceau d’introduction se doit de marquer le coup et c’est une réussite totale. La voix de ce chanteur est juste incroyable. On y reconnaît le côté étouffé digne de l’industriel mais l’empreinte vocale est réellement unique, presque inhumaine. Le mixage très propre est à noter également avec un gros bon point pour la batterie. Les éléments ne se bouffent pas les uns les autres comme ça peut être le cas dans l’indus, et surtout, l’electro ne vient pas écraser l’électrique.

La peur qui vient avec un tel morceau introductif, c’est celle que le reste de l’album soit décevant, soit de par sa répétition, soit de par un style trop éloigné de ce morceau tant accrocheur. Mais alors là les membres du groupe font très fort avec le morceau suivant, "My Feast", qui est bien différent de "-39°C" mais qui montre qu’ils ont vraiment trouvé leur style. C’est très carré. Le groupe ne se cherche pas, il sait où il va et ça fait plaisir !

Et puis l’introduction de "Matryoshka", on en parle ? Bien sûr que oui on en parle ! Elle nous donne l’impression d’être sous l’eau avec ses sons electro abyssaux et ses percussions étouffées. A cela viennent s’ajouter des guitares mystico-doom, et bim ça fait mouche ! Alors forcément, la suite du morceau est réussie d’avance ! Allez, sortons de l’eau : retour sur la terre ferme et retour des titres bizarres avec "X : Bigger Boat" et "Rollformer Gospel". Encore une fois, rien à dire, c’est très très très bon ! Après la mer et la Terre, départ pour l’espace avec "Astrokiller". Ici, le titre n’est pas bizarre, il est juste nul (non, vraiment on dirait un dessin-animé des années 90). Le morceau, est peut-être un peu en-dessous mais encore une fois, il reste surprenant avec notamment des percussions inattendues qui viennent se poser au milieu du morceau.

D’ailleurs ce groupe me surprend tellement, qu’il pourrait faire une reprise d’une chanson d’une artiste soul née à la fin des années 40 que ça ne me choquerait pas plus que ça… Oh, attendez… Ils l’ont fait ! "Les Fleurs", reprise de Minnie Riperton (1947-1979). Bon bah je n’ai pas plus de choses à dire. Pourquoi pas après tout ? Pas la meilleure piste de l’album mais j’applaudis la performance.

Le groupe italien signe un excellent album à écouter pour tous les fans d’elecro-rock ou de metal industriel. Si vous n’êtes pas sûr de vous, écoutez juste le premier morceau. Si celui-ci vous plaît, alors l’album vous plaira !

Après une démo de 5 titres, D8 Dimension nous revient avec un EP "Octocrura". Le groupe qualifie sa musique d’alternatif au son plus agressif, je verrais plutôt ça comme du black alternatif mélodique (ah le metal et son mix des genres infini). Les influences sont, quant à elles, très très variées : System Of A Down, Papa Roach, Coal Chamber, Drowning Pool pour le chant, AC/DC et Metallica pour les guitares et par moments une batterie proche de Rammstein. Ça en devient presque un jeu en écoutant le skeud, on essaye de savoir à quel groupe correspond tel ou tel passage. En tout cas, le headbang est largement assuré et est de mise. Le chant de Tepe oscille entre le clair, le graveleux, voir le growl profond et poussé suivant les morceaux, ce qui montre tout le talent et la palette vocale du chanteur. Mais intéressons-nous de plus près aux titres de cet opus.

"Octorura" s’ouvre sur "Vrock". Une intro electro (l’album est d’ailleurs truffé de sonorités electro), la batterie et les grattes sont lourdes et l’on nous gratifie d’un solo digne de l’intro du célèbre "Thunderstck" d’AC/DC. Ça promet pour la suite. Le solo d’intro du prochain titre, "Inferno", nous donne la même impression que celui de la chanson d’avant (AC/DC). Les grattes se font plus rapides, la voix plus claire et l’ambiance très angoissante, un peu comme si on courait dans un couloir sans fin, un paquet de sales bestioles aux fesses. "Industrial" n’a de spécial que le fait que l’intro se fasse à la basse, une fois n’est pas coutume. Le sixième morceau, "Gunmouth", quant à lui, inclut des passages de gratte sèche adoucissant un peu la lourdeur du morceau et nous offre un solo de guitare électrique plus long et surtout, magnifique. L’EP se termine sur "S.O.M.E", un titre que je qualifierais de montagnes russes. Le rythme ainsi que le chant varient du calme au rapide. La basse est également bien mise en avant. Malgré tout ça, le meilleur titre de la galette est, pour moi, "Poisoned Hamster". Tous les talents des six artistes y sont pleinement révélés. L’ambiance est lourde, les grattes plus aigues et rapides, la double pédale de la batterie exploitée au taquet et le chant passe du clair au growl de la plus belle des manières. Bref une petite merveille.

D8-Dimension nous offre, grâce à "Octorura", un petit bijou du genre, inventif et précis qui, malgré quelques petites erreurs à peine perceptibles, fait son petit effet. Vous voulez un peu de nouveauté, en voici. Seul véritable reproche, le manque de chansons plus calmes et bien sûr le fait que ça soit trop court. En conclusion : vivement l’album.