Le groupe
Biographie :

Brieg Guerveno, c'est une histoire d'amour entre un homme, sa culture et son goût immodéré pour les musiques extrêmes et progressives. C'est l'histoire d'un homme qui chante en breton comme d'autres chantent en islandais, en allemand ou en norvégien. C'est une histoire en perpétuel mouvement comme le sont toutes les musiques progressives. Un mouvement en forme de quête d'un son bien à lui. Un son marqué par le rock prog des 70's, la chaleur des amplis vintages et les strucutres labyrinthiques comme autant de tiroirs gigognes qui s'ouvrent pour mieux nous perdre. Un son brut, taillé pour le live et l'efficacité sauvage de la formule power trio qui l'accompagne sur scène. Un son brut comme le granit breton et la rugosité cardiaque de cette langue régionale qu'il aime et défend le cœur battant.

Discographie :

2006 : "SedeR " (EP)
2011 : "Noziou/Deiou"
2012 : "Bleunioù An Distruj" (EP)
2014 : "Ar Bed Kloz"
2015 : "Bleuniou An Distruj" (EP)
2016 : "Valgori"
2020 : "'Vel Ma Vin"


Les chroniques


"'Vel Ma Vin"
Note : 18/20

Il aura fallu quatre ans à Brieg Guerveno pour nous revenir avec un nouvel album mais "'Vel Ma Vin" est là et en l'écoutant on comprend pourquoi il a fallu un peu de temps. Terminé le rock progressif aux frontières du metal avec des influences folk, ici c'est le folk justement qui domine. Brieg Guerveno a épuré sa musique et ne nous en délivre cette fois que la substantifique moelle.

"Vel Ma Vefemp" nous accueille avec un piano-voix plus mélancolique que jamais nous montrant un visage encore plus sombre et profond de Brieg Guerveno, dépouillé de toutes fioritures et avec une sincerité désarmante. De l'acoustique, du piano, le chant, il n'en faut pas plus à ce nouvel album pour frapper en plein cœur. Quelques cordes viennent aussi ajouter encore un peu de mélancolie et de beauté à un album qui en regorgeait déjà, donnant des airs de ballades à chaque morceau de "'Vel Ma Vin". Des ballades loin d'être sirupeuses et qui vous retournent l'estomac par leur pureté et leurs mélodies poignantes. En une petite demi-heure, ce nouvel album vous lessive tant il est aussi beau que profondément triste ! On pense d'ailleurs parfois aux morceaux les plus épurés des derniers Anathema avec cette espèce de beauté paradoxalement lumineuse alors que leurs mélodies sont belles à pleurer. Typiquement le genre d'album difficile à chroniquer, écrire sur cette musique ne lui rendra jamais vraiment justice et ce genre d'album a tout de l'expérience intimiste et introspectif et seules vos oreilles vous permettront de comprendre de quoi il en retourne réellement. Je ne devrais même pas avoir besoin de préciser que les bourrins ne sont pas invités à la fête puisque les précédents albums ne leur étaient déjà pas destinés. L'introspection saute aux oreilles notamment sur "Ar Sekred" qui nous fait clairement entendre un compositeur face à lui-même et Brieg Guerveno a réussi le tour de force de permettre à des gens qui ne comprennent pas le breton de sentir de quoi il parle. Ses émotions transpirent de sa musique, elles vous enveloppent et s'inflitrent directement dans le cœur.

Le chant sur "Petra Zo Bet" me rappelle même Katatonia avec cette sensibilité, cette fragilité que l'on sent dans la voix. Celle de quelqu'un qui se livre sans détour, qui se met à nu et qui va fouiller au plus profond de lui même pour coucher en musique ce qu'il est. Il n'est même plus question d'un quelconque style musical ici, la beauté de ces morceaux traversent les barrières et peut toucher n'importe qui. Tout a été épuré, même la durée des morceaux qui ne dépassent pas les quatre ou cinq minutes gros maximum alors que "Valgori" s'étalait bien plus que ça. Du coup, comme je le disais, on ne dépasse pas la demi-heure cette fois mais le fait de s'être dirigé vers quelque chose de plus pur, de plus simple, a permis d'atteindre l'essentiel. Pas besoin de s'étendre des heures pour comprendre les émotions véhiculées par ces sept nouveaux titres et leur beauté est telle que l'envie de relancer l'album ne manquera pas de se faire sentir. Si on devait pointer un élément de la musique de Brieg Guerveno qui n'a pas disparu c'est bien ce côté hors du temps, ces ambiances qui nous emmènent ailleurs et qui nous déconnectent du monde réel le temps d'un album. Ce nouveau visage risque de surprendre du monde mais pour ma part la surprise est très bonne, d'autant que nous ne sommes pas pris en traître et que les éléments qui s'expriment sur ce nouvel album ont toujours été là en filigrane sur les précédents albums.

Sublime nouvel album que ce "'Vel Ma Vin" qui en une petite demie heure frappe sept fois en plein cœur avec des morceaux d'une sensibilité désarmante et d'une sincérité indéniable. Bien plus épuré et moins rock que ses prédécesseurs, ce nouvel album n'en est que plus poignant et mérite définitivement que vous y jetiez une oreille !


Murderworks
Juin 2020




"Valgori"
Note : 16/20

Si vous aimez les mélanges des genres, l'originalité et le progressif en général, je crois qu'on tient quelque chose pour vous avec le troisième album de Brieg Guerveno, "Valgori". Un projet au carrefour de plusieurs genres qui propose une musique personnelle et loin de tout carcan.

Petite précision, les morceaux de Brieg Guerveno sont tous chantés en breton et pour ceux qui se poseraient la question, ce n'est pas là qu'est l'originalité de ce projet. Sa musique a une âme tout simplement et même si on reconnaît quelques influences, Brieg Guerveno prépare tout ça à sa sauce et ne s'impose aucune limite. Pour donner une idée, "En Desped" qui ouvre l'album pourra aussi bien faire penser à Opeth qu'à Steven Wilson sans jamais pomper ni l'un ni l'autre. Les ambiances sont mélancoliques mais jamais plombées, le chant est habité et ce premier morceau arrive à nous entraîner dans son monde sans aucune difficulté. On sent clairement que le bougre aime les années 70 même si sa musique n'est pas coincée dans le passé. Disons pour simplifier que Brieg Guerveno évolue dans une sorte de metal / rock progressif, le tout surmonté d'influences folk et de sonorités très 70's. Comme souvent dans ce style de musique, "Valgori" va vous demander toute votre attention et mérite d'être écouté d'une traite pour profiter pleinement de toutes les ambiances que l'album crée pendant une heure. D'ailleurs tous les morceaux sont longs et oscillent souvent entre huit et neuf minutes, le plus court atteignant les cinq minutes. Pourtant, on ne ressent aucune longueur et on se retrouve happés dans cet univers aussi triste qu'empreint d'une certaine poésie. Les plus bourrus des métalleux seront perdus en tout cas chez Brieg Guerveno, l'ambiance est plutôt au rock progressif et tout l'album est plutôt doux même si le climat est généralement mélancolique.

On sent tout de même quelques envolées plus dures de temps en temps, notamment sur "An Hivizenn" qui est sûrement le morceau de l'album se rapprochant le plus du metal. Le contraste avec la beauté poignante de "Hirnez" qui le suit est d'autant plus grand et c'est un des points forts de Brieg Guerveno, cette capacité à passer d'une ambiance à l'autre sans jamais perdre en cohérence. L'authenticité de sa musique saute aux oreilles et le voyage est total. En écoutant "Valgori", on a vraiment l'impression d'entrer dans un autre monde tant la musique qu'il propose est hors du temps et tout aussi éloignée des gimmicks du metal ou du rock en général. On navigue en eaux progressives à tendances rock certes mais on entend aussi quelques incursions presque noisy en fin d'album, en particulier sur les deux derniers morceaux, quelques passages acoustiques, des sonorités folk etc... Du coup si l'album présente une certaine homogénéité, ça ne lui enlève pas sa variété et la richesse des ambiances proposées. Pour ce qui est de l'aspect plus technique, la production est parfaite, ni trop puissante, ni trop faible, avec une clarté qui permet d'entendre tout ce qui se passe sans faire d'efforts.

Voilà donc un troisième album rafraîchissant d'un homme qui n'en fait qu'à sa tête et qui a bien raison de le faire. "Valgori" est un album personnel, beau, mélancolique, émotionnellement puissant. Pour faire simple, cet album a une âme et en ces temps d'uniformisation à tous les étages ça fait du bien.


Murderworks
Mars 2017




"HKY"
Note : 10/20

Quand j'ai lu la fiche promo de l'album "Ar Bed Kloz" de Brieg Gueverno, j'étais ravi de savoir que j'allais chroniquer un album aux paroles en breton. Tout en regardant le livret au visuel à la fois poétique et voyageur, j'apprécie la petite attention avec ces paroles en breton et la traduction en anglais (même si j'aurais également apprécié la traduction en français pour le surdoué en anglais que je suis).

C'est parti, insertion de la galette dans le lecteur. Déjà, ça ne commence pas génial, la qualité de son est vraiment très moyenne. La guitare saturée n'est pas assez mise en valeur et les instruments (guitare acoustique, clavier, basse et batterie) donnent l'impression d'une balance mal réglée de concert. On sent bien que le groupe a envie de jouer du rock progressif mais le deuxième gros problème est le chant qui est trop mis en avant et quand toute l'instrumentation arrive en renfort derrière, ça devient trop insupportable à mes oreilles. Toujours en parlant du chant, je trouve que celui-ci ne colle pas du tout à l'instrumentation et au bout de quatre pistes, j'ai complètement décroché. Manque de saveur, d'envie de se transporter du côté de la Bretagne, un enregistrement qui ne donne pas aux instruments un vrai panache. Attention, je ne ferai aucune critique négative sur l'utilisation de paroles en breton, idée que je trouve très bonne. Peut-être que le fan de folk que je suis dans de nombreux domaines et sur pas mal de groupes (Ramoneurs de Menhirs, Boisson Divine, Goulasmas'k, Eluveitie) me fera toujours penser que le chant traditionnel se joue uniquement sur du folklorique.

Bref, cet album ne me correspond pas du tout. Fans de rock progressif, vous pouvez toujours essayer d'écouter "Ar Bed Kloz", peut-être arrivera-t-il à vous convaincre plus que moi.


JU
Juin 2014


Conclusion
Le site officiel : www.briegguerveno.com