Le groupe
Biographie :

Broken Down s'est formé en 2014 et explore la musique en dehors des genres historiques, classiques et étroits de la musique, avec un degré extrême de liberté. Sa musique expérimentale qui utilise toutes les sources de musiques pop. L'association de la technologie et de la liberté ont fait de cette musique ce qu'elle est. Broken Down isole méticuleusement chaque élément de batterie pour créer un kit électronique personnel pour chaque morceau. Le one-man-band prend des éléments musicaux familiers et les déforme pour créer de nouvelles choses qui peuvent sembler très étranges mais qui restent cohérentes. Cette musique unique est construite en remettant astucieusement en contexte le rock et d'autres genres, en transformant et en modifiant les idées académiques.

Discographie :

2015 : "First Spit"
2016 : "The Other Shore"


Les chroniques


"The Other Shore"
Note : 11/20

Il y a tout juste un an, nous découvrions Broken Down, ce one-man band œuvrant dans un indus protéiforme mené par Jeff Maurer. L'originalité de "First Spit" et son brassage réussis de divers ingrédients, dont le stoner, dans sa marmite industrielle nous avait bien enthousiasmés. Jeff ayant lancé le pari de publier un album de Broken Down par an, nous écoutons donc le successeur de "First Spit".

Intitulé "The Other Shore", il voit le projet délaisser ses inclinations doom, stoner et expérimentales (on se souvient des reprises osées de Boney M et Eiffel 65 du premier opus) pour se concentrer sur ses fondements, l'indus. Il n'est même pas totalement question de metal indus à proprement parler. "The Other Shore" est parfois metal, mais le plus souvent se situe dans les sphères rock indus et alternatives. En conséquence, Broken Down perd toute l'originalité qui était sienne et avec elle, une grosse partie de l'intérêt qu'on pourrait porter au projet. On se retrouve avec un disque d'electro-indus-rock certes bien fait et aux idées mélodiques solides mais assez peu novateur sur les grandes lignes.

Du passé stoner, seul subsiste la belle intro bluesy "Baïne". On embarque ensuite avec les deux morceaux les plus méchants et intéressants du lot : "Mr Sun", aux riffs vindicatifs puissants et au refrain scandé entêtant et au développement final plus "dance", suivi du titre éponyme doté d'un riff et d'un groove mécanique et d'un chant et piano mélancoliques donnant une couleur intéressante au morceau. L'interlude "Rearview Mirror" est le moment le plus émotionnel du disque, ambient, sombre et mystérieux. Arrivé à ce stade, le disque s'enlise dans des morceaux bien construits mais relativement ennuyeux, musicalement. Le hip-hop "Scribble Your World" n'apporte rien à l'ensemble et "Alienated Music" (le titre est de rigueur pour ce morceau au cul entre plusieurs chaises), malgré ses passages martelés metal, est mou du gland et hésite maladroitement entre hip-hop, rock indus et passages clairs, rendant l'ensemble bancal et sans direction. Et les chansons sont à peu près du même ton, malgré de bonnes idées çà et là qui, indépendamment prises, ont une force certaine, le mélange, voire le chevauchage de styles incohérents au sein de titres comme "This Art Is Mine" et "Speculator" nous rend circonspects. Heureusement, le dernier titre rehausse le niveau avec ses riffs appuyés et son refrain et ses ambiances gothiques à la Type O Negative.

Le son et la production, similaires au premier album, ne comportent aucun défaut ; la boîte à rythmes est puissante et les effets synthétiques bien amenés. L'équilibre entre les instruments est vite trouvé mais le mix mettant à l'avantage la BAR et la voix (le gros point faible de l'album, Jeff chante bien, mais sa performance est n'a rien d'exceptionnelle) au détriment du reste fait que "The Other Shore" pourrait ne pas passionner les métalleux purs et durs.

En bref, une première partie d'album bonne, puissante bien construite et une seconde incohérente et bordélique, le tout servi par une orientation musicale qui se défend mais demeurant trop mollassonne et inconsistante. A voir maintenant si Jeff Maurer saura se ressaisir sur le prochain album.


Man Of Shadows
Février 2016




"First Spit"
Note : 14/20

Enième projet / one-man band de Jeff Maurer (plus connu pour son très bon et désormais ex-groupe de doom Surtr et comme label manager d'Altsphere Production), Broken Down sort son premier album en ce rude mois de Février. Ayant quitté Surtr, groupe qu'il a pourtant fondé, Jeff s'est concentré sur une nouvelle aventure en solo laissant ainsi exprimer ses idées non-conventionnelles, dont les contours se rapprochent également du doom mais déviant largement par son approche. Présenté sur la fiche promotionnelle comme un full-length, nous aurions plutôt tendance à dire que nous avons affaire à un EP, sa courte durée (24 min) et ses 7 morceaux dont deux reprises (totalement transfigurées pour l'occasion) nous semblent plus convenir aux standards de ce format. Quoiqu'il en soit, nous avons affaire à un très bon EP.

Ce premier crachat est une petite curiosité ; ce n'est pas musicalement révolutionnaire, mais il présente un intérêt certain et une démarche atypique : jouer du metal d'obédience heavy et traditionnel sur des rythmes electro / indus. On peut très rapidement et très grossièrement parler de doom metal industriel. Cette musique est paradoxale : elle est à la fois vivante et déshumanisée. Le côté rigide initialement attribué au genre indus (la froideur du son de guitare, les rythmiques martiales et mécaniques, les éléments électroniques modernes) est tempéré par des chansons évolutives, des riffs colorés, des chants variés (chant masculin "normal", féminin, growl) et des parties acoustiques, rendant la musique très vivante. L'interprétation, instrumentale comme vocale, est organique et énergique, mais les beats electro et la boîte à rythmes sèche, typiques de la scène electro / indus, leur donnent un aspect dur, massif, impassible. On pense à Godflesh sur un morceau comme "You Covetous, I'm On A Roll" (dont le son des beats rappelle celui du dernier album "A World Lit Only By Fire") mais un Godflesh plus humain, amputé de sa colère primaire et de son nihilisme post-moderne. Le groove sabbathien et la voix de Jeff sur "A Pill Hard to Swallow" nous renvoie à Lee Dorrian et son Cathedral. Les autres morceaux se situent à mi-chemin entre ces deux références. Plus généralement, nous sommes en présence d'une musique rampante et gluante que l'apport artificiel rend encore plus dégénérée. Un mot sur les deux reprises : "Blue" d'Eiffel 65, dénaturé mais très intéressant, et "Daddy Cool" de Boney M, totalement méconnaissable. Si l'intention est bien fun, le résultat ne l'est pas, le disco / funk originel se transforme en monstre heavy.

Un minimum d'ouverture d'esprit sera peut être nécessaire pour apprécier cette petite galette fort sympathique qui malgré son apparente étrangeté et la contradiction des styles (contradiction qui n'est fondée que sur des codes inexistants et l'étroitesse d'esprit de certaines personnes), fonctionne très bien et offre de très bonnes idées. On regrettera seulement la courte et subséquemment frustrante durée de ce disque, qui aurait mérité un plus long développement. Gageons que le potentiel élevé de ce projet pourra aboutir à quelque chose d'énorme dans le futur.


Man Of Shadows
Février 2015


Conclusion
Le site officiel : www.broken-down.net