Être chroniqueuse d'albums, c'est aussi tomber sur des groupes dont on n'a jamais entendu parler. C'était le cas, en ce qui me concerne, de Corrupt Moral Altar, groupe de grindcore-sludge qui nous vient tout droit d'Angleterre. Déjà à l'origine d'une démo et deux EPs, voyons voir ce que nous réserve leur premier album !

Dès le premier morceau "Father Tongue", on comprend que le groupe n'est pas du genre à enfiler des perles. Entre blast beats et riffs qui décoiffent, on se met directement dans l'ambiance. "Blood Harmony" joue plus sur la lourdeur, avec une tension palpable, avant de s'énerver un peu plus sur la fin. L'excellente "Die Glocke" fait ensuite place à un registre bien plus pêchu, avec une efficacité certaine. Le morceau qui te botte le derrière, en somme ! "Line Check" garde ce côté pêchu mais en plus tempéré, avec un côté hardcore bien mis en avant. Pas de répit, "Wire Mother" s’enchaîne directement avec le morceau précédent, dans un déluge de voix. Il y a de bons trucs, mais je trouve que c'est un poil moins efficace que les pistes précédentes. On revient sur un titre plus lent et lourd avec "Gin Dreams", dont la fin me laisse assez perplexe : la musique s'arrête à 3:16 minutes et la piste dure 5:27 minutes. Je vous laisse calculer le temps durant lequel la piste est donc composée de bruit ! N'oublions pas que le groupe aime aussi rentrer dans le lard ! "Closed Casket" nous le rappelle parfaitement. Hardcore et blast beats, riffs incisifs et voix brutale, le tout est assez efficace ! On notera le passage batterie / basse / chant qui est fort sympathique. "Sweet Talk" nous en remet une couche dans la face, avec un côté assez émotionnel apporté par le refrain en bonus (mais brutalement émotionnel, hein !). On arrive au morceau le plus calme, qui est certainement aussi l'un des plus intéressants ! Après tous ces blast beats, ces riffs énervés, et ces gueulantes écorchées, le groupe nous montre avec "Admit Defeat" qu'il est également capable de jolies mélodies, dans un registre post-hardcore très bien maîtrisé. Du coup, "Garland Green" arrive comme un coup de poing dans la face, et marque la fin de la parenthèse mélodique. Un titre efficace et énervé. "River Blind" en remet une couche, à coup de tatanes dans la face, avec une structure assez originale. Un peu de calme avec "Black Chapter", une courte transition mélodique, qui rend d'autant plus violente l'arrivée du dernier titre "Insect Politicians", pour un final qui fleure bon le chaos d'une ultime violence.

Pour résumer, il y a de très bonnes choses sur cet album, et une virulence certaine. Que se soit au niveau des riffs ou de la batterie qui fait tout péter. On notera un registre assez intéressant à la voix, tantôt aigu et écorchée, tantôt beaucoup plus grave et sombre, avec un côté très divisé dans son utilisation: On m'aurait dit qu'il y avait deux chanteurs, je ne me serais pas posée de question. Cependant, sur certains morceaux, il se passe tellement de choses que j'ai du mal à comprendre où le groupe veut en venir. Pourtant, j'aime bien quand ça part en sucette, mais là c'est sans doute trop, et ça finit par manquer de cohérence. Je trouve aussi que le son ne met pas assez en valeur les riffs, ce qui est dommage. Malgré tout, il y a des morceaux vraiment plaisants, je trouve juste le tout un peu confus.