"Motherland"
Note : 17/20
Bien souvent, lorsqu’il est question d’influences folk dans le metal, nous pensons tout de suite à la culture celtique, scandinave ou aux racines du pays d’origine d’un groupe ou de ses membres. Lorsque ces dits groupes ancrent leur musique au fond même de leur propre culture, cela peut parfois donner des résultats bien particuliers. Nous n’avons qu’à penser au groupe mongole The Hu, qui en est un parfait exemple. Il faut également compter sur Concrete Age, avec ses membres provenant de Russie, de Bulgarie ainsi que d'Italie, dans ce lot de formations singulières.
"Motherland", neuvième album du groupe, s’appuie principalement sur des bases thrash et death metal mélodique. C’est cependant dans ses arrangements folkloriques que le groupe se démarque. Ceux-ci sont un véritable hommage aux splendeurs de la région du Caucase, à cheval traditionnellement entre l’Europe et l’Asie, ce qui leur confère une sonorité distinctive.
L’utilisation de ce type d’arrangements, que ce soit à l’aide d’instruments modernes ou traditionnels, n’a rien de nouveau, cependant chez Concrete Age, c’est vraiment la manière dont ils incorporent leur culture à leur musique qui les rend uniques. Tout comme Angra l’avait fait avec le grandissime "Holy Land", Concrete Age parvient à rendre hommage à ses origines de manière respectueuse et personnelle. D’ailleurs le groupe considère sa musique comme étant du "Ethnic Metal" et je ne déteste pas cette appellation.
La production est somme toute de bonne qualité, cependant, elle m’apparaît en deux temps : parfois, surtout avec les arrangements folk, elle ne présente aucun problème, mais autrement, lorsque la musique prend une tournure plus "heavy", le son me paraît brouillon, spécialement au niveau de la batterie et des hautes fréquences.
Les amateurs d’Eluveitie, d’Elvenking, de Falconer et de Týr, ou tout simplement de folk metal en général, ou ceux qui recherchent des groupes en marge du reste, Concrete Age mérite leur attention.
"Bardo Thodol"
Note : 17/20
Concrete Age revient sur le devant de la scène. Depuis 2010, le groupe mené par le
musicien russe Ilia "Frosty J" Morozov (chant / guitare / instruments ethniques) relocalisé en
Angleterre explore différents folklores. En 2023 et accompagné par Boris Zahariev
(guitare), Giovanni Ruiu (basse) et Davide Marini (batterie), le groupe s’aventure dans le
livre des morts tibétain avec "Bardo Thodol", son septième album.
"Hex", la première composition, nous plonge immédiatement dans cette ambiance mystique
aux tonalités orientales, mais la rythmique solide ne tarde pas à venir renforcer ce son brut
et groovy avant que le chant n'apparaisse. Le mélange agressif se pare d’éléments death
metal avant de laisser des mélodies accrocheuses nous mener à "Purity", un titre efficace et
plus rapide qui compte également sur des ajouts folk enjoués pour alimenter le contraste
avec les parties les plus saturées. La rage refait surface sur "True Believer", un titre qui offre
des hurlements bestiaux pour accompagner une rythmique énergique couplée à des
instruments ethniques envoûtants suivi par "Threads Of Fate" et ses riffs saccadés auxquels
les influences mystérieuses se greffent à merveille. On retrouvera également quelques leads
perçants qui rejoignent la danse folle tout comme sur "Trite Puti", un morceau instrumental qui
mélange des éléments qui semblent relativement éloignés à première vue, mais qui se
révèle très efficace.
Le chant reviendra sur "Lullaby For A Deadman" et sa rythmique lourde,
parfaite pour lancer des séances de headbang intense entrecoupées de l’apparition des
sonorités entêtantes qui encadrent parfaitement les explosions de violence. "Bardo Thodol", le
titre éponyme, placera une introduction apaisante avant que le groove accrocheur ne
revienne nous entraîner dans sa course, laissant le blast offrir des passages violents qui
nous mènent à la mélancolique "Ridges Of Suffering" et sa double pédale vive. Le groupe
n’hésitera pas à nuancer sa rage avec des parties entêtantes dépaysantes avant de revenir
en plein dedans avec des leads perçants, puis la lourde "Thunderland" pioche dans un thrash
metal sombre pour nuancer un rythme presque festif accompagné de choeurs qui nous
mènent à "Bezdna Ot Ludost", la dernière composition, pour deux minutes supplémentaires
d’énergie brute entre death / groove travaillé et parties folk oniriques.
Le mélange atypique de Concrete Age est toujours aussi efficace. Avec "Bardo Thodol", les
musiciens s’attaquent à une culture assez peu représentée dans l’univers du metal sans
oublier leurs racines agressives et groovy.
"Spirituality"
Note : 18/20
C’est en Russie que débute Concrete Age en 2010. Au fil du temps, Frosty J
(guitare / chant) se voit accompagné par divers musiciens, puis part pour l’Angleterre, et c’est
avec Boris Zahariev (guitare), Erick Red (basse, Slave Steel) et Francesco Giorgianni
(batterie, ex-Smiling Madman) que le groupe sort "Spirituality", son septième album.
Le style du groupe est difficile à définir. Les rythmiques énergiques empruntent autant au
death, au thrash et au groove metal, mais les influences de la formation se trouvent
également dans la musique folklorique tibétaine, ainsi que d’autres pays. Le groupe nomme
ce style diablement efficace l’Ethnic Metal, et c’est avec "Ratel King" que nous le découvrons.
Le son est lourd, entraînant, et bourré de choeurs pour accompagner les hurlements du
vocaliste. "Welcome Back" nous propose la même recette, accompagnée parfois d’un chant
clair, de flûtes indiennes, mais surtout d’une énorme dose d’énergie pure. "Spirituality" mêle
des sonorités planantes, avec des riffs prenants et ravageurs, alors qu’"Isis Flower" se
focalise sur des tonalités joyeuses et dansantes, qui viennent contraster la violence que le
groupe déploie depuis le début. "Om Namo Shivaaya" nous fait participer à cette méditation
hindoue, sans jamais oublier de nous faire headbanguer, avant de caler un break aérien et
un solo perçant. "Dogon" revient sur un son imposant aux influences variées grâce à cette
rythmique épaisse, puis "Tomahawk Song" vient nous violenter après une douce introduction.
Les influences nord-améridiennes sont plus qu’évidentes, mais le son est aussi tranchant
qu’un coup de hache, puis c’est avec "Poets Of The Northern Mountains" que l’album s’achève.
Un titre plus calme que les autres, mais qui témoigne de ce sentiment d’évasion qu’offre le
groupe.
Impossible à catégoriser, l’esprit de Concrete Age virevolte à travers les cultures. La base
lourde de "Spirituality" est en permanence surmontée de ces sonorités ethniques, ambiantes
et prenantes, sans jamais mettre la violence de côté.
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