Que font des membres de Penance et de Trouble quand ils montent un nouveau groupe ? Sans grande surprise, du doom évidemment, celui qui lorgne sur le heavy et qui vient des origines. C'est ce que Blackfinger vous propose de retrouver sur "When Colors Fade Away" qui fait suite à un album éponyme sorti en 2014.

Les membres en question ne sont autres que Terry Weston et Eric Wagner, rien que ça ! Le morceau éponyme ouvre le bal et on y retrouve un heavy doom bien lourd et glauque surmonté par le chant d'Eirc Wagner qui fait toujours des merveilles, le tout évoquant évidemment Trouble. Les riffs à la Black sabbath sont bien là, quelques influences stoner se font aussi sentir et l'ensemble pèse des tonnes avec des guitares épaisses et une basse bien présente qui ne se fait pas prier pour se faire entendre. L'ambiance n'est pas à la fête évidemment, Blackfinger plongeant dans les mêmes eaux troubles que les autres groupes de ces joyeux lurons. Pourtant, le rythme s'emballe un peu parfois, comme sur "Can I Get A Witness" qui balance justement des riffs et soli plus rock stoner, même si les couplets sont toujours aussi sombres et poisseux. Contrairement à ce qui se fait dans toutes les variantes du doom de nos jours, ce nouvel album de Blackfinger dépasse à peine les trente-huit minutes, le morceau le plus long s'approche des six minutes et la plupart tournent autour des quatre minutes. Pas de riffs répétés pendant des plombes ici, "When Colors Fade Away" va à l'essentiel et garde ce groove typique du genre qui crée un contraste toujours aussi efficace avec les riffs de mastodontes et les mélodies poisseuses.

Le son de l'album est d'ailleurs bien gros, les guitares sont puissantes et la basse vibre bien dans les enceintes, le tout donnant un son clair et parfaitement compréhensible mais doté de la dose de crasse nécessaire au genre. Malgré quelques sonorités plus stoner, "When Colors Fade Away" est bel et bien un album dans la pure tradition du genre, un doom qui tend vers le heavy et qui sait être pesant et désespéré sans sacrifier à l'accroche et au groove. Du doom traditionnel donc en gros, la point fort de la chose étant que même si le groupe suit le chemin déjà pavé par Trouble et d'autres groupes qui commencent à se faire relativement anciens, il ne donne jamais l'impression d'être resté bloqué il y a 30 ans en arrière. La production, assez massive, aide sûrement à donner un caractère plus actuel au doom de Blackfinger, toujours est-il que cet album arrive à se fondre dans notre époque en pratiquant un doom fidèle à la tradition. Toujours est-il qu'actuels ou pas, les morceaux de "When Colors Fade Away" sont bons et qu'il serait dommage de bouder cet album pour quelque raison que ce soit, le line-up n'est pas là pour faire coller des stickers sur la pochette et le groupe balance un heavy / doom de très bonne facture.

Un deuxième album qui perpétue l'héritage des Trouble et autres The Skull et qui s'adresse donc sans aucun doute aux amateurs de ces groupes. Un doom teinté de heavy, à l'ancienne et toujours aussi bon et efficace.