"Unleash Your Wrath", premier album de ce groupe strasbourgeois plutôt jeune puisque né en 2009, c'est un petit digipack qui a de la gueule, qui paye pas de mine mais qui présente bien qui nous est proposé ici. Avec un design qui rappelle pas mal de trucs déjà faits avant, mais qui malgré tout montre que le groupe a envie de donner de sa personne et a envie d'accrocher, d'haranguer le badaud ; même si l'on constate que l'autoprod' a ses limites financières, puisque la photo a été placée devant le booklet et que la fin des paroles se trouvent sur le back du booklet. Et évidemment quand on ne s'appelle pas Paris Hilton, on regarde à la dépense et on fait avec ce qu'on a. Ceci étant juste une constatation et non une critique, soyons-en conscients.

Bloody Pride est également propre dans sa production, et leur death mélodique cherche à trouver une mélancolie plus ou moins old school. C'est ce qui ressort de ces dix chansons, un death mélodique plutôt massif et sans grosse variation de styles, qui reste relativement cloisonné, et qui n'ose pas trop s'aventurer vers beaucoup de folie. L'album a un peu de mal à décoller, sur sa totalité de quarante minutes. Les premiers morceaux comme "Dying From The Inside" ou "My Great Scars" sont corrects, avec cette touche mélancolique dont on a parlé ou cette agressivité, mais on a la sensation que Bloody Pride manque de maturité pour vraiment s'éclater. Si "No Sens For Life" commence à proposer des choses plus piquantes, il faut arriver sur le quatrième morceau "The Bloodrider" pour que le death mélodique du groupe prenne de l'ampleur. C'est sur ce titre que les mélodies sont nettement plus présentes, que les changements de rythme sont plus prononcés et sortent l'auditeur de sa léthargie de début d'album, en offrant des choses plus rentre-dedans entre un Alastis de "And Death Smiled", et un A Canorous Quintet en plus heavy et moins black, ainsi qu'un God Dedthroned dans ses moments les plus noirs comme l'album "The Toxic touch". C'est enfin à ce moment-là que Bloody Pride prend un envol considérable, grâce à un solo vraiment palpitant qui montre la qualité de son guitariste, et un certain savoir faire. Mais il aura fallu presque la moitié de l'album pour découvrir que Bloody Pride a quelque chose dans le ventre. Ce n'est pas innovateur du tout car bon nombre de décennies ont vu naître ce genre de groupe death mélodique sombre, avec une identité vraiment noire finalement. Mais les chansons qui suivent sont plutôt bien faites.

"Revenge Is No Crime" reste un titre très efficace grâce à des rythmiques harmonisées qui conservent cet aspect de transe à travers une atmosphère guerrière, bien que le lead guitare veuille souvent explorer la heavy touch d'un Arch Enemy underground. Le chant de Philippe se calque bien aux morceaux dans son double timbre guttural qui permet de ne pas offrir qu'une seule tonalité de growls. On retrouve sur la deuxième partie de l'album cet esprit black / death mélodique des 90's avec des accélérations qui maintiennent coûte que coûte ce spleen mélancolique, que le titre soit violent ou pas, Bloody Pride place en premier son envie de conserver une mélodie cohérente et fondamentale. Ça se sent sur la plutôt bonne "Grateful Death". Les derniers titres sont dans cet esprit-là, mais ils souffrent un peu d'une homogénéité qui n'avantage pas l'album à l'arrivée. C'est le fait que les titres aient une trop grande similitude qui étouffe certaines mélodies qui seraient plus en valeur si elles pouvaient exister indépendamment des autres titres sur l'album.

"Unleash Your Wrath"c'est du death mélodique, avec un bon niveau d'exécution et de technique, mais sans doute un manque de quelque chose qui apporte à leur style le truc qui accroche vraiment. C'est pas trop mal à l'arrivée, mais c'est à approfondir pour trouve une véritable voie et donner à l'auditeur l'impression que c'est un un album incandescent qu'il tient là... C'est un début encourageant, à voir avec le temps...