"Hell Will Come For Us All"
Note : 18/20
Si la violence musicale fait partie de vos intérêts, vous n’avez pas pu manquer Aversions
Crown. Créé en 2009 en Australie, c’est "Hell Will Come For Us All", son quatrième album que
le groupe s’apprête à nous enfoncer en pleine face. Côté line-up, on retrouve Michael
Jeffery (guitare), Chris Cougan (guitare) et Jeffrey Mason (batterie) ainsi que Tyler Miller
(chant), le dernier arrivé. Et la pochette, qui divisera probablement, est signée Eliran Kantor
(Acrania , Archspire, Atheist, Bloodbath, Gutslit, Fleshgod Apocalypse, Heaven Shall
Burn, My Dying Bride, Krisiun, Sigh, Testament, Thy Art Is Murder…).
Pour ma part, j’écoute énormément de deathcore, brutal death, slam death et autre
blackened deathcore. Mais je dois reconnaître qu’Aversions Crown a quelque chose de
spécial. Si le groupe ne lésine pas sur les moyens pour étaler de la graisse auditive sur des
riffs rapides, la paire de guitaristes se démène pour nous offrir des compositions riches,
variées et qui mêlent puissance, atmosphère oppressante, ambiance sombre et hurlements
viscéraux. On le constate dès "The Soil", le premier morceau. Le vocaliste est très à l’aise sur
les compositions, et le deathcore technique des Australiens s’en trouve réellement
amélioré, comme "Born In The Gutter" nous le fait comprendre. Mais les autres instruments ne
sont pas en reste, "Paradigm" le prouve ! Dissonance, batterie survoltée, et gros son, comme
pour "Caught In The System".
La rythmique est assommante, la batterie ne s’arrête pas, et les
samples futuristes font également leur travail. Titre éponyme de cet album, "Hell Will Come For Us All" remplit parfaitement son rôle avec une ambiance oppressante mais entraînante,
une dissonance omniprésente, des hurlements puissants, et le tout ne s’arrêtera que pour
laisser place à "Scourge Of Violence". Si le morceau commence fort, vous pouvez être sûrs
que l’intensité ne va pas descendre ! Même constat pour "Hymn Of Annihilation" et "Sorrow
Never Sleeps" , deux morceaux dont la mélancolie suinte clairement sur les riffs, mais qui ne
laissent cependant pas la possibilité de ne pas adhérer immédiatement à ce groove sombre
et lourd. Dernier morceau, "The Final Judgement" est un titre plus sombre encore, mais
également plus épique. Quelques samples viennent renforcer ce sentiment d’oppression, de
noirceur et de fatalité. Et c’est tout ce dont on avait besoin.
Si pour vous Aversions Crown n’est qu’un groupe de deathcore comme un autre, vous
n’avez rien compris. Outre la technicité dont le groupe est capable de faire preuve, "Hell Will Come For Us All" est un album d’une puissance inimaginable, mais qui suit cette progression
dans la violence qu’a entamé le groupe à sa formation.
"Tyrant"
Note : 14/20
En général, quand un petit nouveau débarque chez Nuclear Blast, c'est rarement pour faire les choses à moitié. Quand en plus il s'agit de deathcore venu tout droit d'Australie, on peut s'attendre à de belles choses. Après ces belles paroles, un groupe vous vient sûrement déjà à l'esprit : Thy Art Is Murder. Loupé. Mais gardez ce groupe en tête car vous n'êtes pas tombés loin. Voici en fait Aversions Crown, qui offre un puissant deathcore ultra moderne bercé par 3 somptueuses guitares, rien que ça ! Ce groupe, formé en 2010, a produit cet album en charmante compagnie : Andy Marsh (Thy Art Is Murder justement, rien à voir avec South Park) et Mark Lewis (Carnifex, Whitechapel). Autant dire qu'on joue ici dans la cour des grands.
Comme pour beaucoup d'albums deathcore des temps modernes, surtout chez Nuclear Blast, la pochette est soignée, très colorée, et même plutôt originale ici. Mieux, elle illustre à merveille son contenu : une sorte de gros monstre qui vous tombe sur la tronche et s'apprête à vous dévorer les tympans !
Ainsi, la première chanson de ces 39 minutes de science-fiction auditive vient immédiatement nous plonger dans ce deathcore futuriste : des growls venus du fond des intestins, une batterie qui se fait sauvagement marteler les ovaires, une basse qui vous tabasse le cul comme c'est pas permis, et surtout de gros riffs qui vous déboitent la nuque. Bref, du deathcore pur et dur pour cette première piste, "Hollow Planet", qui s'avère déjà être (malheureusement ?) la piste la plus imposante de l'album, celle qu'on a immédiatement envie de réécouter, la plus longue et pourtant peut-être celle qui passe le plus rapidement. Mais dès la seconde, "The Glass Sentient", on sent déjà une autre ambiance, une atmosphère plus lugubre, avec une fin dont les mélodies peuvent laisser penser à du Meshuggah ! La piste suivante évolue enfin vers un style plus original, qui sait ralentir quand il faut pour mieux utiliser ses 3 guitares, mais on sent qu'elle a du mal à redémarrer… On avance, on avance, et nous en sommes déjà à la quatrième piste, avec toujours cette légère sensation que le groupe ne va pas au bout de ce qu'il veut faire. "Vectors" parvient à mieux utiliser les 3 guitares du groupe, permettant de nous transporter dans une ambiance bien plus Scandinave, proche du black metal, et tellement froide qu'elle gèlerait un mammouth dans le ventre de sa maman. Paix à son âme. Et c'est ainsi que se poursuit l'album…
En fait, ce qui me gêne, ce n'est pas le fait que les 3 guitares soient mal utilisées, c'est plutôt qu'elles ne le sont peut-être pas assez. La voix, aussi puissante et plaisante soit-elle, domine trop, et on doit attendre les quelques rares passages plus calmes pour profiter des mélodies offertes par ces trois grattes pourtant talentueuses. C'est ça qui me gêne : on a un bon groupe de deathcore, mais qui malgré une composition plutôt originale, propose du classique (très bon, certes). Quel dommage. D'autant plus dommage que le groupe réussit parfois à bien maitriser cette originalité, comme sur "Overseer", qui illustre bien le style vers lequel j'aimerais que le groupe se spécialise. De même, sur "Controller", on trouve un joli solo, que l'on n'attendait plus !
Au final, on ne peut que saluer l'album de ce jeune groupe, et surtout, on peut espérer qu'avec le temps et l'expérience, ils sauront se démarquer de ce qui se fait aujourd'hui de mieux dans le deathcore, afin de proposer leur propre style, au sein duquel on pourra trouver des influences plus proches du black metal.
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