Le groupe
Biographie :

Fondé en 2001, Auspex est né de la rencontre musicale de deux amis passionés de musique d’orchestre et de metal. L’arrivée de différents membres complète le groupe et lui permet d’entamer une période de travail mêlant composition set représentations scéniques. En 2005 paraît la première réalisation du groupe, une démo trois titres autoproduite "Mysteries Of The Stars" (mixée par Brett Caldas-Lima). Les chroniques encourageantes et le bon accueil du public lors des concerts invitent le groupe à se lancer dans la création d’un album. En 2006, "Resolutio", le premier véritable album est enregistré par Brett Caldas-Lima, au Tower Studio, permettant au groupe de signer un contrat avec Thundering Records.

Discographie :

2005 : "Mysteries Of The Stars"
2007 : "Resolutio"
2010 : "Heliopause"


Les chroniques


"Heliopause"
Note : 19/20

J'ai rêvé... J'ai rêvé que j'étais enfermé dans un espace confiné, coupé de tout, loin du monde réel, sans pouvoir un instant m'évader de cette prison charnelle... Que pouvais-je faire, juste regarder à travers cet interstice et entrevoir la liberté. La liberté de sentir, la liberté de bouger, la liberté de respirer... La liberté de vivre.

Lorsque tout à coup je réussi à m'évader, à sortir de cette torpeur et enfin voir. Oui voir ce qui m'entoure, cette impression de légèreté remplit mes veines comme un virus s'emparerait de mon corps pour envahir le moindre recoin de mon âme et me guider vers le nulle part, juste l'immensité du néant. Alors dans cet artefact inespéré j'observe l'horizon jusqu'à ce que mes yeux ne puissent rien comprendre de ce qu'ils peuvent interpréter intelligemment, jusqu'à ce que mes yeux pleurent la vie, jusqu'à ce que ce que le reste de l'humanité ne devienne qu'une minuscule fourmilière sans intérêt. Je reste seul, je vole, je monte, et je monte traversant tour à tour, nuages, stratosphère, exosphère ou que sais-je encore, ces termes n'ayant aucune signification pour moi... Tout ce que je peux constater c'est que je ressens les moindres particules qui refroidissent d'altitude en altitude, pour finalement brûler ma peau si fragile avec ce froid glacial et détruire mes membres qui étaient endoloris depuis déjà quelques minutes...

Enfin, je suis... Je ne fais qu'un avec l'essence de l'existence, les secrets de l'univers ne le sont plus pour moi, j'ai traversé les âges... Enfin je vois... ce qui est , ce qui a été, et ce qui sera.... Mais comme tout ce qui est, tout à une fin... Mon rêve s'est achevé après à peine un peu moins de 55 minutes... La fin d'une errance magique, la fin d'un voyage intemporel...

Interrogatif, je me suis demandé pourquoi tout ceci avait stoppé sèchement, c'est ainsi que, épuisé par le trajet, épuisé mais heureux, j'ouvre mes yeux... Le trajet inverse a été si bref, le retour à la réalité si morne si grise, est revenu tellement rapidement, que je m'aperçois être de nouveau dans mon enveloppe charnelle, une pochette dans la main droite... Cette pochette est cartonnée, il s'agit de l'album d'Auspex... "Heliopause".

Il m'a fallu un moment avant de me rendre compte que je tenais dans les mains, certainement l'album de l'année 2010 jusqu'à aujourd'hui. Et même s'il reste trois mois avant de terminer l'année, j'ai su qu'il serait dur de rivaliser avec celui-ci. 9 titres et un peu plus de 54 minutes ont su me faire voyager de la sorte, avec tant d'émotions, tant d'expression, tant de fragilité que je doutais encore pouvoir trembler psychologiquement devant tant de splendeur. Mais alors je me suis demandé pourquoi j'ai eu cette absence d'une heure, comment ce groupe a réussi à provoquer cette alchimie... Cette voix, je la connaissais, je savais que chez Auspex, cette voix ne m'était pas inconnue et j'avais lu qu'elle avait travaillé avec des personnes dont le travail musical était relativement similaire... Donc j'ai cherché et je me suis rappelé... Elodie Buchonnet, également chanteuse pour Kalisia !!! Comment ne pas m'en être souvenu, il est impardonnable de faire cet affront devant tant de talent...

En effet lors de la sortie de l'album "Cybion" de Kalisia qui avait provoqué une effervescence incommensurable, j'avais lu au hasard des articles ou interviews, des choses sur Elodie. Ceci ayant suscité de la curiosité, j'étais allé voir sur le MySpace de Auspex, et j'avais été conquis. C'est pourquoi il fallait impérativement que je puisse être l'un des dignes représentants de la matérialisation écrite des impressions et émotions que peuvent provoquer les chansons de ce deuxième album, même si mes propos n'ont rien d'exhaustif... Enfin, cette voix délectable d'Elodie, est donc parvenue jusqu'à moi. Une voix si douce, si talentueuse, si puissante, si envoûtante, si rock, si metal, si complète que j'en suis tombée par terre... Le talent de cette personne est rare, ce genre de voix est exceptionnel, le mariage parfait entre le rock et le metal, l'élément indispensable à tout musique rock / metal aux ambitions progressives atteintes et pourtant si hautes.

Le rapprochement avec Kalisia est facile, parce que si leur premier album "Resolutio" était déjà passé entre les mains de Brett Caldas-Lima au Tower Studio,et il en est de même avec celui-ci. C'est pour cela , que s'en être professionnel de quoi que ce soit en matière de son, mais en étant simplement un auditeur lambda, et grand amateur de metal, de rock et de musique progressive, ainsi que grand magasinier de la musique metal, je ne pourrais que dire que le son est magnifique, sans imperfection perceptible par mon oreille profane... Mais ce rapprochement est tout de même assez éphémère, il se situe effectivement dans ce côté progressif de la vision musicale, des chansons qui évoluent et virevoltent de thèmes en thèmes. Je ne citerais en référence que Ayreon et Kalisia... Même si étrangement au fur et à mesure des écoutes cette comparaison s'efface petit à petit pour finalement m'obliger à dire que Auspex est unique, que ce groupe à sa propre voie (ou voix peut-être) toute tracée...

En France , on m'a toujours dit que nous n'avions pas forcément les moyens, mais nous avions des idées... Alors évidemment que "Heliopause" passera certes beaucoup plus inaperçu que "Abrahadabra" de Dimmu Borgir, que les moyens sont différents, que les orchestrations ne sont pas les mêmes... Mais dans sa catégorie Auspex, casse la baraque à Dimmu Borgir... J'ai écouté le nouveau Dimmu Borgir, je l'apprécie énormément par son côté symphonique, mais Auspex, en étant à des années lumières musicalement, nous propose, un metal / rock aux guitares et aux atmosphères transcendantes, guidées par une voix, guidées par LA voix.

C'est plus une comparaison cinématographique ou romanesque et chimérique que j'en ferai. "Heliopause" me rappelle les films Avatar de James Cameron, Alice Au Pays Des Merveilles de Tim Burton ou encore The Neverending Story de Wolfgang Petersen. C'est un appel à la fantasy, à la science fiction et les mélodies de rock progressif présentes sur ces neuf titres, sont remplies d'autant de couleurs qui vous ont fait vibrer en regardant ces films. Rappelez vous la chanson de Limahl "The Neverending Story" tirée du film, cette chanson nous a transporté loin, en tous les cas, c'était mon cas... Eh bien Auspex a un savoir faire similaire avec sa musique progressive. L'affaire est définitivement faite. Avec des chansons pour la plupart d'une durée approximative de 7 minutes en moyenne, Auspex a conçu un album irréprochable, hautement mûri qui fait de l'ombre à n'importe quelle super production. Les guitares se fondent avec les claviers, on distingue des changements de tempos constant, des variations de styles si profondes pour laisser par moment la place à l'émotion pure, si les larmes physiques ne viennent pas jusqu'au bout de leur conduit lacrymal, les larmes intellectuelles sont bien là.

"Silence" est déjà une chanson si simplement belle, que la chair de poule m'est apparue , les envolées symphoniques, les accélérations mélodiques, ce jeu de vocaux doublés montrent le génie, car il s'agit bien là de génie, d'Auspex.... J'ai été subjugué comme je l'avais été pour Kalisia. C'est plein de petites anecdotes à la basse, aux claviers, de chuchotement vocaux , (notamment sur "I Walked Awoken On Titan"), les ambiances sont mises en avant pour permettre à celui qui l'écoute de ne pas être en reste vis-à-vis de la musique et de participer. Même si ce n'est pas une participation matérielle, l'auditeur se retrouve en plein milieu de la musique, il est la cellule centralisatrice des chansons, les moindres variantes, les plus infimes changements de tempos, de thèmes, les guitares, les couleurs vocales, tout passe par lui et son oreille pour être centralisée, interprétée, classée, synthétisée et expulsée à l'extérieur du corps après en avoir pris tout ce qu'il y avait à prendre.

Je parlais d'anecdotes musicales, et c'est le cas sur "I Walked Awoken On Titan" qui se termine d'une manière presque bluesy, en fin de soirée, à la lumière faible d'un projecteur de comptoir dans un bar isolé d'une rue peu fréquentée... Et j'ai continué de découvrir un album plein de surprises avec "In Through The Looking Glass", me rappelant les ambiances horrifiques, sans être de l'épouvante pour adulte, mais plutôt de l'horreur de conte fantasmagorique avec une entrée en matière qui aurait pu s'insérer dans une bande son à la Harry Potter. Ce morceau me fait venir à l'esprit bien évidemment le roman de Lewis Carrol qui porte le même titre De l'autre côté du miroir qui n'est autre que la suite des aventures d'Alice Au Pays Des Merveilles... Pour vous mettre en situation imaginez un peu la bande-son que pourrait avoir un film basé sur cette histoire, et je pense qu'Auspex en est largement l'auteur idéal....

Je ne décrirai pas tout les secrets que l'on peut découvrir soit même sur cet album, mais je citerai encore une fois un monde en référence. Un monde que beaucoup apprécient, le monde des mangas. Les mangas en dessin animés, ou même les jeux tels que Zelda ou Final Fantasy ou plus vieux mêmes les choses comme Secret Of Mana et j'en passe, ont la faculté de trouver des chansons typiquement "mangasiennes", vous savez de quoi je parle je suppose.... Auspex, faisant son petit tour d'horizon a réussi avec "Setsunaki Tabi" à nous emmener dans le monde du soleil levant... Je ne sais pas comment, mais ce morceau chanté en japonais vraisemblablement, n'étant pas spécialiste de la langue, s'est inspiré des plus belles ballades que l'on puisse écouter sur les bandes son de mangas. Je suis resté interdit devant tant de beauté.... Comment cet exploit était possible ? D'où vient cette inspiration ? Pour ceux qui connaissent un peu imaginez les plus belles ballades de Tokyo Jihen, alias Tokyo Incidents pour les Européens avec la chanteuse Shiina Ringo... Je me suis surpris à faire un rapprochement, pensant qu'elle aurait largement pu chanter cette chanson. Maintenant je reste impressionné par cette prestation linguistique et je m'incline tel un manant devant son seigneur... Merci pour tant de bonheur...

On pourrait discuter pendant des heures, de la fin grandiose de "The Pulse Of Emptiness", véritable feu d'artifice sur l'album, ou encore de "0-1-0-1" et son aspect plus "anthologie", avec son début de voix plus synthétique et ses choeurs spatio-temporels, sa rythmique plus rapide, ses envolées lyriques... On pourrait parler de "Ad Astra Per Aspera" qui nous fait voyager effectivement jusqu'au étoiles par des sentiers ardus, avec ses breaks presque jazz, et cette manière de prononcer les paroles comme si l'on était dans un personnage théâtral... Et enfin se termine l'album par un petit clin d'oeil à son prédécesseur, puisque c'est le nom de "Resolutio" que portera ce titre. Le titre le plus long de l'album car il dure quasiment onze minutes où ce chant japonais refait surface pour mon plus grand plaisir. Auspex sait diriger les sens et nous guider à travers les étoiles... Ce titre est magistral également... On découvre également des paroles en Français, des mouvements de musique progressive dans son meilleur aspect. Ce morceau c'est l'apothéose, le bouquet final du feu d'artifice du 14 Juillet sur les Champs Elysées, l'effusion de bonheur du passage au nouveau millénaire... Auspex je vous aime...

Je n'ai plus de mots... je... Je ne sais plus quoi dire pour vénérer ce groupe et cet album... Au moment où j'écris ces lignes c'est pour moi le meilleur album qui soit sorti en 2010. Celui que j'attendais. Je n'ai pas mis vingt, parce que la pochette inspirée pour moi du Petit Prince, de Saint Exupéry bien que laissant énormément de place à l'imaginaire, aurait à mon goût pu être plus explicite...


Arch Gros Barbare
Septembre 2010




"Resolutio"
Note : 17/20

"Oh non pas du heavy symphonique… Quoi ? Avec une chanteuse ? Argh mais c’est encore pire !". Voilà donc une réaction qui risque, ma foi, de se manifester chez bien des métalleux pas forcément aussi ouverts d’esprit qu’il leur faudrait être, en étant chroniqueur (ou pas). Car oui, les Grenoblois d’Auspex ont mis en place ce dit projet de heavy symphonique depuis 2001, avec une première démo en 2005, et un premier album intitulé "Resolutio" en 2007. N’étant pas particulièrement adepte du style non plus, c’est tout de même avec un poil de suspicion que je découvre la pochette très joliment peinte (enfin je découvrirai la pochette sur Google car elle ne faisait pas partie de la "version promo", mais bon) et que je lance l’album, qui est accessoirement d’une durée frôlant l’heure pour seulement neuf morceaux…Ca peut être casse-pipe mais pourquoi pas ! On commence donc avec "Subjective Architecture" comme intro à "Time To Make A Stand" et là même si les influences telles que Rhapsody ou Sonata Arctica sautent aux yeux, on sera surtout frappé par la qualité des compositions et le professionnalisme des musiciens. En effet, si le tout ne brille pas d’une originalité de tous les diables, le groupe récolte au moins le mérite de faire ce qu’il aime avec brio, et avec une très bonne production en plus, s’il vous plait !

De gros ou plus légers riffs sont placés là où il le faut et se font entendre quand il le faut ; des soli quant à eux sont intercalés assez souvent et d’une durée conséquente comme le style l’oblige mais étonnamment, cela est loin d’être dérangeant. La batterie elle propose une rythmique plus catchy, terme qui peut s’appliquer à l’une des facettes du chant également. Car oui, Elodie expérimente diverses techniques : le chant heavy bien sûr, quelques touches plus classiques, un chant plus calme, proche du murmure pour une ambiance plus feutrée (la fin de "Rise" notamment, excellent morceau au passage pour conclure l’opus en toute beauté) et même quelques vocalises plus "orientales" sur "Theater Or Pain"… ce qui ceci dit s’accorde assez mal aux claviers electro et ambiances techno sur la deuxième moitié du titre… faute de goût. Cependant, la demoiselle effectue tout cela d’une manière tout simplement remarquable (ce qui est assez rare dans les groupes à chant féminin, mine de rien). Je citais les claviers… oui parce que bien évidemment, qui dit metal symphonique dit forcément claviers, mais je vous rassure : nous en avons pour notre argent et à part les parties plus "electro-ambiance eighties" que je ne peux supporter et ce chez aucun groupe, ils en valent grandement la peine. Je pense donc qu’il est indéniable, même en n’étant point friande du style, qu’avec "Resolutio", Auspex nous a signé là le meilleur album qu’un groupe du genre puisse souhaiter pour débuter. Bonne continuation en tout cas !


Ichigo
Août 2009


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.auspexmusic.com