Le groupe
Biographie :

Depuis 2004 Boys First Time distille un mélange extrême de grind, de punk / hardcore et de metal. Après avoir enregistré deux démos et un split CD, le groupe signe avec le label Deformeathing Prod en 2009 pour la sortie du premier album.

Discographie :

2005 : "San Francisco"
2005 : "The Final Soul Trade"
2007 : "Ocean Of Ashes" (Split CD)
2010 : "Boys First Time"


La chronique


Cette fois-ci, c’est directement la camisole. Là, ça rigole plus du tout. Je suis en proie à une psychose, et les voix que j’entends dans ma tête ne sont autres que le CD éponyme de Boys First Time.

Ça commence par un grésillement, c’est comme si on se trouvait dans un vieil abattoir, un truc sale, rempli de déchets, et on est là seul, et on a peur. Et quand la musique se met à vrombir, on se dit qu’on a raison d’avoir peur. "Chronophagia" lance la danse, et on sait désormais ce qui va nous attendre. Il faut trouver l’issue de cet abattoir musical qui dure 25 minutes. C’est dissonant, c’est angoissant. Comme si les membres du groupes avaient retranscrit en tablature nos plus grandes frayeurs, nos battements de cœur, nos tourments. Oui, s’il y a un mot qui peut résumer Boys First Time, c’est bien le mot tourment. Musique complètement barrée, voix criarde. Surtout que sur cet album, les chansons s’enchaînent parfaitement. On pourra dire qu’on a l’impression que c’est la même piste pendant 25 min, mais non, c’est beaucoup plus complexe que ça. C’est une dépression. Non, c’est pas vraiment une dépression, Boys first Time, c’est être bipolaire. Avoir envie de tout éclater, comme sur la "Down The Duodenum", qui commence aussi par un grésillement, un grésillement qui a tendance à bugguer, et qui laisse ensuite place à une voix forte. Un riff plutôt gentil, qui se transforme au fur et à mesure du morceau en polyrythmie. Même impression de folie qui vous prend dans "Driving The Love Reaching For A Borderline", ou le début de "Ecstatic On The Brink". Avec des guitares qui vous mettent une pression monstre, qui vous font tourner la tête.

L’abattoir devient un dédale, ou alors c’est notre cerveau qui se transforme en labyrinthe. J’ai toujours pas trouvé la solution, j’ai toujours pas trouvé la sortie. Et comme tous les trucs psychotiques, une fois qu’on arrive à la fin, on a envie de recommencer, de relancer le CD, alors qu’on s’est pris 25 min de carnage psychologique. Mais on y peut rien, c’est ça, la psychologie, enfin il paraît, on se sent attiré parce ce qui nous détruit. Mais parfois, ces petits gars nous laissent nous reposer, toujours avec "Ecstatic On The Brink", qui nous laisse trente secondes de répit avec la guitare qui se met à jouer un riff reposant, un riff qui nous fait tout oublier, un riff qui nous fait dire que l’espoir est sauf et que l’on va sortir de là vivant. Pour mieux nous persécuter par la suite.

Et au final, l’album, c’est toujours ça. C’est marcher sur un câble électrique, c’est se faire éclater à la gégène, être rempli de spasmes. Parce qu’en fait oui, en y réfléchissant, Boys First Time, c’est psychologique et aussi physique. Les instruments, c’est-à-dire les blasts de la batterie (oui, batterie que l’on entend grâce à ces blasts, car elle se fait plutôt discrète), les roulements de tambour, c’est un peu notre cœur. Qui s’accélère suivant les phrases. Puis dans notre malheur, les bonshommes essayent tout de même de nous aimer, avec "Run From The Exit". Bon d’accord, nous la sortie de secours, on essaye de la trouver, eux, ils nous forcent à la quitter. A s’abandonner de tout notre être à leur musique psychédélique. Non, vous ne verrez pas de rond multicolore, vous ne serez pas "peace and love". Mais vous serez nerveux. Et à la fin de l’album, plus aucune énergie, vous serez vidés. C’est ça l’intensité de Boys First Time. Parce que jusqu’au bout, ils vous auront, la dernière piste s’appelant "The Very First Agression ?". Parce que oui, c’est une agression, massive, auditive.

Alors oui, ça ne plaira pas forcément à certains, parce que musicalement trop barré. Mais il faut bien des ovnis partout. Et ce genre d’ovni, on a vraiment envie qu’il vienne se poser chez nous, dans notre mange disque. Si vous avez envie de vous défoncer, mais sans utiliser de moyens illégaux, écoutez Boys First Time. Plus qu’une expérience, un moment intense.


ePo
Mars 2010


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.myspace.com/boysfirsttime