Le groupe
Biographie :

Conan est un groupe de stoner / doom metal anglais formé en 2006 et actuellement composé de : Jon Davis (guitare / chant), Chris Fielding (basse, chant / ex-Agent Of The Morai) et Johnny King (batterie / Dread Sovereign, Krawwl, Malthusian, Sodb, ex-Altar Of Plagues, ex-Abaddon Incarnate). Conan sort son premier album, "Monnos", en Avril 2012 chez Burning World Records, suivi de "Blood Eagle", en Février 2014 chez Napalm Records, de "Revengeance" en Janvier 2016, de "Existential Void Guardian" en Septembre 2018, et de "Evidence Of Immortality" en Août 2022.

Discographie :

2007 : "Battle In The Swamp" (EP)
2010 : "Horseback Battle Hammer" (EP)
2012 : "Monnos"
2014 : "Blood Eagle"
2016 : "Revengeance"
2018 : "Existential Void Guardian"
2022 : "Evidence Of Immortality"


Les chroniques


"Evidence Of Immortality"
Note : 17/20

Prêts pour la nouvelle offrande de Conan ? Malgré des débuts difficile en 2006, le groupe anglais composé aujourd’hui de Jon Davis (guitare / chant, Ungraven, DOS), Chris Fielding (basse / chant, ex-Agent Of The Morai) et Johnny King (batterie, Dread Sovereign, Krawwl, Malthusian) dévoile en 2022 "Evidence Of Immortality", son cinquième album, chez Napalm Records.

"A Cleaved Head No Longer Plots" débute dans un larsen avant de laisser son sludge gras et abrasif nous écraser lentement. Les riffs efficaces nous martèlent consciencieusement avant de proposer des patterns légèrement plus énergiques, puis les cris stridents du vocaliste rejoignent le mélange lancinant avant de donner naissance à une dissonance inquiétante dans les leads. On notera également quelques mélodies entêtantes, puis la vague de rage reprend, pour finalement laisser "Levitation Hoax" frapper avec un blast ravageur. Les riffs se montrent rapidement accrocheurs, créant une dynamique vive et saisissante dans laquelle les voix s’intègrent parfaitement dans le mélange avant qu’il ne devienne plus sombre, puis la courte "Ritual Of Anonymity" vient proposer un groove entraînant sans renier l’extrême saturation, couplée à des parties vocales motivées.

Le groupe continue avec "Equilibrium Of Mankind", un titre beaucoup plus pessimiste et sombre qui renoue avec une lenteur apocalyptique ponctuée par quelques parties plus rapides et chaotiques. Le double chant participe également à cette sensation d’oppression avant un final dans les règles de la distorsion, qui nous mène à "Righteous Alliance" et sa rythmique solide. Le son lourd et épais laisse à peine les hurlements s’échapper de ce nuage de noirceur avant de ralentir pour nous dévoiler des sonorités sinistres, des effets entêtants et des pointes de rage inattendues qui prendront fin avec "Grief Sequence", le dernier morceau. Si le groupe renoue avec les larsens, il incluera également des claviers et des sonorités plus majestueuses pour accompagner sur cette longue instrumentale aux influences donjonesques, mais également une folie destructrice.

Avec Conan, impossible de ne pas se faire écraser par la saturation. "Evidence Of Immortality" alimente la dissonance, l’oppression et la noirceur en permanence grâce à des riffs gras, des larsens et des hurlements perçants, créant un son massif.


Matthieu
Août 2022




"Existential Void Guardian"
Note : 19/20

Conan, que l'on ne présente plus après une dixaine d'années de labourage de cerveau, est de retour avec son quatrième opus, "Existential Void Guardian", chez Napalm Records. Le trio, qui se transforme en guerriers spartiates, n'est pas là pour faire de la figuration mais plutôt pour nous montrer qu'il n'y a pas que les combats qui peuvent être violents.

En effet, ce n'est pas nouveau, le groupe ne fait pas dans la dentelle et c'est encore le cas ici. Ce dernier opus suit ainsi la voie du précédent album, "Revengeance", sorti en 2016 tout en amenant de la nouveauté. Ainsi, les sept morceaux sont du Conan mais plus pachydermiques et sombres que jamais ! Leur musique devient alors encore plus hypnotique et malsaine, nous submergeant d'une masse étouffante et malaisante. "Amidst The Infinite" en est un bel exemple car il nous fait plonger dans les abysses d'un doom dégoulinant et tout sauf amical. C'est flippant, tortueux et psychotique, nous donnant envie de se taper la tête contre un mur. Et tout cela en fait un excellent titre ! On ressent ce malaise tout au long de l'écoute pour notre plus grand bonheur, que ce soit avec des riffs léthargiques nous donnant la chaire de poule, dans "Eternal Silent Legend", ou dans le l'intermède grindcore très spécial "Paincantation". "Prosper On The Path" est tout aussi percutant avec une violence froide et une atmosphère difficile, renforcées par les cris de Jon Davis. Les riffs parfois monolithiques ou ultra pesants habillent ce morceau qui est bien trop réel et cru. La mort se propage alors et occulte la lumière et l'espoir de son épais linceul.

Le sang et la haine débordent et donnent vie aux titres dans une rage palpable. "Volt Thrower" a vraiment ce côté direct et l'on ressent cette colère dans ces riffs plus rapides. On se croit toujours dans un film d'horreur et l'on imagine sans difficulté cette armée de soldats damnés qui reviennent à la vie. La bataille fait également rage comme un tourbillon épique dans "Eye To Eye To Eye", c'est un très bon titre avec des passages bien groovy et un jeu de batterie juste parfait. Et ce n'est pas avec "Vexxagon" que le groupe freine ses ardeurs, au contraire, on se prend une énième giffle. Sans concession, la musique nous fonce dessus comme un semi remorque ! Et pour ûtre sure que l'on en ait assez, le groupe nous a rajouté en conclusion apocalyptique quatre anciens morceaux en live : "Total Conquest", "Satsumo", "Folhammer" et "Hawh As Weapon".

Tout ici est fait pour que l'on ressente le mal-être, la haine et le chaos glacial qui découle de la musique. Comme une bande-son d'un cauchemar, Conan nous livre son côté le plus sombre avec son armée du néant (qui est représentée sur l'artwork). Il s'agit ici d'un de leurs meilleurs travaux, qui devient addictif et indispensable tellement il apporte quelque chose d'unique dont nous avons besoin.


Nymphadora
Octobre 2018




"Revengeance"
Note : 16/20

Ca vous dit de régresser ? D'oublier tous les codes moraux hypocrites de notre société et de revenir aux fondamentaux ? Eh bien, enfourguez vos slips en poils d'ours, prenez votre épée en plastoc préférée, montez sur votre canasson et embarquez pour un voyage sauvage en Hyperborée, le troisième album du trio anglais Conan est de retour.

Son doom des cavernes, guerrier, cru, rudimentaire, bestial, possède une âme, une empreinte et un son personnels. C'est si rare de rencontrer des groupes dont la musique reflète exactement le concept choisi ou l'œuvre inspiratrice de cet élan créatif. Si de nombreux groupes (et de plus en plus par effet de mode, semble-t-il) sont inspirés par les écrits de Lovecraft, peu parviennent restituer le sentiment d'horreur cosmique, de gouffre abyssal séparant les conceptions humaines des manifestations auxquelles les protagonistes sont confrontés ou de la folie incurable que dégagent ses nouvelles. "Conan le Cimmérien", œuvre de Robert E. Howard, est parfois citée chez les groupes de metal (Manilla Road, Cirith Ungol, Reverend Bizarre, Ironsword), et bien que ces formations fassent honneur musicalement et textuellement aux écrits du maître américain, peu ont réussi a en puiser toute la substance, à matérialiser de la façon la plus vivante et intense possible (seul peut-être Reverend Bizarre, avec son doom séculaire l'a fait) ces époques cruelles et sauvages, mythologiques et magiques.

Ultra-basique, avec une technique proche du zéro absolu (difficile de faire plus simple que le riff d'ouverture de "Thunderhoof" mais qu'est-ce que c'est bon, réussi et jouissif !), le doom brutal de Conan écrase tout sur son passage. Le groupe reste dans un terrain connu pour ceux qui ont apprécié les précédents disques des Cimmériens, en termes de son et de style, mais il ose avancer, déployer ses ailes. Le groupe se lâche, réveille ses instincts primaires les plus enfouis. Les morceaux sont plus dynamiques (le jeu de batterie plus étudié qu'il n'y paraît) et globalement plus courts. Les tempi sont un poil relevés dans les instants purement pachydermiques et frôlent le thrash sur certains titres ("Revengeance"). Les deux voix, l'une aigue et solennellement déclamée, l'autre grave et profonde, se superposent et se complètent parfaitement créant une dualité humain / bête fort à propos dans le concept.

C'est une nouvelle réussite que Conan réalise avec "Revengeance". Sa percée récente sur la scène est méritée et se distingue logiquement avec des albums de cette trempe. L'honneur et gloire resplendira sur vous qui écouterez cet album. Par Crôm !


Man Of Shadows
Février 2016




"Blood Eagle"
Note : 18/20

Une tempête de sable rouge apocalyptique s'abat sur les dunes d’un lieu aride. Voici la vision dantesque que me procure dès ses premières clameurs le petit dernier du groupe de Liverpool, "Blood Eagle", sorti en Février dernier chez Napalm Records.

Les ingrédients de ce trio gagnant de la scène doom anglaise ont toujours été d'une efficacité remarquable depuis leurs quelques EPs, splits et leur dernier full-length en date "Monnos" (2012), déjà parfaitement accueilli par la critique. Bien que moins connu du grand public que certains de ses semblables, l’humilité du groupe les rend d’autant plus admirables que la qualité de leurs productions mériterait bien une reconnaissance plus accrue de leur talent. L’accueil sur quasi dix minutes de "Crown Of Talon" donne le ton des cinq titres suivants, un crescendo de montée en puissance jusqu'à la propulsion de lourdeur qui s'accapare l’ambiance générale. Les accords opulents se bousculent, la batterie guide d'une frappe martelante toute l’ardeur du jeu des cordes. Les nappes de massivité se chevauchent, une atmosphère magnétique à répétition envahit l'ensemble de l'album. Sur cet opus, pas question de rentrer dans le lard de front, tout est question de subtilité dans la maitrise du taillage dans le gras. Les vocaux écorchés de Jon Davis résonnent en écho des entrailles du Tartare. Adipeux, ça dégouline ; la distortion se pratique à la limite du respectable, des sonorités aussi trapues doivent être réprimées dans certaines contrées ! En magiciens de barbarie, de simples notes inlassablement dupliquées leur suffisent pour construire une machine de guerre qui ne lasse nullement en 45 minutes de jeu.

Conan ou le nouveau génie de la sonorité imposante, "Blood Eagle" se pose cette année en exemple certifié de pesanteur dans le milieu du doom.


Angie
Décembre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.hailconan.com