Le groupe
Biographie :

Blood Ceremony est un groupe canadien de doom metal / rock progressif occulte formé en 2006 à Toronto et actuellement composé de : Alia O'Brien (chant / flûte / orgue), Sean Kennedy (guitare), Lucas Gadke (basse / chant) et Michael Carrillo (batterie). Blood Ceremony s'inspire de groupes comme Jex Thoth ou Black Sabbath et du groupe de rock progressif Black Widow. Les thèmes abordés par les différents morceaux tournent principalement autour de l'occultisme. Occultisme que l'on retrouve sur scène et qui rappelle Black Widow. L'utilisation fréquente de la flûte et de l'orgue sont l'une des marques de fabrique du groupe. Le groupe se produit notamment sur la scène locale de Toronto avant de sortir leur premier album éponyme en 2008. Le groupe part ensuite en tournée avec le groupe de metal Electric Wizard en passant par la France1. Le groupe sort son second album "Living With The Ancients" en Mars 2011. Les deux albums sont plutôt bien accueillis par la critique qui voit dans ce groupe un bel hommage au rock progressif et au doom metal des années 70. Suivent les albums "The Eldritch Dark" en 2013 et "Lord Of Misrule" en 2016.

Discographie :

2008 : "Blood Ceremony"
2011 : "Living with The Ancients"
2013 : "The Eldritch Dark"
2016 : "Lord Of Misrule"


La chronique


A l'heure actuelle, les Canadiens de Blood Ceremony sont plus ou moins à considérer comme les leaders du renouveau psyché / 70's dans la sphère metal, aux côtés des Suédois de Witchcraft. Plus mystique que ces derniers, plus occulte, le quatuor livre aujourd'hui un superbe quatrième album qui vient confirmer cet état de fait. Son hard forestier, son havy psychédélique, son doom champêtre (rayez la mention inutile) fait à nouveau des merveilles sur "Lord Of Misrule".

La recette reste inchangée depuis le premier album sans nom de 2008 mais le groupe affine de sortie en sortie son style. Moins axé sur les instruments non metal comme la flûte et les claviers, "Lord Of Misrule" met l'accent sur l'instrumentation rock et développe des compositions aux atmosphères abstraites et impénétrables. Peu marquant aux premières écoutes, des essais répétés laissent entrevoir des arrangements fins créant, à quelques exceptions près, des chansons simples à l'identité bien établie. Mis en valeur par une production typée 60's signée Liam Watson, elle possède un carctère imtemporel et magique mais n'en est pas moins dotée d'un enrobage actualisé et puissant. Tous les groupes de rock devraient sonner de façon aussi authentique et moelleuse que cet album ou que d'autres disques du genre. Les compositions possèdent un charme ancien que les vieux albums des années 60 et 70 ont. Il faut dire que les Toe Rag Studios de Watson sont équipés de matériel d'enregistrement analogique des années 40 jusque 60 et garantissent un merveilleux son d'époque (Uncle Acid And The Deadbeats et Electric Wizard ne s'y sont pas trompés en y enregistrant leurs derniers albums).

L'album débute avec "The Devil's Widow", très certainement le meilleur de l'opus et condensé parfait et grandiose de toute la science de Blood Ceremony. C'est un titre long, épique et diabolique, où riffs "Iommesque", refrain heavy et pont éthéré fait de guitare acoustique et de flûte, construisent un fabuleux morceau. La reprise de l'intro, avant le refrain final, confère au titre une dimension labyrinthique et mystérieuse. Le délicieusement suranné "Lorelei", ballade épurée au refrain subtil, pourrait faire office de single. On sent une certaine influence Beatles sur ce titre fort simple et joli. Le refrain mélodique et quelque peu chargé en substance de "The Rogue's Lot" fait aussi un très bel effet sur notre psyché. L'accélération finale est fort bien amenée et maîtrisée. Très surprenant de prime abord mais irrésistible, "Half Moon Street" sonne comme du Lynyrd Skynyrd, surtout avec son riff boogie typiquement southern rock, mais ses breaks de flute et son solo de bois final en font un vrai titre de Blood Ceremony. Faisant écho à "Lorelei", le dépouillé "The Weird Of Finistere" (écrite en 2008 à l'époque du premier album, dénuée de paroles et restée dans les cartons depuis) est une très belle pièce atmosphérique et onirique. La capacité du groupe à passer d'un registre à un autre surprend. Il passe ainsi du coq à l'âne avec "Flower Phantoms" qui évoque directement la pop sucrée et élégante des Supremes.

Il faut attendre le huitième morceau, "Old Fires", pour revenir à des considérations plus heavy. La magie opère encore, avec ses riffs old school (comment pourrait-il en être autrement) empruntés à "Master Of Reality", son faux rythme lancinant, son solo orgiaque et ses fines touches psychés. Moins metal que ses petits frères, "Lord Of Misrule" sait néanmoins parfaitement doser ses ambiances et fait parler les gros riffs de façon épisodique mais intelligente. On pourrait regretter sur l'album cet apauvrisement en riffs et un côté doom moins prononcé mais la grande maîtrise des différents styles abordés et le talent d'écriture nous fait ravaler cette petite déception. L'intelligence se retrouve également dans le morceau conclusif, "Things Present, Things Past", un morceau acoustique et discret refermant sur une note apaisante le disque et montrant un groupe qui innove dans son approche du tracklisting, lui qui avait l'habitude de refermer ses albums sur de longs morceaux épiques et lourds. Ce titre final traite de la vie vue comme une performance entière, intensifiée par l'inévitabilité de la mort qui lui donne tout son sens... Blood Ceremony, dans un style feutré et mature, montre qu'il n'a pas peur d'aller de l'avant dans un monde musical qui lui est propre.

"Lord Of Misrule" est un nouveau et fabuleux voyage vers des territoires étranges où la magie et les satyres existent toujours. Blood Ceremony, grâce au talent d'écriture de son guitariste-leader Sean Kennedy et à la voix de sa grande prêtresse-chanteuse Alia O'Brien, continue de nous enchanter et on espère qu'il le fera encore très longtemps.


Man Of Shadows
Avril 2016


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/bloodceremonyrock