Certains groupes se forment suite à l’éclatement de plusieurs groupes, et d’autres, comme
Bleeding Gods, sortent littéralement de nulle part. L’aventure commence en 2012, mais le
seul rescapé du line-up d’origine est le guitariste Ramon Ploeg (jouant aussi avec Empire
Of The Scourged, ex- Debauchery), qui est également le seul à avoir joué sur la toute
première démo du groupe, sortie l’année suivante. Gea Mulder (basse) et Mark Huisman
(chant, ex- Debauchery) rejoignent le groupe en 2014, et participent au premier album qui
sort en 2015, mais il faudra attendre 2016 pour l’arrivée de Rutger van Noordenburg
(guitare, Shinigami) et 2017 pour que Daan Klemann (batterie, Divine Sins, Shinigami)
intègre le groupe. Ensemble, sans oublier l’aide de Martin Powell (claviers, ex- Cradle Of
Filth, ex- My Dying Bride) et George Oosthoek (chant, Mayan, Shinigami, Kutschurft,
ex-Orphanage) ils enregistrent "Dodekathlon", le second album du groupe. Douze titres de
pure violence orchestrée par des musiciens récemment signés sur Nuclear Blast qui sont en
passe de devenir des acteurs importants de la scène death metal actuelle.
L’album débute sur "Bloodguilt", un titre aux riffs autant axés sur des sonorités
atmosphériques qu’une rythmique puissante et massive. La voix de Mark Huisman colle à
la fois aux passages ambiants et à la violence dont le groupe peut faire preuve. Sur la fin du
titre, le solo n’apporte pas grand-chose, mais permet aux claviers de prendre de l’ampleur.
Même si le tempo n’accélère pas, "Multiple Decapitation" repousse un peu plus les limites du
death symphonique instauré au premier morceau. Les rythmiques mystiques sublimées par
la double pédale ravageuse permet au groupe de jouer sur un contraste qui les amène
lentement à "Beloved By Artemis", une composition qui accroît sensiblement la pression.
Autant par sa vitesse que par le son plus lourd qu’ils développent, les musiciens nous
assènent des riffs tous plus inspirés les uns que les autres, sans toutefois renier leurs
influences thrash. Vers le milieu du titre, le rituel reprend, et la communion nous amène
jusqu’au solo, qui permet d’asseoir à la fois la virtuosité des musiciens, mais également
d’assouvir leur rage mélodique.
Sur "From Feast To Beast", les Néerlandais repartent sur des sonorités un peu plus sombres
que d’habitude, qui flirtent avec un black metal crasseux, mais tout en gardant le superbe
mix avec lequel ils nous abreuvent depuis les premières secondes. C’est une batterie
presque tribale qui introduira "Inhuman Humiliation", tout en accélérant jusqu’à devenir une
double pédale meurtrière sous des riffs acérés et des orchestrations mélodiques à souhait.
Comme à son habitude, la voix de Mark couvre le tout d’une couche de hurlements
puissants, avant de s’interrompre pour reprendre de plus belle après quelques paroles
saturées. "Birds Of Hate" prendra moins de précautions avant de nous tomber dessus.
Semblable à une machine de guerre, la composition nous assomme au fur et à mesure de
son avancée.
Revenant sur des sonorités symphoniques appuyées, "Savior Of Crete" nous conte une
histoire qui s’inscrit dans le paysage violent de Bleeding Gods sans démériter, alors que
"Tyranical Blood" est une instrumentale qui débute avec quelques nappes de claviers et une
guitare acoustique plutôt joyeuse, mais qui basculera rapidement du côté inquiétant de la
musique, alors que quelques phrases samplées se font entendre sur la fin. Le groupe
revient sur les sonorités sombres et violentes qu’on lui connaît avec "Seeds Of Distrust", mais
tout en incluant des hurlements plus distants, comme une sorte de rappel de la souffrance
éternelle endurée par des millions d’être humains au cours de l’histoire.
Nettement plus longue que les autres, "Tripled Anger" débute lentement et en douceur grâce
à des claviers, et même les riffs saturés qui viennent s’insérer par dessus ne parviennent
pas à troubler l’impression de calme qui règne tout au long de cette composition. Des
passages plus lents viennent casser le rythme, mais je me suis senti apaisé après que les
derniers riffs n’aient retenti. Plus traditionnel, "Hera's Orchard" voit naître la collaboration entre
Mark et George Oosthoek, le tout sur une rythmique qui s’abat progressivement sur nos
épaules, pour un double hurlement qui fait froid dans le dos. Enfin, "Hound Of Hell" renoue
avec les racines mélodiques que le groupe n’a jamais reniées, mais en les mélangeant avec
un death symphonique sombre et élégant. Seuls les hurlements de douleur viennent
perturber cette sombre quiétude, qui se voulait immaculée jusqu’à la fin...
Le parallèle avec les poids lourds du genre comme Fleshgod Apocalypse et Septicflesh
est obligatoire, mais si Bleeding Gods s’en est inspiré, il est certain qu’ils ont réussi à se
créer une identité qui leur est propre. Le contexte historique sert également le style du
groupe, et je ne serai pas surpris de les voir grossir puis envahir nos routes très bientôt...
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