Le groupe
Biographie :

Church Of Misery est un groupe de doom / stoner metal japonais formé en 1995 et actuellement composé de : Tatsu Mikami (basse / G.A.T.E.S., Sonic Flower, ex-Salem), Eric Little (batterie / Earthride, ex-Internal Void), Dave Szulkin (guitare / Blood Farmers, The Disease Concept, ex-Bloodlust, ex-Mark Of The Devil) et Scott Carlson (chant / Repulsion, Septic Tank, ex-Cathedral, ex-Genocide, Tempter, ex-Death, ex-From Beyond, ex-The Superbees). Church Of Misery sort son premier album, "Master Of Brutality", en 2001 chez Southern Lord Recordings, suivi de "The Second Coming" en Juin 2004 chez Diwphalanx Records, de "Vol. 1" en Juillet 2007 chez Leaf Hound Records, de "Houses Of The Unholy" en Avril 2009 chez Rise Above Records, de "Thy Kingdom Scum" en Mai 2013 chez Rise Above Records, et de "And Then There Were None..." en Mars 2016 chez Rise Above Records.

Discographie :

1998 : "Taste The Pain" (EP)
1999 : "Murder Company" (EP)
2001 : "Master Of Brutality"
2002 : "Boston Strangler" (EP)
2004 : "The Second Coming"
2007 : "Vol. 1"
2008 : "Dennis Nilsen" (EP)
2009 : "Houses Of The Unholy"
2009 : "Greetings From Jonestown" (EP)
2013 : "Thy Kingdom Scum"
2016 : "And Then There Were None..."


La chronique


Le groupe le plus infréquentable du doom revient trois ans (c'est plutôt rapide pour eux) après "Thy Kingdom Scum" pour livrer son nouveau petit bébé intitulé "And Then There Were None...". Et que nous proposent-il ? Simplement du PUTAIN de bon doom metal (certains diraient doom / stoner, pfff... qu'est-ce qu'il faut pas lire...) de tueurs "Best Of Class of 1970-1973", soit les cinq premiers albums de Black Sabbath (les tables de la loi, quoi...). Des riffs calqués de long et en large sur ces œuvres maîtresses mais fait avec un talent et une pugnacité et une inspiration hors normes.

COM délivre un album de "chansons", dans un style très classique, oubliant par exemple le tempétueux album "Houses Of The Unholy" et son côté jam étourdissant et gavant. Le style est donc recentré, basé sur le sacro-saint riff Sabbathien. Si vous pouvez résister aux riffs de "Make Them Die... Slowly", c'est que vous n'êtes pas normaux. Qu'un clown aux cheveux rouges et au sourire carnassier vous découpe en morceaux dans un éclat de rires psychopathes, tiens, vous le mériteriez. Pareil si vous n'headbanguez pas sur le riff puissant de "Doctor Death". "River Demon" nous rappelle "The WIzard" de qui vous savez mais ne le copie pas éhontement, c'est une inspiration intelligente et modernisée. Une petite mention spéciale doit être donnée à l'interlude space-rock "Suicide Journey" inspiré par la secte des davidiens et qui traite le sujet d'une façon légère, inédite et en fin compte assez adéquate pour le sujet.

Thématiquement, le groupe nous fait une fois de plus errer sur des sentiers recouverts de sang, celui des victimes des tueurs en série réels dont toutes les compos sans exception sont inspirées, chaque titre étant entièrement dévoué à l'un de ces maîtres de la brutalité. Le casting homicidal a fait un massacre au sein même du line-up avant de se laisser apprivoiser car le quatuor est en 2016 constitué de nouvelles têtes (combien de temps avant qu'elles ne tombent ?). De nippon, il ne reste que le bassiste-compositeur Tatsu Mikami, grand fondateur et patriarche de l'Eglise de la Misère. Ce nouveau cru présente pour le reste un line-up américain.

Le nouveau chanteur Scott Carlson, qui a notamment joué dans Repulsion, Death (le groupe de Chuck Schuldiner en 1985) et sur le dernier album de Cathedral en temps que bassiste, délivre une prestation marquante et habitée. Ses intonations rappellent tantôt Lee Dorrian, tantôt Craig Junghandel de Bedemon. Parfois même les deux à la fois sur certains titres, lesquels donnent l'impression d'être chantés par un véritable sadique enragé. L'homme a déclaré qu'il s'agissait de sa première performance vocale complète sur album depuis près de trente ans et l'album de Repulsion. Cela nous laisse sans voix quand on entend le résultat.

Niveau son, ça bucheronne sévère, avec une basse voluptueuse tissant une assise rythmique implacable où la guitare du nouveau venu Dave Szulkin (Blood Farmers) se cale. Ce dernier impressionne par le son si 70's, si pur et à la fois terriblement puissant rappelant le son des débuts de Tony Iommi. Niveau soli, Dave est également très inspiré, mettant de la couleur et de la mélodie dans cette ensemble funèbre. Quand on sait qu'il n'a eu qu'une semaine pour répéter les morceaux et une autre semaine pour les enregistrer, on ne peut que s'incliner. La performance d'Eric Little (Earthride, Internal Void) à la batterie est carrée et ne fait pas dans l'excès à la différence de son prédécesseur Junji Narita, il demeure néanmoins dans un style adapté pour Church Of Misery. A noter une curieuse mise en avant dans le mix des cymbales, fortes et claquantes à la John Bonham.

Church Of Misery sort un très bon cru, proche du chef d'œuvre. Vintage, sans sonner daté, efficace mais aussi subtil, habité et mémorable, "And Then There Were None..." est peut-être même le meilleur album du groupe.


Man Of Shadows
Avril 2016


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.churchofmisery.bandcamp.com