Le groupe
Biographie :

Blaze Of Perdition est un groupe de black metal polonais formé en 2007 et actuellement composé de : XCIII (guitare / Oremus, ex-Perdition), Sonneillon (chant / Ulcer, Oremus), DQ (batterie / Deathreat, ex-Arkona, ex-Mord'A'Stigmata) et M.R. (guitare / Bloodthirst, In Twilight's Embrace). Blaze Of Perdition sort son premier album, "Towards The Blaze Of Perdition", en Mai 2010 chez Putrid Prophet Productions, suivi de "The Hierophant" en Octobre 2011 chez Pagan Records, de "Near Death Revelations" en Juin 2015 chez Agonia Records, de "Conscious Darkness" en Novembre 2017, et de "The Harrowing Of Hearts" en Février 2020 chez Metal Blade Records.

Discographie :

2009 : "Deus Rex Nihilum Est" (EP)
2010 : "Towards The Blaze Of Perdition"
2010 : "The Burning Will Of Expansion" (EP)
2011 : "The Hierophant"
2013 : "Necrosophist" (EP)
2015 : "Near Death Revelations"
2017 : "Conscious Darkness"
2020 : "The Harrowing Of Hearts"


Les chroniques


"The Harrowing Of Hearts"
Note : 16/20

Un peu plus de deux ans après "Conscious Darkness", les Polonais de Blaze Of Perdition sont déjà de retour avec un nouvel album, "The Harrowing Of Hearts". Un rapide coup d'oeil au tracklisting confirme que le groupe n'a pas changé son fusil d'épaule puisque ce nouveau méfait affiche plus de cinquante minutes au compteur pour sept morceaux !

On navigue toujours dans un black metal d'obédience orthodoxe et aux ambiances puissantes mais le groupe évolue encore et  "The Harrowing Of Hearts" poursuit la voie tracée par son prédécesseur, à savoir laisser plus de place aux mélodies. La violence brute recule encore un peu plus et la mélancolie s'installe dans ce black metal oppressant et teinté d'une beauté vénéneuse. "Suffering Made Bliss" nous accueille avec son mid-tempo qui fait la part belle aux mélodies justement, laissant pour le coup les blasts au placard. De quoi défriser les puristes sans pour autant renier ses origines et abandonner son passé black metal, la violence trouve toujours un moyen de se faire entendre et quand elle ne le fait pas, Blaze Of Perdition n'en profite pas pour se rendre plus accessible pour autant. Si la musique du groupe se fait moins agressive, elle n'en reste pas moins sombre et puisque les morceaux sont toujours aussi profonds et denses, ils demandent toujours une attention particulière. Les émotions véhiculées par ces six nouveaux titres, puisque le septième est une reprise du "Moonchild" de Fields Of The Nephilim, laissent la même impression que celles que l'on pouvait entendre sur "Conscious Darkness", à savoir celle d'une quête intérieure. "With Madman's Faith" et "Transmutation Of Sins" font d'ailleurs ressortir les influences gothiques du groupe et l'on se dit à son écoute que la présence de cette reprise de Fields Of The Nephilim n'est absolument pas innocente. Une fois de plus, voilà qui va faire hurler les puristes mais ce penchant de plus en plus marqué pour la mélancolie et la mélodie ne sont finalement que l'expression de sonorités déjà latentes sur les précédents albums. Blaze Of Perdition n'a absolument pas trahi son identité et cette évolution n'est finalement pas si surprenante.

En s'éloignant des rivages purement black orthodoxes, le groupe acquiert une personnalité d'autant plus marquée et le recul de son aspect le plus violent n'affaiblit pas non plus son impact. Quelques accélérations se font encore entendre plus d'une fois et si les blasts n'occupent plus une place aussi importante qu'auparavant, Blaze Of Perdition sait lâcher la bride lorsqu'il le faut. Une fois encore, il vaudra mieux écouter l'album attentivement et d'une seule traite puisque les morceaux sont longs et intenses, même sans gros accès de violence "The Harrowing Of Hearts" reste éprouvant. Ce que le groupe perd en brutalité frontale, il le gagne en richesse, en profondeur et en impact émotionnel. Le black metal de Blaze Of Perdition s'est certes calmé mais il est toujours aussi torturé et on passe de la rage incontrôlée à la colère du désespoir matinée d'introspection mouvementée. Encore une fois, les seuls déçus pourraient être ceux qui cherchent un black metal brutal, bourrin et sans pitié. Les autres trouveront là un album encore plus riche que ses prédécesseurs avec ses fameuses sonorités supplémentaires que l'on pouvait déjà sentir en arrière-plan et de façon discrète sur les précédents travaux du groupe. "The Great Seducer" est d'ailleurs un bon mélange de ces deux facettes, celle proche du black orthodoxe et l'autre héritée du gothique. Un tracklisting bien pensé puisque ce titre précède la fameuse reprise des Fields Of The Nephilim et le lien entre les deux n'en devient que plus évident, une reprise d'ailleurs assez proche de l'original soit dit en passant.

Un nouvel album qui confirme la voie prise avec "Conscious Darkness" et dont certains éléments vont hérisser les poils des puristes. En tout cas, Blaze Of Perdition affine encore sa personnalité et "The Harrowing Of Hearts" est une fois de plus un album exigeant et profond. Ne vous laissez pas avoir par le rapprochement avec la scène orthodoxe, le groupe a bien plus que ça à proposer.


Murderworks
Mai 2020




"Conscious Darkness"
Note : 16/20

Retour au black metal avec les Polonais de Blaze Of Perdition qui sortent leur quatrième album, "Conscious Darkness", après pas mal de splits et EPs. Le tracklisting annonce la couleur : seulement quatre morceaux pour quarante-trois minutes !

Pour faire simple, situons le black metal de Blaze Of Perdition dans la veine orthodoxe, un black qui privilégie donc les ambiances et fait la part belle aux dissonances en tout genre et aux structures parfois tortueuses, le tout enrobé dans un climat général limite incantatoire ou initiatique. La brutalité et la violence frontale ne sont pas le propos ici, "A Glimpse Of God" ouvre l'album avec ses onze minutes et crée une ambiance empreinte d'une tristesse et d'une beauté cachées sous les dissonances et les riffs plus malsains propres au genre. On remarque d'emblée que contrairement à certains groupes de la scène, Blaze Of Perdition ne se contente pas de ressortir les ingrédients du black orthodoxe en suivant le petit guide illustré, sa patte se fait tout de suite sentir et on sent que le groupe y met son âme. On sent sur ce premier morceau une orientation moins violente que sur "Near Death Experience" ou "The Hierophant", les blasts ne viennent que rarement et ne sont pas aussi frénétiques. Ces derniers attaquent d'entrée de jeu sur "Ashes Remain" mais globalement le groupe descend cette fois plus profondément dans le gouffre et met l'accent sur son côté le plus tourmenté plutôt que de foncer dans le tas. En même temps, comme je le précisais tout à l'heure, les morceaux se sont considérablement allongés et flirtent avec les neuf ou dix minutes, voire même quinze minutes pour "Ashes Remain" justement. Au-delà de toute considération stylistique, on peut en tout cas affirmer que Blaze Of Perdition nous prend une fois de plus à la gorge et donne tout ce qu'il a dans sa musique, la sincérité et l'authenticité de la chose ne sont pas contestables.

Comme à son habitude, le groupe propose un black metal en mouvement constant, insaisissable et qui va demander un certain investissement de la part de l'auditeur. "Conscious Darkness" est un album dense, profond et dans lequel il va falloir vous plonger si vous voulez saisir le propos. Il y a plus de désespoir, de remise en question et de questionnement que de haine ici, mais toujours cette impression que les morceaux coulent d'eux-mêmes sans construction apparente malgré la cohérence du tout. Jamais outrageusement tordus, ces quatre morceaux sont pourtant très vivants, polymorphes et dans lesquels on ne se perd pourtant jamais. La forme prend des apparences différentes mais le fond martèle le même propos et on finit par se retrouver à déambuler dans un univers certes torturé et pas franchement accueillant mais qui tient debout. Ces mouvements fréquents au sein des morceaux traduisent ce fameux questionnement que la musique de Blaze Of Perdition nous fait sentir, on ne se perd pas dans la folie totale mais on rumine en passant d'un sujet à l'autre sans arrêt et sans jamais se fixer. Il n'y a pas de réponse ici, seulement les questions, et ce nouvel album confirme un vieil adage : le voyage est plus important que la destination. C'est ce périple dans les esprits de ces musiciens qui rend cette musique passionnante, cette volonté de créer quelque chose de profond et de se foutre des codes de tel ou tel style musical.

Voilà donc un nouvel album un peu plus subtil pour Blaze Of Perdition, la patte du groupe est reconnaissable très vite et la violence bien qu'un peu plus diffuse est toujours présente. "Conscious Darkness" est une nouvelle plongée dans les abysses vivement conseillée à ceux qui recherchent un black metal profond et authentique.


Murderworks
Juin 2018




"Near Death Revelations"
Note : 16/20

Dans la grande famille du black metal orthodoxe, je demande Blaze Of Perdition, un des nombreux groupes ces temps-ci à proposer un black dissonant et tordu et qui connaît un certain retentissement. "Near Death Revelations" est donc le troisième album du groupe, après plusieurs EPs et autres splits qui montrent un groupe plutôt prolifique depuis sa première réalisation en 2009.

Avis aux amateurs, la musique de Blaze Of Perdition est plutôt dense dans le genre. Pour vous donner une idée, ce nouvel album n'a que 7 titres pour près de 55 minutes, autant dire que les ambiances vont prendre le temps de s'installer. "Krölestwo Niczyje" nous accueille avec une intro glauque surmontée des traditionnels chants religieux avant de partir en black metal lourd et quelque peu dissonant débouchant sur une avalanche de blasts, de quoi donner immédiatement une idée de l'orientation de Blaze Of Perdition. Malgré le côté lourd et virulent, ce morceau est tout de même complété par des mélodies très présentes mais toujours sombres, et c'est d'ailleurs surtout à ce niveau que les influences de Dissection et donc de Watain se feront sentir. Rien de rédhibitoire puisque le groupe a tout de même une patte assez marquée, on est loin de la copie carbone. La grosse différence avec les groupes précités est que la musique de Blaze Of Perdition est bien plus glauque et noire, les breaks limite rituels sont fréquents et amènent un climat limite flippant et d'autant plus efficaces que ça peut repartir derrière en violence pure. Même à ce niveau-là, on ne joue pas dans la même cour, "Near Death Revelations" montre un visage bien plus brutal et agressif que ses pères spirituels. Tout l'album baigne dans un mélange de mélancolie malsaine et de violence expiatoire, un bloc de ressentiment torturé et tortueux. Même si on sent clairement la cohérence de la chose, l'album va tout de même demander une paire d'écoutes pour pleinement le saisir, ces 7 morceaux ne nous laissant en effet pas beaucoup d'occasions de respirer.

Sans aller jusqu'à la destructuration totale d'un Deathspell Omega, Blaze Of Perdition développe des morceaux longs et complexes. Peu nombreux sont les passages que l'on peut entendre plusieurs fois, les morceaux vivent et semblent se dérouler sans schéma préétabli. Pas d'enchaînement sans queue ni tête pour autant, le groupe sait où il va et peut se permettre de balancer ce genre de compositions à tiroirs sans se perdre lui-même en chemin. Finalement, en termes de construction et de structures, on retrouve ce qu'on peut entendre chez Ascension et autres Schammasch, avec comme je le disais la patte Blaze Of Perdition en plus qui se caractérise par une rage peu commune pour le genre. C'est quelque chose qu'on retrouve souvent chez les groupes de black des pays de l'Est d'ailleurs, ce mélange entre mélancolie et rage brute qui vous retourne le bide en en profitant pour vous rouler dessus au passage. Une authenticité et une sincérité impossibles à prendre en défaut, sans compter que le groupe ressort à peine d'une période noire. Leur ancien bassiste est mort dans un accident de la route dans lequel le chanteur et le batteur ont quant à eux été gravement blessés. De quoi fournir le fiel nécessaire à la composition d'un black metal poisseux et violent.

Troisième album d'un groupe de survivants qu'on ne pensait pas revoir de sitôt, et pour le coup ce "Near Death Revelations" tient ses promesses. Un black metal orthodoxe plus rageur que ses confrères de la même scène, glauque, poisseux, dissonant et authentique, bref un très bon représentant du genre.


Murderworks
Août 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/blazeofperdition