Le groupe
Biographie :

Bloodbath est un groupe suédois de death metal fondé en 2000 et originaire de Stockholm. Le groupe commence par enregistrer l'EP "Breeding Death" en 2000 avec Mikael Åkerfeldt (Opeth) au chant, Dan Swanö (Edge Of Sanity, Nightingale...) à la batterie, Anders Blakkheim Nyström (Katatonia, Diabolical Masquerade) à la guitare et Jonas Renkse (Katatonia, October Tide) à la basse. Suite aux retours positifs de ses fans, le groupe décide d'enregistrer un album complet. Deux ans plus tard sort "Resurrection Through Carnage". En 2004, Mikael Åkerfeldt quitte Bloodbath pour se consacrer à Opeth, son groupe principal. Pour le remplacer, Bloodbath engage Peter Tägtgren d'Hypocrisy. D'autres changements de formation suivent avec Dan Swanö qui passe du poste de batteur à celui de guitariste, Martin Axenrot (Witchery, Satanic Slaughter et maintenant Opeth) qui prend sa place à la batterie, et Anders Blakkheim Nyström au poste de bassiste. Le deuxième album, "Nightmares Made Flesh", sort en Europe le 27 Septembre 2004. En Février 2005, c'est Peter Tägtgren qui quitte le groupe pour cause de "conflits d'emploi du temps". La même année, Mikael Åkerfeldt revient dans le groupe pour un seul concert au festival de Wacken en Allemagne. Avant le concert, le groupe annonce que ce pourrait être le premier et dernier show de Bloodbath (avec Mikael Åkerfeldt au chant). En Septembre, Bloodbath commence à chercher un nouveau chanteur. En Août 2006, Dan Swanö quitte à son tour le groupe pour cause de divergences musicales et pour son manque d'implication dans le futur du projet. Au même moment les auditions pour trouver un nouveau chanteur sont arrêtées et aucun remplaçant n'est choisi. Annonce est faite, en Mars 2007, de la préparation d'un maxi CD avec une nouvelle formation. Ce maxi se nommera "Unblessing The Purity" et c'est Akerfeldt qui revient derrière le micro nous offrir un "chant" plus rauque et profond que jamais... "The Fathomless Mastery" a été enregistré entre Juillet et Août 2008 et est sorti en Octobre 2008. En Avril 2012, Mikael Åkerfeldt annonce son départ définitif du groupe, disant ne plus prendre de plaisir dans ce projet qu'il a toujours considéré comme quelque chose "pour le fun", et étant trop occupé ailleurs, notamment avec Opeth. L'album suivant s’appelle "Grand Morbid Funeral" et sort au mois de Novembre 2014, avec au chant la présence de Nick Holmes, chanteur de Paradise Lost. Quatre ans plus tard, Bloodbath sort "The Arrow Of Satan Is Drawn" en Octobre 2018. "Survival Of The Sickest" sort en Septembre 2022 et marque l'arrivée de Tomas Åkvik comme guitariste.

Discographie :

1999 : "Breeding Death" (EP)
2002 : "Resurrection Through Carnage"
2004 : "Nightmares Made Flesh"
2008 : "Unblessing The Purity" (EP)
2008 : "The Fathomless Mastery"
2014 : "Grand Morbid Funeral"
2018 : "The Arrow Of Satan Is Drawn"
2022 : "Survival Of The Sickest"


Les chroniques


"Survival Of The Sickest"
Note : 17/20

Après deux albums qui empruntaient au thrash voire même au black metal, Bloodbath revient avec du pur death old school pour "Survival Of The Sickest". La pochette retourne elle aussi à quelque chose de plus gore avec une police d'écriture pour le titre qui renvoie à "Scream Bloody Gore" de Death, les intentions sont donc clairement affichées. Mettez votre plus beau tablier parce que ça risque de gicler un peu fort !

L'album s'ouvre sur le très efficace "Zombie Inferno" dont le clip avait été dévoilé avant la sortie de l'album avec un feeling très film d'horreur des années 80 et un Old Nick qui s'est visiblement bien amusé à jouer le bad guy. Musicalement, c'est du bon gros death qui tache avec toujours une bonne louche de thrash, donc là où "The Arrow Of Satan Is Drawn" plaçait des ambiances froides en prenant quelques idées au black metal ce nouveau méfait préfère y mettre une couche supplémentaire de gras 100% pur death metal. C'est donc majoritairement du up-tempo bien nerveux et frontal qui vous attend sur "Survival Of The Sickest", Bloodbath a voulu revenir à quelque chose de plus efficace et c'est réussi ! Quelques passages plus lourds et malsains sont évidemment de la partie et "Zombie Inferno" nous en fait d'ailleurs déjà entendre quelques uns, mais globalement ça fonce quand même plus dans le tas. Le démarrage de "Putrefying Corpse" est d'ailleurs bien brutal et le ralentissement qui débarque juste après l'est tout autant. Gage de brutalité, on peut entendre le premier guest de l'album sur ce morceau, à savoir Barney Greenway qui pousse sa gueulante sur un passage très Napalm Death justement. Sur "Dead Parade" c'est plutôt Morbid Angel qui vient à l'esprit sur les passages les plus lourds, le reste du temps c'est une ambiance froide et oppressante jusqu'à une fin de morceau très brutale. Il y a tout ce qu'il faut pour combler votre appétit de death old school qui tabasse, que ce soit sur la brutale "Malignant Maggot Therapy" ou le groovy et cradingue "Carved" qui se fait presque accrocheur et fédérateur avec ces passages où ce bon vieux Nick scande le titre du morceau.

Vous aurez donc compris que Bloodbath revient avec un death metal plus pur, plus proche des origines et toujours aussi direct, sale et brutal. La plupart des morceaux sont brutaux et groovy et le groupe balance la dose de sang et de glaviots attendue. On parlait de guests plus haut, sachez qu'en plus de Barney Greenway vous pourrez entendre Luc Lemay (Gorguts) sur "Carved" et "Born Infernal", "To Die" quant à lui invite Marc Grewe que vous avez forcément entendu chez Morgoth entre autres. Si la volonté de revenir à quelque chose de plus old school et de plus brut n'était pas assez évidente, voilà donc une note d'intention supplémentaire. Si ça ne suffit toujours pas, un morceau comme "Environcide" devrait achever de vous convaincre avec son côté très frontal là aussi et ses blasts qui viennent régulièrement s'assurer que vous restez au sol. Des blasts qui se font entendre plus souvent sur "Survival Of The Sickest" d'ailleurs, une preuve supplémentaire du retour à un death plus teigneux, plus méchant et vicelard. L'exception étant "No God Before Me" qui surprend avec ses choeurs en voix claire sur les refrains pour un morceau globalement pesant et à l'ambiance funèbre. La production revient elle aussi à quelque chose d'un peu plus sec même si les guitares et la basse gardent un minimum de gras. On retrouve un peu de l'esprit des deux premiers albums sur ce nouveau méfait, ce qu'Anders Nyström nous a confirmé dans une interview à paraître en nous disant qu'ils ont eu l'impression de faire une boucle qui les a amenés à retrouver l'attitude des débuts du groupe.

"Survival Of The Sickest" est donc une fois de plus un très bon album de la part de Bloodbath qui nous revient cette fois avec un death plus old school et plus brutal aussi. L'approche est plus directe et les blasts se font plus fréquents sur ces onze nouveaux morceaux qui n'oublient pas pour autant d'envoyer du riff bien gras et des passages écrasants. Bref, c'est du bon une fois de plus et on prend avec plaisir cette nouvelle dose de death old school bien glaireux dans les tympans.


Murderworks
Septembre 2022




"The Arrow Of Satan Is Drawn"
Note : 15/20

Quatre ans après le magistral "Grand Morbid Funeral" (2014), Bloodbath revient avec un album au titre au rallonge, "The Arrow Of Satan Is Drawn", mais à la production particulièrement léchée. Toujours signés sur le label britannique désormais mythique Peaceville Records  (connu entre autres pour avoir lancé des groupes comme Autopsy, My Dying Bride ou Paradise Lost), les Suédois n'ont rien renié de leur hargne légendaire. Inversement à son titre, le nouvel album de ce "all-star band" (dont le line-up comprend un membre d'Opeth et deux musiciens de Katatonia en plus du chanteur de Paradise Lost) est relativement court puisqu'il ne dure en tout et pour tout que 41 minutes. Une durée idéale pour en prendre plein les oreilles sans s'ennuyer une minute !

Depuis que Nick Holmes (Paradise Lost) a rejoint le groupe et occupe désormais le poste de vocaliste, il faut bien dire que le groupe ne fait aucune compromission et reste fidèle à ses origines. Bien au contraire ! Le groupe défend parfaitement le genre musical dont il se revendique. Bloodbath est en effet un des derniers défenseurs d'un style qui a connu son heure de gloire dans les années 90, à savoir le metal de mort scandinave. Dans la lignée de groupes aujourd'hui légendaires comme Entombed, Hypocrisy, Dismember ou Grave, la bande à Holmes envoie du lourd dès les premières minutes d'écoute. Faut-il rappeler que l'un des co-fondateurs du groupe n'est autre que Dan Swanö, le frontman du mythique Edge Of Sanity ?

Dès la première chanson ("Fleischmann"), le bain sanglant annonce la couleur avec un son énorme façon "rouleau compresseur", une voix d'outre-tombe dans la pure tradition death metal et des rythmiques old school style "bûcheron canadien". Le tout sonne typiquement scandinave même si je dois avouer qu'un titre comme "Levitator" m'a un peu rappelé le style d'un groupe américain bien connu, Nile. Si l'album sonne death à 100% du début à la fin, on note néanmoins ici ou là quelques influences thrash, comme sur le titre "Wayward Samaritan" qui évoque vaguement le thrash-black des Norvégiens d'Aura Noir. Sur l'ensemble de l'album, les rythmiques ultra speed ne laissent aucun répit à l'auditeur, à l'exception du titre "Morbid Antichrist" qui est plus mid-tempo et tranche donc un peu avec le reste des compos.

Certes, l'album peut paraître un peu monolithique voire monotone, surtout pour les profanes, au risque de lasser l'auditeur moyen. Mais on peut accuser le groupe de tout sauf d'opportunisme. Le fan de death old school se laissera charmer par les rythmiques martiales et les riffs saccadés de titres comme "Warhead Ritual", "March Of The Crucifiers" ou "Only The Dead Survive". Pour conclure, je dirais que "The Arrow Of Satan Is Drawn" est un disque sans concession qui mérite qu'on y jette un oreille. Pas de quoi révolutionner le genre mais l'efficacité est cependant au rendez-vous !


M.B.
Décembre 2018




"Grand Morbid Funeral"
Note : 17/20

On peut dire que Bloodbath aura surpris du monde ces derniers temps, l'annonce de l'arrivée de Nick Holmes au chant rien que ça ! Si on connaît ses growls sur les premiers Paradise Lost, ça faisait bien longtemps qu'il ne les avait pas ressortis et on se demandait bien ce que ça allait pouvoir donner chez Bloodbath. Pas d'inquiétude, le chant du bonhomme colle très bien au nouveau visage du groupe, annoncé d'ailleurs par le titre de ce nouvel album "Grand Morbid Funeral".

Là où "The Fathomless Mastery" se montrait plus virulent et plus technique dans une certaine mesure, ce nouvel album revient aux bases, un death metal plus monolithique, écrasant et comme son nom l'indique plus morbide. Par conséquent la voix de Nick Holmes sied parfaitement à cette orientation, voix qui est du coup bien plus arrachée et plus aiguë que celle de Mike Akerfeldt. Pas de growls profonds et s'aventurant dans les infra basses cette fois, le chant est bien plus proche d'une gargouille vicelarde. La surprise passée on se rend compte de ce que l'album a à offrir à côté de ça, pour faire simple du death metal gras, sombre et pour tout dire carrément jouissif. Le son a suivi le même chemin et on retrouve celui qu'on appréciait sur "Resurrection Through Carnage" avec ces guitares au son baveux digne du Sunlight Studio. Et ce ne sera une surprise pour personne, et peut-être est-ce lié à la présence de Nick Holmes, mais on sent quelques passages limites doom dans leur côté mélodique crasseux. On sent que le groupe s'est fait plaisir en revenant aux fondamentaux et surtout ce nouvel album transpire la sincérité, ce retour aux sources n'a pas été fait pour surfer sur la vague du revival death old school (d'autant que le premier Bloodbath date de 2002 et que toute cette vague a débarqué un moment après). Quasiment pas de blasts cette fois contrairement au précédent album et pourtant je crois pouvoir dire que Bloodbath n'avait plus été si violent depuis bien longtemps.

On peut même tomber sur un "Beyond Cremation" qui sent presque le Darkthrone, un gros coup de black norvégien en plein milieu de cette boucherie death ! Quelques claviers discrets viennent de temps en temps agrémenter les morceaux de quelques nappes bien glauques histoire de rendre le tout encore plus plombé, comme si les riffs et mélodies n'étaient déjà pas assez sombres. On se retrouve du début à la fin entre la chambre froide d'un abattoir et le cimetière poisseux et brumeux digne des classiques de l'horreur des années 70. Bref, ce death fait honneur au genre et pue le cadavre à des kilomètres tout en balançant de la bidoche sanglante à la tronche de tout ce qui bouge, cet album c'est Leatherface avec une armée de zombies en renfort qui vous courent après pendant 46 minutes ! Si "Resurrection Through Carnage" avait ressuscité le death old school dans ce qu'il avait de primitif, "Grand Morbid Funeral" a réussi à ramener avec lui les ambiances crasseuses et malsaines des malades d'Autopsy ou des pires saletés qui traînent dans le doom. Mais je crois que la plus grosse baffe de cet album est le morceau éponyme qui le clôt, un morceau rampant et malsain les 3/4 du temps pour finir dans un pétage de plomb bien violent surmonté des hurlements totalement déments d'un Chris Reifert possédé (quand on parle d'Autopsy, on en voit le scalpel, Eric Cutler est présent aussi sur cet album d'ailleurs) !

Retour de Bloodbath avec un putain d'album dans la plus pure tradition du death, des tueries comme on aimerait en avoir plus souvent. Et il faut croire que ça a donné des idées à certains puisque Paradise Lost a annoncé que le prochain album serait un retour aux sources et que le death devrait s'y faire entendre. Bref, on n'a pas fini de s'en prendre plein les oreilles et je m'en réjouis d'avance.


Murderworks
Décembre 2014


Conclusion
L'interview : Anders Nyström

Le site officiel : www.bloodbath.biz