Le groupe
Biographie :

Aphonic Threnody est un groupe de funeral doom / death metal international formé en 2012 et actuellement composé de : Riccardo V (guitare, basse / Dea Marica, Gallow God), Justin Buller (guitare / In Oblivion, Wolvenguard, ex-Khringe, ex-Demontuary, ex-Manifestation), Val Atra Niteris (batterie / Ad Cinerem, Frowning, Heimleiden, Light In The Past, Val Atra Niteris, ex-Höllensturm, ex-Angorth) et Roberto Mura (chant / Grimwald, Nameless Void, Urna, Dea Marica, ex-Arcana Coelestia, ex-Locus Mortis, ex-Accabbadora, ex-Abyssic Frost). Après un premier EP sorti en 2013, Aphonic Threnody présente son premier album, "When Death Comes", en Octobre 2014 sur le label Doomentia Records, suivi de "Of Loss And Grief" en Octobre 2017 chez Terror From Hell Records, de "The Great Hatred" en Octobre 2020 chez Transcending Obscurity Records, de "The All Consuming Void" en autoproduction en Avril 2021, et de "The Loneliest Walk" en Septembre 2022 chez Serpentine Music.

Discographie :

2013 : "First Funeral" (EP)
2014 : "When Death Comes"
2017 : "Of Loss And Grief"
2020 : "The Great Hatred"
2021 : "The All Consuming Void"
2022 : "The Loneliest Walk"


Les chroniques


"The Loneliest Walk"
Note : 15/20

Un peu plus d'un an après "The All Consuming Void", les doomeux d'Aphonic Threnody sont de retour avec un gros pavé cette fois. "The Loneliest Walk" est en effet un double album d'une durée de deux heures vingt-trois minutes dont l'ensemble est séparé en quatre actes ! Attendez-vous donc à vous prendre une énorme massue sur le coin de la tronche parce que si le doom du groupe n'a évidemment jamais été joyeux (ce serait le comble quand même !), cette fois on descend encore de quelques couches dans les enfers.

Comme vous vous en doutez, les morceaux sont cette fois encore un peu plus longs et naviguent entre quinze et vingt minutes en gros et si Aphonic Threnody laissait quelquefois entendre l'influence des grands du doom anglais dans son funeral doom écrasant, ce nouvel album se fait bien plus noir. "Empathy" qui ouvre l'album laisse déjà entendre une ambiance bien plus funèbre avec ce mélange violon et orgue d'une tristesse à pleurer, et quand les riffs arrivent c'est une ambiance de ruines et de désolation qui s'impose. Si la musique du groupe donnait l'impression que celui-ci était en train de sombrer, on entend dès ce premier morceau qu'il gît à terre cette fois ! Les growls profonds et cet orgue constamment présent donnent à ce morceau d'ouverture un air de Skepticism, ce qui devrait vous permettre d'imaginer à quel point l'ambiance est pesante. La double grosse caisse trouve même une occasion de se faire entendre sur un passage plus rageur dont les mélodies renvoient au My Dying Bride de "Turn Loose The Swans". Si quelques mélodies plus lumineuses se font brièvement entendre vers la fin du deuxième morceau, "The Sun Will Never Rise", et l'interlude qui le suit, "Moonlight", tout en acoustique et en violons, l'approche est tout de même plus dure pour ce cinquième album. Le morceau éponyme enchaîne d'ailleurs avec ses vingt-quatre minutes et une ambiance fantomatique et oppressante en début de morceau avec quelques claviers spectraux en guise de comité d'accueil. Il y a d'ailleurs un climat irréel sur ce morceau, le groupe semblant presque en dehors du monde réel et perdu dans les limbes. C'est "To Mourn A Mother" qui clôt ce premier CD de près d'une heure vingt avec un petit pavé d'un quart d'heure plus noir et plus rampant aux ambiances plus menaçantes et plus oppressantes. Une noirceur qui frappe d'autant plus après les légères et brèves incursions lumineuses entendues sur les morceaux précédents.

"Condemnation" ouvre le second CD et cette fois c'est une ambiance tragique et toujours aussi noire qui nous accueille avec quelques claviers fantomatiques et angoissants qui nous renvoient presque au Esoteric des derniers albums. On sent une beauté froide et désespérée s'installer sur ce morceau qui nous saisit et crée un contraste avec la première moitié de l'album qui se montrait plus dure. Un aspect spectral, beau et froid que l'on retrouve sur "These Four Walls", notamment sur ce break en son clair avec là encore des claviers qui semblent venir directement de l'au-delà et une ambiance plus proche de l'abattement que de la rage que pouvaient parfois laisser entendre les cinq premiers morceaux de l'album. "The Loneliest Walk" est basé sur des événements qu'a vécu le bassiste Riccardo V et on sent clairement les différentes étapes de ce qui semble évidemment être un deuil, avec la rage et le choc sur la première moitié de l'album et l'acceptation et la tristesse sur la deuxième moitié. Une tristesse qui éclate une fois de plus sur le deuxième interlude "To Tell A Story Of Darkness" avec son mélange piano et orgue qui nous fait entendre de très belles mélodies pour quelques minutes tout en finesse. Ces claviers hantés sont d'ailleurs posés par Kostas Panagiotou de Pantheist qui revient après avoir participé à l'album "When Death Comes" en 2014, ce n'est donc pas étonnant qu'ils soient si saisissants ! Notons d'ailleurs que c'est Roberto Mura qui reprend le micro sur ce nouvel album, un poste qu'il avait occupé sur les précédents albums du groupe jusqu'à "The Great Hatred" inclus.

Aphonic Threnody revient donc avec double album dense de près de deux heures et demie qui nous emmène encore plus profondément dans les abîmes de la dépression. Encore plus funeral, plus noir que ses prédécesseurs et plus dur aussi sur une bonne partie de l'album, "The Loneliest Walk" nous assène encore un gros coup de massue au moral et laisse éclater une authenticité et une sincérité désarmantes.


Murderworks
Novembre 2022




"The All Consuming Void"
Note : 15/20

Les internationaux d'Aphonic Threnody n'auront pas perdu de temps, leur dernier album est sorti en Octobre 2020 et le groupe nous en fournit déjà un nouveau. Et ça ne s'arrête pas là puisque la biographie fournie avec "The All Consuming Void" nous indique qu'il y a en a encore un autre déjà prêt et ce malgré des changements de line-up ! Pour les retardataires, le groupe propose un funeral doom / death dans la grande tradition du genre, donc sortez le prozac, on va faire un tour dans les abysses.

Après quelques secondes de pluie, "Restless" nous assomme déjà avec un tempo écrasants et des mélodies fantomatiques, presque inquiétantes, qui installent une ambiance aussi déprimante que glauque. Comme pour le précédent album, rien ne va vous surprendre par ici mais ce n'est pas le but de la manœuvre de toute façon. Aphonic Threnody fait du funeral doom dans le respect des traditions et le fait plutôt bien donc on ne va pas se plaindre, d'autant que cette fois le chant est tenu par Daius Corpus qui nous balance des growls d'une profondeur impressionnante ! On sent toujours parfois une proximité avec ce que My Dying Bride a fait de plus lourd, principalement dans le caractère romantique de certains passages, mais Aphonic Threnody descend beaucoup plus bas et se fait bien plus extrême. Des choeurs aux airs de processions se font une fois de plus entendre en milieu de morceau et en ajoutent encore une couche en solennité. Les hurlements en fond ne risquent pas de faire entrer un quelconque rayon de lumière, c'est bien le désespoir absolu qui règne sur "The All Consuming Void" et le groupe nous livre comme à son habitude un bien bon manifeste de funeral doom. Seulement cinq morceaux pour un peu plus d'une heure, pas de souci, le cahier des charges est respecté et vous êtes assurés d'avoir votre dose de riffs d'une tonne. Comme sur "The Great Hatred", le groupe nous fait entendre son talent pour les mélodies et cette fameuse beauté vénéneuse empreint toutes les ambiances de l'album. "Chapel Of The Dead" nous fait d'ailleurs entendre un passage à l'orgue qui colle merveilleusement bien à l'ensemble et amplifie encore l'impression d'écouter une marche funèbre. D'autant que ce passage est enchaîné par une magnifique mélodie au piano qui vient mettre le dernier coup de massue derrière la nuque de ceux qui résistaient encore.

Comme pour le précédent album, Aphonic Threnody pourrait être une bonne porte d'entrée vers le funeral doom pour ceux qui n'ont pas encore osé franchir le pas, ses mélodies et le léger romantisme noir dont il fait parfois preuve serviront d'accroche. Si d'autres groupes ont fait bien pire, on reste quand même sur quelque chose d'assez extrême, ce ne sont pas les vingt minutes de "Chamber Of Parasites" qui vont me contredire d'ailleurs. Mais la musique du groupe reste suffisamment mélodique et variée pour permettre à des néophytes de se faire la main, en plus de permettre aux habitués de se délecter de ces mélodies funèbres toujours bien amenées. Si Aphonic Threnody n'est ni le plus extrême ni le plus expérimental des disciples de cette scène, il en reste un des bons représentants et ses albums ne déçoivent pas. On trouve exactement ce qu'on est venu chercher, du bon gros funeral doom qui tache et qui écrase tout. Le line-up assez changeant donne des airs de collectif plus que de groupe et permet mine de rien d'amener une personnalité propre à chaque album. Chaque musicien, contribue en amenant sa patte et on entend quelques petites subtilités différentes à chaque sortie, un très bon moyen de se renouveler finalement. Sur "The All Consuming Void", on sent peut-être une patte atmosphérique un peu plus marquée avec quelques passages très contemplatifs du plus bel effet. Le fameux pavé "Chamber Of Parasites" en place d'ailleurs de bien beaux en début de morceau et ne démarre réellement qu'après trois minutes. Le seul principal défaut que l'on pourrait relever, c'est justement ce classicisme qui ne facilité pas le fait de sortir du lot, il y a déjà tellement d'albums de funeral doom que se faire remarquer n'est pas simple.

"The All Consuming Void" devrait donc une fois de plus ravir les amateurs de funeral doom, car s'il n'y a là rien de nouveau, le savoir-faire se fait entendre et les ambiances sont prenantes. Aphonic Threnody a toujours son sens de la mélodie et s'en sert une fois de plus très bien pour nous poser des passages poignants et les coupler à des riffs d'une lourdeur écrasante.


Murderworks
Septembre 2021




"The Great Hatred"
Note : 15/20

Constitué à la fois de membres italiens, chiliens et anglais, Aphonic Threnody est une véritable congrégation internationale dont le but est de vous tuer le moral. Son quatrième album au titre porteur d'espoir et d'amour, "The Great Hatred", est arrivé et le doom / death est toujours au rendez vous pour vous plomber le moral au cas où il serait trop haut en cette période agitée.

Six morceaux pour cinquante-sept minutes, je pense que cela vous donne déjà une bonne idée de la bête et devrait suffir à vous laisser imaginer l'ambiance qui se dégage de ce nouveau méfait. "Locura" ouvre la danse sans se perdre en palabres ou en intro qui dure des plombes, c'est directement un bon growl des familles et un riff bien lourd posé sur un rythme à la lenteur habituelle qui vous accueillent et des accents presque funeral. Quoique pour du funeral c'est peut-être encore un peu trop nerveux là, même si l'ambiance est bien au rendez-vous, il y a même de la double grosse caisse, sacrilège ! Bo,n blague à part, Aphonic Threnody n'est pas là pour battre des records de lenteur mais bien pour poser des ambiances pesantes et une mélancolie poignante. "Interrogation" plombe bien plus l'ambiance avec cette fois une ambiance vraiment funéraire et une tristesse qui touche le fond. On peut à la limite penser à ce que My Dying Bride a fait de plus lourd et de plus sombre dans certaines mélodies, avec cette rage que l'on ressent aussi dans les growls. Aphonic Threnody ne pousse pas le bouchon de l'extrême aussi loin que d'autres mais là n'est pas le propos, même si la précision est nécessaire pour ne pas tromper ceux qui s'attendraient éventuellement à un album qui repousse les limites de l'immondice. Ce n'est pas ce que vous trouverez sur "The Great Hatred" qui, malgré son titre, est constamment habité par une beauté vénéneuse et une mélancolie omniprésente. Certains passages sont effectivement plus durs et plus rageurs ou plus sales et "Interrogation" en balance d'ailleurs pas mal au milieu de ses mélodies poignantes.

Le contraste et l'équilibre entre ces deux visages est très bien géré et les morceaux du groupe, malgré leur longueur, sont toujours suffisamment variés pour être intéressants. Il y a paradoxalement de la vie dans ce funeral doom ! On entend aussi assez régulièrement du chant clair qui permet d'aérer un peu la musique d'Aphonic Threnody et une fois de plus d'y apporter un peu de vie. Ces petits détails permettent d'éviter le piège dans lequel tombe certains groupes qui, à trop vouloir produire une musique étouffante, en deviennent lassants et répétitifs. C'est le fameux syndrome du riff répété pendant des plombes que le groupe évite facilement sur "The Great Hatred" en apportant suffisamment de thèmes et de motifs à sa musique. La dualité mélodie / riffs durs, aussi classique qu'elle puisse être, prouve son efficacité et permet à Aphonic Threnody de ne jamais nous perdre malgré des morceaux très longs. On trouve aussi une légère touche de romantisme dans ce doom aux accents funeral que l'on ne trouve pas forcément chez les autres représentants de la scène et qui marque encore une autre petite proximité avec My Dying Bride, groupe dont Aphonic Threnody a fait une reprise pour un tribute d'ailleurs. Mais en dehors de quelques éléments qui permettent de retracer l'influence, le groupe crée son monde et "The Great Hatred" poursuit sur la lignée de ses prédécesseurs avec un doom quand même bien lourd et assez noir. Pas de grosses surprises au rendez-vous certes mais la qualité est constante donc on ne va pas se plaindre.

"The Great Hatred" est donc une nouvelle pierre noire dans la discographie d'Aphonic Threnody qui continue à nous livrer un doom / death qui flirte parfois avec le funeral et qui produit de bien belles ambiances. Pas le plus extrême dans le genre mais cela permettra peut-être justement à quelques néophytes de pouvoir saisir quelque chose dans cet album qui reste tout de même assez dur et pesant.


Murderworks
Janvier 2021




"When Death Comes"
Note : 14/20

Entité internationale formée par des membres de la scène funeral / black metal italienne et notamment la captivante école d’ATMF (Arcana Coelestia, Urna, Locus Mortis…) et des musiciens venus de contrées plus exotiques (Chili, Hongrie), et actifs au sein des sphères doom / death / gothic underground (Gallow God, Tomorrowwillbeworse, Leecher), Aphonic Threnody est perçue dans les strates les fangeuses de l’underground comme une nouvelle sensation en matière de funeral doom metal, son premier EP "First Funeral" paru en 2013 ayant reçu des échos plutôt favorables et une certaine attente s’est installé auprès des amateurs du style le plus joyeux du monde. Pour notre part, "When Death Comes", premier réalisation longue durée du sextet multi-ethnique, est notre premier contact avec la musique du collectif, c’est avec curiosité que nous abordons ce premier effort.

L’ambition avouée de la formation est de repousser les limites du funeral doom, non en termes de lenteur désespérante et de lourdeur abyssale, en en termes d’esthétique, d’atmosphères et arrangements, ajoutant au genre une vibration presque progressive et une dimension cinématographique. En somme, créer une musique à l’apparat funéraire mais à la beauté évocatrice. Projet qui semble affreusement ampoulé et prétentieux présenté de cette façon. Ce qui est sûr, c’est que l’œuvre enfantée est un sacré morceau, massif, dense et intriqué.

"When Death Comes" renferme cinq titres à la longueur moyenne de 12 minutes, avec une plage culminant à 18 minutes, pour un total 63 minutes de doom / death affligé et atmosphérique, aux nombreuses couches sonores. Le propos général est, comme vous vous en doutez, hyper sombre et dépréssif. Ambiance de chambre mortuaire garantie. Mais si la troupe multinationale est présentée comme un de Funeral Doom, il n’en est pas vraiment question ici ; les tempos, s’ils sont ralentis, ne donnent pas dans une lenteur extreme, l’usage de double pédale est inédite pour le style, et le chant growlé, imposant et profond, n’est pas ultra guttural. Ca commence très bien avec "The Ghost Song". Une intro, à filer la chair de poule (une voix féminine opaque et distante, véritable spectre nous parlant de l’au-delà, nous dévoile la définition du "fantôme"), laisse place à un titre doom / death d’obédience classique, mais de bonne facture. Une ligne de gratte vient de façon récurrente et se titre se déroule inlassablement. Une belle surprise arrive en milieu de course avec une voix chantée, aux accents lyriques et douloureux. Le deuxième morceau est le mastodonte de 18 minutes évoqué plus haut. Une longue et superbe introduction constituée de plusieurs couches de piano, claviers et violoncelle tissant une plainte sonore à la tristesse irréconfortable, se traîne sur trois bonnes minutes, puis explose sur un bloc monolithique de guitares et de claviers, discrets mais essentiels dans la création de cette atmosphère chagrine qui émaille tout le disque. Malheureusement, le titre se révèle être le moins intéressant de l’album, ces quelques variations n’apportent pas de moments marquants. Plus intéressant est le titre suivant, "Dementia", le seul que l’on peut qualifier de "funeral", avec un motif de batterie minimaliste, et un riff de guitare minimaliste répété à l’envie. Les deux derniers morceaux, "The Children’s Sleep" et "Our Way To The Ground" sont deux autres blocs de granite, des blocs taillés et dégrossis, sculptés patiemment et à l’écrin raffiné, ses instruments à cordes frottées et ses synthés célestes habillent des compositions évolutives sans être alambiquées, où gros riffs et mélodies tristounettes se répondent.

Le rendu final est quelque peu mitigé. On a affaire à un disque solide de doom / death mélancolique, et les émotions délivrées par ces mélodies sont véritables. Pas de grosses surprises à l’horizon, Aphonic Threnody ne réinvente en rien le genre. Ce n’est donc pas le chef d’œuvre attendu. De même, le but de proposer une musique à la portée cinématographique passe à la trappe, la suggestion d’image psychique à notre esprit à l’écoute de ces compos échoue. Alors si la présentation faite par la fiche promotionnelle est clairement exagérée, "When Death Comes" reste un honnête album de doom atmosphérique qui se situe dans la moyenne.


Man Of Shadows
Janvier 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/aphonicthrenody