Avertissement : il est fortement déconseillé d’écouter l’album dont vous vous apprêtez à lire la chronique avant de partir au travail au risque de remplacer votre bol de Chocapic par un pichet de Ricard Suze et de mentir à votre patron sur votre torticolis pour aller vagabonder toute la journée sous la pluie, à sauter dans les flaques de boue, à boire l’eau de la rivière du coin, à allumer un feu pour finalement le regarder s’éteindre dans une chasse isolée.
Closet Disco Queen, c’est deux mecs qui comme nous, même s’ils vivent de leur musique, de leur passion, parfois sont vidés, las, fatigués de la répétition des jours et des semaines, des mails, des cuites, des répèt' et des anecdotes. Ben oui, eux aussi ça leur arrive, comme à nous tous. Toi par exemple après le boulot tu vas faire un baby foot, toi tu te défonces au squash, toi je préfère me taire, et toi la connasse au fond t’évacue avec la peinture sur galets ? C’est pas ce que ton mec nous a dit ! Bref, chacun son exutoire et ces deux mecs-là ils écrivent la musique. Ils transpirent le rock'n'roll désinvolte. Leur intuition place exactement le bout de leurs doigts là où il faut pour créer un pont entre leurs émotions et le fait de pouvoir les entendre.
Closet Disco Queen est donc exclusivement instrumental, pourtant rien ne manque. La musique parle et les états d’esprits s’enchaîent comme autant d’humeurs et de rythmes de vie susceptibles de ponctuer une journée. Parfois rapide, pressé, presque hâtive, la musique nous précipite dans une spirale énergétique juste avant de retomber sur une parenthèse plus longue, plus linéaire, plus lisse, plus monotone peut-être, mais c’est ça aussi qu’on a besoin d’évacuer parfois plus que la colère, la frustration et l’impatience. La routine, la répétition, la fatigue physique et mentale sont d’autant plus néfastes qu’elles relèvent de l’habitude, du quotidien.
C’est de toutes ces choses contradictoires et pourtant indissociables dont il s’agit quand on écoute cet opus de CDQ paru sur Hummus Records. Impossible d’échapper au filet, on se laisse forcément emmener par ce rock jouissif et libre pendant les trente minutes qu’il représente et agit sur nous comme deux cachets effervescents dans un grand verre de vodka.
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