Le groupe
Biographie :

Appalooza est un destrier disparu assoiffé d’une liberté perdue, puisant son inspiration et son essence dans la poussière d’un désert aride suivant les traces de groupes tels que Queens Of The Stone Age, Kyuss, Alice In Chains, Soundgarden, Red Fang. La chevauchée commence à l’été 2011 à Brest. A bride abattue, la guitare impétueuse et la voix rocailleuse de Sylvain rencontrent la batterie puissante et subtile de Vincent. A ce combo se greffe la guitare mélodique et acérée de Tony, suivie de la basse grondante de Gaëtan. Le groupe fait ses premières armes, remporte un tremplin acoustique en Juin 2012 et sort dans la foulée une démo de quatre titres, "Squamata", qui voit le jour en Mars 2013. Après plusieurs passages sur les ondes, les Caréneurs, les Challenges Musicaux et fort d’une centaine de dates conquérant la Bretagne au galop entre Brest et Nantes dont des passages remarqués au Ferrailleur et au festival Tomahawk 2014, le groupe sort son premier clip, "Darkening", retranscrivant une énergie scénique implacable. Affirmant une réincarnation musicale et visuelle, Appalooza sort son premier EP autoproduit, "Chameleon", celui-ci accompagné d’un nouveau clip conceptuel du même nom.

Discographie :

2013 : "Squamata" (Démo)
2014 : "Chameleon" (EP)


La chronique


Genre de plus en plus prisé, le stoner, qu'il soit rock ou metal, qu'il soit fumeux, occulte ou alternatif, conquiert petit à petit la France et fait de nombreux rejetons et Appalooza, breton d'origine, a lui aussi été happé par ce courant. Basé à Brest, le quatuor, composé de Sylvain au chant et à la gratte rythmique, Vincent à la batterie, Tony à la guitare soliste et Gaëtan à la basse, invoque donc les esprits des groupes des grandes étendues américaines pour jouer simplement du bon gros rock'n'roll, gras, velu et dégoulinant.

Autant inspirée de combos purement stoner comme Kyuss que de formations plus alternatives (ayant également un pied dans le rock désertique) tels Fu Manchu, QOTSA ou Foo Fighters, Appalooza propose aujourd'hui sa deuxième production, l'EP 4-titres "Chameleon", un an après sa première démo. On notera tout d'abord la très belle pochette, faisant référence au nom du groupe (tant culturellement qu'esthétiquement) qui donne un indication plus ou moins précise sur le contenu musical. Evoquons en premier lieu le son. La production est brute de décoffrage et en même temps claire. Ca sonne live, garage, ça n'est pas parfait mais c'est un son vivant, authentique, un son comme on voudrait l'entendre plus souvent de nos jours. Les guitares sont rocailleuses et si les solos sont un peu noyés dans la masse, ils se frayent une belle place dans le mix. La batterie sonne comme si on se tenait juste à côté d'elle. L'espace sonore qu'elle couvre est ample, le son originel du kit y est très bien restitué : les cymbales résonnent et vrillent les cages à miel, la caisse claire claque et chaque coup de charleston vibre jusqu'au fond du canal auriculaire.

Au niveau de la musique, c'est du tout bon. Les quatre titres servis sortent tous du même atelier poussiéreux et malpropre. Quatre très bons morceaux, simples, directs et efficaces. Les riffs de guitares, grandement inspirés de Kyuss ("Obsolescence", "Matador"), ont une savoureuse odeur fumée. Les structures sont basiques et, si les songs ne révolutionnent pas le style, le talent d'écriture fait solidement tenir l'ensemble. Les riffs barrés de "Chameleon" et "Matador", les deux meilleurs compositions, auraient pu avoir été crées par Josh Homme, et n'auraient pas fait tâche sur un disque des Reines de l'âge de pierre. "Glory Pain" allie groove et efficacité. Le batteur abat un très bon boulot, carré, propre, toujours dans le ton, et sachant se faire plus subtils par moments. Peu de solos de gratte au compteur mais les quelques interventions de Tony sont excellentes, fougueuses et mélodiques, et ne verse jamais dans la complexité et la longueur. On regrette légèrement le fait qu'il n'y en ait pas plus. C'est là un terrain à creuser pour un futur album par exemple : des solos plus nombreux et crissants, avec toujours cette petite touche mélodique, et des leads lancinantes plus osées et développées amènerait la musique du groupe au stade supérieur.

Sur ce beau tableau, il y a en revanche un point noir : le chant, gros point faible de "Chameleon", car si les compos sont toutes d'un très bon niveau, le chant ne suit pas. Le problème ne vient pas des mélodies vocales, qui sont bien ficelées, ni du timbre de voix de Sylvain, et l'on ne peut tout simplement pas s'en faire une idée correcte au travers du disque. Car c'est la façon de chanter qui gêne : un chant timide, faiblard et surtout inexpressif qui dessert les morceaux. Alors que la musique est pêchue et énergique, avec une certaine intensité, le chant est au ras du plancher, restant quasi-perpétuellement plat et monocorde. La noirceur d'une chanson comme "Chameleon", au potentiel énorme, y est atténuée. Et lorsque qu'il se fait plus rageur, notamment sur "Glory Pain", le résultat est mitigé, on ne sait vraiment pourquoi cette éructation survient, au milieu de ces couplets susurrés. On ne peut pas vraiment donc juger sa performance vocale, ni ses capacités. C'est réellement dommage et frustrant, car les morceaux auraient pu être terribles si Sylvain avait fait l'effort de pousser sa voix, de proposer des choses plus mélodieuses et de moduler davantage son propos. Avec un bon supplément d'âme et de conviction, les chansons auraient été plus accrocheuses et dynamiques. Sans vouloir entendre le chanteur singer John Garcia ou Layne Staley (nous ne le demandons point de toute manière), il serait recommandable, afin d'élever plus haut la qualité de la musique et la renommée du groupe, de travailler cet aspect.

Malgré nos réserves émises sur le chant (est-ce une défaillance physique ou bien un problème lié à l'enregistrement ?), cela ne doit pas empêcher tous les rockeurs de France à se procurer cet EP de très bonne facture, bien burné, sauvage et inspiré. Il ne manque plus qu'à accoucher d'un véritable opus studio pour décoller et Appalooza en a la capacité, à condition de combler quelques lacunes. Un groupe à soutenir qui a de beaux jours devant lui.


Man Of Shadows
Février 2015


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.appalooza29.wix.com/appalooza