Le groupe
Biographie :

Black Crown Initiate est un groupe de death metal progressif américain formé en 2013 et actuellement composé de : Nick "Bass" Shaw (basse / ex-Nightfire), Andy Thomas (guitare, chant / ex-Nightfire), James Dorton (chant / Hunter's Ground, Nightfire, ex-Her Virgin Womb, Antikythera, ex-Aborted Existence) et ve) Ethan McKenna (guitare). Après un premier EP sorti en 2013, "Song Of The Crippled Bull", Black Crown Initiate sort son premier album, "The Wreckage Of Stars", en Septembre 2014 chez E1 Entertainment. Le deuxième album, "Selves We Cannot Forgive", sort en Juillet 2016. "Violent Portraits Of Doomed Escape" sort en Août 2020 chez Century Media.

Discographie :

2013 : "Song Of The Crippled Bull" (EP)
2014 : "The Wreckage Of Stars"
2016 : "Selves We Cannot Forgive"
2020 : "Violent Portraits Of Doomed Escape"


Les chroniques


"Violent Portraits Of Doomed Escape"
Note : 16/20

Si vous traînez par ici, vous connaissez déjà Black Crown Initiate puisque je vous avais déjà parlé des deux premiers albums de ce groupe que l'on pourrait grossièrement classer dans le death progressif, l'étiquette est un peu réductrice mais c'est le lot des groupes difficiles à classer. En tout cas le troisème album est là et s'appelle "Violent Portraits Of Doomed Escape".

"The Wreckage Of Stars" nous avait présenté le groupe sous un visage très brutal et belliqueux malgré ce côté progressif et mélodique déjà prononcé. "Selves We Cannot Forgive", quant à lui, avait suivi avec un Black Crown Initiate bien plus contrôlé, moins frondeur et plus porté sur les ambiances. Orientation que semble suivre "Violent Portraits Of Doomed Escape" puisque "Invitation" nous accueille sur de l'acoustique et un chant clair très mélancolique avant d'embrayer sur de grosses guitares et un chant hurlé très énervé. Le ton se durcit par rapport à ce début acoustique mais on reste sur un tempo assez lourd et l'ambiance générale est plus à l'introspection qu'à l'agression. De gros riffs se font entendre, de gros coups de double grosse caisse aussi mais on ne retrouve pas pour autant l'agression décomplexée de "The Wreckage Of Stars". Par contre, l'inspiration est au rendez-vous et le groupe nous tricote des riffs techniques et puissants et des mélodies sombres qui soutiennent des lignes de chant clair plutôt accrocheuses. Quand le groupe part en acoustique, on pense évidemment à Opeth, ce qui est quasiment inévitable chez un groupe étiquetté prog qui se plie à cet exercice. Pour le reste, c'est bien la patte Black Crown Initiate que l'on entend et le groupe continue à développer l'univers qu'il a mis en place dès son premier album. Si l'agressivité est plus sourde et que la violence ne s'exprime plus de façon aussi frontale, ce nouvel album n'en est pas soft pour autant et balance certains passages qui cognent assez fort par moments.

Quelques blasts trouvent d'ailleurs encore une place à se faire, sur "Son Of War" par exemple qui ne pouvait pas se permettre de ne pas en avoir avec un titre pareil. Des blasts qui bourrinent sur du chant clair d'ailleurs, ce qui crée toujours un contraste intéressant et qui reste un exercice assez rare même si plusieurs l'ont déjà fait. Une des grandes forces de Black Crown Initiate est justement cette capacité à mélanger harmonieusement la violence, la mélodie et la technicité. D'ailleurs, "Years In Frigid Light" en est l'exemple parfait avec son refrain en chant clair aussi mélancolique qu'accrocheur et ses couplets très durs et agressifs. Sans être expérimental, Black Crown Initiate fait honneur au metal progressif en tentant des choses, en donnant une véritable profondeur à sa musique et en cherchant à réellement amener cette musique plus loin que les habituels codes. Il y a un vrai travail sur "Violent Portraits Of Doomed Escape" et faire une musique aussi évocatrice et prenante malgré une telle richesse et une complexité assez marquée n'est pas l'apanage du premier venu. Black Crown Initiate fait preuve d'un certain talent dans l'écriture depuis ses débuts mais monte d'un cran à chaque album. Malgré la richesse et la complexité de sa musique couplée à la longueur des morceaux, il n'y a pas une seconde qui paraît ennuyeuse, pas un seul passage à vide ou superflu. La moindre note est à sa place, la moindre ligne de chant vous retourne l'estomac et les émotions ont une grande place dans cette musique malgré son apparente agressivité.

Un troisième album qui poursuit dans la veine plus contrôlée qu'avait montré "Selves We Cannot Forgive" et qui produit un mélange quasiment parfait entre mélodie, technicité et violence. Black Crown Initiate a le don de créer de frapper au cœur tout en continuant à mettre une bonne dose de violence quand les morceaux l'exigent. Le groupe a crée son monde et y évolue tranquillement, balançant tuerie sur tuerie et confirmant tout le potentiel que l'on pouvait sentir.


Murderworks
Novembre 2020




"Selves We Cannot Forgive"
Note : 16/20

Deux ans à peine après un premier album qui s'était fait remarquer, Black Crown Initiate est de retour avec "Selves We Cannot Forgive". On peut dire que le groupe ne s'est pas calmé au niveau des plans techniques et est toujours aussi versatile.

Malgré des influences et des sonorités très variées, le groupe a déjà une patte qu'on reconnaît dès "For Red Cloud" qui ouvre l'album. On retrouve tout de suite ce mélange de death technique et brutal avec du chant clair, des passages très alambiqués à la limite du metal progressif et des lignes de chant accrocheuses ou aériennes, bref Black Crown Initiate est de retour et l'inspiration est toujours au rendez-vous. Bon, par contre, si le groupe ne s'est pas calmé pour la technique, il l'a bel et bien fait pour la violence et il faut avouer qu'il ne rue plus autant dans les brancards que sur le précédent album. "Again" sonne d'ailleurs très progressif au point de faire parfois penser aux travaux les plus récents de Between The Buried And Me ! Même "Belie The Machine" fait illusion au début avec le retour des gros tapis de double auxquels le groupe nous avait habitués avant d'enchaîner un refrain qui sent le Dream Theater à plein nez, quand ça ne part pas carrément en plans jazzy. Pour faire simple, si c'est l'aspect brutal et frontal de "The Wreckage Of Stars" qui vous attirait, ce nouvel album risque de vous décevoir, car même si la violence a encore droit de cité, elle est tout de même présente dans des proportions bien moindres. Black Crown Initiate ne repart plus aussi souvent dans les déluges de blast du premier album, dans ces passages qui vous roulaient dessus sans aucune pitié. Cette fois c'est le côté le plus mélodique et le plus progressif qui s'exprime, le chant clair et les passages mélodico-jazzy ayant pris l'ascendant sur la violence brute.

Alors certes ça va en décevoir quelques uns mais cette évolution ne constitue en aucun cas une trahison puisque tous les éléments qui sont présents sur "Selves We Cannot Forgive" étaient déjà là sur "The Wreckage Of Stars", ils ont simplement été exacerbés. Ce qui prouve que le groupe ne stagne pas et ne se contente pas de nous resservir la même formule constamment, ce qui permet d'avoir deux albums bien différents même s'ils partagent tous les deux les mêmes racines. "Transmit To Disconnect" fait d'ailleurs le lien avec la précédent album en revenant à l'agression directe à coups de blast, de double, bref de passages brutaux comme le groupe nous en a balancés par palettes sur "The Wreckage Of Stars". Mais c'est bien le seul morceau de l'album à revenir à ce point-là vers la brutalité, le reste est bien plus mélodique et progressif. D'ailleurs, on sent moins aussi le côté djent ou metal moderne puisque là encore ce sont les influences les plus classiquement prog qui prennent le dessus. Niveau prod', c'est toujours un très gros son mais avec l'effet de saturation en moins par rapport au précédent album, ce qui est une très bonne chose.

Au final, un deuxième album aussi bon que le premier mais dans une veine différente, plus mélodique, plus posée et plus progressive. Les amateurs de brutalité en seront pour leurs frais, les autres apprécieront à sa juste valeur l'autre facette du groupe.


Murderworks
Octobre 2016




"The Wreckage Of Stars"
Note : 16/20

Dans le genre bonnes surprises sorties de l'underground, je demande Black Crown Initiate, groupe américain déjà auteur d'un très bon EP en 2013 (en écoute sur son Bandcamp) et qui nous livre cette fois un album complet à savoir "The Wreckage Of Stars". Un groupe qui bien que rangé dans la catégorie death progressif est finalement assez difficile à étiqueter tant les influences se mélangent.

La présence de l'ex-batteur de Rings Of Saturn et le fait que l'album tape dur dès le début pourraient laisser penser que Black Crown Initiate fait surtout du bourrin mais ce n'est pas le cas, et les nombreux passages acoustiques ou en chant clair sont là pour le prouver. Après ne mentons pas, le propos du groupe est tout de même bien virulent, quand ce ne sont pas les blasts qui défoncent tout, on se fait écraser par des riffs de bûcheron soutenus par le gros son qui va bien. Mais ces gars-là ont un bon sens de la mélodie et "The Wreckage Of Stars" est par conséquent bien plus qu'un étalage de brutalité, les 53 minutes de l'album vont vous balader d'un extrême à l'autre sans ménagement. On peut y retrouver quelques inévitables sonorités dignes d'Opeth dans les passages les plus acoustiques, quelques réminiscences de Meshuggah ou des groupes djent via les structures tortueuses et autres riffs saccadés et à côté de ça, un bon gros côté bien velu, brutal et alambiqué qui rappelle toute la scène death technique en vogue ces dernières années. Pour dire à quel point les influences du groupe sont variées, le refrain de "Withering Waves" me rappelle les lignes de chant typiques de Nevermore et le premier morceau intègre quelques sonorités orientales parfaitement intégrées. Ce premier album montre un côté très accrocheur sur les passages en voix claire, des lignes de chant qui vous restent dans le crâne et qui permettent de trouver quelque chose à quoi s'accrocher au milieu de cette boucherie.

Notons tout de même que le groupe a évité l'écueil dans lequel tombe la plupart des groupes dits modernes, à savoir l'alternance téléphonée entre les chants clairs et les growls. Rien de tout ça chez Black Crown Initiate, le chant clair arrive toujours exactement quand il faut sans être prévisible. Et il n'y a pas que le chant qui est imprévisible, parce que quand le groupe balance un morceau quasiment post rock / core en plein milieu de l'album, ça contraste méchamment avec la boucherie technique qui a sévi jusqu'ici ! Mais c'est ça qui est appréciable chez Black Crown Initiate, il n'y a pas de limites et le groupe se permet d'explorer des terrains qui pourraient sembler totalement opposés à leurs influences principales. Sauf que comme ces gars-là savent exactement ce qu'ils font, ce melting pot de sonorités se mélange parfaitement et ne donne jamais l'impression d'un tout sans queue ni tête. Le tout soutenu par un son énorme et surpuissant, guitares 8 cordes oblige, voire peut-être un poil trop puissant. Soit c'est la prod', soit c'est la qualité des fichiers envoyés qui font que ça sature quand même pas mal, surtout au niveau de la batterie.

Premier album d'un groupe prometteur, après un EP qui montrait déjà de très bonnes choses. A la fois brutal, technique, varié, mélodique, accrocheur, alambiqué, "The Wreckage Of Stars" propose de quoi se faire plaisir et ne se laisse pas dompter si facilement, gage d'une bonne durée de vie. Déjà deux sorties de haut niveau pour Black Crown Initiate, si le groupe arrive ne serait-ce qu'à maintenir ce niveau à l'avenir ça va finir par faire très mal !


Murderworks
Décembre 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/blackcrowninitiate