Le groupe
Biographie :

A l’été 2011, le projet Crown naît sous la forme d’un duo hors norme, ou trio hommes-machine. Les compositions épurées, directes et entêtantes, servent de matière première pour une exploration qui va au-delà des limites sonores établies. Crown visite les abysses sur des tempos lents, des guitares excessivement graves, lourdes et oppressantes. Un univers en perpétuelle tension, brutalement coupé par de douces et mélancoliques mélodies, un instant de répit rare, avant une immersion prolongée dans leurs obscures expérimentations.

Discographie :

2012 : "The One" (EP)
2013 : "Psychurgy"
2015 : "Natron"
2021 : "The End Of All Things"


Les chroniques


"The End Of All Things"
Note : 15,5/20

A l’heure de mettre ce CD, sorti de presse au printemps, dans la platine, on se souvient des sonorités de Crown et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on s’apprête à écouter "The End Of All Things". Le groupe a changé un peu (pas mal en fait) de style, avec quelque chose d’un peu plus électronique, de plus doux, certes toujours sombre, on y retrouve des parties connues et des sonorités pas étrangères au groupe.

Dès le premier morceau, on sent l’omniprésence des machines, le côté mécanique poussé à l’extrême en plus. De grosses nappes font le taff en arrière et la voix vient se poser, lancinante, chantée, juste et envoûtante. Après deux morceaux mid-tempo, on tombe sur un "Shades" avec plus de rythmes mais où les machines sont encore omniprésentes, même si l’on emprunte, au niveau de la voix, à un indus plus engagé, donnant quelque fois aux parties sombres des airs de Manson et une voix travaillée. Tout au long de l'album, on flirte avec les ambiances, tantôt sur du lancinant, tantôt sur une partie où les machines s’emballent doucement, mais à chaque fois c’est l’omniprésence, voire l’omnipotence, électronique. La voix revient uniquement par dessus pour donner du corps, tantôt bardée d’effets, à la limite du robotique ("Gallows"). Les guitares ne font que de brèves apparitions pour donner du cachet à l’ensemble et plus de rondeur voire de la puissance. On est en plein dans l'ère de l’industriel, sombre, noir et mécanique et ce n’est pas pour déplaire.

"The End Of All Things" se balade au gré des styles, à droite, à gauche, sans pour autant se laisser gagner par un en particulier ni en donnant la part belle à un autre, il emprunte et touche à tout, sans se laisser happer, il garde son identité propre et sa prepre volonté. Tout au long des dix titres, on notera "Fleuve", une expérience semi-acoustique . Les morceaux ne font pas moins de quatre minutes, l’ensemble est cohérent, puissant et enivrant."Utopia", avec Karin Park, donne quelque chose de plus aérien, de moins mécanique et normé, alors que derrière des nappes sont quand même présentes. La production, parfaite et maitrisée, sublime les morceaux de bout en bout. On aimerait peut-être que de temps en temps le tempo lent et long, lancinant, s’emballe un peu plus, mais ce n’est pas le choix de Crown et le groupe l’assume pleinement.

Cet album ravira les fans du genre, perturbera peut-être quelques fans de Crown par cette nouvelle façon d’évoluer, et conquerra les amoureux d’ambiances sombres et de beaux morceaux. N’hésitez pas.


Sam
Septembre 2021




"Natron"
Note : 17/20

Toujours dans cette veine lancinante qu’on lui connaît, Crown vient martyriser notre corps, nos tympans et notre âme, doucement, subtilement et profondément mais bien sûr sûrement. Angoissant par moments, envoûtant et persistant, Crown vient poser là dessus une voix tantôt haut perchée, tantôt plus posée mais qui ne laisse pas indifférent et qui vient nous éclater en pleine face par ces instants gutturaux aussi brefs que violents. Il faut le dire, "Natron" est un ovni, un de ces albums que l’on aime ou que l’on déteste mais qui, dans tous les cas, ne laisse pas indifférent.

Le premier morceau se veut très violent d’entrée pour perdre un peu en intensité et donner toute leur force aux mouvements de balancier de nos corps qui s’entrechoquent sous l'impact d’une section rythmique très simple mais diablement efficace. Basse et batterie font la paire pour servir de base à des guitares amenant les mélopées, les mélodies et sur lesquelles vient se poser le chant, avec ses différences et variations, autant dans le chanté que dans les parties gutturales, donnant une certaine ambiance et une certaine  couleur à chacun des six morceaux de ce "Natron". Au final, c’est toujours un rythme mélodique prédominant qui revient, de grosses rythmiques simples, bien marquées, tels des coups de boutoir, donnant du corps aux ambiances placées ici et là. Le rendu global est lourd de sens et de puissance. Il permet de mettre en avant une partie sombre, inavouée chez nous. Rappelant par instants The Ocean ou Cult Of Luna, le développement des morceaux est long, lent et puissant, avec des parties mélodiques de toute beauté. "Natron" se situe entre metal progressif et alternatif, il est à la fois puissant et mélodique.

La production ne gâche rien, bien au contraire, elle est bien équilibrée, donnant du corps et de la valeur à l’ensemble des morceaux, et permettant à chaque instrument de s’exprimer. Tout est parfaitement bien mis en valeur. Les morceaux s’enchaînent ainsi comme s'ils ne faisaient qu’un. Les six plages qui nous sont proposées se marient bien, malgré les différents types de chant, mais c’est l’identité même de Crown dans ce "Natron". Bel objet musical diversifié et puissant à la fois, ayant une âme et un corps, pénétrant au plus profond de nous-mêmes... A découvrir, sans retenue.


Sam
Août 2015




"Psychurgy"
Note : 17/20

Difficile de placer véritablement Crown dans un style particulier ou avec une particularité de style tant on y retrouve une foule d’émotions, de sentiments et de facettes du metal dans ces différents morceaux. Introduit par des nuances musicales et une noirceur ambiante, ce "Psychurgy" se décompose ensuite à la lenteur de la boîte à rythme, les écorchures furtives de quelques boucles électroniques nous rongeant et les guitares corrosives à souhait nous abrasant. Se basant sur une rythmique entêtante et très peu rapide, Crown repose surtout l’ensemble de ses morceaux sur la violence de ses guitares et sur un chant prenant aux trippes. Musicalement c’est très au point, découpant et scindant les différents morceaux en autant de chapitres décadents d’une galette envoûtante. Le chant se veut corossif, prenant, lancinant, envoûtant et choppe là où ça touche pour ne plus lâcher… Vous me suivez ?

Difficilement classable, que cela soit dans une catégorie appelée thrashcore, ou encore dans un post-core ou encore post-hardcore, Crown construit son propre chemin, réadaptant librement et à sa sauce les classiques du genre, ré-inventant sa propre façon de voir la musique et les environnements. Crown découpe synthétiquement, méthodiquement et chirurgicalement sa galette afin de pouvoir proposer un ensemble à son image : noir, abrassif, et métallique. Tout s’enchaîne dans une froideur et une délectation sans faille. Outre le morceau "Alpha / Omega" relevant plus d’un black metal de base, de par sa construction, ses nappes de profondeur et sa double pédale, le reste du CD reste sur un rythme très lent, permettant aux guitares et aux ambiances de prendre véritablement toute leur place, leur confiant le rôle de rouleau compresseur. Là où, dans le reste, la voix du frontman se voulait brute, déchirée et violente, dans "Alpha / Omega" elle se veut lancinante, une sorte de berceuse, renforcée par certains effets électroniques la rendant méconaissable, on lui trouverait presque quelquefois des similitudes avec la voix de Marilyn Manson. "Psychurgy" nous ravit par ses rythmes lents, impitoyables et destructeurs découpant comme la fine lame du scalpel et s’enfonçant au plus profond de nous-mêmes, par ses guitares acérées et abrasives raclant nos plus profondes convictions et un chant complètement possédé et écorché finissant superbement le travail de composition. Le tout est renforcé par une production maîtrisée. On regrettera, pour faire la fine bouche, peut-être les machines. C'est à la fois une marque de fabrique mais ça réduit considérablement le côté un peu aléatoire de certaines musiques, heureusement que le chant donne un côté plus humain et moins calculé, il est celui qui permet au groupe de se différencier.

Crown s’affirme probablement comme le nouveau maître du metal industriel et post-métallique. Se rapprochant d'un S.U.P et des références metal industriel, Crown évoque, avec cet album, une foule d'émotions et de sentiments en nous, on se laisse prendre, on ferme les yeux et on le laisse fouiller nos entrailles. A découvrir d’urgence, un brûlot qui consumera vos oreilles.


Sam
Avril 2013




"The One"
Note : 16/20

Ah les Alsaciens ! Crown est un trio, ou plutôt comme le mentionne si bien la biographie un duo et une machine derrière. Intéressant dans sa puissance, Crown n'est que le rejeton des enfers. Enfanté par des anciens Hollow Corp., Crown balance dans un metal lent, sombre, sludge à souhait. L'indus ne se fait sentir que par moments.

Alors que la haine se déverse de la bouche d'un des deux protagonistes humanoïdes de l'histoire, à grand renfort de décibels métalliques et haineuses, la machine fait le reste. Lentement, elle bat la mesure comme un cœur qui bat son agonie. L'ensemble est très minimaliste à souhait, ne se limitant qu'à deux voire trois riffs, la composition emprunte à la veine sombre d'un sludge bavant... Le chant résonne par moments comme une mélopée transcendante, un chant à l'attention d'une divinité abstraite. Certains titres, par leurs envolées, nous rappellent un Sigur Ros transcendant, mais il est clair qu’apparaît bien des références certaines, notamment les maîtres du post-rock que sont Cult Of Luna. Les références sont multiples (le côté indus en moins) et Crown représente à merveille un genre sombre, entre post-rock, indus et sludge. Les mélodies sont entêtantes, les lents mouvements des corps, d'avant en arrière et inversement... les balancements, les yeux révulsés comme une litanie en direction d'un autre monde. La production est très bonne. La machine, peu importante dans le ressenti, et les samples sont de très bonne qualité. Les nuances et variations sont très bien amenées, ce qui n'est pas forcément toujours très simple et efficace pour un groupe intégrant des samples. La restitution du chant, mais également des différents sons et grains de la guitare et de la basse, est d'une grande fidélité et l'importance accordée à la prise de son et au grain est une valeur ajoutée non négligeable pour le groupe et la teneur de ce premier EP. 5 titres, ceci peut sembler court, mais pour ce genre de groupe, c'est amplement suffisant pour une première, pour créer un environnement, une ambiance et poser doucement sa patte dans un univers post-rock assez opaque dans la création.

5 titres très prometteurs autant dans leur enregistrement, production et réalisation que dans l'ambiance dégagée... Ce genre de groupes n'étant efficace qu'en live et ne donnant sa pleine mesure que dans le cadre d'une ambiance adéquate, il va devenir urgent de suivre en live ce groupe prometteur que représente Crown.


Sam
Mars 2012


Conclusion
Le site officiel : www.crownritual.com