Le groupe
Biographie :

Caldera est l’un des groupes les plus fascinants de la scène underground actuelle, perfectionnant au cours des dix dernières années l’expression sonore d’une existence sans espoir dont l’issue tragique et inévitable n’a comme sursis que sa propre création esthétique. En 2008, leur premier album "Mist Through Your Consciousness" fut extrêmement bien accueilli par la presse et le public, et le groupe continua de forger son propre son en mêlant riffs monolithiques et harmonies déspérées sur son second LP "Mithra", sorti en 2011 sur le label mythique Avantgarde Music. Suit l'EP "Centralia" enregistré en Février 2012 à Nancy. Le mastering, pour vinyl exclusivement, a été confié à Mell Dettmer (Earth, Witch Mountain, Burning Witch, ASVA, Trees, Eagle Twin, Sunn O))).

Discographie :

2008 : "Mist Through Your Consciousness"
2011 : "Mithra"
2015 : "Centralia" (EP)


La chronique


Nous étions sans nouvelle de Caldera depuis une éternité, à tel point que nous croyons que le groupe instrumental nancéen avait rejoint le cimetière. Le groupe était semble t-il en léthargie depuis son deuxième album "Mithra" paru en 2011. Quatre ans plus tard, le quatuor revient donc à notre plus grande joie non pas avec un nouvel album, mais un simple EP vinyle limité à seulement 100 exemplaires.

La formation doom / sludge lorraine propose deux nouveaux morceau sur ce "Centralia" à l'artwork réussi. Enfin "nouveaux", c'est relatif. "Inédits" disons, car ces deux titres ont été enregistrés il y a trois ans, en Février 2012. On peut dire qu'ils prennent leur temps, les gaillards. Espérons que cet EP ne soit qu'une mise en bouche avant un troisième opus full-length, car Caldera est sûrement l'une des meilleurs formations française instrumentales actuelles (pour vous en convaincre, cet EP et le terrifiant "Mithra" devraient suffire).

Mais tout vient à point qui sait attendre. "Centralia" en est l'illustration. Ces deux morceaux sont juste sublimes. Le premier, "Centralia", débute par une longue intro acoustique, sombre, à l'atmosphère tendue, où arpèges sinueux et claviers distants installent un climat d'insécurité. La deuxième section du morceau prend des teintes western ; mais un western sinistre et déshumanisé. On a la sensation d'errer dans les rues d'une ville fantôme poussiéreuse et crade. Ce titre nous renvoie au Earth de "Hex: Or Printing In The Infernal Method" (2005). L'ambiance y est désespérée. Les accentuations progressives et subtiles de la caisse claire sont comme l'ombre d'un serial killer s'étendant derrière vous. La menace est réelle et va crescendo jusqu'à ce que le poignard vous tranche la gorge. Les distorsions vous assomment et laissent inconscient au sol. Le morceau suivant, "Garden Of Love", n'est franchement pas rose non plus. En dépit de son titre, cette reprise des trop peu connus Amber Asylum est plus dépressive que "Centralia". Une montagne entière s'abat sur nos crânes, chaque accord, chaque coup de cymbale pèse un tonne. Si le break acoustique plus lumineux nous laisse respirer quelques instants, c'est pour mieux nous achever par une conclusion heavy à mort.

Le groupe se vante d'avoir eu recours à du matériel analogique pour l'enregistrement de l'EP. Il faut reconnaitre que ce son rond et ample sied parfaitement aux nancéens. Un nouvel EP constitué d'un inédit et une reprise, c'est peu, mais le talent de nos amis fait que cette sortie n'est pas anecdotique. "Centralia" est aussi réussi que ses deux grands frères. En attendant un prochain disque que l'on espère arriver très vite, profitez de ce que Caldera nous propose aujourd'hui. Un groupe précieux.


Man Of Shadows
Avril 2015


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.caldera666.bandcamp.com