Le groupe
Biographie :

Baroness est un groupe de sludge metal américain originaire de Savannah dans l'État de Géorgie dont les membres ont grandi ensemble à Lexington (Virginie). Le groupe a été fondé en 2003 par les membres du groupe de punk / metal Johnny Welfare And The Paychecks. Baroness sort son premier album, "Red Album", en Septembre 2007 chez Relapse Records, suivi de "Blue Record" en Octobre 2009, de "Yellow & Green" en Juillet 2012, de "Purple" en Décembre 2015 chez Abraxan Hymns, et de "Gold & Grey" en Juin 2019.

Discographie :

2004 : "First" (EP)
2005 : "Second" (EP)
2007 : "Red Album"
2009 : "Blue Record"
2012 : "Yellow & Green"
2015 : "Purple"
2019 : "Gold & Grey"


Les chroniques


"Gold & Grey"
Note : 11/20

L’histoire de cette chronique est relativement floue, sombre, ambiguë voire exigüe selon les dires de certains. Selon la vieille légende populaire, sa version originale a vu le jour il y a neuf ou dix mois. Le temps de faire un gosse en somme. Puis, elle a mystérieusement disparue (la chronique pas le gosse devenu femme). Les mauvaises langues diront que les serveurs Gmail n’ont pas supporté une vague blague sur une baronne et qu’ils l’ont, de fait, censurée. Dix mois après (ou neuf, on sait toujours pas), on prend les mêmes et on recommence. Dix mois après, soit quand tout le monde a écouté ce disque, l’a certainement oublié et se fout ouvertement de cette chronique qui n’aura probablement ni queue ni tête.

Mais comme je me bêche de ton avis presqu’autant qu’une parcelle en jachère, j’irai jusqu’au bout de mes idées. Il y a dix mois, tandis qu’une partie du public criait au génie, l’autre pissait allégrement sur ce disque. “Est-ce que Baroness est encore du sludge ?” Ouh là, vaste question et des titres comme "I’m Already Gone" ou "Seasons" me feront crier que NON. D’autres plus classiques pour Baroness me feront affirmer que oui. Même si ce disque a débuté numéro 1 des charts rock & metal au UK, les dix-sept titres de cet album ont bien du mal à totalement me transporter. Il faut dire qu’une heure de Baroness dans sa mouture pseudo-post-machin truc est parfois difficilement supportable ("Sevens", "Throw Me An Anchor", etc).

Baroness c’est cool hein. En festival, ça fait oublier un concert merdique de Volbeat. Mieux ! Quand Baroness oublie ses amplis, les gusses (et la gusse) ne se démontent pas et sortent un set acoustique bien foutu. Mais, je ne peux m’empêcher de me sentir comme Burns dans les Simpsons et j’ai envie de gueuler “Excellent” en me réjouissant du malheur de mon prochain car je suis un connard.

Bref, nonobstant la propension du groupe américain à pondre des titres d’albums en rapport avec les couleurs ou même articuler sa discographie autour de cela ("Yellow & Green" en 2012, "Purple" trois ans plus tard et désormais "Gold & Grey" pour ne citer qu’eux), ce cinquième album me paraît bien fade. D’ailleurs, son titre "Gold & Grey" annonçait déjà les aspects ternes de celui-ci finalement. Pas étonnant qu’il s’est retrouvé premier dans les charts british lorsque l’on connaît l’appétit de ces derniers pour la dépression. Pour un album sorti au beau milieu de l’été, "Gold & Grey" manque cruellement de soleil que ce soit dans les ressentis, les envies ou même la passion inculquée dans ses titres...


Rm.RCZ
Août 2020




"Purple"
Note : 18/20

Après l’album "Yellow & Green" qui a marqué l’histoire du groupe de par une évolution musicale assez déconcertante pour nombre de fans et ensuite parce qu’il fut entaché par un accident de route qui a failli mettre un terme à la tournée, Baroness revient avec un nouveau pantone à son colorama, "Purple".

Le précédent opus était donc composé de deux parties distinctes, oscillant entre le rock très pop et le rock psychédélique. Parfois avec des longueurs, certes il faut bien l’avouer, mais néanmoins avec de belles compositions comme "March To The Sea" ou "Take My Bones Away" qui ont démontré tout leur potentiel en live. Un disque qui, si l’on s’en tient aux sacro saints codes métal, peut décevoir. Mais avec une culture musicale qui ne se limite pas au gros metal qui bourrine et une vision sur la musique qui ne se veut pas obtuse, "Yellow & Green" est en réalité un très joli objet qui permet à Baroness de montrer sa capacité à composer de merveilleuses mélodies.

C’est donc avec impatience que j’attendais "Purple". Le voici, sorti le 18 Décembre 2015, tout beau, tout chaud et comme à son habitude paré d’un magnifique artwork. Une écoute suffit pour comprendre que Baroness est revenu à une création beaucoup plus rentre dedans et énergique. Mis à part un petit interlude un peu "ambiant", l’ensemble est un rock pop plutôt lourd, avec de puissantes guitares, très accrocheur. C’est avec délice que je découvre chaque morceau.

Baroness a l’art et la manière de composer des chansons dont les mélodies restent tout de suite en tête. De ces mélodies, qui vous donnent envie de danser et chanter à tue-tête. Une espèce de rock’n’roll psyché qui fait penser parfois à Deep Purple, album "Machine Head" (réécoutez le morceau "Highway Star"), le côté heavy en moins. Baroness sait aussi créer une sensation étrange naviguant entre joie et mélancolie, qui naît de l’opposition entre la délicatesse de ses mélopées et la puissance de ses guitares. C’est bel et bien là la force du groupe. Quant à la voix de John Dyer Baizley, elle est teintée d’un grain chaud et éraillé et d’une sensibilité qui subliment la musique.

"Purple" brille par son énergie avec "Shock Me", "Try To Disapear", ou encore "Kerosene", et sa douceur avec "Chlorine and wine", "If I Have To Wake Up".

La couleur violette est le mélange subtil du rouge et du bleu (tiens donc, est-ce un clin d’œil aux premiers albums ?). Il a de nombreuses symboliques comme le deuil, la rêverie, la spiritualité, la vertu curative des émotions ou le lien entre la contemplation et l’action… Baroness a-t-il voulu exorciser ses angoisses liées au choc de l’accident lors de leur dernière tournée, et faire une introspection avec cet album pour repartir sur de nouvelles bases saines, se décharger de tout ce passé traumatisant ? Qui peut le dire ? En tous les cas, c’est un très bel opus qui s’écoute avec un réel plaisir.


Miss Bungle
Janvier 2016




"Yellow & Green"
Note : 18/20

Le groupe de Savannah bien connu pour son sludge expérimental admiré des plus férus a refait surface en Juillet dernier avec l’album que je qualifierais "de la controverse". Baroness, sur les traces d’une musique empirique depuis finalement seulement moins de dix ans ont déjà su faire parler d’eux à maintes et maintes reprises. Des albums aux couleurs de l’arc en ciel, d’abord "Red" puis "Blue" de leurs deux précédents records, c’est cette année avec un double conceptuel "Yellow & Green" que redébarque le quatuor infernal après trois années d’empressement résolument compréhensible pour les plus grands fans.

Les antécédents ayant étaient si bien accueillis par les auditeurs et la presse avec des récompenses en tout genre que l'on pouvait difficilement s’attendre à un chambardement de la sorte. Et pour cause, personne ne s’était préparé à un tel impact. Les barons de la manipulation sonore ont toujours étaient qualifiés, à plus ou moins juste titre, de "sludge" dans leurs compositions : des basiques guitares saturées poussées au vif aux passages made in lenteur mêlés d’obscurité instrumentale, un grain de voix notoire et des intonations aux influences southern rock, sans appuyer sur leur lieu d’expression, la Géorgie accueillant en son berceau quelques Mastodon, Kylesa, Black Tusk et autres petites perles du style ; décidemment tout amène à un bilan plutôt commun avec des groupes que l’on pourrait décrire comme naviguant sur les mêmes eaux boueuses. Sauf que voilà, Baroness, c’est bien plus difficile à dépeindre quand on observe attentivement. Ou plutôt quand on y prête une oreille appliquée, on constate que n’a jamais était vraiment justifiée l’appellation du groupe à un caractère "sludge metal" dès la sortie de leur premier full-length. Depuis "First", l’EP du commencement, l’expérimentation des sonorités est resté maître-mot, tournant il est vrai autour d’un style au sang chaud assez récurent, mais le simple fait est qu’ils nous ont toujours surpris par leur main-d’œuvre.

Alors oui, si l’on s’arrête aux prémices, Baroness a été "sludge" dans ses EPs, rythmiques fragmentées, voix fracassée, mais force est de constater que les temps ont changé. Et ce "Yellow & Green" marque résolument un besoin d’expériences et de recherches bien plus poussées sur des sonorités d’avantages vaporeuses, cosmiques et l’acclame haut et fort. Alors évidemment, si l’on est puriste du genre, les chances sont plutôt moindres d’accrocher à ces moments de débridement profond ! "Yellow" se veut, si l’on peut décrire ainsi, plus rentre-dedans, plus entraînant qu’un "Green" franchement haut perché dans ses démonstrations de tintements déchaînés. Chaque galette a son hit, "Take My Bones Away" et "Board Up The House" se démarquent avec un style quasi pop rock mais drôlement bien fichu. En ce qui concerne le reste des titres, c’est là que ça se gâte au niveau de la digestion. Pour certains, tout est à renvoyer au tri sélectif, pour d’autres, ils sont simplement synonymes du génie de création des maestros. Les essais les plus farfelus sont à étudier avec des pincettes… ou pas ! Il est vrai, parfois on pique du nez au bout d’une dizaine de secondes d’écoute, d’autres fois on se demande si les Justice ne vont apparaître en guest avec leurs platines lors du prochain concert. Des instruments utilisés dans leurs effets les plus inattendus sur "Cocainium" aux rythmiques et claviers carrément electro / house de "Little Things", il y en a qui vont s’arracher les cheveux et crier au scandale. On leur donne paraît-il des similitudes avec le groupe Muse ou encore des Pink Floyd ai-je pu lire. Ouais, pourquoi pas. De toute façon, leur musique ressemble bien à tout et à rien. Et c’est pour cette raison que je pose mon avis arrivé à maturation après plus d’un mois d’écoute tantôt acharnée, tantôt passive et en viendrai à la conclusion personnelle que cet album est tout bonnement merveilleux, non pas dans le sens où il aurait posé l’harmonie du siècle mais celui où l’on peut l’adorer comme le détester, phénomène plutôt inhabituel et intrigant dans des goûts musicaux de prédilection tels quels qui ont plutôt l’habitude de rassembler assez uniformément les opinions que de créer des clans de points de vue aussi radicaux.

Un double album qui finalement arrive à maturation et s’apprécie à la manière d’un bon vin, après avoir mariné suffisamment longtemps pour pouvoir enfin être savouré à sa juste valeur. Tout l’art complémentaire étant encore de savoir le laisser quelques secondes en bouche avant de décider de l’apprécier ou non ; pour cela faut-il encore accepter de le recracher quelques fois au préalable. Certains préfèrent le Jack, à la fois sec et onctueux mais que l’on boit sans grand effet de surprise après sa mise en bouteille. D’autres au contraire consentent le mélange des breuvages et acceptent de se prêter au jeu du changement et de la découverte, de la dégustation lente au résultat efficace. Une chose est sûre, que l’on rit jaune ou devienne vert de jalousie à l’écoute de cet opus, "Yellow & Green" n’en reste pas moins un cépage dont on n’a pas fini de vanter ou descendre les mérites. Avec l’album de la discorde et un accident de camion aux allures de plus de peur que de mal, les Baroness n’ont décidemment pas fini de faire parler d’eux. Beau coup médiatique !


Angie
Septembre 2012


Conclusion
Le site officiel : www.baronessmusic.com