Le groupe
Biographie :

Botanist est un groupe de one-man band de black metal experimental, dans lequel on retrouve Roberto "Otrebor" Martinelli (chant / batterie / hammered dulcimer) qui officie également dans Ophidian Forest.

Discographie :

2011 : "I: The Suicide Tree"
2011 : "II: A Rose From The Dead"
2012 : "III: Doom In Bloom"


La chronique


Pas évident de parler d'un album comme ce "III: Doom In Bloom" de Botanist. Commençons donc par dire qu'il est le successeur du premier double album du groupe : "I: The Suicide Tree" - "II: A Rose From The Dead" et qu'il se présente lui aussi sous la forme d'un double CD. Son prédécesseur prenait un malin plaisir à bousculer les codes du black metal avec son style très particulier, celui-ci fait de même avec le doom comme son nom l'indique. Et histoire de la placer tout de suite : avec un nom pareil et vu la musique proposée à mon avis l'unique membre du projet ne doit pas faire pousser que des géraniums ! Maintenant que la blague pourrie a été casée, venons en au fait.

La grosse particularité de ce projet c'est que les guitares et la basse sont absentes, toute la musique est bâtie sur la batterie, le chant et le hammered dulcimer qui n'est pas très fréquent dans le metal, pour ne pas dire totalement inexistant. Etant un instrument à cordes frappées il apporte des sonorités complètement différentes de celles qu'on a l'habitude d'entendre, surtout dans le metal extrême. A l'écoute de cet album on perd tous nos repères habituels, là où certains groupes deviennent prévisibles au point qu'on devine presque les riffs à l'avance, Botanist lui consiste en une surprise intégrale. Il n'y a que les ambiances que l'album installe qui peuvent nous rappeler où on est, le reste est tellement à part qu'on a le sentiment d'être perdu dans un univers parallèle. Du doom dont il est question dans le nom de l'album, il n'en a été repris que le rythme lent et le format de ses morceaux. Les ambiances peuvent éventuellement parfois rejoindre ce courant, mais globalement Botanist propose sa propre tambouille.

Comme je viens de le dire les morceaux sont tous assez longs, ça tape fréquemment dans les 10 minutes, et prennent par conséquent le temps de s'installer et de nous traîner dans une version "evil" de la forêt enchantée (soit tous l'inverse du premier album qui était constitué de titres très courts, il y en avait d'ailleurs 40 pour vous donner une idée). Le premier morceau nous laisse penser que l'album sera calme, apaisant, bordé de mélodies mélancoliques mais jamais trop plombées. On pense qu'on va planer pendant les presque 2 heures que dure ce double album, alors on baisse sa garde et on se laisse porter par la musique. Le problème c'est que ça se gâte dès le deuxième morceau, qui sans vraiment changer dans la forme est déjà beaucoup plus sombre et torturé dans ses ambiances avec quelques cris du plus bel effet. La chute est dure, on était bien installés sur notre petit nuage et voilà qu'on nous le désintègre d'un seul coup ! D'autant que les passages sombres sont assez inquiétants et débarquent sans prévenir, souvent précédés d'une belle mélodie et d'un passage planant et presque agréable.

C'est finalement cette alternance qu'on va subir tout le long de ces deux galettes, ce botaniste fou prend un malin plaisir à nous trimballer dans tous les sens sans nous laisser deviner dans quelle direction il va nous emmener par la suite. L'écoute d'un album pareil est assez déstabilisante, je suppose que c'était l'effet recherché et c'est carrément réussi. J'aime beaucoup la musique proposée ici, mais comme je le disais c'est tellement atypique que j'ai bien du mal à vous en donner un bon aperçu. Et l'originalité est présente aussi dans la façon dont l'album a été conçu, depuis le début je parle d'un double album mais ce n'est pas vraiment un en fait. Le deuxième CD regroupe plusieurs groupes proches de Botanist, celui-ci leur a fourni les pistes de batteries des sessions de ce "III: Doom In Bloom" et leur a proposé de broder leurs morceaux autour tout en essayant de respecter l'univers du groupe. Ce ne sont donc pas des reprises, ni des compositions totalement originales, ni des versions différentes de compos existantes mais un peu tout ça à la fois en fait. Avouez que c'est pas banal !

En même temps rien n'est banal chez Botanist, voilà quelqu'un qu'on peut véritablement qualifier d'artiste. Il bouscule tous les codes musicaux du genre, la démarche est originale elle aussi et nul doute que sortir ce genre d'album est un suicide commercial assuré. Même les textes sont barrés, puisque comme le nom du groupe l'indique il ne parle que de plantes ou de la nature en général ! Je ne suis pas sûr de pouvoir rendre justice au travail qui a été fait sur cet album et à son caractère fou et atypique, c'est pourquoi je vous conseillerai d'y jeter une oreille à l'occasion. Rien que pour l'originalité de la chose ça vaut le coup de s'y pencher au moins une fois, après vu que c'est quand même très particulier ça risque de laisser du monde sur le carreau. Pour ma part c'est une agréable surprise, et la preuve qu'on peut encore innover dans ce genre de musique finalement.


Murderworks
Octobre 2012


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.botanist.nu