Le groupe
Biographie :

Barren Earth est un supergroupe de death / doom metal progressif finlandais formé en 2007 et actuellement composé de : Olli-Pekka Laine (basse / Mannhai, ex-Nuxvomica, ex-Chaosbreed, Kiljuvelka-70, ex-Amorphis, ex-Rytmihäiriö), Marko Tarvonen (batterie / Moonsorrow, October Falls, Thy Serpent, Lakupaavi, ex-Arthemesia, ex-Gorewinter, ex-Masturbory, ex-The Wicked, ex-Chaosbreed, Larharyhmä, ex-Thunderdogs), Janne Perttilä (guitare / Põhjast, Rytmihäiriö, Lakupaavi, ex-The Sinkage, ex-Wind Of Pain, ex-Milkweed, Circus Of Flesh, Oheisvasara, ex-Acabó El Silencio), Sami Yli-Sirniö (guitare / Kreator, Waltari, ex-Kyyria, ex-Brainwash, ex-In Rags), Kasper Mårtenson (clavier / Sea Reach, Sininen Hevonen, ex-Amorphis, ex-Mannhai) et Jón Aldará (chant / Clouds, Hamferð, ex-Hatursvart, ex-Solbrud). Barren Earth sort son premier album, "Curse Of The Red River" en Mars 2010 chez Peaceville Records, suivi de "The Devil's Resolve" en Mars 2012 chez Peaceville Records, et de "On Lonely Towers" en Mars 2015 chez Century Media.

Discographie :

2009 : "Our Twilight" (EP)
2010 : "Curse Of The Red River"
2012 : "The Devil's Resolve"
2015 : "On Lonely Towers"


La chronique


Barren Earth est de retour, sortez les linceuls ! "On Lonely Towers" est la nouvelle œuvre de ce "All-Stars band" européen de doom progressif. Et le mot "œuvre" n'est pas trop fort pour qualifier ces tours solitaires. Vous verrez rapidement pourquoi.

Nous attendions cet album au tournant car de la nouveauté est au programme. Barren Earth a, en effet, pour la première fois de sa carrière, opéré un changement de personnel ; le Chanteur Mikko Kotamaki, leader de Swallow The Sun, a mis les voiles l'année dernière pour aller se perdre tout seul dans contrées désolées et brumeuses. Le pauvre finlandais a sûrement dû aller se pendre à un vieille arbre mort lorsqu'il a entendu ce que ses compagnons d'infortune lui ont concocté sur ce troisième effort, car, annonçons le tout de suite, ça ne rigole pas. Le malheureux embauché pour tenir le micro à sa place le rejoindra très vite, c'est à parier. Aimant toujours autant Opeth ou My Dying Bride, Barren Earth distille toujours ce doom / death tragique, d'une profondeur abyssale, aux élans mélodiques et progressifs d'une beauté sans nom et d'une classe folle (tout le magnifique artwork signé Travis Smith. Tous les musiciens (des membres de Kreator, Moonsorrow et Amorphis) sont affûtés comme des couteaux de cuisine, leur performance est ahurissante. Toutes leurs capacités instrumentales et leur talent d'écriture sont dévoilés ici sur des compositions marquantes, à l'ambition démesurée et à la tristesse insondable.

La superbe introduction "From The Depth of Spring", association piano / violoncelle / guitare acoustique nous plonge dans un bain de mélancolie dont nous ne sortirons plus. "Howl", premier véritable morceau, nous rassure quant à la bonne santé du groupe : progressions rythmiques complexes mais fluides, nombreux changements d'humeurs, aptitudes mélodiques époustouflantes, l'entité internationale a toujours autant de talent pour composer des pièces progressives sans être rébarbatives. Le nouveau chanteur Jon Aldara (également dans Clouds, autre formation doom européenne) se fond admirablement bien dans le groupe, son côté obscur (growl peut-être moins profond que ceux de son prédécesseur mais plus hargneux) tout comme son côté lumineux (chant grave, parfois maniéré, aux accents gothiques) font des merveilles. Barren Earth a trouvé le chanteur idéal pour glorifier ses intentions métalliques et dépressives.

"Frozen Processions", sorte d'équivalent à "The Rain Begins" du disque précédent, est le single de l'album, ultra-mélodique, aux couplets étonnement très "rock", la voix d'Aldara faisant penser à celle de Michael Poulsen de Volbeat. Entre ce titre presque joyeux et le suivant, le contraste est saisissant. "A Shapeless Derelict", ténébreux et solennel, rappelant le Opeth de la grande époque avec ses vocaux monstrueux, ses paroles obscures, sa section centrale de haut-vol et ses furtifs passages psychédéliques, tranche en effet de façon abrupte avec "Frozen Processions" Il nous emmène dans les ruines d'une ville, théâtre d'une bataille meurtrière où les âmes des défunts pleurent pour l'éternité. Un bijou funeste.

Mais le sommet de l'album est, sans mauvais jeu de mots, le morceau titre. Spleenesque, épique, d'une intensité dramatique à couper le souffle, "On Lonely Towers" nous transporte vers des hauteurs vertigineuses de douleur et de chagrin. "Chaos The Song Within", porte son nom à ravir, car voilà un titre qui fera un malheur sur scène : hyper puissant mais raffiné, tel une main de fer dans un gang de velours, il s'agit du morceau le plus brutal de l'album. Seul "Set Alight" est plus anodin (mais pas mauvais du tout, loin de là). Le beau et romantique "The Vault", avec son développement plus prog que prog, clôt de façon dantesque ce troisième opus, certainement le meilleur, car le plus ambitieux et le plus renversant émotionnellement. Tout juste déplore-t-on un clavier moins présent que sur les deux premiers albums (on n'ose imaginer ce qu'une présence plus affirmée de ce dernier aurait apporter tant "On Lonely Towers" est, dans sa forme actuelle, un sacré pavé, une toile de maître ornée de détails et de richesses insoupçonnées).

Barren Earth vient avec "On Lonely Towers", et ce grâce à un nouveau chanteur remarquable et à une écriture exigeante et exacerbée, de sortir son "Blackwater Park", ni plus, ni moins. L'album suivant sera très difficile à surpasser mais nous faisons confiance à Barren Earth pour relever ce défi.


Man Of Shadows
Mai 2015


Conclusion
Note : 18/20

L'interview : Jón Aldárá & Janne Perttilä

Le site officiel : www.barrenearth.com